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Avignon Off 2013- Une réelle sélection.

Est-ce une tendance lourde? Le Festival d’Avignon (In et Off), accueille cette année des œuvres autour des écritures du réel. Lors de notre 4ème Offinité Publique (rendez-vous critique avec les spectateurs au Village du Off), nous avions invité Florence Lloret et Michel André, directeurs artistiques de la Cité Maison de Théâtre à Marseille et concepteurs de la Biennale des écritures du réel, dont la deuxième édition aura lieu à Marseille au printemps 2014.

Comment définir ce champ artistique dont nous ressentons cette année, une place grandissante? Florence Lloret et Michel André précisent : «Nous nous démarquons d’une certaine forme de théâtre documentaire qui consisterait à rendre compte d’une réalité via la collecte de matières, aussi rigoureuse, documentée et généreuse soit-elle. Nous opposons à l’omnipotence de l’auteur sur le sujet à explorer, l’existence propre du sujet et son caractère irréductible. Nous pressentons une double dynamique à mettre en œuvre. Une mise en jeu de l’auteur à inventer, la nécessité de mettre en lumière l’endroit d’où il parle, ce qu’il traverse. Et, dans le même temps, la mise à l’épreuve de sa propre capacité à laisser – celui, celle ou ceux qu’il veut rencontrer et raconter – surgir, tordre, altérer, et amener ailleurs son récit et qu’il en soit rendu compte dans la forme elle-même. Il s’agit d’abandonner sa posture de maitrise au profit de la construction de dialogues dans la tentative d’un récit commun, correspondances avec son sujet. Il n’y a pas de forme préalable qui préexisterait à l’expérience qui se vit. Il est question ici d’ « écritures-mouvement » qui cherchent une terre possible des égalités. Nous affirmons l’écriture comme exigence et comme expérience, y compris pour ceux que l’on convie à partager l’aventure…Dans «Suis-je le gardien de mon frère ?» John Edgar Wideman cherche à connaitre l’histoire de son frère incarcéré pour meurtre et à comprendre l’extrême différence de leurs parcours de vie : «L’habitude la plus difficile à perdre, puisque c’était celle de toute une vie, serait celle que j’avais de m’écouter moi-même l’écouter. Cette manie risquait de réduire à néant les chances que j’avais de voir mon frère tel qu’il était. (…) Je devais, au moins pour un temps, cesser de me vivre en romancier. Je devais apprendre à écouter. Repartir de zéro, nettoyer les conduits, résister à l’identification trop facile, dominer l’envie de me tirer avec l’histoire de Robby et d’en faire la mienne »

Stimulé par cette définition et les échanges qui ont suivi, nous nous replongeons dans notre programmation de festivalier, pour activer des liens et nous interroger: où sont les écritures du réel, à savoir celles où se vivent l’expérience de la relation?

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«Je vous ai compris» par Valérie Gimenez, Sinda Guessab et Samir Guessab à la Manufacture est de celles-là. Ce spectacle parvient à relier l’intime des auteurs au politique à partir d’une interaction avec le public, encouragée par les illustrations du dessinateur Samir Guessab réalisées en direct. C’est une écriture en mouvement qui cherche une terre possible des égalités: parce qu’il ne s’agit pas de chercher les coupables de la guerre d’Algérie et ses liens avec la montée actuelle du Front National, mais de saisir, ensemble, ce qui nous relie à la complexité des processus historiques.

Dans «Italie 3 à 2» de Davide Enia, mise en scène par Alexandra Tobelaim, la question d’une écriture du réel est clairement posée. Avec l’acteur Solal Bouloudnine, nous revivons la vie d’une famille italienne lors du mémorable match de football de la coupe du monde 1982 entre l’Italie et le Brésil. Tel un one man show, certains spectateurs se reconnaissent dans ce huit clos familial, ayant vécu eux-mêmes ces soirées mémorables où la famille créée sa dramaturgie. Pour ma part, j’ai trop attendu le dépassement des enjeux sportifs du match. Lorsqu’est évoqué le sort d’une équipe de football d’Ukraine en proie aux exigences du jeu des nazis, le théâtre documentaire se déplace vers une écriture qui résiste à une identification trop facile pour tendre vers un récit commun où nous serions tous sujets d’une Histoire pourtant lointaine.

Dans «Ali 74, le combat du siècle», l’auteur et interprète Nicolas Bonneau, réussit à faire «je – ils-  nous» à partir du match de boxe au Zaïre entre Mohamed Ali et Georges Foreman. Il développe une esthétique théâtrale innovante où le récit s’inclut dans un concert, relié à un travail vidéo de toute beauté. Cette écriture scénique s’adresse au spectateur sujet car Nicolas Bonneau contextualise son propos (le sort des noirs aux USA, le système Mobutu) tout en le reliant à l’intime de chacun: «la boxe est une danse», «la boxe, c’est de l’amour». Politique, corps, sport forment un art total pour le récit commun d’un match universel.

Dans «Illumination(s)» mise en scène d’Ahmed Madani, l’écriture du réel est portée par un collectif de huit habitants d’un quartier populaire qui, à partir d’un récit choral, enchevêtrent l’histoire de la guerre d’Algérie, les émeutes de 2005 dans les banlieues et la place des enfants de l’immigration dans la société française. Ici, la présence d’acteurs amateurs autorise la confusion qui brouille les repères chronologiques: en effet, l’Histoire est un processus et non une succession de faits. Or, la figure de l’amateur permet ce processus parce qu’il l’incarne et le transcende pour faire récit commun avec le public à partir d’esthétiques en mouvement…comme l’Histoire.

Dans «Discours à la nation» d’Ascanio Celestini, David Murgia incarne un tribun aux multiples casquettes. Nous voici propulsés dans 30 ans, époque où «la démocratie est une dictature», au cœur d’une pensée par ceux qui détiennent le pouvoir économique, politique et social. Peu à peu, le public est subjugué par cette rhétorique où les «éléments de langage» de la communication politique d’aujourd’hui structurent la pensée politique d’un futur proche. Elle fait récit commun parce qu’elle est déjà en nous. Effrayant, captivant et…mobilisant d’autant plus qu’ici, le théâtre parvient à développer une matière à penser incluse dans une esthétique tout à la fois fragile et solide.

Nous retrouvons ces processus dans les spectacles d’Angelica Liddell  présentés au Festival In. Avec «Ping Pang Qiu», elle crée la relation avec le public et modifie notre place de  spectateur en reliant l’intime au politique. Elle réussit magnifiquement à nous inclure dans l’histoire contemporaine chinoise à partir d’une esthétique théâtrale où le corps est au centre, porteur de nos paradoxes, de nos utopies, de nos désirs de liens, au service de la pensée.

Par contre, d’autres propositions au «In» n’ont pas réussi à faire récit commun. Avec «Hate Radio» de Milo Rau, j’espérais une belle écriture qui puisse me relier à la terrible histoire du génocide Rwandais. Ici, l’œuvre commence par des paroles de témoins projetées sur écran vidéo avant que des acteurs professionnels jouent en temps réel, une émission de la radio des Milles Collines (celle-là même qui organisait la propagande par des appels répétés à l’extermination des Tutsis). J’assiste passivement sans que je ne sois touché comme si cette «radio réalité» pouvait être un propos artistique. Raté. La figure de l’acteur disparaît dans ce jeu de rôles et le théâtre n’apparaît qu’au dernier instant quand les trois animateurs de radio nous fixent derrière la vitre pour laisser de nouveau les amateurs témoigner. Trop clivé. Trop court. Trop tard.

«Wagons libres» de Sandra Iché aurait pu être une œuvre passionnante tant le concept «d’archives du futur» (à l’image du discours futuriste d’Ascanio Celestini) se prête à une écriture du réel dynamique: «évoquer aujourd’hui depuis demain et tenter de sonder le constat trop figé du « malheur arabe » et d’éclairer de biais ce qui le nourrit, l’entretient». Pour cela, elle s’entretient avec l’équipe du journal beyrouthin L’Orient Express, là où elle avait collaboré en 2010 avec Samir Kassir, son rédacteur en chef, assassiné en 2005. Sur le plateau, Sandra Iché se projette à l’aide de différents matériaux posés sur une table. Son théâtre est laboratoire pour permettre à ce passé qui n’a pas encore eu lieu de se raconter. C’est plaisant, dynamique, créatif, intelligent. Mais cela ne me touche pas. Précisément, parce que je ne ressens pas la fragilité de l’approche, le moment où je pourrai m’y inscrire. Ce monde arabe n’est pas le mien. Pourtant Sandra Iché vit en France mais cela ne fait pas lien. Sa danse aurait pu être un pont mais trop furtive, elle nous rappelle seulement qu’elle est danseuse…

Autre tentative dans «Cour d’Honneur» de Jérôme Bel qui aurait pu être une belle écriture du réel. L’article que nous avons écrit collectivement démontre les processus par lesquels une intention généreuse (porter sur scène des souvenirs de la Cour d’Honneur par les spectateurs) se traduit par une écriture descendante, clivante, académique, où l’égo ne peut faire récit commun parce que la question du spectateur n’est jamais portée sur le terrain du politique. «Cour d’Honneur» métaphorise la représentation que se font la majorité des décideurs de la culture sur le spectateur : un être submergé par ses affects et qui ne retient finalement des spectacles proposés que des images furtives. Pour l’anecdote.

Pascal Bély – Le Tadorne

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Festival d’Avignon – Bel Honneur de la Cour à France 2.

From: Sylvie Lefrere < lefrerepuer@aol.com

Envoyé : mercredi 17 juillet 2013 17:10

To: Pascal Bely<pascal.bely@free.fr>; s.saint-pierre@hotmail.fr>

Chers amis,

Ce soir, nous nous retrouvons tous les trois au Palais des Papes pour la dernière création de Jérôme Bel, «Cour d’Honneur», traitant de la mémoire des spectateurs autour de ce lieu mythique. J’en attends beaucoup, car cette posture du spectateur est un sujet qui m’alimente et me questionne au sein de notre groupe de Tadornes ! Voyons comment Jérôme Bel pose sa patte créative, en écho avec la singularité de ces personnes. Seront-ils en lien avec les artistes qui incarnent ces souvenirs? Quelle vision vont-ils dégager pour l’avenir?

A très vite pour partager avec vous cette expérience artistique unique!

Amitiés,

Sylvie

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From: Sylvain Saint-Pierre <  s.saint-pierre@hotmail.fr

Envoyé : jeudi 18 juillet 2013 09:10

To: Pascal Bély<pascal.bely@free.fr>; Sylvie Lefrere < lefrerepuer@aol.com

Chers amis,

Nous avons vu «Cour d’honneur» hier soir et je me sens encore comme prisonnier de cette représentation. Alors je réfléchis…  Me promenant hier après-midi avant le spectacle dans la superbe bibliothèque de la Maison Jean Vilar, je suis tombé, comme par hasard, sur un ouvrage qui n’a pas manqué d’attiser ma curiosité: un livre regroupant les mails échangés entre Boris Charmatz et Jérôme Bel de 2009 à 2010. Chers amis du Tadorne, peut-être pourrions faire de même pour notre article sur «Cour d’Honneur» de Jérôme Bel! Et, à notre tour, utiliser cette forme moderne, auréolée de nombreux atouts: expérimentale, elle révèle l’intime tout en accordant une valeur de manifeste aux moindres sourcils de la pensée! Comme ces deux chorégraphes, adonnons-nous, une fois n’est pas coutume, à l’entre soi comme moyen de communication!

Certes, nous aurions pu imiter une fois encore Jérôme Bel, et utiliser Skype, comme il le fait dans son spectacle. On y voit Isabelle Huppert (tant attendue comme tête d’affiche de la pièce) en direct d’Australie, «malheureusement très déçue de ne pas pouvoir être là, avec nous», trop occupée par un tournage… Mais dites-moi, un tournage, comme ça, à l’improviste? Qu’on se console! Le «théâtre expérimental» s’est alors «ouvert» à Internet pour permettre au public d’assister, à distance, à quelques minutes de jeu de la «star» interprétant Médée. Extraordinaire «générosité» puisque, nous est-il dit, il est alors 7h du matin en Australie et jouer Médée entre deux croissants et un café, c’est bien le signe que ces artistes savent s’engager et faire don d’eux-mêmes. La «générosité», maître mot de la pièce, repris en boucle dans la presse…On le voit: à travers cette présence-absence d’Isabelle Huppert, ce rapport à l’image ainsi qu’au texte écrit, cette fausse dénonciation des faux-semblants théâtraux au service d’une manipulation des affects, beaucoup de choses sont en jeu dans ce spectacle.

Je crois qu’il faudrait d’emblée évacuer la «question Jérôme Bel». Ses succès passés, en tant que danseur, chorégraphe, ses liens avec des figures essentielles de la danse contemporaine comme Anne-Theresa de Keersmaeker, sa filiation revendiquée avec des auteurs comme Barthes et Godard. Sa façon de théoriser la «non-danse», de privilégier le concept aux affects, le quantitatif au qualitatif, d’être au croisement de l’art scénique et de l’art contemporain. De dénoncer les artifices de la cérémonie théâtrale. D’ailleurs, personne ne parle mieux de Jérôme Bel que Jérôme Bel, donc inutile de le faire à sa place…En 1995, déjà, il conçoit un spectacle à son nom et je l’imagine bien tenir un jour sur scène le rôle de Jérôme Bel…expliquant au public ce que c’est, d’être Jérôme Bel… Avec, bien entendu : une chaise, un micro, un spot de lumière.

L’important, en ce qui nous concerne, c’est la pièce : «Cour d’honneur». Car souvenez-vous: ce spectacle qui convoque les souvenirs de spectateurs sur «leur» Cour d’Honneur, nous l’avions rêvé!

J’attends avec impatience vos premiers retours.

Je vous embrasse,

Sylvain

From: Pascal Bély <pascal.bely@free.fr  

Envoyé : jeudi 18 juillet 2013 23 :30

To: Sylvain Saint-Pierre<s.saint-pierre@hotmail.fr>; Sylvie Lefrere < lefrerepuer@aol.com

 

Chers amis,

Ton mail est une bouffée d’oxygène au moment même où je lis la revue de presse de ce spectacle. L’unanimité autour de “Cour d’Honneur” en dit long sur l’incapacité des critiques à penser le positionnement du spectateur, qu’ils voient toujours dans une posture asymétrique avec les artistes.

Effectivement, je ne désire pas théoriser sur Jérôme Bel. Par contre, je m’interroge plus globalement sur un système qui le dépasse probablement bien qu’il en soit une pièce maîtresse. Le Festival d’Avignon n’a pas assumé la production de cette œuvre. En effet, après avoir créé un mécénat plus que douteux avec Total Congo pour l’accueil des spectacles africains, le Festival a positionné France Télévisions comme coproducteur de «Cour d’Honneur» (le spectacle sera diffusé le 19 juillet sur France 2). Déjà en 2010, je m’étais ému de la présence du groupe télévisuel dans la production de «Angelo, tyran de Padoue» de Christophe Honoré où je dénonçais un théâtre qui «sidère par l’image et inquiète par sa tyrannie rampante. En phase totale avec le projet politique du pouvoir en place qui fait de la télévision le vecteur des esthétiques à la mode et des discours autoritaires.»

Quatre années plus tard, Jérôme Bel réussit à penser son théâtre exclusivement pour la télévision à l’image d’un «loft story» où la Cour n’est qu’un confessionnal grandeur nature pour quatorze spectateurs venant à tour de rôle se confesser sur leur souvenir (la plupart du temps anecdotique), nous positionnant, non en penseur sur le lien spectateur-œuvre, mais en voyeur. Chacun est dans sa catégorie, isolé l’un de l’autre (la télé aime la classification), où rien ne les relie (la télé aime ce qui s’empile…les téléspectateurs peuvent zapper comme bon leur semble…). Symboliquement, chacun se lève de sa chaise pour venir vers…et non la télévision qui irait vers eux. En phase totale avec le projet du chorégraphe qui, en 2011,  faisait un appel à participation pour “Cour d’Honneur” et recevait à l’École d’Art les postulants. Ainsi, Jérôme Bel a choisi ses spectateurs, pour les catégoriser et assurer l’audimat. C’est à l’image d’un Festival qui, n’ayant plus aucune visée, programme en fonction des profils sociologiques du public. La boucle est bouclée. Tout un système de production –diffusion se met en place dans un lien purement consumériste de l’art où à chaque spectateur correspond un souvenir, un spectacle, avec la télévision comme miroir narcissique.

Qu’en dîtes-vous? Une fois de plus, je me ressens totalement décalé avec un système culturel soumis aux lois de la marchandisation de la relation spectateur – art…

Amitiés,

Pascal.

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From: Sylvie Lefrere < lefrerepuer@aol.com

Envoyé : vendredi 19 juillet 08:26

To: Pascal Bély<pascal.bely@free.fr>; s.saint-pierre@hotmail.fr>

Bonjour,

Oui Pascal, tu peux avoir confiance dans tes ressentis. Je suis sortie également écrasée par ce spectacle écrit pour la télévision. Deux heures de tirades réductrices sur le propos du spectateur. Chacun part de sa chaise, surjoue le jeu qui lui est indiqué. Leurs places sont vides de sens et de vivant. Effectivement, leur représentation dessine une palette parfaite du système: quatorze individus, hommes, femmes, d’âges divers, mais tous blancs de peau, quasiment tous de la classe moyenne (avec surreprésentation de l’Éducation Nationale). Jérôme Bel vise à n’oublier  personne notamment le CEMEA (pièce maîtresse de l’éducation du spectateur) jusqu’à creuser le fossé entre le  OFF et le IN à partir d’un témoignage totalement démagogique. Je me suis ressentie figée comme eux dans cette mémoire mortifère, dans ce congélateur culturel.

Je repense à ma jubilation lors des deux dernières créations de Jérôme Bel («Disabled theater», «The Show must go on», «Cédric Andrieux»…). Ici, il ne reste plus rien de la liberté d’expression qu’il savait mettre en scène. Nous sommes écrasés dans cette Cour comme dans une cour de récréation, le jour de la rentrée.

Je n’ai observé aucune interaction entre eux. Ils ne se retrouvent ensemble que lorsqu’ils regardent les artistes (Isabelle Hupert, Samuel Lefeuvre, Antoine le Menestrel, Agnès Sourdillo, Maciej Stuhr, Oscar Van Rompay) qui ne se produisent que quelques minutes. Ils sont tous pétrifiés comme les pierres de ce palais, le regard tourné dans le même sens, pour former une masse linéaire. Se positionner comme spectateur n’est-il pas justement de regarder à différents niveaux et d’être en mouvement?

Les bribes de spectacles sont réduites à une offre minimaliste: une musique, une escalade, un duo de textes…c’est du pointillé, alors que nous avons besoin de lien. Le geste, la parole ne circulent pas. La scène est réduite aux poussières des représentations, des textes, à l’image de cette spectatrice qui souhaite que ses cendres soient répandues dans la Cour!

À la sortie, on nous propose un texte pour nous expliquer ce qu’est le spectateur à partir d’une recherche de Daniel Le Beuan (présent sur scène) comme pour mieux signifier le pouvoir savant d’une relation descendante.

Je ne décolère pas…

Amitiés,

Sylvie

 

From: Sylvain Saint-Pierre <  s.saint-pierre@hotmail.fr

Envoyé : vendredi 19 juillet 2013 12:02

To: Pascal Bely<pascal.bely@free.fr>; Sylvie Lefrere < lefrerepuer@aol.com

Chers amis,

Je me réjouis de votre participation à cet échange de mails. Effectivement, nous espérions la libération d’une parole neuve portée par des individus, faisant résonner les échos de ce lieu exceptionnel. Un coup d’éclat où l’esthétique aurait rejoint le politique. Un spectacle à la hauteur de la Cour.

La «non-danse» de Jérôme Bel aurait pu constituer une réponse originale, impertinente, poétique ; mais dans ce spectacle, il a choisi le «non-propos», ce qui est radicalement différent. Tout en étant, de mon point de vue, profondément méprisant pour les spectateurs réduits à l’état de télé-spectateurs, eux-mêmes envisagés uniquement sous forme de clichés.

La «non-danse» ouvre des brèches dans la représentation théâtrale, permettant au spectateur d’être créatif en imaginant/sentant.

Le «non-propos» à l’œuvre dans Cour d’honneur donne à entendre un discours biaisé, uniformisé, instrumentalisant tout (spectateurs sur scène, public, lieu, extraits d’autres pièces), à des fins qui laissent un gout amer. À titre d’exemple, la plupart des interventions ont mis en avant les dix dernières années du Festival, soit celles du couple Archambault-Baudriller (actuels directeurs du Festival dont le mandat se termine le 1er septembre 2013). Seuls vestiges du passé: Pina Bausch, Vitez et L’École des femmes…Le «non-propos», c’est exactement ça : l’absence d’idée (intellectuelle, scénique) en elle-même théorisée. Cherchant à faire croire au spectateur qu’ainsi, il est libéré d’une manipulation de l’Auteur…alors même que le parcours est parfaitement balisé au profit d’intérêts qui échappent le plus souvent au public. Comme vous le dîtes, ce dispositif façonne le profil d’un spectateur-consommateur tout en lui faisant croire qu’il est actif. En l’occurrence, nous avons assisté hier à l’éloge à peine dissimulé des deux directeurs du Festival d’Avignon par Jérôme Bel.

L’horizon aurait pu être l’Histoire, le collectif, l’art, dirais-je naïvement…ce sera celui d’une seconde partie de soirée sur France 2. Souhaitons au moins à Jérôme Bel que l’audience soit bonne…

Je vous embrasse,

Sylvain.

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Offinité Publique des Tadornes au Festival Off d’Avignon du 14 juillet – De nos parcours, notre deuxième sélection.

14 juillet 2013 – 11H30 – En introduction de l’Offinité Publique au Village du Off.

Nous, Pascal Bely et Sylvie Lefrère, co-animons les rencontres critiques au Village du Off, «Les Offinités publiques du Tadorne».  Tadorne, nom du blog, est un canard migrateur. Comme lui, nous nous retrouvons chaque mois de juillet, avec Sylvain Saint-Pierre de Paris, Laurent Bourbousson d’Avignon, Bernard Gaurier de Rennes, Francis Braun de Saint Rémy de Provence. Nous suivent à distance, Pierre-Jerôme Adjej de Berlin, Pascale Logié de Lille, Nicolas Bertrand de Lyon…Passionnés, nous sommes spectateurs acteurs et pensons nos choix dans un travail continu de recherche où nos ressentis et notre quête de sens se relient.

Suite à l’exposition «Nuage» proposée par le musée Réattu d’Arles,  nous entamions il y a dix jours notre festival à partir de la métaphore du ciel. En dix jours, nous avons quitté notre ciel imagé évoqué lors de la première Offinité publique du 10 juillet, pour nous rapprocher de la matière, du vivant, de la terre charnelle à labourer. Pour cela, nous avons créé le vendredi 12 juillet, un parcours de spectateurs de 10 heures à minuit. Il nous a guidé sur une ligne politique, un cheminement citoyen. De la crise actuelle, le théâtre nous a fait entendre le bruit de cette planète, qui ne tourne plus très bien et de la nécessité de penser, d’agir, de redoubler de clairvoyance en collectif, à la recherche de sens. Notre programme nous a entraîné dans un territoire global aux frontières poreuses.

Tout d’abord en Italie, sous le rythme de la syntaxe d’Ascanio Celestini.  Nous avons écouté «Le discours à la nation» avec David Murgia, comédien belge et tribun aux multiples casquettes. Il incarne un petit bonhomme, homme de pouvoir, porteur d’un revolver (comme tant de ses concitoyens), protégé par son parapluie qu’il daigne offrir pour mieux écraser son hôte. Il  manie l’injonction paradoxale avec délice et l’inclus dans une ritournelle qui ouvre nos rires, non vers un cynisme facile, mais vers une pensée en mouvement. À mesure que le discours avance, il nous impose une évidence : «la démocratie est une dictature». Sa démonstration est implacable: nous ne choisissons plus nos dirigeants, c’est eux qui nous choisissent. Nous ne luttons plus contre l’exclusion sociale: c’est l’exclusion qui nourrit les puissants. «Le discours à la nation» est passionnant parce qu’il est écrit du côté de ceux qui détiennent le pouvoir (ici, économie, politique et social ne font qu’un, sans plus aucun mécanisme de régulation). Cela pourrait se passer en France, pays où il pleut tout le temps (probablement lié au réchauffement climatique). Bienvenue en 2063.

Quelques heures plus tard, retour vers le passé pour vivre un «ici et maintenant» bouleversant.  «Exhibit B” est une exposition proposée à l’Église des Célestins dans le cadre du festival «In». Brett Bailey est un artiste blanc d’Afrique du Sud. Il a connu l’apartheid. Son exposition performance est incarnée par quinze acteurs amateurs, tous immobiles, mais dont le regard crée l’Histoire en mouvement. De la Vénus Hottentote, aux camps de la mort, aux sans-papiers d’aujourd’hui, tout le poids de l’histoire des noirs s’écrase sur nous. La violence dont ils ont été victimes tout au long des siècles rôde sous les alcôves de l’Église.  Elle nous revient à partir d’un geste artistique d’une très grande beauté. Assis, couchés, debout, ces hommes et ces femmes nous font face, habillés par leur dignité. Nous nous ressentons aumônier dans le couloir de la mort. Impuissants, sans pouvoir formuler un mot. C’est une transe silencieuse qui nous envahit, où nos corps chavirent sous la puissance de l’échange.

Quelques minutes plus tard, une passerelle s’est spontanément ouverte vers «Bruits d’eaux» de Marco Martinelli, mise en scène par Catherine Graziani. L’acteur François Bergoin est notre capitaine d’embarcation dans cette lente descente en enfer que sont devenues les traversées de clandestins en méditerranée. À l’heure où l’hystérie médiatique empile les sujets d’actualité pour mieux les effacer de nos mémoires, le théâtre nous rappelle que si certains d’entre eux ont quitté la une de nos journaux, ils occupent notre (mauvaise) conscience d’Européen. À la crise que vivent bon nombre de nos concitoyens en Europe, s’ajoutent silencieusement les bateaux de fortune qui continuent de s’échouer sur nos côtés, notamment sur celles de l’île de Lampedusa. Si petite qu’elle n’est plus qu’une poussière glissée sous l’épais tapis de nos palais. «Bruits d’eaux» va délicatement raviver notre conscience d’Européen à l’heure où le politique démissionne sous le poids des injonctions des marchés.

De l’Italie à l’Asie…il n’y a eu que quelques rues pour nous diriger vers La Condition des Soies où nous attendait «Absente, rendez-vous avec Sophie Calle» de Chou Man-nung. Nous avons posé un pied sur le sol en papier plié, petit origami de Taiwan, pour fouler l’univers de la plasticienne française. C’est une œuvre profondément exigeante qui force notre écoute tant le danseur Shai Tamir est fulgurant dans sa légèreté amoureuse.

Douce transition pour atteindre le tunnel de «La jeune fille et la morve» de Mathieu Jedrazak,  l’un des spectacles les plus forts de ce festival. Au centre d’une recherche de sens dans un carcan éducatif, un être hybride nous tient en haleine à la recherche de son identité, de sa lutte contre ses phobies qui peu à peu résonnent avec les nôtres. Un certain état de la France au cœur d’une quête intime époustouflante.

Après treize heures de parcours dans le festival Off, la compagnie Akté clôture cette journée marathon. Le sujet grave des addictions des rocks stars nous détend en nous laissant envahir par les mélodies connues. Mais l’esprit rock est quasiment absent de la scène. Un certain état de la France…

Cette journée  a été très dense et n’a été possible qu’en s’appuyant sur une dynamique de groupe et une finalité partagée. L’expérience sera renouvelée en 2014, avec probablement une implication plus importante des compagnies et de groupes plus ou moins institutionnalisés (associations, réseaux professionnels, collectivités locales). Un appel à projets sera lancé en ce sens début 2014.

Sylvie Lefrère – Pascal Bély – Tadorne

 

14 juillet 11h45 – Débats critiques avec les spectateurs.

Ce matin, dimanche 14 juillet, c’est notre troisième Offinité. Nous avons nos habitués et de nouveaux spectateurs qui viennent puiser des idées dans nos rencontres. Certains arrivent et prennent des notes, d’autres ont déjà des petits carnets noircis.

Le ressenti du public pointe la dépression des sujets choisis. L’art met en scène nos perspectives. La création dans le contexte actuel ne peut pas produire des oeuvres légères. Mais dans la forme, la créativité nous donne l’énergie de laisser entrouvrir nos désirs d’utopie.

 

Les spectacles fortement recommandés lors de l’Offinité du 14 juillet.

«Discours à la nation» d’Ascanio Celestini-10H40-La manufacture-P 260

«Bruits d’eaux» de Christiane Graziani-15H55- Au Girasole-P 210 (critique de Pascal Bély)

«Absente : rendez vous avec Sophie Calle» de Shakespeare’s Wild Sisters group – 17H55- La Condition des Soies- P157

«La jeune fille et la morve» de Mathieu Jedrazak-19H50-Présence Pasteur-P 315 (critique de Sylvain Saint-Pierre)

«Savez vous que je peux sourire et tuer en même temps» par la compagnie Ches panses vertes -17H30- Girasole- P 210

«Orphelins» par le Théâtre du Prisme-17h45 -Présence Pasteur- P 314.

«Pinocchio» par la compagnie Caliband Théâtre -Présence Pasteur – 12h20. p 311 (critique de Laurent Bourbousson et Sylvain Saint-Pierre)

«Pour un oui ou pour un non» par la Compagnie Pourquoi ?–Vieux Balancier–11h-p 353

«Une douce imprudence» d’Eric Lamoureux et Thierry Thieû Niang- Hivernales- 10h – P 226

«L’incroyable destin de René Sarvil, artiste de Music-hall» par les Carboni–Théâtre des Carmes – 15h30 – p 104.

 

Les spectacles déjà recommandés lors des Offinités précédentes :

 

«Le mardi à Monoprix» par la compagnie Le Théâtre Dû – Grenier à sel-13h05-  p 219 (critique de Sylvie Lefrère)

«Je vous ai compris» par la compagnie Groupov- La Manufacture-  11h – P261 (critique de Pascal Bély et Sylvie Lefrère)

«Quelque chose de commun» par la compagnie Nivatyep – L’Adresse  – 21h25- P30 (critique de Laurent Bourbousson et Sylvain Saint-Pierre)

«Silence encombrant» par la compagnie Kumulus – La Manufacture-  18h30 -p 263

«Frozen» par la compagnie Théâtre du Centaure-  Présence Pasteur – 10h30 -p 311

« SMATCH[1] Si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré » par le Corridor -Théâtre des Doms-  17h30  – p 173 (critique de Pascal Bély)

Qui sommes-je?” de Ludor Citrick – Espace Vincent de Paul – 15h30- p 197 (critique de Pascal Bély)

Les beaux orages qui nous étaient promis” par le Collectif Petit Travers – Espace Vincent de Paul – 17h- p 197

JEUNE PUBLIC

«Concert-tôt» par l’Ensemble FA7 – Maison de théâtre pour enfants – 9h45 et 15h45 – p 256

«C’est dans la poche» – Compagnie Jardins Insolites – Maison de théâtre pour enfants  – 9h50– p 256

«Papa est en bas» – Compagnie La Clinquaille – Maison de théâtre pour enfants – 10h30 – p 256

«Le papa-maman» – Compagnie La Parlotte – Maison de théâtre pour enfants – 10h40 –  p 256

«Camion à histoires» par la compagnie Lardenois – Maison de théâtre pour enfants – 11h et 16h40– p 256

 

Nous nous retrouvons le 18 juillet à 11h30 pour l’Offinités 4, autour du théâtre du monde.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

“Offinité Publique” du 10 juillet 2013 des Tadornes au Festival Off d’Avignon….première sélection de spectacles.

Ce rendez-vous des Offinités publiques au Festival Off d’Avignon est notre projet de spectateurs. Depuis 2005, à travers ce blog, nous nous glissons dans le paysage culturel français, non sans mal, mais avec détermination. Comment nous faire entendre, nous, masse anonyme, qui applaudissons, faisons la queue, achetons, achetons…? Comment faire entendre un regard critique en dehors des logiques promotionnelles et des jeux de pouvoir qui freinent l’expression? Car le regard critique (qui ne consiste pas à dénoncer, mais à relier pour questionner le sens), est capital pour un jeu démocratique ouvert, pour un art vivant. Car il n’y a pas de spectacle vivant sans regard critique. Comment nous faire entendre dans le brouhaha du marché où le slogan réducteur fait office de pensée, où la communication consiste à nous empêcher de communiquer?

Ce rendez-vous, ce sont nos Offinités, à lire dans tous les sens, du off dans du on, du in dans du off. Nous l’avons construit à partir de nos questionnements nés de rencontres avec des spectateurs et des artistes. Nos Offinités nourriront l’utopie de Jean Vilar pour qui «le public est l’artisan de son théâtre».

Ce rendez-vous, c’est notre ciel d’Avignon. Le seul regard vertical ne suffit pas pour le scruter. Car notre ciel, est horizon. Il est profondément horizontal. Il est nuage qui englobe…il est étoile qui file pour relier…il est éclair pour éclairer…il est matière pour donner du fond aux formes…il est un cadre pour le contourner…

Je suis arrivé  le vendredi 5 juillet. En quittant ma voiture, un passant m’a lancé : « bienvenu au Tadorne ! ». J’y ai vu un signe. Du ciel? Non… plutôt de la terre d’Avignon que j’ai tant labourée depuis des années, grâce à ce blog. Depuis cinq jours, mon ciel d’Avignon est celui d’une pensée en mouvement. D’abord avec Angelica Liddell au Festival In. Elle seule peut, à partir de son corps d’actrice,  mettre en scène le monde tel qu’il va et ne va pas. Elle seule peut exprimer la douleur intime pour évoquer la douleur du monde. Elle relie l’esprit et la matière du corps. C’est cela mon ciel d’Avignon…A côté d’Angélica, j’ai rencontré  deux jeunes femmes évoquant  notre histoire commune (celle de la France en Algérie) dans « Je vous ai compris », actuellement à la Manufacture.

Mon ciel d’Avignon, c’est une farouche détermination à ne pas me laisser enfermer dans des logiques mortifères. A faire le pari d’un théâtre qui se régénère à partir du chaos ambiant pour nous offrir une utopie joyeuse à l’image de ce jeune collectif  (la compagnie NivaTyep dans « Quelque chose de commun » à l’Adresse).

Mon ciel d’Avignon se dévoile peu à peu. Jeudi 11 juillet, ce sera une journée avec les tout-petits et les professionnels de la toute petite enfance actuellement en formation. Vendredi, ce sera un parcours avec des spectateurs du matin à minuit.

Avec ces Offinités Publiques, mon ciel d’Avignon va s’horizontaliser…parce que vos nuages porteurs de sens vont me relier un peu plus à cet art qui se régénère par la rencontre,  par ce geste, celui d’aller vers…sans savoir toujours où…

Mon ciel d’Avignon, est fondamentalement composé d’un off dans du in vers du on

Car le poids est dans l’air,

Car le minéral solide s’oppose au gaz et crée une nouvelle matière,

Car l’esprit est dans la matière,

Car des paroles parsemées, par l’effet du collectif réuni, forment un paysage d’ombres et de lumières.

Pascal Bély – Le Tadorne – 10 juillet 2013, 11h30

Quelques paroles de spectateurs au cours de l’Offinité Publique du 10 juillet…

«Ici, à Avignon, la force des femmes et leur capacité à faciliter la remise en question des hommes est perceptible dans  «Oléanna» à 12h30 au Théâtre Girasole. »

«Au théâtre, le miroir se brise…on peut aller voir derrière ce qui se passe»

« Mon premier coup de cœur du festival : Zabou Breitman au Chêne Noir à 18h dans «La compagnie des spectres». Sa performance est époustouflante. Sur un tout autre registre, «Le mot progrès dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux» de Natéi Visniec décrit avec justesse les affres de la guerre civile en ex-Yougoslavie. L’interprétation des acteurs est magistrale.»

«Aller au théâtre, c’est se densifier, se dissoudre, s’infuser…Justement, dans “Quelque chose de commun“, des comédiens jouent aux danseurs…au départ, on ne sait pas très bien où l’on va…puis on se dissout totalement avec eux, dans leurs mouvements, leurs gestes…leurs mot

Les spectacles évoqués  et fortement conseillés par les Tadornes et les spectateurs présents.

«Le mardi à Monoprix» par la compagnie Le Théâtre Dû – Grenier à sel-13h05-  p 219.

«Je vous ai compris» par la compagnie Groupov- La Manufacture-  11h –  p 261.

«Quelque chose de commun» par la compagnie Nivatyep – L’Adresse  – 21h25 p 30.

SMATCH[1] Si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré” par le Corridor -Théâtre des Doms-  17h30  p 173

«Silence encombrant» par la compagnie Kumulus – La Manufacture-  18h30 p 263

«Pinocchio» par la compagnie Caliband Théâtre –  Présence Pasteur – 12h20  p 311

«Frozen» par la compagnie Théâtre du Centaure-  Présence Pasteur – 10h30 p 311

«Oléanna» à 12h30 au Théâtre Girasole- P 210

«Qui sommes je ?» de Ludor Citrik – Espace Vincent de Paul – Île Piot- 15h30 – P 196

«Les beaux orages qui nous étaient promis» –  Collectif Petit Travers – Espace Vincent de Paul – Île Piot- 17h – P 196

«Le mot progrès dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux» de Natéi Visniec – Théâtre des Lucioles – 11h30 – p 242

«La compagnie des spectres» avec Zabou Breitman- Chêne Noir – 18h- p 132

« Bruits d’eaux» – Théâtre Alibi – Au Girasole –  15h55 – P 210

«Gerro, Minos and Him (version courte)» de Simon Tanguy, Roger Sala Reyner et Aloun Marchal – La Parenthèse – 10h – Jusqu’au 14 juillet.  P 284

Retrouvez toute la sélection du Tadorne, ici.

Les prochains rendez-vous avec les Offinités publiques.

11 juillet, 16h, « Le grand off du tout-petit » par les professionnels de la toute petite enfance du réseau « Art et tout-petit »

12 juillet du matin à minuit, «Une performance de spectateurs».

Rendez-vous à 10h au Village pour vivre un parcours avec les spectateurs Tadorne (tarifs d’entrée entre 6 et 8 euros)

10h40 – La Manufacture – « Discours à la Nation »   d’Ascanio Celestini

15h55 – Le Girasole – « Bruits d’eaux » – Théâtre Alibi.

17h55 – La condition des Soies – « Absente: rendez-vous avec Sophie Calle » de Shakespeare’s Wild Sisters Group.

19h50– Présence Pasteur – « La jeune fille et la morve » de Brigitte Nielsen.

21h45 – La Manufacture – « Nightshots 4″- Compagnie Akté.

14 juillet à 11h30, le retour sur notre performance de spectateurs du 12 juillet   Pascal Bély, Sylvie Lefrère, Laurent Bourbousson et Sylvain Saint-Pierre – Tadornes.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Le 12 juillet, du matin à la nuit…rejoignez les spectateurs Tadorne sur les chemins du OFF

Le vendredi 12 juillet, de 10h à minuit, nous vous invitons à un parcours avec l’équipe des spectateurs Tadornes. Nous serons rhyzomes sur le territoire d’Avignon, de la ville intra-muros à l’ile Piot.

Nous vous proposons une sélection de cinq spectacles qui pourrait susciter votre curiosité. Différentes formes seront au rendez-vous : le théâtre Belge de David Murgia dés le matin, le cirque décapant de Ludor Citrik, un doux clin d’œil à la performeuse Sophie Calle, une pièce de danse théâtre où la performance comme forme narrative d’expression avec la Cie Brigitte Nielsen Society et pour finir  une soirée unique «NightsShots» avec la compagnie Akté.

Entre chaque spectacle, nous échangerons nos ressentis, nos visions. Nous tisserons peu à peu des liens entre nous et les œuvres pour stimuler notre regard critique.

Ensemble, nous ferons nos retours le dimanche 14 juillet de 11h30 à 13h dans le bar couvert du village du Off pour faire éclater un feu d’artifice d’émotions et de débats.

Le groupe des Tadornes vous attend.

Le groupe est limité à 10 personnes : pour vous inscrire, pascal.bely@free.fr / 06 82 83 94 19

Le programme

10h40 – La Manufacture – “Discours à la Nation  d’Ascanio Celestini par le Festival de Liège / Théâtre National de Bruxelles.

15h30 – Espace Vincent de Paul Ile Piot – “Qui sommes je?” de Ludor Citrik.

17h55 – La condition des Soies – “Absente: rendez-vous avec Sophie Calle” de Shakespeare’s Wild Sisters Group.

19h50- Présence Pasteur – “La jeune fille et la morve” de Brigitte Nielsen.

21h45 – La Manufacture – “Nightshots 4″– Compagnie Akté.

 

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Nos 100 spectacles pour le Festival Off 2013.

Nous sommes 5: Sylvie Lefrère, Bernard Gaurier, Sylvain Saint-Pierre, Laurent Bourbousson, Pascal Bély. Ensemble, nous avons élaboré le projet des Offinités Publiques pour le Festival Off d’Avignon où nous désirons créer la relation interactive entre publics, artistes et animateurs du Tadorne. La parole des spectateurs sera au centre des débats. Chaque Offinité dessinera des portraits pour révéler l’histoire de chacun avec le festival.

Ces Offinités auront lieu les jours pairs de 11h30 à 13h, à partir du 10 juillet, au chapiteau en bois du village du OFF.

Tout au long de ces trois semaines de festival, vous pourrez suivre ces rendez-vous à partir de la page Facebook du Off, du blog du Tadorne et du groupe «les Offinités des spectateurs».

Deux Offinités auront une démarche particulière :

Le 11 juillet à 16h : des professionnels de la toute petite enfance feront un retour de leur journée au Off pour révéler, «le grand Off du tout-petit».

– Le 12 juillet, nous animerons une Offinité, «La performance des spectateurs». Nous proposerons à un groupe de spectateurs de suivre avec nous un parcours théâtral de 5 spectacles du matin à minuit. Nous échangerons entre les spectacles, n’hésiterons pas à faire part de nos ressentis aux spectateurs de passage puis relaterons cette journée le 14 juillet à 11h30 au Village du Off (programme en ligne).

Pour établir la sélection des 100 spectacles du Off, nous nous sommes inspirés des thèmes des Offinités Publiques mais aussi de nos désirs d’aller à la rencontre de compagnies, d’auteurs, d’artistes dont le propos nous a interpellés.

Le programme des Offinités.

10 juillet, «Notre ciel d’Avignon» ou comment l’exposition «Nuage» au Musée Réattu d’Arles évoque le spectateur d’Avignon.

11 juillet, 16h, « Le grand off du tout-petit ».

12 juillet de midi à minuit, «Une performance de spectateurs».

14 juillet à 11h30, le retour sur notre performance de spectateurs du 12 juillet

18 juillet,  «Le Off, théâtre monde?», avec la participation d’Amnesty International et des metteurs en scène Catherine Graziani et Julien Bouffier.

20 juillet, «Quelles écritures du réel au Off ? »

22 juillet, “Danse, Théâtre : tous dans le même mouvement !»

24 juillet, «Être spectateur co-producteur : pour quels projets ? » avec les spectateurs et compagnie adeptes du crowdfunding.

26 juillet,   “Merveilleux festival Off ?” avec le chorégraphe Philippe Lafeuille.

28 juillet, «Spectateur, quel programmateur êtes-vous ?» avec la participation de deux spectateurs (Marie-José Mas et Daniel Le-Beuan).

 

Notre sélection de spectacles.

Nous précisons que cette sélection évoluera au cours du Festival au hasard des rencontres et des coups de coeur de chacun. Cet article sera donc régulièrement modifié.

Maison du Théâtre pour enfants.

Papa est en bas” par la compagnie La Clinquaille.

Camion à histoires” par l’Ardenois et Compagnie.

Le jour de la fabrication des yeux” par la Compagnie pour ainsi dire.

Voyage sonore interactif” par PhiléMOI-les Sculpteurs de sons (Sélection Offinité du 11 juillet, “Le grand Off du tout-petit“)

Concert-tôt” par la compagnie Ensemble FA 7 (Sélection Offinité du 11 juillet, “Le grand Off du tout-petit”)

“C’est dans la poche” par la compagnie Jardins Insolites (Sélection Offinité du 11 juillet, “Le grand Off du tout-petit“)

Le papa-maman” par la compagnie la Parlote (Sélection Offinité du 11 juillet, “Le grand Off du tout-petit”)

Les Hivernales – Programme Danse.

Une douce imprudence” d’Eric Lamoureux et Thierry Thieu Niang.

N. l’étoile dansante” d’Aurélien Kairo.

Altérité” de Bouzianne Bouteldja et Coraline Lamaison.

Hidden et Choice” d’Olga Cobos et Peter Mika.

My god” d’Hassan Razak.

Trajets de ville” d’Anne le Batard et Jean-Antoine Bigot.

Weltanschauung” de Clément Thirion et Gwen Berrou.

La Parenthèse.Programme Danse.

Du 8 au 14, à 10h: “Helder“, “Gerro, minos and him“, “Autarcie

Du 15 au 21, à 10h, “Abois“, “Désastre“, “Let it be me“, “Toi et moi

Du 8 au 14, à 18h, “Les frères et les lions“.

La Manufacture

Discours à la Nation” , Théâtre National de Bruxelles (Sélection “Une performance de spectateurs” le 12 juillet)

Risk” de John Retallack.

End/Igné” de Mustapha Benfodil.

Hold On” de la Compagnie Le Laabo.

J’ai apporté mes gravats à la déchetterie” d’Anne Lefevre.

La putain de l’Ohio” de Hanokh Levin.

Je suis/ tu es Calamity Jane”  de Nadia Xerri-L

Je deviens Jimmy Hendrix“, Eric Da Silva.

Miss Knife” d’Olivier Py.

Silence encombrant” par la compagnie Kumulus.

Je vous ai compris” par la compagnie Groupov (Sélection Offinités du 20 juillet, «Quelles écritures du réel au Off ? »)

Italie-Brésil 3 à 2″ par la Compagnie Tandaim.

Addictions(s): Paroles d’Artistes” par la compagnie Akté (Sélection “Une performance de spectateurs” le 12 juillet)

Théâtre des Halles.

King Lear Fragments” de Shakespeare par le collectif Mains d’Oeuvre.

Blanche Aurore Celeste” de Noëlle Renaude par Alain Timar.

übü kiraly” d’Alfred Jarry par Alain Timar.

Illumination(s)) par Madani Compagnie ( (Sélection Offinités du 20 juillet, «Quelles écritures du réel au Off ? »)

Closer” par le Poche, Genève.

Théâtre le Girasole.

Vivarium” de Thierry Simon-Lansman Editeur.

Bruits d’eaux” par Catherine Graziani (Critique du Tadorne)

Savez-vous que je peux sourire et tuer en même temps” de François Chaffiin.

Théâtre Arto.

Les ratés” par la compagnie Roketta.

Le Théâtre des Doms.

Ici s’écrit le titre de la pièce qui nous parle d’Ante” d’Ivor Martinic.

Combat avec l’ombre” par la compagnie Frederic Dussenne.

La petite évasion“, Théâtre de la Guimbarde.

Smatch (1)), si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré” par le Corridor (Critique du Tadorne)

Théâtre de la condition des soies. 

Absente: rendez-vous avec Sophie Calle” par Shakespeare’s Wild Sisters Group (Sélection “Une performance de spectateurs” le 12 juillet)

Debout dans le vide” de Damien Ricour.

Sei Solo suivi de Moments d’Absence” par Raphaël Cottin et Cécile Loyer (du 8 au 13)

rock identity” de Katalin Patkaï (du 15 au 21)

Milf” de Katalin Patkaï (du 16 au 20)

Les Rois suivi de Souffle”  par Nicolas Maloufi et Pierre Pontvianne.

Présence Pasteur

Frozen” de la compagnie Théâtre du Centaure.

Pinocchio” par la compagnie Caliband Théâtre.

Frères de sang” par la compagnie Dos à deux.

L’héroïsme au temps de la grippe aviaire” par la compagnie des ils et des elles.

La petite fille et la morve” par Brigitte Nielsen Society (Sélection “Une performance de spectateurs” le 12 juillet)

Grenier à sel

Les règles du savoir-vivre dans la société moderne” par la Compagnie Ici comme ailleurs.

Le mardi à Monoprix” par la compagnie Le Théâtre Dû.

Mooooooo-onstres” par le collectif Label Brut.

Terre rouge” par la compagnie Bottom Théâtre (Sélection Offinités du 18 juillet,  «Le Off, théâtre monde?»)

Enfatillages” par la compagnie d’Air.

La Chapelle du Verbe Incarné.

Dansez” par la compagnie Boukousou.

La loi de Tibi” par la compagnie de l’Autre Souffle.

Terre Sainte” par le Théâtre du Passeur.

Les irrévérencieux” par la Compagnie du Théâtre des Asphodèles.

L’Adresse.

Jacques le fataliste” par la compagnie Hirsute.

Le boxeur” par la compagnie Troupuscule Théâtre.

Le Thanatologue” par la compagnie Tchoutchak.

Le réveil” par la compagnie Trésor de Sophie.

Quelque chose de commun…” par La Nivatyep Compagnie (Sélection Offinité du 22 juillet, “Danse, Théâtre : tous dans le même mouvement !»)

Le stabat mater furiosa” par la compagnie Frament de m’onde.

Jardin Ceccano – Médiathèque Ceccano

A l’ombre des Ondes – Siestes audio-parlantes” par la compagnie Kristoff K.Roll.

L’entrepôt.

A peine une sensation...” par la compagnie Anitya.

Espace Vincent de Paul.

Qui sommes je?” de Ludo Citrik ( Critique du Tadorne)

Les beaux orages qui nous étaient promis“, Collectif Petit Travers.

Théâtre du Roi René

La mouette“, compagnie Laboratoire de l’Acteur.

Made in France” par la Compagnie Kalisto (Sélection Offinités du 24 juillet, «Être spectateur co-producteur : pour quels projets ? » avec les spectateurs et compagnie adeptes du crowdfunding).

Théâtre le Chêne noir.

Tom à la ferme”  par le Théâtre de l’Héliotrope.

Une journée particulière” avec Corinne Touzet et Jérôme Anger.

Journal de ma nouvelle oreille” et “La compagnie des spectres” par le Théâtre Vidy Lausanne.

Hotel Paradiso” par la compagnie Familie Flöz.

Théâtre du Bourg Neuf.

Le chemin des passes dangereuses” par la Compagnie de la Salamandre.

Théâtre les trois soleils.

La mort de Marguerite Duras” par la Compagnie du Pas Sage.

Je suis un prophète, c’est mon fils qui l’a dit” d’Abel Aboualiten.

Tremplin.

Subway plage” par la compagnie Univers Scène Théâtre.

Pitchoun Théâtre.

Jean Cocteau / Anna Prucnal” par la compagnie Atypik.

Théâtre de l’Observance.

Music Hall” par la Compagnie 21.

 Théâtre de l’Albatros.

Barbara, j’ai peur mais j’avance” par la compagnie du Théâtre du Tropic.

Fabrik Théâtre.

Il suffit d’un train pour pleurer” par le Théâtre Petit Comme un Caillou.

Théâtre Golovine.

A l’ombre de Coré” par la Compagnie Baktus.

Shadowrama” par la Compagnie Les Eponymes.

Ballet Bari” par la Compagnie Pyramid.

Théâtre du Collège de la Salle.

“Jongle” par la compagnie Théâtre Bascule.

L’Alizé

Mangez le si vous voulez” par la compagnie Fouic Théâtre.

Lignes” par la compagnie Artizan.

Espace Alya.

Tapage dans la prison d’une reine obscure” par la compagnie l’Echapée.

Le nez dans la serrure” de la Compagnie du Dragor.

Caserne des Pompiers.

Perf” par la compagnie Marinette Dozeville.

Théâtre des Barriques

Ressemblance” par la Compagnie Et Lounda.

Théâtre de l’Oule.

Le secret de la petite chambre” par la compagnie Collectif Zone Libre.

La’ad” par la compagnie Natya.O’

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Peut-on révéler l’esprit critique et créatif du spectateur au Festival Off d’Avignon 2013?

Pour la troisième année consécutive, le Festival Off d’Avignon nous confie la mission d’animer les jours pairs, un espace critique et participatif avec les spectateurs. Sylvie Lefrère, Sylvain Saint-Pierre, Bernard Gaurier, Laurent Bourbousson et moi-même vous accueilleront au Village de 11h30 à 13h.

«Les Offinités publiques du Tadorne» seront hors des logiques promotionnelles : nous désirons créer la relation interactive entre publics, artistes et animateurs. La parole des spectateurs sera au centre des débats. Chaque Offinité dessinera des portraits pour révéler l’histoire de chacun avec le festival.

Ces Offinités auront  lieu au chapiteau en bois du village du OFF. C’est un lieu ouvert, circulaire, qui permet une parole libre et fluide. Des banquettes sur les côtés, ou une chaise au milieu, à chacun de choisir sa place et d’en bouger quand il le souhaite.

Tout au long de ces trois semaines de festival, vous pourrez suivre ces rendez-vous à partir de la page Facebook du Off, du blog du Tadorne et du groupe «les Offinités des spectateurs».

©Colombe Clier 2013, Exposition Nuage Arles

Deux Offinités auront une démarche particulière :

– Le 11 juillet à 16h : des professionnels de la toute petite enfance feront un retour de leur journée au Off pour révéler, «le grand Off du tout-petit».

Le 12 juillet, nous animerons une Offinité, «La performance des spectateurs». Nous proposerons à un groupe de spectateurs de suivre avec nous un parcours théâtral de 5 à 6 spectacles de midi à minuit. Nous échangerons entre les spectacles, n’hésiterons pas à faire part de nos ressentis aux spectateurs de passage puis relaterons cette journée le 14 juillet à 11h30 au Village du Off.

Le programme :

10 juillet, «Notre ciel d’Avignon» ou comment l’exposition «Nuage» au Musée Réattu d’Arles évoque le spectateur d’Avignon.

11 juillet, 16h, « Le grand off du tout-petit ».

12 juillet de midi à minuit, «Une performance de spectateurs».

14 juillet à 11h30, le retour sur notre performance de spectateurs du 12 juillet

18 juillet,  «Le Off, théâtre monde?», avec la participation d’Amnesty International et des metteurs en scène Catherine Graziani et Julien Bouffier.

20 juillet, «Quelles écritures du réel au Off ? »

22 juillet,«Danse, Théâtre : tous dans le même mouvement !»

24 juillet, «Être spectateur co-producteur : pour quels projets ? » avec les spectateurs et compagnie adeptes du crowdfunding.

26 juillet,  “Merveilleux festival Off ?” avec le chorégraphe Philippe Lafeuille.

28 juillet, «Spectateur, quel programmateur êtes-vous ?» avec la participation de deux spectateurs (Marie-José Mas et Daniel Le-Beuan).

Les Offinités: un rendez-vous à co-construire, à s’approprier pour révéler l’esprit critique et créatif du spectateur.

«Les Offinités du Tadorne» par Pascal Bély et Sylvie Lefrère.
Contact : pascal.bely@free.fr / 06 82 83 94 19
Crédit photo: C. Clier.
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Petits et grands: en corps !

Imaginons un instant que l’art soit au centre des projets éducatifs. Rêvons qu’ils permettent aux éducateurs, aux enfants et à leurs parents de se projeter dans un décloisonnement où l’art relierait les savoirs fondamentaux, l’apprentissage de la vie collective et la construction d’un socle de valeurs communes.

Imaginons que la dernière édition du Festival «Petits et Grands» de Nantes soit cet espace qui formerait ce tout dont nous avons tant besoin.

Imaginons…Fermons les yeux…Tout commencerait à la crèche, incluse dans un grand service public de la toute petite enfance. Imaginons…des artistes y seraient en résidence. Après plusieurs jours passés à observer et entrer en relation avec les tout-petits, ils présenteraient leur création, «Caban».

Ouvrons les yeux…Ils ont métamorphosé l’espace… Parents, tout-petit et éducateurs tâtonnent…Cherchent où aller…Progressivement, l’espace nourrit les relations à partir de différents chemins au croisement de plusieurs esthétiques : danse, théâtre, musique et œuvres plastiques. Peu à peu, le tout-petit se métamorphose en acteur et s’inclut dans la troupe parce qu’à cet endroit-là, émergent la scène et la dramaturgie du passage. Peu à peu, un nouveau langage se fait jour, celui de l’imaginaire tout-puissant qui étire le temps pour que l’humain prenne son temps, pour que le parent ai confiance dans son lâcher-prise au profit de rencontres inattendues entre artistes, parents, observateurs solitaires…Rosalie danse…Marylou se cache dans la cabane…C’est son théâtre où le jazz fait écho à ses cris de plaisir et de peurs. Imaginons que le Teater De Spiegel habite toutes les crèches de France pour les métamorphoser en cabane…futurs théâtres ouverts sur les projets éducatifs.

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Imaginons…nourris de cette expérience, parents, tout-petits et éducateurs iraient au théâtre pour «Plis / Sons» de Laurent Dupont. Rêvons…quelques adolescents d’un centre aéré les accompagneraient. Ils auraient la mission de traduire, à partir d’objets créatifs qu’ils confectionneraient, leurs ressentis sur cette proposition artistique pour les 10 mois-3 ans. Probablement qu’ils prendraient plaisir à observer Marie Frashina créer la rencontre entre le corps et le papier, matière de l’art. Tout y est : la musique, le cinéma, la sculpture, le théâtre, les arts plastiques.  Pris dans une spirale, tous nos sens se multiplient pour se soustraire à la raison ! Peu à peu, ce petit espace scénique dévoile ce que l’art procure : la puissance qui autorise tous les rêves, où le fond est au service de la forme…

Imaginons nos adolescents exposer leurs œuvres dans les crèches, symboles des valeurs qui relient leurs singularités revendiquées à nos utopies communes. Probablement qu’elles nous conduiraient à nouveau vers les contrées artistiques de Laurent Dupont. Avec «En corps», on en redemanderait ! Imaginez petits et grands prenant un malin plaisir à observer le jeu de cache-cache entre deux hommes et une femme avec les symboles de la tauromachie pour dessiner un paysage pictural et musical au croisement du flamenco, de Velasquez et de Picasso. Ici, l’outil numérique est au service du corps créatif, vecteur de plaisir et d’un lâcher-prise salvateur. Ici, l’énergie traverse tout le plateau…une énergie durable où le génie de l’un sert la liberté de l’autre. Ici, l’expression « univers artistique » prend tout son sens tant le désir d’ouvrir l’espace de l’imaginaire est contagieux. Laurent Dupont travaille le désir du spectateur en évitant de s’excuser d’être aussi barré. Ici, aucune culpabilité pour poser la créativité comme un combat entre pulsion de mort et anarchie du vivant.  La salle exulte…La Caban de Laurent Dupont est une orgie des arts pour une humanité confiante dans la folie créative des artistes…

Imaginons…Petits et grands sont maintenant prêts à penser autrement la culture : elle n’est  plus seulement un socle de savoirs constitués, mais elle englobe des pratiques sociales prolongées par des pratiques artistiques ! Le rock and roll peut donc faire son entrée dans l’éducation! Avec «The WackiDs», trois musiciens donnent un concert inoubliable. De leur caban, émergent des instruments de musique qui ne sont pas à leur taille : comme quoi, se mettre à la hauteur d’un plus petit que soi procure l’énergie du Rock and roll ! Avec ces trois gugusses, la culture rock se transmet dans la joie et la furie d’apprendre ! De Ray Charles, aux Beatles, en passant par les Rolling Stones, nous voilà tous reliés entre ceux qui ont connus l’époque et ceux prêts à la célébrer pour imaginer leur futur ! Ces trois-là parviennent à créer la pédagogie par le corps, par le jeu, par les valeurs du groupe, par la récompense partagée…

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Libérés par un tel concert, tout semble maintenant possible. Petits, grands, éducateurs, peuvent apprivoiser sereinement l’histoire déconstruite, sans début et sans fin, de Philippe Dorin, «Sœur, je ne sais pas quoi frère». Ensemble, nous nous projetons dans l’espace transversal d’une fratrie de 5 sœurs (de 9 à 75 ans) où l’histoire de l’une est enchevêtrée dans celle de l’autre. Tout se sépare et se relie, dans le mouvement continu du sens qui traverse chaque scène. Nous voilà tous réunis à vivre ce moment théâtral comme une allégorie de la complexité et de la relation créative au profit de l’émancipation pour une autonomie du groupe. Nous rions et tremblons parfois. Nous ressentons les tours que peut nous jouer l’art : nous prendre par surprise à cacher ce que nous peinons à révéler.

«En corps!» crions-nous lors des applaudissements ! Mais un étrange bruit de papier à nos oreilles nous invite à rejoindre nos cabans, car nous n’en n’avons pas fini d’explorer le patrimoine légué par notre toute petite enfance.

Imaginons ce projet éducatif global : avouez qu’il a l’énergie du rock and roll…

Pascal Bély – Le Tadorne.

Festival “Petits et Grands” à Nantes du 11 au 14 avril 2013.

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ACCUEIL DES LIEUX CULTURELS ETRE SPECTATEUR PETITE ENFANCE

«Médiasoeurs, pour quoi frère ?»

À ma descente d’avion, la poésie s’invite : «il pleut sur Nantes». Heureux présage ? Alors que nous questionnons le projet de ce blog, le festival «Petits et grands» arrive à point nommé. L’un de ses codirecteurs, Cyrille Planson, a  sollicité Pascal Bély comme consultant et blogueur pour animer une séquence de formation en direction de médiateurs culturels et participer à des «causeries critiques» organisées chaque matin. Intuitivement, nous ressentons que tout va se lier et prendre sens, car le théâtre «jeune public» questionne en continu la place du spectateur, le positionnement des éducateurs et des institutions. Il est un projet global, car l’art et  le jeune enfant enchevêtrent nos questionnements dans la complexité.

Rendez-vous au Grand T, lieu unique de Nantes ! T comme transversalité…Une chapelle, une yourte, une grande salle de briques et de bois constituent cet ensemble culturel chaleureux. «Sœur, je ne sais pas quoi frère» de Philippe Dorin ouvre cette journée mémorable.

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Dix classes de primaires s’incluent dans ce public hétérogène. Sur le plateau, cinq femmes, de 9 à 75 ans. En se reliant, elles nous permettent de nous faufiler dans nos cheminements personnels. Et si ces actrices n’en faisaient qu’une comme l’indique le singulier du titre ? Tout devient  jeu, et le rire des enfants résonne joyeusement. L’évocation de l’enfer pique leur personnalité de petits diables. Par la mise en scène, nous traversons différentes pièces de leur maison pour nous positionner dans plusieurs étapes de réflexion. Nous prenons peu à peu conscience de la richesse du groupe, tout en voyant au loin, telle une vigie, se profiler la terre des expériences individuelles nécessaires. De cet espace artistique familial, on nous offre, petits et grands, un regard ouvert sur de la vision. Toutes générations confondues, qui sommes-nous ? Comment apprendre à vivre ensemble ? Vers quelles libertés allons-nous, nous orienter ?

La marche est engagée. Le spectateur s’émancipe d’une histoire qui aurait une fin et un début. Ici, le mouvement de notre pensée créative fait sens comme le démontrera le collectif de quarante médiateurs culturels qui se retrouve à la Chapelle, dans le cadre d’une formation continue, pour un débriefing quelque peu atypique. Invités, nous les observons tandis qu’ils posent leurs ressentis à partir d’un portrait chinois et d’un exercice d’écriture automatique. Les mots défilent sur les feuilles blanches : le théâtre poursuit ce travail précieux où ils sont coauteurs. Peu à peu, ils échangent leurs images et leurs textes, avec la timidité de ceux qui découvrent qu’écrire est un art qui s’offre à chacun de nous. À 14h, Philippe Dorin écoute ces restitutions un peu particulières. Son regard pétille à l’écoute du texte profond d’une jeune médiatrice qui s’inclue dans cette fratrie pour y puiser l’énergie d’une écriture poétique. Il est 14h30. Dans trente minutes, nous serons en responsabilité de ce groupe. Pour deux heures. À les entendre, nous pourrons nous appuyer sur l’œuvre de Philippe Dorin pour poursuivre nos traversées de spectateur-médiateur. À 15h, nous constituons quatre groupes à partir de consignes créatives…

Vous êtes des journalistes du Canard Enchaîné, envoyés spéciaux au Festival Petits et Grands”

Mariage pour toutes !

Photo de famille : cinq sœurs qui jouent à l’unisson dans un décor cosy, un gynécée autour d’un samovar, pantoufle de verre et robe de bal. Tout cela aurait pu être rose bonbon, mais ne vous y fiez pas : ce huit clos vire plutôt au Cluedo sur un « air de famille ». Cinq comédiennes de 9 à 75 ans campent une fratrie toute droite sortie de l’imagination de Philippe Dorin. La mise en scène de Sylviane Fortuny sert à la perfection l’écriture fragmentée de l’auteur. À l’image du décor qui évolue à vue, l’intrigue s’imbrique pièce par pièce à la façon des matriochkas. Attention terrain miné pour les hommes : qu’ils soient tsar ou simple communiste, père ou futur époux, elles resteront unies face à la menace et au secret. À l’heure de la transparence, elles sauront se lever pour rejoindre leur propre paradis. Si ce soir, vous ne savez pas quoi frère, courrez au Grand T à 20h30. »

« Médiateurs issus de grandes fratries : un texte en résonance avec la pièce de Philippe Dorin”.

Les échanges des spectateurs issus de « grandes fratries » laissent entendre différentes résonances du spectacle avec leur histoire personnelle. Certains se sont identifiés sur la fratrie évoluant sur scène, d’autres non. Pour autant, tout le monde s’accorde sur le caractère unique et privilégié du lien fraternel. Comme en témoigne la solidarité autour du secret et l’instinct de protection mutuel. On a tous dans nos fratries des souvenirs de jeu. Ces moments deviennent le lieu des premières expériences à l’image de la scène des cigarettes. Ils permettent aussi une réinterprétation de la réalité, telle la scène du Cluedo. Chacun sa place, chacun son rôle : la responsable, le garçon manqué, la conciliatrice, la petite dernière…La pièce nous interroge sur cette distribution, sur le caractère aliénant de la fratrie et comment s’en défaire pour vivre sa propre vie tout en gardant un lien, à l’image de l’émancipation de chacun des personnages à la fin de l’histoire ».

« Mettre en jeu, une thématique de la pièce, qui s’adresserait aux enfants et aux adultes ».

Thème choisi par le groupe : le secret de famille.

Les concepteurs débarquent dans la salle, déterminés à jouer. Ils donnent les consignes («Mettez-vous en trois groupes. Vous êtes une fratrie de 10. Enchaînez-vous. En circulant dans la pièce, chacun d’entre nous vous donnera un indice pour trouver le secret qui traverse l’œuvre de Philippe Dorin»).

La dynamique collective est  visible dés l’énoncé des règles. Instantanément, le chaos produit l’énergie créative. Les codes de complicité sont posés: on a fait connaissance depuis le début de la journée, on se reconnait, on co-construit en confiance, ensemble.  Des squelettes, les chairs bougent, enchaînés, mais reliés par les mains, symbole de la force vive du collectif. À petits pas, les idées galopent, les rires fusent, le plaisir partagé est là. La jubilation ludique entraine tout le monde dans son sillage et personne ne cherche à connaitre l’enjeu («jouer, mais pour gagner quoi ?»)

La noirceur des secrets émerge et questionne l’adresse au jeune public. Nous apportons le regard théorique sur les processus ainsi déployés. «Travaillez votre groupe. Investissez dans le temps du groupe tout au long de vos saisons théâtrales ».  L’écoute est là. Chacun semble repérer la force du jeu comme outil de médiation.

« Des spectateurs arriveront à 20h30 pour un spectacle du chorégraphe Angelin Preljocaj. Mais une erreur s’est glissée dans le programme : ce soir, « Sœur je ne sais pas quoi frère » est à l’affiche. Vous avez une heure pour créer une feuille de salle pour que le public reste au théâtre »

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La feuille de salle épate. Elle est en trois D, telle une invitation au jeu. Elle vise à créer la relation circulaire entre les spectateurs et le lieu à partir de mots qui relient danse et théâtre. Puis viennent quelques informations pratiques avant que ne se dévoilent les raisons pour lesquelles il faut rester. Ce groupe a réussi à mette en mouvement créatif,  les trois niveaux de la communication : le contenu, la relation, le contexte.

Articulés entre eux, ces quatre exercices dessinent une médiation en dialogue avec l’œuvre artistique où  le jeu, le groupe, la recherche du sens créent la communication. C’est ainsi qu’un collectif de médiateurs, en réseau (métaphore de la fratrie), a mobilisé ses différentes sensibilités pour créer, pour amplifier ce que l’art nous donne : être sujet au cœur du chaos.

Sylvie Lefrère, Pascal Bély – Tadornes.

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ETRE SPECTATEUR LA VIE DU BLOG

Pourquoi j’arrête ce Tadorne là…

Ils ont osé. Elle a osé. Pour la première fois en France, la directrice d’une Scène Nationale (Le Merlan) a envoyé une lettre recommandée à un spectateur qui a eu la mésaventure d’interroger son projet et de pointer ses graves manquements à ses missions de service public. Pour la première fois en France, un syndicat (le SYNDEAC) a examiné la requête du Théâtre du Merlan de Marseille pour qu’il entame une procédure en diffamation contre un spectateur, auteur d’un blog sur l’art vivant depuis 2005. C’est du jamais vu. Pour la première fois, suite à ma dénonciation, le directeur de la Scène Nationale de Cavaillon, Jean-Michel Gremillet, déverse des injures sur le blog et affirme dans un mail privé qu’il m’interdira dorénavant l’accès au théâtre. Cela n’a provoqué aucun émoi particulier : ni dans la presse locale (tellement occupée avec l’affaire Guetta et à préserver ses subsides publicitaires avec le Merlan), ni sur les réseaux sociaux (où l’on semble feindre de ne pas comprendre où est le problème). À part le cercle proche, je me suis senti bien seul.

C’est ainsi que des femmes et des hommes de culture ont collectivement  envisagé d’intimider un spectateur pour le faire taire. Ils exercent un pouvoir sur les artistes sans véritable régulation démocratique et ne supportent pas l’idée qu’un spectateur «d’en bas» s’immisce dans leur projet. De tous les services publics, la culture est le seul système où le citoyen n’a strictement aucune possibilité de faire entendre sa vision. Mais à quoi sert l’art si ce n’est d’exercer son regard critique sur tout ce qui fait sociétal, ce qui fait politique?

Ainsi donc, une corporation s’arroge le pouvoir de définir de façon univoque sa vision de la relation avec le spectateur : elle a des outils (action culturelle, service de communication, de relation avec les publics, …), des dogmes prêts à l’emploi (ah, la sacro-sainte «démocratisation culturelle» si possible «par l’éducation populaire»), des relais associatifs (parce qu’il existe des publics empêchés), des pratiques de management d’une autre époque (un affect très corporel mêlé d’autocratie). Tout est fermé de l’intérieur par un système de nomination occulte où le Président suprême a le dernier mot. C’est ainsi qu’ici ou là, des mandats de direction de 15, 20, 30 ans verrouillent sur le territoire tout processus de changement au profit d’une caste qui sait à quel moment il est judicieux de se placer auprès du maître (la maitresse est plus rare vu la forte virilité du secteur…).

C’est ce système qui positionne la culture dans une vision descendante là où la mondialisation et la puissance de l’horizontalité de l’internet appellent d’un lien à l’art renouvellé pour l’extraire du consumérisme. Mais aujourd’hui, ce système autocratique sert une industrie culturelle qui impose ses esthétiques, sa communication et les procédures de contrôle de la parole du spectateur qui vont avec, ses dynamiques de réseau fermées contre une approche transversale de l’art.

J’ai pensé que je pouvais «jouer» dans ce système pour l’ouvrir au profit d’articulations créatives. Peine perdue. Ou presque. J’ai pensé que la sensibilité de mon écriture pouvait légitimer la parole de tout spectateur. Cela s’est avéré impossible au risque de me compromettre avec la dictature du slogan, d’aller à l’encontre de mon éthique, de mes valeurs. À plusieurs reprises, je me suis senti à la limite de leurs jeux. Je sais pourtant qu’ici ou là, des spectateurs et des artistes se sont reconnus dans la démarche un peu «frondeuse» du Tadorne. J’ai entendu la parole encourageante d’acteurs socio-éducatifs pour qui un changement de paradigme était possible (à savoir co-construire des projets culturels plutôt que des contenus auxquels il faut se soumettre).

Il est donc urgent de réinterroger en profondeur le projet de ce blog. Il n’y a plus de temps à perdre, car tout mouvement créatif a besoin de se nourrir de la base, du peuple (oh, le vilain mot que le système ne prononce même plus…lui préférant territoire, terme plus chic). Il me faut en premier lieu m’extraire des logiques de pouvoir. Je présenterais donc ma démission à la DRAC PACA comme expert danse tout comme je mettrai fin à mon mandat de président d’une compagnie.

D’autre part, il n’est plus imaginable d’écrire sur les œuvres à partir d’un positionnement perçu comme “critique professionnel”. J’ai besoin de relier l’art à mon contexte (qui grâce à mon métier de consultant pour les services publics et associatifs est foisonnant de ressources créatives). Je ressens l’extrême nécessité de me nourrir des propos artistiques en les déconnectant de la communication abrutissante qui les entoure pour les prolonger vers les chercheurs, vers les praticiens de la créativité que je croise au hasard de mes missions et de mes lectures. Je vais donc changer de réseau d’information (arrêter ces abonnements sans fin aux pages Facebook si pauvres du secteur culturel) pour m’intégrer dans ceux qui font la promotion de pratiques sociales et éducatives innovantes.

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Le Tadorne veut relier l’art différemment et échapper au consumérisme organisé par les lieux culturels qui, peu à peu, compliquent l’achat des places, starisent leur programmation, empilent toujours plus de propositions pour répondre à nos pulsions de consommateurs avides de nouveautés.

J’aimerais tenter une autre écriture. Elle sera délicate à ses débuts, mais j’ai confiance dans mon expérience de sept années auprès des artistes. Elle aura besoin de temps pour émerger et s’affirmer. Mais ce saut dans l’inconnu est la seule façon de ne pas se laisser absorber par le néant de la communication et du commentaire dans lequel ont veut plonger ceux qui pensent par eux-mêmes.

Pascal Bély – Le Tadorne.