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ETRE SPECTATEUR LES FORMATIONS DU TADORNE PETITE ENFANCE Vidéos

En avril 2014, 4ème édition de la formation “L’art et les tout-petits”.

Depuis 2010, j’accompagne, via mon cabinet TRIGONE, la mise en oeuvre d’un projet autour de «l’art et les tout-petits» visant à créer un modèle de relations contributives entre professionnels de la toute petite enfance, artistes et opérateurs culturels. C’est ainsi qu’un réseau s’est formé, composé du Théâtre Massalia, des directions de la toute petite enfance des villes de Fuveau, Martigues, Vitrolles (bientôt les Pennes Mirabeau)  et des associations de crèches privées, la Maison de la Famille et Balou à Marseille. Trois cursus (2011, 2012, mars 2013) ont permis à 45 professionnels et artistes de se former à «l’art et les tout-petits» auxquels s’ajoutent des réunions où le management des structures relie les actions artistiques de terrain à un projet éducatif global.

Depuis 2011, cette dynamique de réseau a permis de :

– Diffuser des spectacles et d’cccueillir des résidences d’artistes au sein des établissements de Fuveau et de la Maison de la Famille en étroite collaboration avec le Théâtre Massalia.

– Mettre en oeuvre en 2012 une formation en intra à Martigues. Le projet “A tout petit pas dans l’art, un grand pas dans l’humanité” a ainsi vu le jour et va se déployer  en 2013 en s’articulant aux évènements de Marseille Provence 2013.

– Rencontrer le 4 octobre 2012 la ville de Charleroi et le Théâtre de la Guimbarde pour croiser et relier les expériencesles  lors du festival «Pépites» prévu en 2013.

– Associer Klap, Maison pour la Danse à Marseille et le Théâtre de Fontblanche de Vitrolles au programme de la  formation.

– Organiser lors des Offinités du Tadorne, des journées au Festival d’Avignon («Le grand Off du tout-petit») où professionnels et artistes débattent sur des propositions artistiques.

Projet Enfant Phare avec Philippe Lafeuille et le cabinet TRIGONE pour la ville de Vénissieux.

Pour 2013, un troisième cursus de formation a débuté en mai 2013. Un cursus est prévu en 2014:

– La plaquette de la formation est en ligne ici avec l’inscription: ici.

– Un retour de professionnelles sur la formation 2012:  L'art et les tout-petits, une formation à PART! L’art et les tout-petits, une formation à PART!

– Un article de Piccolo sur la formation.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à me contacter au 06 82 83 94 19 ou par mail (pascal.bely@free.fr).

À très bientôt.

Pascal Bély, Le Tadorne.

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ETRE SPECTATEUR HIVERNALES D'AVIGNON PAS CONTENT

Hivernales pensées pour un printemps de la danse.

Chaque année, je m’accroche à ce festival…sait-on jamais…Mais depuis quatre ans, toujours la même déception: propositions artistiques convenues (quand elles ne sont pas expérimentales au plus mauvais sens du terme);  absence d’ambition, de visée alors que la danse a longtemps éclairé les arts de la scène; public vieillissant qui ne se renouvelle pas d’où des salles clairsemées. Ce festival n’a aucun projet à part de maintenir son image, justifier son existence même s’il faut pour cela balader le public dans des lieux réputés hors du département. Faute de se remettre en question, sa direction fait appel au critique sulfureux du Nouvel Observateur pour se plaindre du prix des billets de train, du coût de l’électricité, …

Pourtant, l’affiche était belle. Très belle. Une invitation à la danse dans ce qu’elle a de plus fragile : son apparition, sa disparition. Mais une affiche ne fait pas le printemps…

Que pouvais-je attendre ? Plutôt qu’une thématique (la méditerranée cette année), j’aurais aimé un horizon. Il m’est arrivé de me ressentir habité à la fin d’un festival : «Cette année, la danse à…». Ici, rien. A la sortie de chaque spectacle, j’ai approché mon vide émotionnel: à la danse bavarde a répondu mon mutisme comme si mon engagement de spectateur ne trouvait aucun écho dans un processus de création.

J’ai cherché un propos, là où je n’ai eu que de la démonstration: ici des jeunes égyptiens  baladés sur scène par deux chorégraphes françaises en quête de légitimité ; là une danse qui produit de la matière à observer plutôt qu’un mouvement pour entrer en communication ; ailleurs des clichés sur la condition féminine à partir d’une chorégraphie elle-même habitée par des clichés sur la danse; ici encore, une soirée «israélienne» sous le  patronage du consul où la danse fait salon et se justifie d’exister…J’ai même eu à supporter la crise d’adolescence d’un chorégraphe comme si «chorégraphier» la bancalitude du monde était en soi une danse…

Dans ce festival, rien ne m’a été proposé avec générosité comme si ce n’était finalement pas une finalité. Le plaisir de voir de la danse n’est même pas un objectif : tout juste, un hasard…Je n’ai croisé aucun enfant dans la salle, encore moins sur scène. La danse les exclut d’autant plus qu’elle n’intègre pas les familles (inutile de cherchez le festif…). Pour cela, il vaut mieux voir du cirque : au moins cette discipline nous accueille-t-elle dans notre diversité…

Dans ce festival, le projet pour la danse n’est qu’un programme qui ne développe pas les publics. Parce que la danse incarne sa propre domination là où elle devrait englober, nous relier, faire de nous des spectateurs sensibles où nos fragilités seraient gage d’ouvertures.

Dans ce festival, on fait référence au bon vieux temps, à la direction précédente comme pour s’excuser de la médiocrité du présent avec cette désagréable impression d’être pris en otage entre un passé glorieux et un futur qui ne peut exister faute de ressource publique abondante.

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Je rêve d’un festival de danse où celle-ci serait célébrée, dans toute sa diversité ! Où artistes, spectateurs, chercheurs dialogueraient pour régénérer une PENSÉE, pour qu’elle irrigue la société. Toute la société.

Je rêve d’un festival où l’on débattrait sans fin des spectacles ! Où l’on ovationnerait le talent ; où l’on sifflerait l’imposture !

Je rêve d’un festival qui interrogerait en permanence mon désir de danse ; où l’intimité des corps m’évoquerait la douleur du monde.

Je rêve d’un festival sans thème, mais où la rumeur ferait entendre l’émotion collective d’un public passionné.

Je rêve d’un festival animé par un collectif de défricheurs, en profonde empathie avec les artistes, soucieux de préserver ce qui doit l’être pour ouvrir là où le pouvoir verrouille.

Je rêve d’un festival au printemps pour qu’à la sortie des spectacles, nous nous retrouvions dans la rue à oser danser et rire du temps paléolithique où nos corps frigorifiés fuyaient les rues balayées par un mistral glacial.

Je vous en conjure…il nous faut maintenant un printemps pour la danse.

Pascal Bély – Le Tadorne.

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ACCUEIL DES LIEUX CULTURELS AUTOUR DE MONTPELLIER ETRE SPECTATEUR PAS CONTENT

Vous avez dit “spectateur”?

Qu’est-ce qu’être spectateur critique et engagé aujourd’hui ? Ces derniers mois, j’ai été  frappée par des comportements qui m’interrogent…Je suis face à des salles vieillissantes, composées d’abonnés de longue date. Assise à côté d’eux, je me suis senti gênée, tout comme d’autres spectateurs, par leurs commentaires à haute voix. Lors du dernier spectacle de  Decouflé à Nîmes, ils se sont comportés comme s’ils étaient dans leur salon devant leur télévision. J’ai été agacée par leurs remarques («ce n’est pas de la danse») à la fin d’un spectacle de Raimund Hoghe à Montpellier. J’ai surtout été outrée par leur violence à Sète à l’égard de Maguy Marin.

Qui sont ces spectateurs ? En veulent-ils pour leur argent de consommateurs ? La communication des lieux est-elle honnête lors de la présentation de saison? Ne fait-elle pas miroiter à  son public adhérant un divertissement garanti?

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De ma place de spectatrice, il me semble essentiel d’être dans une démarche de curiosité active. La lecture attentive des programmes, la connaissance des artistes ou le souhait de vivre une expérience sont mes critères de choix. Etre spectateur critique avant d’être consommateur. Je suis malheureuse quand je suis dans une salle à moitié vide, comme pour « Chatroom » par Sylvie de Braekeleer, l’année dernière au théâtre Jean Vilar de Montpellier. C’était pourtant une pièce de société, intelligente et intelligible. Mon plaisir explose quand je suis enfin entourée de vivants, d’enfants, d’étudiants qui composent un vrai public mixé. Ce sont des salles qui respirent, où le public expire fortement ou retient son souffle quand l’émotion est là.

Pourquoi ce glissement ? Quelle est la part de responsabilité des communicants? Quel projet ont-ils pour leur public, mis à part de remplir leur salle pour séduire les politiques et obtenir les subventions à la clef ? Que signifient ces écoles de spectateurs qui pleuvent de tous côtés de Paris à Montpellier, où il faut nous éduquer, nous montrer, nous apprendre ? Je me souviens des soirées de débats télévisés où enfant, j’étais marquée par les engagements et la force des points de vue. Pourquoi sommes-nous aujourd’hui plongés dans la sphère du consensus mou? La parole des spectateurs fait elle si peur dans cette société du spectacle empoisonnée par les jeux de pouvoir? La passion est en droit de libérer tous les déchaînements, quand ils sont justes et argumentés.

Nous considèrent-ils comme des spectateurs de chair et de pensées capables de développer un regard critique ? Savent-ils que ce que je voyais il y a dix ans, je ne le perçois plus de la même façon aujourd’hui parce qu’entre temps, je me suis nourrie de rencontres avec des artistes engagés dans des démarches créatives de recherche.

Depuis quelques années, nous sommes quelques-uns à nous ressentir « chercheurs marcheurs » en quête de sensations. Nous sommes dans toutes les régions et nous nous réunissons au Festival d’Avignon, non pour flatter nos égos, non pour être sous la coupe d’une institution, mais parce que nous sommes passionnés dans un contexte de crise, mot trop facilement, trop souvent martelé.

Notre parole se dépose dans des débats interactifs avec d’autres spectateurs critiques. Elle noircit les blogs pour garder une trace, une mémoire pour les générations à venir et pour le public d’autres territoires. Notre objectif est de nous mettre en lien, d’être dans le plaisir. Nous sommes différents des journalistes qui ne donnent majoritairement que des informations pour privilégier la communication institutionnelle au détriment de la réflexion sensible et de l’analyse. Leur parole est souvent neutre ou fielleuse, mais rarement dans un travail de fond.

Avec d’autres spectateurs Tadorne, je suis heureuse d’être dans cette démarche de réflexion et suis insatiable des découvertes des arts sous toutes leurs formes. Ils me transportent, m’offrent une part de rêve, me font travailler sur moi-même et le monde qui m’entoure.

Ma soif est de pouvoir continuer de soutenir des artistes qui sont dans une démarche créative recherchée, et accueillis dans des lieux ouverts et respectueux de ces engagements.

Les arts sont vivants, tout comme les spectateurs et les structures qui les promeuvent.

Sylvie Lefrere, Tadorne.

 

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ETRE SPECTATEUR LA VIE DU BLOG PAS CONTENT

En réponse à la lettre recommandée du Théâtre du Merlan de Marseille envoyée au blog le Tadorne.

Il y a quelques semaines, Nathalie Marteau, Directrice du Théâtre du Merlan, Scène Nationale à Marseille, m’a envoyé une lettre recommandée (lire ici). C’est probablement une première : un établissement public culturel mobilise du temps, de l’argent public et un service de communication pour intimider un spectateur.

Depuis 2007, j’écris mon inquiétude autour du projet artistique de la Scène Nationale du Merlan où une politique de communication «branchée» masque un travail de proximité comme en témoigne les nombreux échecs de ses actions dans les quartiers:

– L’échec du «Quartier créatif» à la Busserine dans le cadre de Marseille Provence 2013 dont le Merlan est l’un des coproducteurs (lire ici, la lettre à Aurélie Filippetti).

– La menace de licenciement à l’encontre d’une des salariées du Merlan (lire ici).

– Les articles du Tadorne depuis 2007: http://www.festivalier.net/?s=merlan

Encore dernièrement, dans le cadre de «Cirque en capitales», la majorité des spectacles proposés «vagabondent» de la Criée, au Gymnase, d’un temple protestant à une banque, loin de son port d’attache, le quartier du Merlan.

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En juin 2012, j’avais écrit un article questionnant ouvertement la dérive de ce théâtre (le mot faillite étant entendu au sens financier et moral du terme).

Ma parole libre de spectateur dérange Nathalie Marteau…Il semblerait que ce dernier article ne lui ait pas plu jusqu’à faire l’objet de ce courrier recommandé où elle me menace à demi-mot de poursuites dans le cas où je n’accepterais pas l’entretien qu’elle propose.

Je suis prêt à me prêter à cet exercice, à condition qu’il soit médiatisé, en présence d’un journaliste afin de:

1) Porter à la connaissance du plus grand nombre les questions légitimes d’un spectateur sur l’abandon d’un quartier et les réponses que Nathalie Marteau apportera pour éviter les «contre-vérités».

2) Faire entendre une parole singulière de spectateur qui s’inquiète de la dérive d’un théâtre dont la programmation est monopolisée par la «magie» et quelques artistes régulièrement invités au détriment d’autres esthétiques (danse, théâtre, …) pourtant incluses  dans son cahier des charges.

3) Permettre à Nathalie Marteau d’expliciter sa politique de communication, son coût, son sens, dans un contexte de restriction budgétaire où artistes et équipements culturels participent à l’effort de redressement des comptes publics.

Je compte sur le professionnalisme du service de communication du Théâtre du Merlan pour organiser ce rendez-vous public.

Ainsi, les intimidations d’un théâtre envers un spectateur quitteront la sphère privée pour nourrir le débat autour d’une politique qui, jusqu’à preuve du contraire, relève du domaine d’un Service Public.

Pascal Bély – Le Tadorne

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ETRE SPECTATEUR LA VIE DU BLOG Marseille Provence 2013 Vidéos

Migration de Tadornes vers Marseille Provence 2013.

Depuis 2008, le projet de la capitale culturelle pour Marseille et son agglomération a nourri ma vision de spectateur et de consultant. Je savais profondément que cet événement était une opportunité pour les services publics de placer l’art au-dessus des cases ; qu’il pouvait être un puissant facteur de décloisonnement, de promotion de valeurs renouvelées, d’innovations transversales. Je savais que je pouvais m’appuyer sur la visée d’une capitale culturelle pour aller à la rencontre d’acteurs pour qui l’art se résumait bien souvent à un divertissement, à une occupation.

Dès 2009, avec l’aide de Julie Kretzschmar, directrice artistique des Bancs Publics à Marseille, je proposais à la ville d’Aubenas, une formation-action pour les travailleurs sociaux afin de les accompagner à mieux articuler travail social et programmation artistique.

Dès 2010, je rencontrais la ville de Fuveau et le Théâtre Massalia à Marseille pour penser une formation autour de l’art et les tout-petits à destination des professionnels de la petite enfance. Certes, Marseille Provence 2013 n’a pas intégré ce public dans sa programmation. Mais qu’importe. La dynamique se déploie. À ce jour, secteur associatif et public co-construisent un projet territorial pour introduire l’art dans les crèches.

En 2011, j’ai également accompagné l’Union Diaconale du Var pour leur projet culturel dans le cadre de MP 2013. Le retrait de Toulon n’a pas entamé la détermination des travailleurs sociaux et de leur direction : il y aura bien une proposition artistique en juin 2013, élaborée par ce réseau.

Dès 2012, j’incitais la Caisse d’Allocations des Bouches du Rhône à intégrer la question culturelle dans son projet global. Aujourd’hui, tout un collectif est mobilisé pour qu’en 2013, l’art relie familles, professionnels et partenaires.

Tout au long de ces quatre années, j’ai promu cet événement, contre vents et marrées. J’ai même osé déposer un projet en 2010 («  Pour des migrations de spectateurs Tadorne sur le territoire et la toile de Marseille Provence 2013»). Il n’a certes pas été retenu. Mais en 2012, Pascal Raoust, chef de projet à  MP13 et Delphine Bazin Cabrillac du Conseil Général me confiaient l’animation de quatre journées de mobilisation des travailleurs sociaux sur les territoires de Salon, Vitrolles, Miramas et Martigues. Tout ce que j’avais élaboré théoriquement et méthodologiquement autour de l’art et du social prenait tout son sens.

Aujourd’hui, samedi 12 janvier 2012, la capitale culturelle démarre. C’est un événement d’importance pour un territoire en panne de projet, qui peine à penser son développement. Je suis prêt pour parcourir les expositions, m’intéresser au cirque, découvrir mon département grâce au GR2013, vivre un instant poétique avec la Transhumance. Je suis donc prêt à être un spectateur Tadorne, celui qui relie, tisse sa toile à partir des différents fils tendus par les artistes. Ce sera ma capitale.

Il fallait pour cela un nouveau site. Je le désirais plus clair, plus dynamique, plus en lien avec les réseaux sociaux (page Facebook du Tadorne et groupe des « Offinités de spectateurs »). Merci à Yann Maitre-Jean, lecteur fidèle du Tadorne et médiateur culturel, d’avoir entendu et élaboré cette architecture. Je lui suis infiniment reconnaissant pour son engagement créatif.

J’imaginais un nouveau logo, plus en phase avec l’idée que je me fais du spectateur Tadorne. Merci à Maxime Doucet d’avoir entendu pour le créer.

Tadorne, oiseau de bon augure…

Pascal Bély – Le Tadorne

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ETRE SPECTATEUR LA VIE DU BLOG OEUVRES MAJEURES

Dix oeuvres majeures en 2012.

Dix œuvres majeures ont jalonné l’année 2012. Quasiment aucune n’est venue à moi. J’y suis allé, au prix de nombreux déplacements et de temps passé à arracher une place. Dix œuvres de l’humain vers l’humanité, de soi vers nous. Dix œuvres pour hurler, se faire entendre au moment où l’Europe s’effondre. Dix oeuvres pour trouver l’embarcation qui ne promet rien, mais qui rêve du tout.

«La Mouette» mise en scène par Arthur Nauzyciel a divisé la critique lors du festival d’Avignon. Rarement, je n’ai ressenti une telle humanité en jeu: les artistes ont accueilli mes fragilités pour me restituer une vision sur la place de l’art dans une société en crise. J’en suis sorti plus fort, plus habité. Mouette.

«Dopo la Battaglia» est une autre victoire. Celle de Pippo Delbono. Son Théâtre n’a pas abdiqué. À corps et à cris, il a dénoncé, en célébrant la danse: l’incurie médiatique, la lâcheté du politique, l’inculture triomphante des communicants qui torturent le sens des mots pour tordre les corps épuisés par la crise. «Dopo la Battaglia» a été un moment généreux: par vagues successives de tableaux vivants, ce théâtre-là a porté haut «l’être» l’humain, et posé son écume sur nos corps desséchés. Pippo Delbono est l’héritier de Pina Bausch et poursuit son œuvre: faire confiance en l’intime pour questionner la folie du monde.

Avec «Tragédie», Olivier Dubois a frappé fort avec efficacité. Avec 18 femmes et hommes nus, il a créé «l’image», celle qui pourrait faire «humanité» pour chacun d’entre nous. Il a réussi à sculpter le groupe pour qu’émerge un tout: celui qui nous sauvera de notre tragédie de n’être qu’homme, entité sociale et sexuée. «Tragédie» m’a offert une vision éclairée de notre destin commun.

Sophie Calle n’est pas une artiste de théâtre. Elle expose. Et pourtant, elle a créé la scène autour de sa mère, décédée en 2006, jusqu’à lire quotidiennement son journal intime. «Rachel, Monique» était à l’Église des Célestins. Tel un rendez-vous avec une chanson de Barbara, nous y sommes revenus plusieurs fois comme un besoin vital de ressentir une nostalgie créative. Le 28 juillet 2012 à 17h, nous étions présents alors qu’elle lisait les dernières pages. Sophie Calle a créé le rituel pour nous rassembler, celui qui nous a tant manqué pendant le festival.

«Salle d’attente» de Krystian Lupa a été un choc théâtral en deux actes, porté par une troupe de quinze jeunes comédiens. Ils ont incarné avec force la vision d’un idéal européen en miettes à l’heure où la Grèce s’accroche vaille que vaille. Tandis que le deuxième acte nous incluait dans une «renaissance», le premier nous plongeait dans nos «inexistences». Choc frontal et bilatéral.

«Mesure pour mesure» de William Shakespeare par Thomas Ostermeier m’avait impressionné. Sur scène, j’y ai vu le jeu d’une civilisation épuisée par un système démocratique où le pouvoir pulsionnel transforme la raison d’État en déraison psychique. Un  cochon pendu métaphorisait notre piètre condition humaine prise en tenaille entre le religieux et la finance toute puissante. Ne reste que la justice pour décrocher ou choisir le croc le plus adapté…

Le collectif flamand tg STAN est moderne: son interprétation des«Estivants» de Maxime Gorki m’a littéralement emporté dans un système de pensée revigorant. Cette œuvre du début du 20ème siècle décrit un groupe en vacances d’été dans une datcha et qui «s’occupe» pour ne pas sombrer. Ici, les conflits entre amis masquent finalement un accord souterrain pour que rien ne change entre le marteau ou l’enclume, entre penser ou subir…

Le collectif berlinois She She Pop est culotté: avec leurs pères, trois actrices ont interprété «Testament», écriture théâtrale en deux dimensions (le texte du «Roi Lear» de William Shakespeare enchevêtrés dans des dialogues percutants entre pères et filles). C’est ainsi que fut abordée la délicate question de la transmission et de la prise en charge de la vieillesse par une génération frappée par la récession économique. Avec She She Pop, le testament a perdu sa valeur juridique, mais a gagné en altérité métamorphosant le théâtre de Shakespeare en un dialogue social régénérant.

Autre transmission avec Radhouane El Meddeb et Thomas Lebrun qui avec «Sous leurs pieds, le paradis», m’ont offert l’une des chorégraphies les plus sensibles de l’année. J’y ai vu Radhouane El Meddeb entrer dans la danse pour peu à peu se féminiser, embrasser la peau musicale d’Oum Kalthoum et y recevoir la force du baiser de la résistance. J’y ai vu une mer de courants artistiques où l’art chorégraphique a rencontré le chant. Sous leurs pieds, le théâtre a mis les voiles vers des contrées où la danse est un chant de la démocratie.

Autre voile, avec «La barque le soir» de Tarjei Vesaas, mise en scène par Claude Régy. À aucun moment l’embarcation n’est figurée: elle est bien là, au plus profond de notre imaginaire, en dialogue continu avec le corps qui danse (magnifique Yann Boudaud), avec le chaos de la scène vers la sérénité du tableau. Claude Régy sait créer l’espace où se rencontre le poète, l’acteur et le spectateur. Nous sommes liés, dans la même embarcation, celle qui nous guide vers un au-delà.

Entre les deux rives, notre unique bien-être: l’art comme embarcadère vers ces dix œuvres majeures.

1- “La mouette” par Arthur Nauzyciel (Festival d’Avignon)
2- “Dopo la Battaglia” par Pippo Delbono (Comédie de Valence).
3- “Tragédie» d’Olivier Dubois (Festival d’Avignon).
4- «Rachel, Monique» de Sophie Calle (Festival d’Avignon).
5- «Salle d’attente» par Krystian Lupa (Sortie Ouest -Béziers).
6- «Mesure pour mesure» par Thomas Ostermeier (Théâtre de l’Odéon, Paris).
7- «Les estivants» par la tg STAN (Festival d’ Automne de Paris).
8- ” La barque le soir” par Claude Régy (Festival d’Automne de Paris).
9- «Sous leurs pieds, le paradis» de Thomas Lebrun etRadhouane El Meddeb (Montpellier Danse)
10- «Testament» par She She Pop et leurs pères (Festival d’Automne de Paris).

Pascal Bély – Le Tadorne.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON L'IMAGINAIRE AU POUVOIR

La danse peut-elle faire la conversation?

À l’attention des spectateurs parisiens.

Je publie à nouveau la critique du spectacle de Xavier Leroy « Low Pieces » vue au Festival d’Avignon en 2011 et actuellement programmée au Festival d’Automne de Paris. D’après les retours que j’en ai, il semblerait que le dialogue entre danseurs et spectateurs ne se soit pas bien déroulé. Preuve il en est que cette ?uvre est sensible au contexte dans lequel elle se joue. A moins que vous ne formuliez d’autres hypothèses en commentaire de cet article.

«La danse, je n’y comprends rien».  C’est une condamnation. De soi.

Que répondre ?

«La danse se ressent». C’est une injonction. Vers vous.

Que proposer pour fluidifier l’échange entre un art considéré comme abstrait et des spectateurs en quête de mouvement?

Il y a le festival «Questions de Danse» à Marseille où le chorégraphe Michel Kelemenis crée un dialogue subtil  et respectueux entre artistes et public.

Il y a des tribunes critiques lors du Festival Montpellier Danse où des journalistes engagés  analysent la programmation face à une assemblée silencieuse et très attentive.

Il y a le Musée de la Danse à Rennes où Boris Charmatz invente un lieu original pour un dialogue ouvert.

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Et puis au Festival d’Avignon, il y a Xavier Le Roy dans «Low Pieces» qui inclut dans sa dramaturgie le lien entre spectateurs et danseurs. Si bien qu’à la sortie, le public adopte la posture calme et déterminée du philosophe marcheur. Les échanges s’éloignent des anathèmes pour interroger ce qui vient de se jouer.  

C’est ainsi que la danse se mêle de ce qui ne la regarde pas : questionner l’espace théâtral, remettre en cause la linéarité de la représentation (attente dans la lumière, spectacle dans le noir, applaudissements). Mais ce soir, tout est différent.

«Dansez !», nous ordonnons. «Conversons !» répondent-ils !

L’intention de Xavier Le Roy n’est pas de débattre sur la danse, mais de l’inscrire dans un dispositif qui nous permette de dialoguer avec elle. Un cadre où, tout en nous interrogeant sur la communication, nous créons l’interaction avec les danseurs. Une relation pour un contenu complexe, loin des simplifications dont fait l’objet la danse quand nous la confondons avec une mécanique des mouvements?

C’est ainsi que Xavier Le Roy et ses dix danseurs proposent un espace contraignant d’où surgit, tel un geste, notre créativité.  Ensemble, nous jouons  sur  différentes temporalités : le premier temps de la surprise et du créatif; le deuxième celui où nous contemplons cinq tableaux chorégraphiques d’une précision exceptionnelle; le troisième celui du flou et de l’incertitude. Ainsi, en différenciant les temps, nous appréhendons la profondeur des mouvements. Ils nous permettent d’accueillir la danse par un dialogue permanent avec notre système de représentation. À la nudité des danseurs dans la deuxième partie, répond ma nudité dans la troisième. À leur prise de risque dans la première, réplique mon écoute dans la deuxième.

 C’est ainsi que leurs cinq tableaux forment une oeuvre d’une étrange musicalité : le mouvement se niche dans la dynamique d’un groupe statufié; la danse prend forme dans les déplacements aléatoires et calculés d’un collectif métamorphosé en troupeau de lions; le sens émerge d’une partie de jambes en l’air d’où surgit subitement un champ de blé soumis au vent; le souffle vital se fait mouvement alors qu’ils ne bougent plus. Pour entendre le tout, il y a une séquence de cris de mouettes dans le noir, où les sons forment un ballet enivrant dans lequel je suis emporté.

Ce soir, Xavier Le Roy, ose désacraliser son art en nous légitimant comme être dansant. En mobilisant notre sensibilité pour communiquer, il nous permet d’entrer dans la danse à partir de notre corps de spectateur.  Cet acte artistique innovant est dans la lignée du théâtre de Jean Vilar.

Et c’est de la danse?

Pascal Bély, Le Tadorne

« Low Pieces » de Xavier Le Roy au Festival d’Avignon du 19 au 25 juillet 2011.

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ACCUEIL DES LIEUX CULTURELS ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON PAS CONTENT

Pourquoi je n’irai pas à Avignon.

Entre présentations de saison et bilans de festival, le cérémonial est immuable. Directrices et directeurs d’institutions culturelles se mettent en scène pour créer le «dialogue» avec les spectateurs. En général, le décor est spartiate (chaises-table pour les plus réservés, canapés et table-basse pour les plus audacieux) tandis que la scénographie est le plus souvent inspirée d’un séminaire pour managers fatigués. Les cas sont rares où ce dialogue est mis en scène au profit d’une célébration de l’art vivant, d’une valorisation de la parole du spectateur. Depuis quelques années, je fuis ces faux espaces où «la rencontre» n’opère jamais, où le lien vertical empêche la relation circulaire, où les affects plaintifs s’ajoutent aux éloges funèbres ou partisans! À l’heure où les artistes multiplient les ?uvres percutantes qui interrogent le positionnement du spectateur, force est de constater que les formes pour en évaluer la dynamique sont usées, car datées.

Le manager culturel peine manifestement à imaginer autre chose qu’une cérémonie du pouvoir institué: je m’étonne d’ailleurs qu’il soit le plus souvent seul sur la scène comme s’il n’avait pas d’équipe et de partenaires qui participent à l’élaboration de sa programmation.

Comme chaque année, Hortense Archambault et Vincent Baudriller, directeurs du plus important festival de création (Avignon) invitent les spectateurs à faire le bilan de l’édition passée. Positionnés à l’extrême droite de la scène, ils nous font face. Généralement, la tonalité des interventions diffère assez peu de celles entendues lors de la dernière conférence de presse qui clôture le festival à la fin juillet. Les questions autour de la billetterie, de l’accueil, du confort sont les grands classiques de l’exercice (sans que la situation s’améliore au fil des ans), tout juste ponctuées de références à Jean Vilar pour se donner de la contenance. Le même système interactionnel se met en place: une question appelle une réponse; une plainte pour une diversion; un militant du théâtre populaire s’oppose au fervent de la création contemporaine; «c’est de plus en plus difficile pour avoir des places» contre «oui, mais on fait ce que l’on peut».

Au cours des années précédentes, j’ai participé à l’exercice pour y faire part de ma vision, mais je n’ai jamais ressenti le moindre écho dans la salle et sur scène. Ces retours de «traversée» ne servent finalement qu’à valoriser le fait qu’il soit permis de les exprimer! Les spectateurs se prêtent à un jeu qui, tant qu’il existe sous cette forme, freinera toute évolution de leur statut.

Je n’irai donc pas à la réunion publique du Festival d’Avignon organisée le 15 octobre 2012. Outre le fait que mon bilan est déjà écrit (voir ci-dessous), je ne souhaite pas être infantilisé par un cadre qui m’empêche de l’interroger. Or, à part provoquer (je n’en ai ni le talent, ni l’envie), je ne vois pas d’issue à un système fermé, descendant, qui conforte plus qu’il n’énonce pour le futur.

Il ne me reste plus que ce modeste blog pour m’exprimer en espérant qu’il trouve un écho chez Olivier Py, futur directeur du festival en 2014, qui saura probablement organiser d’autres cérémonies pour fêter nos Apocalypses joyeuses.

Pascal Bély, Le Tadorne

 Bilan du Festival d’Avignon 2012 : nos présences, nos absences et leur indignité.

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Qu’un festival ne soit plus populaire, qu’il ne me permette plus de m’inscrire dans un mouvement, est inquiétant. Sur toute la durée de cette 66ème édition, j’ai vu 38 spectacles pour un coût total de 1850? (830? de places et 1020? de location d’appartement). Seulement neuf d’entre elles m’ont éclairé, enthousiasmé, tourmenté. Respecté, j’ai eu envie d’écrire. Passionnément. Neuf, soit moitié moins que les années précédentes. Neuf soit vingt-neuf propositions où j’ai, au mieux erré, au pire sombré dans le néant.

Cette proportion est inquiétante et signe une crise de sens, de valeurs, de propos. Trop rares ont été les moments où j’ai pu penser, faire mon chemin. Me revient alors le jugement éclairé d’un spectateur, posté sur sa page Facebook: «Cette année le public est absent d’Avignon. Vous ne comprenez pas la différence entre tenir compte du gout du public et simplement tenir compte de sa présence…».

Notre présence.

Le public était présent. J’étais là pour «La Mouette» mise en scène par Arthur Nauzyciel. Rarement, je n’ai vu une telle humanité en jeu dans cette cour qui écrase tout. Ici, l’art a repris ses droits et les artistes ont dansé pour caresser les murs et calmer cet espace autoritaire. Ils ont accueilli mes fragilités pour me restituer une vision sur la place de l’art dans une société en crise. J’en suis sorti plus fort, plus habité. Mouette (Au Festival d’Avignon, la beauté sidérante de “La mouette” d’Arthur Nauzyciel).

Sophie Calle n’est pas une artiste de théâtre. Elle expose. Et pourtant, elle a créé la scène autour de sa mère, décédée en 2006, jusqu’à lire quotidiennement son journal intime. «Rachel, Monique» était à l’Église des Célestins (Au Festival d’Avignon, Sophie Calle: la traversée d’un continent intérieur).Tel un rendez-vous avec une chanson de Barbara, nous y sommes revenus plusieurs fois comme un besoin vital de ressentir une nostalgie créative. Le 28 juillet à 17h, nous étions présents alors qu’elle lisait les dernières pages. Sophie Calle a créé le rituel pour nous rassembler, celui qui nous a tant manqué pendant le festival (Festival d’Avignon : la der des ders?)

Le chorégraphe Olivier Dubois est
arrivé le 25 juillet et a provoqué le séisme que nous attendions. Avec «Tragédie», nous étions spectateurs et acteurs de notre humanité en mouvement. Nous avons ovationné ces dix-huit danseurs. Pas un seul n’a échappé à mon empathie (Au Festival d’Avignon. Secoué). Processus identique avec Jérôme Bel où dans «Disabled Theater» des acteurs handicapés mentaux ont réduit la distance pour que la danse fasse lien au-delà des codes usés de la représentation (Au Festival d’Avignon, l’art brut de Jérôme Bel) . Avec «33 tours et quelques secondes», Lina Saneh et Rabih Mroué ont tenté de renouveler ces codes à partir d’un dispositif sans comédien. Sans ma présence, cette pièce ne pouvait exister. J’étais là parce que l’absence a donné une âme au théâtre (Au Festival d’Avignon, tragique Liban, vital Facebook) .

En nous convoquant sous la scène du Palais des Papes, le performeur sud-africain Steven Cohen nous a plongés au sens propre dans les bas fonds de l’humanité pour y vivre l’horreur de l’extermination des juifs. On ne s’en sortira jamais (Au Festival d’Avignon, Steven Cohen, vertigineux petit rat des camps?). Un regret: peu de spectateurs ont vu cette performance (jauge d’à peine 50 places) et n’auront fait connaissance avec cet artiste hors du commun qu’avec «Le Berceau de l’humanité», ?uvre bien moins aboutie.

Avec «Conte d’amour», le suédois Markus Öhrn nous a lui aussi donné rendez-vous au sous-sol pour y vivre, par caméra interposée, l’effroi de l’amour incestueux. Rarement je n’ai senti un public aussi présent face à une bâche de plastique qui nous séparait des acteurs (Choc au Festival d’Avignon). Même présence pour «Disgrâce», mise en scène par Kornel Mundruczo qui m’a donné envie de lire cet été, le roman de J.M Coetzee. Du théâtre vers l’écrit pour lire autrement.

Au cours de ce festival, j’ai parfois ressenti l’effondrement de notre civilisation. Seul Roméo Castellucci pouvait s’emparer de ce trou noir qui pourrait nous sauver. «The Four Seasons Restaurant» n’était qu’une initiation. Un autre monde est à venir (Au Festival d’Avignon, incritiquable Romeo Castellucci).

Le goût du public.

Festival d’Avignon, festival de création ? Pas si sûr?Comme tant de théâtres en saison, il s’est moulé dans le consensus mou qui ne fait émerger aucune idée, à peine incarnée par des acteurs?Les logiques de coproduction priment sur des prises de risque assumées comme si la responsabilité des deux programmateurs d’Avignon se diluait dans des contrats à multiples feuillets.

Il y avait d’ailleurs une certaine indécence à nous proposer «Les contrats du commerçant. Une comédie économique» de Nicolas Stemann à 36 euros la place, prix à payer pour subir un délire de clichés rabâchés sur la crise financière et la possibilité de quitter le spectacle pour la buvette installée pour l’occasion. Le public aisé (présent ou absent, là n’était plus la question !) a beaucoup aimé. Moi pas (Rupture de contrat avec le Festival d’Avignon) .

Autre propos démagogue. Celui de Thomas Ostermeier (artiste associé du festival en 2004) qui m’avait habitué à plus de rigueur. Son théâtre participatif autour d’ «Un ennemi du peuple» d’Henrik Ibsen n’était qu’une énième reproduction d’un système de pensée que l’on répète à l’infini. Ce théâtre bourgeois sans vision va à coup sûr plaire aux programmateurs qui trouveront là, à moindres frais, de quoi faire de leur établissement un lieu de citoyenneté! Est-ce du niveau du Festival d’Avignon ?(Festival d’Avignon: les articles auxquels vous avez échappé?)

Le public aime Christoph Marthaler (artiste associé du festival en 2008). Était-ce bien judicieux de nous proposer «My Fair Lady, un laboratoire de langues», spectacle certes très drôle, mais si vain? Le public aime Joseph Nadj (artiste associé du festival en 2006). Certes. Mais «Atem le souffle» était une oeuvre venue d’en haut vers le bas. Si Avignon est une chapelle, je n’ai pas choisi d’être pénitent ou pèlerin.

Additionnées, ces propositions ont provoqué  une censure sourde qui n’autorise presque plus aucune élévation de la pensée. La danse a nourri ce processus jusqu’à servir d’appât, elle qui stimulait il y a seulement quelques années, des débats sans fin (Terne bilan chorégraphique au Festival d’Avignon). Romeu Runa produit par les Ballets C de La B (fournisseur officiel annuel du Festival. Je fais le pari qu’ils seront programmés en 2013), Sidi Larbi Cherkaoui (Au Festival d’Avignon, les trop jolies «Zimages» de Sidi Larbi Cherkaoui), et Régine Chopinot (Au Festival d’Avignon, la triste colonie de vacances de Régine Chopinot). n’ont été que des «produits» d’appel: une danse du vide pour un trop-plein de clichés et de déjà vu. J’ai regretté l’échec de la proposition de Nacera Belaza: «Le trait» n’était finalement qu’une courbe s’épuisant sur elle-même. Tout comme ais-je été déçu par le peu d’énergie dans «C’est l’?il que tu protèges qui sera perforé» de Christian Rizzo: le mouvement était au service d’une «installation» où l’on est passé trop vite d’un «ici» à un «là».

À mes remarques, une affirmation est revenue, comme seule réponse: «oui, mais il y avait de belles i
mages
». En tant qu’artiste associé, Simon McBurney nous a imposé sa critique du théâtre: peut-il aujourd’hui transcender sans l’image? Dans «Le maitre et Marguerite» à la Cour d’Honneur, il nous  infligé un surtitrage aberrant, permettant au théâtre d’abdiquer face au poids de l’image (Au Festival d’Avignon, l’effondrement). . Le public a aimé. Et alors ?

Notre dignité, notre potentiel, notre rôle.

Dans un article publié dans Libération en mars dernier, le philosophe Bernard Stiegler et l’acteur Robin Renucci écrivaient: «Jean Vilar a inventé une place pour le spectateur en affirmant sa dignité, son potentiel et son rôle. Réinventons dans notre contexte la relation entre l’art et la société dans un souci d’élévation permanente». Tout au long du festival, cette relation a souffert.  L’artiste associé, Simon McBurney, y a largement participé: il nous a imposé son réseau qui nous a négligés. La palme revient à Katie Mitchell qui a démissionné avec une oeuvre radiophonique («Les anneaux de saturne»; Au Festival d’Avignon, l’ennui comme seule violence.) et une conférence sur le réchauffement climatique («Ten billion»)! Mais de quel théâtre de création s’agit-il? Avec «La négation du temps», William Kentridge a recyclé sur scène son installation actuellement exposée à la Documenta de Kassel (Sale temps au Festival d’Avignon). Mais quel ennui ! Avec «L’orage à venir», le collectif Forced Entertainment m’a bien fait marré la première heure, mais à la seconde, j’ai décroché: s’interroger sur la narration au théâtre aurait pu les amener quelque part sauf qu’ils n’ont cessé de recommencer. Mais pour qui nous prend-on? La palme de l’?uvre indigne revient probablement à Katya et John Berger pour «Est-ce que tu dors?». Cette proposition de médiation culturelle au musée était obscène. Le père et la fille ne se rendant pas compte que leur dissertation d’un niveau terminale sur l’?uvre d’Andréa Mantegna («la chambre d’amour») ne visait finalement qu’à se coucher dans le même lit. Personne n’a quitté la Chapelle des Pénitents Blancs pour autant à la différence de “Conte d’amour“!

Les Français Sandrine Buring et Stéphane Olry n’ont pas été en reste. Avec «Ch(ose) / Hic Sunt Leones», ils ont osé nous faire dormir sur des transats pour mieux nous enfumer sur leur incapacité à finir une ?uvre dans les temps. Pourquoi les avoir programmés ?

Les enfants? Ils n’existent toujours pas dans ce festival. C’est un non-public, jusqu’à leur infliger «Les animaux et les enfants envahissent la rue» de Suzanne Andrade et Paul Barritt. Trois comédiens se baladent dans une bande dessinée projetée en vidéo avec pour seul horizon, l’histoire d’un quartier où les gamins sont voués à ne jamais sortir de leur misère. C’était un spectacle à la pauvreté scénique déconcertante, bête et dépressif.

Notre absence.

Le théâtre français a incarné un «système» sans vision qui s’enferme dans un entre soi parisien terrifiant. Ce que j’ai vu à Avignon fut profondément mortifère, ancré dans un théâtre où la forme, les effets visuels prenaient le pas sur tout le reste. À chaque représentation, je me suis ressenti déconnecté, pas là. Consommateur, mais jamais sujet (Au Festival d’Avignon, l’inquiétante dérive d’un certain théâtre français).

Éric Vigner pour«La faculté», Stéphane Braunschweig pour«Six personnages en quête d’auteur», Guillaume Vincent pour «La nuit tombe» et Séverine Chavrier pour «Plage ultime» ont pollués ce festival avec leur théâtre insignifiant.

À côté Bruno Meyssat avec «15%» et Jean-François Matignon avec «W/GB84» avaient un propos pour le Festival : sauf qu’ils nous ont perdus en route. L’un par excès poétique, l’autre par excès d’ambition.

Le 28 juillet, je décidais de me rendre aux dernières heures de la performance de Sophie Calle pour revoir ensuite «Tragédie» d‘Olivier Dubois et assister de nouveau au deuxième acte avec les acteurs de «La mouette» d’Arthur Nauzyciel (Festival d’Avignon : la der des ders?)

Le 28 juillet fut mon festival. Comme une réponse aux programmateurs qui sont devenus, comme tant d’autres,  des techniciens du spectacle.

Sans projet.

Pascal Bély – Le Tadorne.

 

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ETRE SPECTATEUR

Reprenons, là où nous nous étions quittés.

Après quatre semaines de repos, le Tadorne reprend ses activités de spectateur migrateur et engagé auprès des artistes. Un bilan du Festival d’Avignon se prépare tandis que dès la mi-septembre, je serai à la Biennale de la Danse de Lyon peu avant le Festival Actoral à Marseille.

Pour cette rentrée, j’aimerai vous faire partager un texte écrit par le philosophe Bernard Stiegler et le comédien Robin Renucci publié en mars dernier dans Libération. Il y a dans ces lignes tout le projet de ce blog qui reste encore bien mal compris par les travailleurs culturels qui ont, me semble-t-il, une vision datée du lien entre art et public, niant la fonction critique d’un acte courageux. Celui d’aller voir un spectacle.

Je vous souhaite un bel automne.

Pascal Bély

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Cultivons notre droit à l’élévation toute la vie.

Par ROBIN RENUCCI Comédien et directeur des Tréteaux de France, BERNARD STIEGLER Philosophe et président d’Ars Industrialis

 

Nous vivons le temps de l’incapacité -et nous nous sentons de plus en plus impuissants, parce nous tendons à devenir structurellement incapables. Après la destruction des savoir-faire par le machinisme industriel au XIXe siècle, au cours du XXe siècle, le consumérisme a liquidé les savoir vivre -par l’intermédiaire des industries culturelles et du marketing.

Au cours des dernières décennies, les savoirs formels ont été à leur tour réduits à néant: passés dans les appareils, ils ont désintégré les savoirs théoriques, c’est-à-dire critiques, laissant les humains stupéfaits et stupides par exemple face aux robots financiers, remplaçant la décision économique réfléchie par un mécanisme spéculatif aveugle qui a conduit au désinvestissement, à l’insolvabilité, à la paralysie et au règne d’une véritable bêtise systémique. Un tel malheur n’est pas une fatalité : il ne pourrait advenir que de notre renoncement à vivre dignement, c’est-à-dire à désirer et à penser.

De nouvelles pratiques de savoir et de capacitation émergent de nos jours, que favorisent grandement les technologies numériques pourtant à l’origine des phénomènes les plus récents de la prolétarisation, de l’incapacitation et de la destruction des savoirs. Il en va ainsi parce que ce que l’on appelle le numérique est la forme contemporaine de l’écriture, et parce que comme l’écriture à l’époque de Platon, il constitue un pharmakon (1).

Il n’y a pas d’avenir en dehors d’un immense processus de recapacitation de tous, dans tous les domaines. Cela suppose que la culture retrouve sa place et son sens, qui est précisément de donner accès à ce que, de l’origine de la philosophie aux Lumières, on appelle penser par soi-même, accéder à l’autonomie, conquérir sa majorité (au sens où Kant et Condorcet entendent ce mot) – la «capacitation» au sens d’Amartya Sen s’élargissant aux savoirs les plus divers, et s’étendant bien au-delà de la raison théorique.

A l’avenir, la culture comme recapacitation doit devenir la priorité – sous toutes sortes de formes qui restent à inventer pour faire fructifier l’héritage immense qui nous est légué, ce qui est d’autant plus accessible que, sur les ruines du consumérisme, émerge une économie de la contribution fondée sur la reconstitution de savoirs et de processus qui tirent le meilleur parti possible des technologies et réseaux numériques. Seule la culture vivante, entendue en ses sens les plus variés et divers, permettra de lutter demain comme hier contre l’incapacitation. Le sens, là est la question majeure. Il ne s’agit plus simplement d’«accéder» aux ?uvres mais de développer notre potentiel individuel et collectif de production de symboles à travers créations et appréhensions partagées, contributions et expérimentations collectives.

Le défi d’aujourd’hui est de même nature que celui auquel, en son temps, Jules Ferry a invité la république à répondre. Il nous impose un changement radical de paradigme. Pensons autrement nos politiques de l’art et de la culture et la façon de les écrire. Sortons des oppositions bien peu innocentes entre une culture «populaire» et une autre qui ne le serait pas. Refusons l’opposition caricaturale entre professionnels et amateurs. Bannissons de notre vocabulaire les qualificatifs stigmatisants – «publics éloignés de la culture», «publics empêchés» – qui ne nous disent rien de la créativité et de l’inventivité populaires. Il nous faut fabriquer du «commun», révéler l’intelligence collective, explorer tous les chemins qui nous permettront de renouer la conversation avec nos concitoyens. En son temps, Jean Vilar a inventé une place pour le spectateur en affirmant sa dignité, son potentiel et son rôle. Réinventons dans notre contexte la relation entre l’art et la société dans un souci d’élévation permanente. Le théâtre, espace de l’adresse à l’autre, de l’incarnation du verbe et de l’écoute est une formidable école du savoir être et de la recapacitation.

Comment inclure le destinataire dans l’?uvre elle-même, comment le rendre acteur de sa réception et tout autant producteur de symboles ? Pas d’?uvre sans pratique. Le rapport à l’art, la construction culturelle de soi passent par la pratique, par une relation sensible, développée et valorisée dès le plus jeune âge. La formation est le contrepoison du court-termisme. La société de la connaissance ne pourra se construire sans reconnaissance des savoir-faire et des savoir être de chacun et sans l’irremplaçable «partage du sensible» selon Jacques Rancière. Il nous faut une action publique forte. Cela suppose de réinventer en profondeur la nature même de la responsabilité et de la puissance publique en ce domaine et de redéfinir ses missions. Cela suppose aussi de revisiter les notions héritées de l’éducation populaire – et cela ne signifie certainement pas de reconduire plus ou moins mal une politique qui n’a jamais véritablement conduit à la démocratisation de la culture, laquelle, loin d’avoir échoué et d’être devenue caduque, n’a jamais vraiment commencé et reste entièrement à penser.

La dimension budgétaire des politiques culturelles est déterminante, mais elle ne saurait être le pivot de nos raisonnements. Oui, il faut des moyens nouveaux, bâtissons une fiscalité équitable, mais ils ne prendront sens que si nous engageons u
ne réforme ambitieuse de nos objectifs et de nos actions. Confrontons nos ambitions professionnelles au regard critique et aux attentes de nos concitoyens. Tissons de nouvelles relations entre l’Etat, les collectivités territoriales, les professionnels, les citoyens. Définissons collectivement nos ambitions, donc les moyens à réunir. Faisons-le territoire par territoire, et, en même temps, au niveau de la nation tout entière.

Cultivons notre droit à l’élévation tout au long de la vie dans le respect de notre histoire et de nos principes fondateurs. »

(1) En Grèce ancienne, le terme de pharmakon désigne à la fois le remède, le poison et le bouc-émissaire.

Photo: Ouverture saison La Comédie de Clermont-Ferrand, Les Bulles Chorégraphiques de Yan Raballand
©Jean-Louis Fernandez

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Festival d’Avignon : la der des ders?

Samedi 28 juillet 2012. C’est la dernière journée à Avignon. L’édition 2012 me laisse un étrange goût d’inachevé, comme si on m’avait confisqué une partie de mon projet, celui d’un spectateur au «travail», en pensée réflexive. Mon festival ne peut se terminer ainsi. Ce jour sera mien.

Depuis le 7 juillet, Sophie Calle propose à l’Église des Célestins une exposition émouvante autour de sa mère, disparue : «Rachel, Monique». Au début du festival, je l’avais parcourue avec deux «Tadornes», Sylvie Lefrere et Sylvain Saint-Pierre (Au Festival d’Avignon, Sophie Calle: la traversée d’un continent intérieur.). Pendant tout le mois, à certains moments de la journée, elle a lu des extraits du journal intime de sa mère. En ce 28 juillet, nous y revenons. Il y a foule.

Un autre Tadorne est là (Laurent Bourbousson), des amis, des connaissances, des spectateurs croisés pendant les trois semaines du festival. Sophie Calle nous offre le rituel qu’il nous faut avant de partir! Le metteur en scène Pippo Delbono est là, petite caméra en main. Il la filme. Nous nous approchons pour échanger avec lui. En confiance. Il nous a manqué. Amicalement, il pose sa main sur nos épaules, comme pour prolonger le geste de Sophie Calle: celui d’une grâce infinie.

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Quasi religieusement, des groupes de spectateurs se massent autour des haut-parleurs pour l’entendre lire les dernières pages. La voix est presque blanche. Nos visages sont graves. À ce moment précis, l’intensité de notre écoute en dit long sur la qualité de la rencontre avec cette artiste. «Rachel, Monique» est une exposition majeure parce que l’art projette l’intime dans un bien commun: n’est-ce pas dans l’esprit du Festival d’Avignon désiré par Jean Vilar? Sophie Calle a été l’artiste associée de tant de spectateurs?

Deux heures après, Francis Braun, contributeur pour le Tadorne, écrit sur Facebook. Il n’est pas avec nous, mais ressent ce qui est en train de se passer?

«C’est bizarre, en partant du Festival d’Avignon, nombreux sont ceux qui retournent voir l’exposition de Sophie Calle. C’est comme si elle et Rachel-Monique témoignaient, toutes les deux, d’un définitif départ. C’est comme si on allait dire, en même temps qu’au Festival, adieu à une ville, à des pierres, à des gens, à des moments choisis et des mains qui claquent, à des sentiments trop enfouis. C’est comme la fin d’un pèlerinage heureux, comme sorti d’une messe qui ne voudrait pas finir, c’est comme si on voulait pour toujours, garder des photos dans la tête, des images souvenirs, des instants de magie. C’est comme si on arrivait au bout de l’histoire d’un été, au but qu’on n’aurait pas voulu atteindre, à la ligne qu’on ne voudrait pas briser. Cette peur de franchir et regretter de dire: c’est fini, c’est déjà fini. Mais, c’est trop tôt. On décide autrement. On ne s’avoue pas vaincu. On a changé d’avis. On va, guidé par une force invisible, vers la Place des Célestins. C’est là que se tient l’exposition de Sophie Calle. C’est là qu’on se rend compte qu’on veut y retourner, même si on connait ce que l’on va voir. En franchissant les marches de l’Église, on s’incline comme pour donner à nos yeux les dernières images d’une mère qui n’en finit de partir…on pousse les rideaux et nous voilà submergés par une voix, une lancinante récitation d’un journal…Elle lit les mots de sa mère, véritable histoire d’un quotidien. Des mondanités, des déjeuners, des repas avec untel, des abandons, des solitudes…des courses, du shopping, des choses inintéressantes (c’est normal), des notes parfois acides, des choses belles, une vie quoi…

On marche sous les voûtes de l’Église , on est submergés, on aime et on se tait, car cela appartient à cette femme lunettes noires-bon sourire…on la laisse, et on s’éloigne, on est venu pour l’exposition et un peu pour l’entendre, c’est un moment de silence…à pas feutrés, on regarde, on y songe, on reste muet et on garde pour soi ces sentiments étranges… Salut Rachel, Monique, salut Festival, salut Simon, Steven et les autres, salut les amis de rencontres, salut à ceux qui étaient assis à côté, devant, ou derrière…salut aux passionnés..On réserve pour l’année prochaine? »

Nous quittons les Célestins, conscients d’avoir vécu un moment unique.

Il est tant de retrouver Benjamin Bertrand, Arnaud Boursain, Marie-Laure Caradec, Sylvain Decloître, Marianne Descamps, Virginie Garcia, Karine Girard, Carole Gomes, Inès Hernandez, Isabelle Kürzi, Sébastien Ledig, Filipe Lourenço, Thierry Micouin, Jorge More Calderón, Loren Palmer, Rafael Pardillo, Sébastien Perrault et Sandra Savin. Dix-huit danseurs qui nous ont embarqués mardi dernier. Nous voulons être à nouveau du voyage (Au Festival d’Avignon. Secoué). Cette chorégraphie est si généreuse qu’elle peut supporter plusieurs allers et retours. Avignon est un berceau de l’humanité que sa danse agite. Ce soir, «Tragédie» d’Olivier Dubois soulève le ch?ur et les c?urs des spectateurs: c’est aussi un rituel, comme si sa danse évoquait le long cheminement du spectateur du Festival. À cette heure-là, du Cloître des Carmes, Olivier Dubois chuchote à Sophie Calle : entre la mort et l’humanité, il y a l’artiste qui danse, il y a l’artiste qui expose l’âme.

Il est minuit trente. Nous décidons de rejoindre le Palais des Papes pour revivre le deuxième acte de «La Mouette» mise en scène par Arthur Nauzyciel (Au Festival d’Avignon, la beauté sidérante de “La mouette” d’Arthur Nauzyciel). Nous voulons clôturer notre festival avec cette troupe merveilleuse d’acteurs. Leurs destins tragiques résonnent particulièrement ce soir. Arthur Nauzyciel a permis à de nombreux spectateurs d’Avignon de se projeter dans une ?uvre où l’art et ses désirs les plus fous se confrontent à nos tragiques humanités. À 2h15 du matin, Sophie, Olivier et Arthur viennent de m’offrir le plus beau final: Nina danse, Konstantin tragédie, et nous voilà tous mouettes.

Tragiquement mouette.

Pascal Bély- Le Tadorne.

Photo Sophie Calle: Gilbert Traina.