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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Festival d’Avignon : promis, nous recommencerons?

Chaque année, le Festival d’Avignon est une performance, un défi : 33 spectacles vus dans le In, 15 dans le Off, auxquels il faut ajouter l’animation de six rendez-vous avec les spectateurs et les artistes lors des «Offinités du Tadorne» programmée au Village du Off.

Il est encore trop tôt pour écrire le bilan artistique. Mais à quelques heures du départ d’Avignon, quelques images?

Sur la Place des Corps Saints, je n’arrivais plus à quitter Sylvie et Sylvain. Nous venions de vivre un moment exceptionnel avec l’exposition de Sophie Calle, «Rachel, Monique».

Sur la place des Corps Saints, nous improvisions avec Sylvie un meeting de protestation avec des spectateurs du nord de la France contre le spectacle de  Régine Chopinot. Tous ensemble, tous ensemble !

Sur la Place Pie, j’avais envie d’une glace à la fraise. Dans « Bonheur titre provisoire», l’actrice Pauline Méreuze m’avait donné le goût d’y croire encore?

Sur la Place du Palais des Papes, il était 16h. Nous sortions des profondeurs du Palais. Les rats des camps avaient fait le voyage jusqu’à Avignon. Frigorifiés. Exténués. « Sans titre» de Steven Cohen restera pour longtemps une expérience hors du commun.

Sur la Place des Carmes, à la sortie de «Tragédie» d’Olivier Dubois, j’avais envie de danser avec Sylvie tant nos corps électrifiés avaient de l’énergie à revendre.

Sur la place de l’Horloge, nous étions comme des abrutis à chercher quelle direction prendre. Avec Sylvie, nous trouvions que la création de Thomas Ostermeier, «Un ennemi du peuple», ne nous rendait pas intelligent.

Au Palais des  Papes, c’était l’entracte de “La Mouette” d‘Arthur Nauzyciel. Avec Sylvie et Igor, nous n’en revenions pas d’assister à tant de virtuosité tandis que les acteurs mouettes s’échouaient sur la scène.

C’était le lendemain. «Et si on y revenait ?» lançais-je à Sylvie pour plaisanter. On a vu deux fois «Conte d’amour» de Markus Öhrn, parce qu’il le fallait, parce que cette oeuvre était surréaliste dans le paysage théâtral contemporain.

C’était à 18h45. Elle arriva. Julia dansa. Premier frisson du festival.  «Disabled Theater» de Jérôme Bel fut une grande leçon de théâtre.

 Dans le bus de la Manufacture, Bernard, Sylvie et moi-même trouvions que Facebook était une belle toile d’humains. Merci à  Renaud Cojo de nous avoir reliés.

Dans le bus de la Manufacture, Claire me souriait. Nous venions de nous rouler dans les prairies des  plaines fertiles de Belgique où «Baal» du Théâtre Antigone nous avait invités !

À la descente du bus de Montfavet, je découvrais ahuri le vol de ma selle et de ma tige de vélo. Je savais bien qu’il ne fallait pas voir «Le trait» de Nacera Belaza.

 «Sylvie, où êtes-vous ?» restera une phrase culte. Tandis que Sylvie Lefrere partait avec son micro à la rencontre des spectateurs, j’ouvrais les débats sous le chapiteau avec ceux qui étaient présents pour «Les Offinités du Tadorne». Nous avons aimé ces rendez-vous, souvent sans filet, mais en sécurité parce que c’était bienveillant. Je me souviendrais de la complicité des artistes que nous avions invités (Christiane Véricel, Étienne Schwartz, Michel Kelemenis, Renaud Cojo, Gilbert Traina), de la profondeur des regards portés sur les spectacles avec le public (ah, Pascale, je vous aime !), du soutien sans faille de Christophe Galent du Festival Off, de l’engagement des professionnels de la toute petite enfance. On recommencera?Promis.

 «Pas d’accord», «D’accord», «Es-tu sûr de vouloir rester sur Avignon ?», ?Ah, la page Facebook du Tadorne ! Elle a été notre mur des Lamentations, notre mur pour nos graffitis amoureux, notre mur pour nous frapper la tête, notre mur pour nous soutenir, notre mur pour pouvoir le sauter, notre mur contre vos façades, ?Merci à Robin, Marie-Anne, Gilbert, Pascal, Emeric, Jérôme, Martine, Clémence, Johanne, Catherine, Marc, Ludo,Virginie, Hugues, Sébastien, Pascale, Thomas, Nicolas, Robin, Céline, Agnès, Noonak, Mickey, Alain, Philippe, Charles-Eric, Loïc, Bertrand, Christiane, Rita, Marc, Pierre-Johann, Simon, Emeline, Tiago, Sophie, Frederike, Valerie, Clémentine, Nicolas, Marie, Thibaud , Monica, Isabelle, Magali, Karime,…Vous avez été plus de 35000 visiteurs uniques pendant tout le festival! On recommencera?Promis.

Et puis…Laurent, Francis, Sylvain, Bernard, Sylvain, Alexandra. Et vous Sylvie! On a fait une belle équipe de Tadornes. On recommencera? Promis.

Et puis. Il y a tous les lecteurs du Tadorne. Le blog a battu son record d’audience. Près de 25000 visiteurs uniques (contre 11 000 l’an dernier). Vous avez beaucoup consulté l’article de Sylvie sur Sophie Calle, mes coups de gueule à l’égard du théâtre français et contre le spectacle de Régine Chopinot, les critiques des spectacles d’Olivier Dubois et de Markus Öhrn. Nos différentes sélections sur le Off semblent avoir été appréciées.

On recommencera.Promis.

Promis.

Pascal Bély, Le Tadorne.

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ETRE SPECTATEUR PETITE ENFANCE

Le Grand Off du tout petit et des professionnels de la petite enfance.

En 2012, peut-on imaginer un festival sans les enfants? Est-ce possible encore d’ignorer la frontière de plus en plus poreuse qui existe entre artistes, professionnels et parents? Comment rendre compte de la fantastique richesse artistique des propositions pour tout-petit et de l’engagement des professionnels de la toute petite enfance à promouvoir l’art au sein des crèches comme ressort de leur créativité et des processus de coéducation avec les parents?

Le mardi 10 juillet 2012, des professionnelles de la petite enfance des villes de Martigues, Fuveau, Vitrolles, de la Maison de la Famille; des programmateurs (Théâtre Massalia à Marseille, Théâtre de la Guimbarde à Charleroi), des spectateurs et des artistes se sont réunis au village du OFF pour échanger dans le cadre des « Offinités du Tadorne» présentées par Pascal Bely et Sylvie Lefrere. Cet événement s’inscrit dans une démarche ambitieuse de formation qui vise à créer une dynamique régionale autour de «l’art et les tout-petits». Après une journée très dense passée au Théâtre pour Enfants à Monclar, nous nous sommes donné rendez-vous au Village à 17h lors de la tribune critique quotidienne organisée par le festival Off.

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Chacun a pu visualiser son paysage de la petite enfance en partageant son regard sur trois spectacles. Cela a fédéré un collectif représentatif d’un monde ouvert, engagé vers une démarche artistique. Nous avons tous été réunis autour de ce vaste territoire à explorer, en friche à bâtir, entre vallons et montagnes. Des contes ont été coécrits en ateliers afin de faire un retour créatif au public présent et aux artistes pour donner un ressenti singulier et global. Une grande poésie s’en est dégagée. A vous de juger…

 «Un échange plein de poésie et d’inventivité en présence des artistes des spectacles vus (Plume, Un papillon dans la neige, ventre à l’air, Lapin) et d’un public ravi que les petits trouvent leur place parmi les grands ».

Maryline Laurin, Revue Marseillaise de Théâtre.

 

«Lapin» de la Compagnie du Dagor; 9h45.

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«Il était une fois une histoire étrange, amusante, comme sortie de l’antre d’un lapin. Deux corps en mouvement se retrouvent dans un labyrinthe de sons, de langages, de musiques, de papier, de bois et de lumières. Cela peut paraître bizarre et décousu: des poissons volent, des bonbons sont croqués, les arbres s’entremêlent, les oiseaux s’y nichent et les cerfs y passent. Les matières et les corps apparaissent, disparaissent, comme le voyage de la vie : on saute d’un sentiment à l’autre comme un lapin».

«Il était une fois un funambule suspendu au-dessus du vide, jouant avec son ombre. Il aimait jouer avec elle, car elle savait le surprendre, lui faire peur, le faire rire. Sous lui, un paysage de montagnes, de vallées où parfois son ombre disparaissait ou grossissait. Cet univers étrange provoque chez lui des mouvements doux et pourtant saccadés qui laissent le funambule déconcerté».

« Un papillon dans la neige » – Compagnie O’Navio – 9h50 et 15h30

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« Il était une fois une page blanche comme la neige, comme un ballon, comme un nuage. Blanc, vierge Blanc de début du monde Enfance. Une femme au pinceau chapeau bouche rouge fait son autoportrait: une petite fille au chapeau. C’est plus facile d’être grande dans un petit carré. Est-ce un livre? Est-ce que les livres parlent? Est-ce qu’ils chantent? La petite fille au chapeau peut-elle bouger? Elle bouge en grandissant de dehors et du dedans, comme un dessin qui devient image puis peinture, mobile et immobile. Elle voyage, son coeur est tendu sur les fils de couleurs qu’elle manipule et qui la manipulent. Et cette petite graine dans nos chaussures, c’est la vie qui reste à inventer.»

«Petite fille papillon qui voyage à bord du cocon

Douceur et légèreté

Où vas-tu nous emporter?

Par le vent

Par la mer

Dans les airs

Dans les eaux

Gros poissons, ou dans les ailes

Tu t’envoles sur un fil

Sur des notes mélancoliques

Tes rencontres plumes de couleurs

Égaye ta gourmandise

Et font germer les petits pois!»

 

«D’une feuille blanche apparait en deux traits de crayon un papillon qui nous transporte sur un nuage de coton et nous fait planer au fil des saisons. Tout en musicalité, nous voyageons à travers les mers, l’espace et le temps. Au seul regret de n’avoir pu partager son instant gourmand. Feuilles, vent, mouvements, doux méli-mélo d’un spectacle pour enfants».

Avignon, le 10 juillet 2012. Les professionnels de la toute petite enfance  des villes de  Martigues, Fuveau, Vitrolles, Martigues, de la Maison de la Famille et du Théâtre Massalia.

Crédit photo Offinités: Maryline Laurin.

 

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ETRE SPECTATEUR

LA SÉLECTION AVIGNON OFF 2012 DES SPECTATEURS «TADORNE»

Comme chaque année, nous vous proposons notre «sélection» de spectacles du Festival Off d’Avignon. Une soixantaine d’?uvres de danse, de théâtre et de performance qui correspondent à notre sensibilité et sont diffusées dans des lieux en qui nous avons confiance (La Manufacture, la Condition des Soies, Le Théâtre des Halles, Le Théâtre du Centre, ).

Nous souhaitons que cette sélection soit un fil conducteur entre vous et nous lors de nos rencontres «Les Offinités du Tadorne» qui auront lieues au Village du Off les 12, 15, 18, 21 juillet à 11h (avec une spéciale concernant la toute petite enfance le 10 juillet à 17h).

Nous vous souhaitons un beau festival.

La sélection au 5 juillet: ici

Au 24 juillet: Nos vingt recommandations pour le Festival Off d’Avignon 2012.

Pascal Bély, Sylvie Lefrere,  Bernard Gaurier,  Laurent Bourbousson – Les Tadornes.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Les Offinités du Tadorne au Off d’Avignon : le chemin se fait en marchant.

Pour cet été 2012, un souffle de renouveau se dessine pour les spectateurs Tadorne (rappel : en êtes-vous ?)…

Au point de départ, une étincelle. C’est une rencontre entre Pascal Bély, le Tadorne, et Christophe Galent, chargé de la communication au festival OFF d’Avignon, qui ouvre cette orientation.

A l’origine, l’été dernier, un partage de plateau entre Sylvie Lefrere et Pascal lors d’une rencontre avec le public sous les tentes du village du Off: il a été le curseur déclenchant l’élaboration de ce projet d’ «Offinités» (rappel ici). Depuis, tout va très vite.

Car il faut bien l’avouer: en France, c’est la première fois qu’un «opérateur culturel» fait à ce point confiance à deux spectateurs éclairés pour leur confier une partie de sa communication vers le public par l’animation d’une série de tables rondes. Sommes-nous à la croisée d’un changement de paradigme, nourri par le besoin d’un élan créatif  pour dynamiser un marché artistique prisonnier de ses corporatismes? N’est-il pas temps d’ouvrir des espaces à ces amateurs, qui ne sont plus consommateurs passifs, mais dans une quête de mise en réseaux avec d’autres spectateurs, en lien avec les différents professionnels et artistes ? Toutes ces questions vont rester ouvertes jusqu’en juillet.

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Depuis quelques mois, nous nous sentons bâtisseurs dans l’élaboration de ces «Offinités» et passeurs puisqu’articulés avec la dynamique du projet global du Off telle qu’elle a émergé lors du colloque du 12 avril 2012 («Le off, une dynamique d’utilité publique»).

Puis ces dernières semaines,  la tension monte lentement. Le flux des écrits par mails, de contacts téléphoniques, de rendez-vous via Skype, de rencontres irrigue nos réflexions. Une mutation s’opère, comme si nous devenions à notre tour des opérateurs dans la démarche d’élaboration d’un espace de communication, avec des désirs de partage, de recherche, de co- construction…Après avoir pensé une organisation globale, nous structurons  de façon horizontale. La complexité se dessine, prend la forme d’un rubis cube et nous découvrirons, au fur et à mesure, les aléas de ces compositions surprenantes.

Avec le soutien de Christophe Galent, la recherche du sens irrigue ce projet pour réunir spectateurs et artistes avec le désir de réinventer des espaces pour un festival régénéré. Leur festival.

Pascal Bély,  Sylvie Lefrere. Tadornes. 

« Les Offinités du Tadorne » du 10 au 21 juillet 2012 au village du Off à Avignon.

Pour participer, nous contacter au 06 82 83 94 19 ou par mail pascal.bely@free.fr

Photo: Mathilde Monnier, “Tempo 76”.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Appel à participation pour les Offinités du Tadorne au Festival Off d’Avignon.

Au prochain Festival Off d’Avignon, nous vous proposons de nous rencontrer autrement, au-delà d’un lien producteur et consommateur de spectacles qui peine à transmettre la complexité des nouveaux langages de la création. Pluridisciplinaires, voire «indisciplinaires», ils n’opposent plus le corps et le texte, mais les enchevêtrent. Loin des chemins tout tracés, les spectateurs font leur «traversée», carte du off et programme en main ! Ainsi, nous nous  croisons sans toujours prendre le temps de nous arrêter pour échanger collectivement sur nos ressentis. Dès lors, quels espaces faut-il ouvrir, quels outils créer pour entendre la parole des spectateurs engagés ?

Une communication différente est à promouvoir pour s’éloigner d’un «j’aime», «je n’aime pas» qui finit par cliver texte et mouvement, théâtre contemporain et patrimonial. Le spectateur émancipé y a toute sa place ; le spectateur intimidé aussi.

Nous souhaitons que le Festival Off soit un espace de dialogue ouvert d’autant plus qu’il ne se positionne pas comme programmateur. C’est le spectateur qui fait son programme, mais ce sont les organisateurs du Off qui multiplient les rencontres au Village. Espace circulaire et convivial, il y accueille depuis deux ans des «chroniques critiques» et les Offinités du Tadorne. En 2012, le Festival Off proposera six rendez-vous au Tadorne animés par Pascal Bely et Sylvie Lefrere. Ils relieront petits et grands, spectateurs, professionnels et artistes?Car pour les animateurs du blog «le Tadorne », l’art relie et fait société?

MARDI 10 JUILLET, 17H, «Le grand OFF du tout-petit».

Au cours de cette journée, des professionnelles de la toute petite enfance assisteront à différentes représentations. A 17h, elles croiseront leurs regards et échangeront avec des familles et des artistes sur la place de l’art dans l’éveil du tout-petit.

Plus généralement, nous nous interrogerons sur la place du spectateur tout-petit dans le festival Off et les opportunités de dialogue qu’elle nous offre.

Jeudi 12 JUILLET, mardi 24 JUILLET  à 11h: «Spectateur, quel programmateur êtes-vous ?»

Nous proposons d’écouter les choix de programmation de deux groupes de spectateurs (présent du 7 au 14 et du 21 au 28). Comment programmons-nous en début et fin de festival ? Quels sont les processus en jeu ? Comment sommes-nous conditionnés dans nos choix ? Comment nous émancipons-nous des pressions publicitaires ? Comment programmons-nous au-delà d’un lien consumériste ?

Dimanche 15 JUILLET à 11h, «Médiateurs, pédagogues : pour un partage du plaisir créatif»

Nombreux sont les professionnels de l’éducation (du tout-petit à l’Université), de la médiation et des artistes qui créent des outils et des démarches pour promouvoir un autre lien à l’art. Ils sont des créateurs invisibles, mais jouent un rôle essentiel dans la vitalité artistique du pays. Et si nous écoutions leurs expériences ? Que viennent-ils chercher au Festival Off d’Avignon ? Et si Avignon était le lieu de rassemblement des médiateurs et pédagogues, quel en serait le projet ?

Mercredi 18 JUILLET à 11h, «Danse,théâtre: tous dans le même mouvement !»

En écho à la journée sur la parité homme-femme organisée par le Festival Off, nous proposons un dialogue inédit autour d’un « sensible » partagé qui transcende les genres. Des chorégraphes et des danseurs assisteront à des représentations théâtrales tandis que des metteurs en scène et des acteurs gouteront à la danse. Nous proposerons un spectacle «hybride» vu par tous. Ainsi, ce croisement des regards nous permettra d’explorer de nouveaux territoires, d’entendre d’autres langages et de s’exercer à la critique transversale, territoire de la parité !

Samedi 21 JUILLET à 11h ,«artistes, spectateurs : quels étrangers sommes-nous ?»

Pour inaugurer la semaine internationale, nous proposons d’inviter des spectateurs et artistes étrangers pour croiser nos regards sur les propositions étrangères du festival. Comment percevons-nous le langage de l’art dans une langue qui n’est pas la nôtre ? Qu’observons-nous depuis quelques années de la création internationale ? Comment le Festival Off peut-il être l’espace de la conversation des cultures ?

Vous souhaitez participer à ces tables rondes ? Vous pouvez nous contacter à l’adresse suivante :

pascal.bely@free.fr ou au 0682839419

Pascal Bély – Sylvie Lefrere – Des Tadornes.

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ETRE SPECTATEUR

Nicolas Sarkozy: «Fini. C’est fini. Ça va finir. Ça va peut-être finir.»

A quelques jours du second tour, je ne résiste pas à publier l’article que j’avais écrit au lendemain de l’élection présidentielle de 2007. Ce texte est cruellement d’actualité?

A Peggy, Smaïn, Alain-Marc, Igor, Marie-José, Evelyne, Sabine, Claire, Sylvie, Christian. A Ariane M. A François B. A Ségolène R. Pour Maguy Marin. 

Oh mes théâtres! Le soleil apparaît enfin après une semaine pluvieuse. La Sainte Baume est rayonnante alors que nous filons vers La Penne sur Huveaune, ville de la banlieue marseillaise, pour assister à l’un des chefs d’oeuvre de Maguy Marin, «May B». En cette veille d’élection, nous avons besoin de luminosité, pressentant le cataclysme du lendemain. Avant d’entrer dans le théâtre, mon ami et moi ne parlons que de cela. Je sens bien que ce contexte pèsera tout au long de la soirée.

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Nous sommes le mardi 8 mai. Je n’ai toujours rien écrit sur «May B». Tout a déjà été dit sur cette pièce majeure. Que puis-je ajouter ? La victoire de Sarkozy m’a sonné. Je pense à Maguy Marin, elle qui en avait « gros sur le coeur” après la crise des intermittents et qui nous l’avait exprimé, un soir d’octobre 2005 en ouverture de la saison du Théâtre de Cavaillon. Je me souviens de sa colère, saine au demeurant, contre cette société du divertissement qui nivelle tout vers le bas. Après avoir été agressé par une partie du public lors d’une représentation d'”Umwelt” («on ne vient pas au théâtre pour se prendre la tête»), elle leur avait répondu par «Ha ! Ha !», oeuvre percutante puisqu’elle interrogeait notre passivité face au rire dégoulinant de nos médias. En ce dimanche de victoire Sarkozienne, Clavier et toute sa clique pérore sur la place de la Concorde, triomphe éclatant de tous ces bouffons qui, sous prétexte de faire rire la société française, l’ont annexée au moins-disant culturel. C’est ainsi que Maguy Marin a pressenti le succès de l’idéologie d’une droite décomplexée.
En ce mardi 8 mai, je pense à elle, à sa compagnie, à son Centre Chorégraphique National de Rieux la Pape, installé au coeur de la banlieue lyonnaise.
Quel décalage entre ce Président «inculte» (qui méprise les artistes  et les «intellectuels») et ce modeste blog, censé m’aider à réfléchir sur mon rêve de divertissement en le transformant en désir d’écriture pour communiquer!

C’est ainsi que le 5 mai, voir «May B» de Maguy Marin, est un acte de résistance, d’insoumission et de rébellion. C’est une oeuvre intemporelle (crée en 1981, elle continue de tourner pour assurer la stabilité financière de la compagnie) : la victoire de Sarkozy n’est alors qu’un petit phénomène au regard du dessein de “May B” qui n’en finira pas d’émerveiller des cohortes de spectateurs.

«May B», c’est le destin de l’humanité sur scène symbolisé par ce groupe d’hommes et de femmes enfarinés qui progressivement, se libèrent de leur animalité pour s’habiller de leurs costumes, métaphore du lien social.
«May B», c’est un jeu d’ombres et de lumières qui éclaire notre conscience sur notre avenir commun.
«May B» est une musique entêtante où l’autonomie se nourrit de liens de dépendance au coeur d’une dynamique groupale.
«May B» donne la force de croire que tout progrès peut devenir universel s’il crée de nouvelles solidarités.
«May B» est une palette colorée de nos petits gestes insignifiants, mais qui, par la magie de l’art (où la danse rencontre l’univers théâtral de Beckett), se transforment en mouvements subversifs libérateurs, loin des codes enfermants de nos sociétés mécanisées.
«May B», ouvre et ferme à la fois, à l’image de cette phrase énigmatique qui fait office de prologue et d’épilogue : «Fini. C’est fini. Ça va finir. Ça va peut-être finir».
Sarkozy est un homme poussiéreux qui feint d’ignorer que le monde ouvert part à sa catastrophe si nous ne remettons pas la culture et nos connaissances sur l’évolution de l’humanité au profit des nouvelles solidarités. « May B » de Maguy Marin est l’oeuuvre qu’il fallait voir pour ne pas se laisser abattre. Elle nous a permis de nous enrichir du sourire bienveillant de Ségolène : on ne peut rien contre la longue marche vers de nouvelles fraternités.
Pascal Bély – Le Tadorne
“May B” a été joué le 5 
mai 2007 à la Penne sur Huveaune dans le cadre du Festival “Danse en mai”.
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ETRE SPECTATEUR HIVERNALES D'AVIGNON PAS CONTENT

Solos de spectateurs.

Pourquoi s’engager à suivre un festival? Qu’allons-nous y puiser, bousculés, en empathie, si ce n’est de pouvoir jouir de notre ressenti? Le travail de l’artiste revient alors à nous inclure pour stimuler l’échange et déplacer la communication sur le terrain d’une esthétique du sens. Nous recherchons à être galvanisé. À être producteur d’imaginaire. Une fois posé ce postulat, les premières propositions du Festival des Hivernales d’Avignon nous ont laissés de côté, sans plaisir. Nous y avons perdu l’étonnement, jusqu’à disparaître comme spectateur. Une journée mortifère, immergée dans les créations  mutiques de trois chorégraphes prisonniers de la recherche autocentrée de leur plaisir (Gábor Halász, Sumako Koseki, William Petit) . Quant à Catherine Diverrès…
Le travail de Gábor HalászBurn in flames»), autour de la pensée bouddhiste peine à s’imposer. Ce merveilleux danseur a une technique éclatante sans l’ombre d’une émotion. Pourtant, son propos (son lien à la religion) aurait pu nous inclure vers une forme d’altérité (n’est-ce pas d’ailleurs un des fondements du bouddhisme?). Au final, de beaux gestes qui ne nous traversent pas.
Dans «E PUITS?et puis ?», Sumako Koseki se raconte. Et puis? L’émotion a du mal à passer malgré l’insistance à utiliser la musique de Gorecki. Elle danse pour elle-même. L’amateurisme dont elle fait preuve dès qu’il s’agit de prolonger un geste vers le mouvement est à pâlir (oser le flamenco dans le butô frôle la catastrophe). Sa scénographie très soignée (l’un des points forts du spectacle) lui procure manifestement du plaisir. Mais la faiblesse technique et le sens de la proposition finissent par déjouer ce qui aurait pu être une belle découverte.
William Petit et «Beware» nous ont égarés.  Laurent l’avait rencontré lors de son passage au studio des Hivernales le mois dernier. Le plaisir, l’esthétisme, le parti pris de son propos l’avaient touché. Ce soir, William Petit danse pour lui-même, dans une recherche personnelle toute à fait respectable. Mais où nous emmène-t-il ? Les trois musiciens qui l’entourent semblent peiner à s’engager avec lui, d’autant plus qu’ils accumulent les sons sans vraiment créer la partition d’accompagnement du geste. William Petit s’introspecte mais cela ne suffit pas à faire une oeuvre.
Catherine Diverrès est l’une des têtes d’affiche du Festival. Ces deux solos sont esthétiquement très beaux. Mais dans quelle perspective se situe sa recherche autour d’un passé-présent, notamment dans «Ô Sensei» où elle s’inspire de ses voyages au Japon et du temps passé auprès du maitre du butô, Kazuo Ohno. Dans «Stance II», l’interprète Carole Gomes impose par son charisme, mais sa danse ne nous rattrape pas.
Très honnêtement, Catherine Diverrès mérite un autre critique que celle de spectateurs épuisés par une programmation déséquilibrée qui a vu se succéder trop de solos solitaires en une seule journée.
Place à Sylvain Pack pour son beau regard sur un travail qui aurait du nous toucher.
Pascal Bély- Laurent Bourbousson, Des Tadornes.

Catherine Diverrès, Stance majeure.

Le visage de la personne qui va danser apparaît dans la pénombre, déjà ému, en mobilité. Lorsque la lumière s’élargit, les bras et les mains vont chercher dans l’espace, à l’horizontale, la manière d’ouvrir le cercle de notre vision, tout en l’incisant. C’est une longue danse, une épreuve à laquelle va se soumettre le corps fin et musclé de la danseuse, qui va sortir ruisselante, vide et radieuse. À l’aune de périodes éteintes, cette partition physique m’a bouleversé. L’émotion engendrée par la rigueur d’une marche dansée et saccadée, renouant avec le dialogue incompréhensible d’une pythie, frappe de plein fouet le spectateur qu’elle incante, avec qui elle entretient une distance radicale, comme interdite de lui transmettre une quelconque raison, un moindre code. C’est dans cette peine inconnue et universelle, étirant, tremblante, ses os, claquant ses pas sur notre sol commun, qu’elle me demande pourquoi ce sens, cet ordre vain, de mes pieds jusqu’à mon crâne. Un poème de Pasolini accompagne ce contre-courant de la danse moderne. Pièce, peut-être majeure, peut-être manifeste, réponse tardive à Phase d’Anne Teresa de Keersmaeker, j’y interprète un rappel au réel des violences et à l’absurde de notre déclin, avec pour cible une Europe que l’antique surnaturel a désertée, avec comme ressource lointaine le butô qui libère les âmes et enterre toute innocence. 

Ô Sensei”, qui fait suite à cette première pièce, remarquable, secouée par l’orage, ancrée dans les ténèbres. “Ô Sensei” nous présente enfin le magnifique port de Catherine Diverrès elle-même, 53 ans, costume noir, chemise blanche, cheveux courts plaqués, clown gris, Keaton, Beckett, Chaplin, Pina Bausch et surtout Kazuo Ohno, auprès de qui elle s’était rendue pour parfaire sa connaissance d’une nouvelle danse japonaise, née des traumatismes de la guerre. Si Catherine Diverrès cite sans ambiguïté ces références et rejoue quelques séquences phares de la danse postmoderne, elle en choisit les plus fragiles et les nourrit de son immense style. Comment ne le sait-on pas plus, nous qui avons la chance d’avoir cet artiste dans notre pays ? Une danseuse, qui semble, comme les plus grandes, vieillir toujours mieux, dans un véhicule transcendé par l’inventivité formelle, rythmique, symbolique. Les regards qu’elle nous porte, tout aussi variés que les registres chorégraphiques qu’elle explore, peuvent en un instant rompre cette incompréhension, ce chaos traqué puis révélé, nous donnant à retrouver l’humain, même étrange, même fantôme. Le voile tombe, la lumière revient, le poète revient nous voir sans costume, avec un sourire qui ne trahit maintenant plus rien de sa profonde douceur. Nous l’applaudissons, elle nous remercie puis choisit son départ en nous saluant. Je sors, transformé.
Sylvain Pack. http://sylvainpack.blogspot.com

 

Tous les spectacles chroniqués dans ces articles ont été présentés lors du Festival des Hivernales d’Avignon les 25 et 26 février 2012.

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DANSE CULTE ETRE SPECTATEUR

Sur ma table de nuit, la fleur volée à Pina.

Savez-vous d’où vient cette fleur? Sa photo fut postée par Francis Braun sur la page Facebook du Tadorne. Je lui ai demandé de nous raconter son histoire. Mémoire de spectateur…

Pascal Bély

Arthur Plasschaert a travaillé longuement avec Maritie et Gilbert Carpentier à la télévision. Il a été le chorégraphe de Chantal Goya. Dans les années 80, il venait régulièrement avec sa soeur à Saint-Rémy, et nous parlions souvent de music-hall, de théâtre et de danse et même parfois de spectacles dont il était le chorégraphe….J’y allais sur la pointe des pieds, car Chantal Goya et ses lapins ne me passionnaient pas outre mesure.

Un jour,  il a évoqué certains chorégraphes. Il en parlait avec beaucoup de discernement, de rigueur et d’impartialité. Sa connaissance de la danse ne me laissait pas indifférent et j’étais persuadé que parmi ses choix, certains devaient être passionnants. J’en connaissais certains, et d’autres m’étaient totalement inconnus. C’est en juin 1980, qu’il me conseille d’aller voir ABSOLUMENT un spectacle d’une chorégraphe allemande au Théâtre Municipal d’Avignon pendant le Festival. Ce nom m’était inconnu comme à beaucoup d’autres à cette époque-là. Il me dit d’un ton professoral: «va voir PINA BAUSCH et tu verras !».
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J’ai  hésité à suivre son conseil. Mais vu son insistance et sa conviction à défendre cette danseuse, je pris des places au Bureau du Festival. Je réservais alors un rang entier pour ma famille et mes amis. Nous étions au 8 ° rang….et ce fut LA Révélation.
Pour retracer l’événement, il faut se souvenir…Ce fut en 80, un nouveau départ, une nouvelle démarche pour la direction du Festival…Un bouleversement pour moi aussi, mais également pour de nombreux spectateurs :
“La nouvelle génération du théâtre comme de la danse faisait une entrée en force : Daniel Mesguich (Le Roi Lear), Jean-Pierre Vincent (Les Dernières nouvelles de la peste de Bernard Chartreux), Georges Lavaudant (Les Céphéïdes de Jean-Christophe Bailly), Jérôme Deschamps (Les Blouses), Manfred Karge et Matthias Langhoff (La Cerisaie, Le Prince de Hombourg), Philippe Caubère (La Danse du diable), Pina Bausch (Kontakthof, Walzer, Nelken), Jean-Claude Gallotta (Daphnis et Chloé, Yves P), Maguy Marin, etc.”(Dixit le Festival d’Avignon).
Pina avait conquis les festivaliers sauf, bien entendu certains, qui outrés, scandalisés ou heurtés  avaient quitté la salle en hurlant….
D’abord au Théâtre municipal, EIN STUCK VON...” dansé, orchestré, dirigé, amené avec surprise par une dame, longiligne, cigarette au bec, cheveux longs, maigreur terrible, une dame sortie de Wuppertal, du noir profond de la  lugubre Allemagne, une ombre sortie d’une mine de charbon, une ombre allemande sortie de toutes les Tragédies, une dame sublime dans sa rigueur, dans le geste de ses bras, dans l’abime de son regard.
Pina, Pina, Pina…il fallait l’appeler par son prénom…ainsi elle entrait chez les spectateurs, comme le membre essentiel de notre famille, un gourou, un emblème, la chef de file d’autres spectacles…avant elle, après elle, tout allait, à présent devenir différent.
Notre enthousiasme fut immense. Nous mimions même les farandoles des comédiens qui passaient dans les rangs et faisaient semblant d’offrir du thé aux spectateurs étonnés et ravis. A qui voulait l’entendre, j’affirmais : «il y a un avant et un après Pina». Tout allait changer.
Ein Stuck von” ; “Kontakthof” ; “Café Muller“;  “Bandonéon” ; “Nelken“…
Puis cette fleur, et ses ?illets que j’ai volés sur le Plateau de la scène du Palais des Papes…Mais je m’en foutais, je devais les avoir; quitte à me faire attraper, j’étais devenu l’enfant, celui qui bravait l’interdit. Je les  voulais, je les ai volées et depuis je les aie.
Je les aime bien ces  fleurs….elles n’ont  jamais fané depuis, car c’est évident, c’est l’éternité et c’est peut-être la magie de Pina…
Francis Braun, Le Tadorne.

Alors, d’où vient cette fleur? Vos réponses en commentaires, ci-dessous.

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ETRE SPECTATEUR LA VIE DU BLOG

Le blog en 2011 : les moments clefs, audience et budget.

«J’ai le sentiment que tu écris beaucoup moins que l’an dernier, non ?» me faisait remarquer un agent d’accueil d’un théâtre en novembre 2011. Pas faux. Presque moitié moins.

L’offre de spectacle vivant dans ma région (Aix-Marseille) ne correspond  plus de tout à mes attentes: j’y retrouve les mêmes esthétiques et des artistes qui finissent par tourner en boucle. Les propositions chorégraphiques se sont littéralement effondrées malgré la présence du Pavillon Noir d’Aix en Provence et d’un Ballet National à Marseille. Ces institutions assèchent plus qu’elles n’irriguent. Du côté des scènes nationales (Le Merlan à Marseille, Théâtre des Salins à Martigues), on répète à défaut d’innover. La fonction de programmateur ne sert finalement qu’à programmer. La visée sur le rôle des arts vivants dans une société en perte de valeurs se réduit à assurer la billetterie ou à soigner l’image «branchouille» du lieu. On (ré)conforte le spectateur plutôt que de mobiliser ses possibilités de penser autrement. Tandis que des grands noms du théâtre et de la danse ou des artistes émergents traversent Lyon, Nîmes, Montpellier, Toulouse, ils font l’impasse sur Marseille et sa région. Tout semble statufié. Le Festival de Marseille programme pour séduire (voir l’article que j’écrivais en 2008, toujours d’actualité); Actoral s’est perdu à force de vagabonder; Montevidéo a fermé (pour combien de temps ?) alors que le Théâtre des  Bernardines soigne sa chapelle.

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En 2011, je n’ai quasiment pas chroniqué sur les spectacles vus dans ma région. Je rêve d’un ailleurs même si un paysage nouveau semble se dessiner :

1) Klap, Maison pour la Danse de Michel Kelemenis a ouvert en octobre dernier. Le projet d’en faire un lieu exclusivement dédié à la création laisse espérer la venue de chorégraphes à Marseille. À noter qu’en deux mois, le lieu a tenu ses promesses malgré des horaires de diffusion (19h) décourageants (voir l’article Bloc-notes / A Marseille, théâtres et festivals me découragent.)

2) L’arrivée de Macha Makeïeff à la Criée et son projet de dépoussiérer l’institution suscite ma confiance. Attendons la saison 2012-2013…

3) La Friche Belle de Mai est en chantier ; un directeur vient de prendre ses fonctions. Espérons qu’il puisse ouvrir le lieu vers la ville pour un nouvel accueil, une mise en lien des disciplines et des différents opérateurs culturels qui composent la Friche.

Concernant le blog, le premier semestre a vu son audience chuter peu à peu. Faute d’articles, le lectorat a déserté (à peine 100 visiteurs par jour). À la fin du mois de février, j’envisage d’arrêter l’aventure. Découragé de ne pouvoir écrire, je publie en avril un article sur l’absence de propositions théâtrales de qualité dans ma région. Malgré tout, je vais à la rencontre d’artistes à Bastia, Nantes, Bruxelles, Gap. Je m’émeus des  propos racistes de Raphaël de Gubernatis du Nouvel Observateur, de l’inculture des communicants dans les théâtres, de la nomination d’Olivier Py au Festival d’Avignon. Je retrouve le plaisir d’écrire et pars serein au Festival Montpellier Danse après le rendez-vous manqué d’Uzès Danse. L’audience du blog augmente et explose au cours du Festival d’Avignon (plus de 1000 par jour).  Le Tadorne est identifié par les artistes et certains spectateurs m’encouragent dans ma démarche notamment lors des rencontres que j’anime avec le Festival Off d’Avignon.

Si les Rencontres Photographiques d’Arles furent particulièrement ennuyeuses, la Biennale d’Art Contemporain de Lyon m’a profondément stimulé (quatre articles qui seront lus par plus de 3000 visiteurs uniques), tandis que le Printemps de Septembre de Toulouse s’est avéré plus sensible et moins spectaculaire que les années précédentes. Le Festival d’Automne m’a permis de retrouver Claude Régy et Daniel Veronese avant de retomber dans la léthargie régionale (et la dénonciation de l’étrange positionnement du directeur adjoint du Festival de Marseille). Rien ne fait événement ici alors que la polémique autour de la pièce de Roméo Castellucci à Paris par les fondamentalistes religieux m’oblige à me positionner pour défendre cette oeuvre remarquable.

Au final, l’année 2011 voit l’audience se stabiliser à 90 000 visiteurs uniques (+ 1,21% par rapport à 2010. La plus faible progression du blog depuis son ouverture en 2005) tandis que la page Facebook s’est affichée 1 001848 fois. Animée par Sylvie, Francis, Elisabeth, Clémence (1 et 2 !), Alexandra, Sylvain, Pierre-Jérôme et Robin, c’est un espace d’échanges autour des arts vivants. Merci à ces Tadornes qui ont été un soutien précieux en 2011. Merci à Laurent Bourbousson et Bernard Gaurier pour leurs fidèles contributions.

Pour finir ce bilan,

Les 10 articles les plus lus :

1- Pour Roméo Castellucci, contre la censure des malades de Dieu.

2-Extra-terrestre Biennale de Lyon

3-L’article inacceptable de Raphaël de Gubernatis dans le Nouvel Observateur 

4-Patrice Chéreau fait naufrage.

5-Le Prince Vincent Macaigne vous attend.

6-Bertrand Cantat, «le condamné» d’Avignon.

7-Au Festival d’Avignon, Boris Charmatz enfante d’un chaos enthousiasmant, d’une humanité à la dérive.

8-Au Festival d’Avignon, la danse de Xavier Le Roy fait la conversation.

9-Une Maison pour la Danse à Marseille : Klap ! Klap !

10-Qui est Pascal Bély? 

Le Budget du blog.

Les dépenses liées au Tadorne en 2011 (billetterie, hébergement, déplacement) se sont élevées à 5900 euros (en hausse de 10% par rapport à 2010). Faut-il le rappeler, mais Le Tadorne ne rapporte aucun revenu ! Je m’interroge sur la nécessité de lancer une souscription pour financer une nouvelle ergonomie du site.

L’aventure se poursuit donc en 2012 pour la septième année.

Je vous remercie chaleureusement pour votre fidélité.

Pascal Bély, Le Tadorne.

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ETRE SPECTATEUR LA VIE DU BLOG

Le Tadorne: spectateur volatile, mais pas que…

En 2011, «je me suis relié».

Entre mon métier de consultant et de formateur, ma passion pour les arts et ma vie sociale, j’ai le sentiment d’avoir créé un tout lisible et cohérent. Mes premières définitions du spectateur «Tadorne» (nom du blog et d’un canard migrateur!) se sont enrichies grâce à la dynamique d’un projet global qui nourrit ma quête de sens.

Pour reprendre l’expression chère à Jacques Rancière, être un «spectateur émancipé» suppose de tâtonner dans la recherche de nouvelles articulations. J’ai très vite compris que ce positionnement était un processus (substituer à la consommation de spectacles, une relation à l’art au centre de tout) : il véhicule suffisamment de résistances et de peurs pour être vecteur de changement. J’ai donc poussé mes propres frontières et assumé : peu à peu, l’art s’est immiscé dans mon métier. À Martigues, j’ai accompagné la fusion de l’école de Musique et de Danse en créant une dynamique de projet global. À Vénissieux, au cours d’une formation sur l’approche systémique, j’ai posé des livres d’art sur la table pour que chacun s’en saisisse et évoque son positionnement professionnel. À la CAF des Bouches-du-Rhône, j’ai proposé l’intervention du chorégraphe Philippe Lafeuille auprès d’un public de travailleurs sociaux : lui seul pouvait les aider à relier le corps et la tête ! À Marseille, j’ai réuni (avec Graziella Végis et Nathalie Dalmaso du Théâtre Massalia) dans un cursus de formation, des professionnels de la petite enfance de deux collectivités (Martigues, Fuveau) et de la Maison de la Famille. Ils se sont formés pendant huit jours sur la question de «l’art et les tout-petits». Comme pour le Tadorne, il s’agissait de s’éloigner d’une consommation de spectacles calqués sur le calendrier (Noël, Mardi gras,…) pour vivre la relation à l’art comme vecteur de valeurs et de communication vers le tout-petit et sa famille. Cette formation a bouleversé des représentations et mis en mouvement bien des postures. En 2012, des artistes seront en résidences dans les crèches ; des ateliers incluant les familles seront proposés. Ces professionnels sont venus au Festival Off d’Avignon, à une table ronde que j’animais. Avec les artistes, ils ont échangé sur les spectacles et bien au-delà : pour quoi l’art et les tout-petits? Ainsi, nous avons inauguré un cadre propice à un lien transversal entre spectateurs «émancipés» et artistes en quête d’un nouveau dialogue.

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(Ulla Von Brandenburg – Biennale de Lyon 2011)

C’est donc à partir de porosités (consultant-spectateur / petite enfance- théâtre / social – danse) que j’ai ouvert des espaces. Ils ne peuvent être à l’initiative d’institutions culturelles: elles sont trop verticalisées pour questionner leur fonctionnement et accueillir des modes transversaux de communication (passer du haut vers le bas au côte à côte). A partir de notre relation à l’art, il faut créer les conditions de la mise en réseau des spectateurs, des artistes et des professionnels pour nous aider à relier ce que nous cloisonnons. Je suis d’ailleurs troublé de constater que les spectateurs qui se reconnaissent dans ma démarche (notamment à partir de la page Facebook du Tadorne) font ce même travail de décloisonnement. Être Tadorne, c’est vouloir devenir un spectateur global  et entraîner les autres!

La question de la médiation culturelle m’a bien sûr traversé d’autant plus qu’elle se relie à ma fonction de formateur. La médiation est un processus: elle est une composante de bien des métiers. Dans le secteur  social et éducatif, on ne compte plus les initiatives locales qui permettent la rencontre entre artistes et habitants. Mais ces innovations ne s’écrivent pas et ne font pas patrimoine par manque d’espaces appropriés qui puissent les recevoir et les inscrire. «La maison de théâtre» à Marseille organisera la Biennale des Écritures du Réel en mars 2012. C’est dans cette espace que j’ai proposé une  formation. À suivre…

2011 signe aussi mon positionnement institutionnalisé en articulation avec les dynamiques transversales que j’initie. J’ai accepté d’être président d’une compagnie de danse et de siéger à la commission des experts danse de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (régions PACA et Languedoc Roussillon). Ces expériences enrichiront ma relation aux artistes tout en m’inscrivant dans un nouveau processus, sachant que mon métier de consultant m’aidera à interroger le sens du projet.

Être Tadorne, c’est toute une vie.

Pascal Bély, Le Tadorne.