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LES EXPOSITIONS

L’humanisme des Rencontres Photographiques d’Arles.


Tim Walker

Il est à mon sens le fort de l’intérêt dans cet espace d’exposition. Il était la rencontre que je souhaitais faire en ce lieu et c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai rencontré l’univers de Tim Walker. Dans notre société, il est extrêmement difficile d’être un homme subtil, d’oser afficher ainsi sa sensibilité si enfantine, soutenue par une capacité à l’émerveillement. Les femmes adorent. L’inquisiteur masculin s’avance sans engouement, mais vite se laisse happer dans les clichés. Ici, “la Belle au bois dormant“plus vrai que le trait de crayon de Disney. Plus loin, les fées de cette dernière apparaissent toutes en robe dans un arbre. Là, la princesse au petit pois. Êtes-vous réellement une pure princesse des temps modernes ? Encore plus loin, des chats colorés. L’art touch de Warhol ou un clin d’?il d’Alice au pays des merveilles. Ou bien la voiture- cabane pour partir camper dans des contrées lointaines comme jadis.
On se sait plus bien si la subjectivité de ces photos n’intègre pas complètement une réalité, qui nous est si proche : notre enfance.
Le passé redevient présent avec tellement de bonheur. Tim Walker semble nous dire «plus tard quand je serai grand, je serai petite fille». Et ce n’est pas Bettelheim qui nous affirmerait le contraire.

 

Charles Freger

Grand format. Portraits statiques des gardes militaires de différents corps armés étrangers. Au commencement de la rencontre avec l’artiste, on flotte dans le creux, on erre au milieu de ces immobilités sans réflexion. Et puis, l’oeil accroche d’un coup au jeu. On ne fait plus attention aux détails des costumes divers, mais au regard que chacun des sujets des clichés nous renvoie. Un pas à droite. Un pas à gauche. Piqué central. Nous sommes observés sans relâche. Il s’agit du jeu du regard de notre Joconde internationale! Et là, avec notre âme la plus naïve, nous jouons avec chacun des portraits. Bien vu Monsieur Freger !

Françoise Huguier

Des cubes noirs et blancs. Une fenêtre brisée nous accueille à l’entrée avec un cliché en fond. Trois personnes. Deux femmes nettes et provocantes par leurs couleurs de maquillage ; un homme brouillé plus loin. L’avertissement est entendu : êtes-vous prêt à pénétrer dans cet espace, dans ce pays, dans cet appartement reconstitué ? Oui ? Alors bienvenue dans la vie à Saint-Pétersbourg, haut lieu de l’intelligentsia de la bourgeoisie russe du XIXème, qui se dévoile dans la décrépitude la plus significative, tentant de nous dire, « ici nous survivons, nous sommes les héritiers d’une nation. Nous n’attendons plus. Nous agissons, car nous vivons et vivre n’est-il pas le plus bel espoir qu’il soit.” Alors, on lave le linge avec Natacha qui part sa présence filmée réitère inlassablement le nettoyage. L’absurde de l’existence, faire pour refaire sans réalisation. Mais Natacha est une personne et non une notion.

Cube noir. Sa chambre. L’intime de Natacha. Elle est nue. Elle est vulgaire par l’attitude corporelle, tellement attachante. Elle est si femme. On se laisse croire en elle.
La cuisine, cube blanc. Digne d’un décor pensé par Emir Kusturiza. Chat blanc, chat noir. Je n’ai pu m’empêcher de rêver à la grandeur de cet ancien appartement qui avait dû connaître de la majesté en son temps. Les ruines de l’architecture en témoignent. Et là sous nos yeux, l’incohérence d’un bric-à-brac trahissant un inconfort que notre société réfute. En pensée, on s’insurge. On ne peut vivre ainsi. Mais l’existence propre d’une destinée se nourrit-elle de l’inconfort matériel ou de la construction d’une réflexion dans ce corps qui nous transporte ?

Jean-Christophe Bourcart

Il s’agit de clichés de mariage sur différentes époques. C’est l’expression du kitsch populaire. La représentation angoissante du bonheur. On hésite entre la dépression la plus noire et le rire du burlesque le plus fou. Je me suis mariée aussi un jour et ce qui s’étale sous mes yeux a justement été tout ce que je réfutais. De la photo dite stylisée par ces effets dégageant un avenir prédit, à la photo qui confirme que le ridicule ne tue pas, on promène dans l’institution du mariage. Monsieur Bourcart, je salue votre courage de croire encore que le mariage est le plus beau jour de notre vie.

Vanessa Winship

Les écolières des régions limitrophes d’Anatolie orientale.
J’ai été saisie par le cinéma muet de cette jeunesse désolée de petites filles d’ailleurs. Les portraits en pied sont en noir et blanc et traduisent une époque que nous ne retenons plus grâce à la modernité de notre civilisation industrielle. Les regards sont durs et profonds, accusateurs et offrant leur tendresse. On s’avoue incrédule devant ce présent si passé dans nos mémoires. Le plus frappant saisit lorsque l’on se dit que ces jeunes pousses, âgées d’une décennie tout au plus, ont en charge un pari sur l’avenir. Celui du bonheur ? Mais lequel ?
Et c’est si seule avec mes pensées coupables de rien que j’ai laissé là ces gamines.

Samuel Fosso

Vous serez beau, chic, délicat et facile à reconnaître.
Monsieur Fosso, vous êtes la mutation d’un même être en différents personnages. À croire que le fait d’un déguisement n’était pas assez intense à votre goût, que vous nous prouver que même nu nous pouvons être autre. Le “je” serais donc un autre ? Nous nageons en pleine anthropologie. Sauf qu’ici l’homme est étudié dans l’environnement d’un studio photo, où sa genèse semble s’identifier au travers des attitudes. 
Qui sommes-nous ? D’où venons- nous ? J’ai une vague impression de relire “Race et Histoire” d’un de vos collègues L.Strauss, fourvoyant nos idées préconçues. L’avez-vous donc lu aussi ?

 

Pierre Gonnord

Grand format environ 150×150. Portraits en couleur sur fond noir.
Pierre Gonnord travaille à la façon des portraits que faisait exécuter la bourgeoisie afin de conserver une haute estime dans les traces de l’Histoire. Le déclic de l’artiste traduit des icônes de sainteté, représentation différente de l’humanité où le plus criant est le portrait de l’aveugle. Il nous intime l’ordre de regarder, afin d’y voir la vérité de ce que nous sommes. Une humanité qui voyage toujours en quête de sa réalité. Rembrandt aurait trouvé ici un héritier dans les visions de son époque.

 

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FESTIVAL D'AVIGNON

Au Festival Off d’Avignon, « Tu as bien fait de venir, Paul ». Nous aussi.

Une ambiance pesante dans ce petit appartement se fait sentir dès les premiers instants. Le père est là, devant nous. Il pourrait être celui du public, de mon voisin de salle, le mien. Il a chaud aujourd’hui. Il a fait une journée orageuse. Il s’assied sur son fauteuil, c’est dimanche. Il vit seul dans cet espace confiné. Tout comme sa tenue négligée, l’habitat l’est tout autant. Ses affaires sont éparpillées sur le sol par paquet. Entre le fils. Il se tient dans l’encadrement de la porte, l’observe, essaie de parler, puis retourne à l’entrée et frappe pour signifier son arrivée. Ils se parlent en oubliant presque de s’embrasser.

Les paroles gauches, insignifiantes (« Il a fait chaud aujourd’hui ») répétées en boucle, comblent le vide entre le père et le fils. Le fil générationnel cassé, suite à la mort de la mère et à la vie quotidienne du fils, pris par son travail, ses amis, sa femme, a fait de ses deux âmes, deux entités fantômes pour l’un et l’autre.
Cette soirée dominicale est l’occasion de se parler, d’homme à homme. Cela pourrait être aussi, de père à fille, de mère à fils, de fille à mère. L’écriture de Louis Calaferte distille, par petites touches, la complexité du lien parents-enfants. Derrière l’amour que chacun éprouve pour l’autre, il y a une rancoeur palpable, grandissante, qui finit par ensevelir la relation. L’un ne veut pas déranger, s’imposer dans le foyer ; l’autre, s’en veut de ne pas lui rendre visite plus souvent, de ne pas prendre plus grand soin de lui, à celui à qui il doit la vie.
Le dialogue lourd, lorsque l’on parle de la réalité, devient plus léger avec les « si » et les souvenirs. Ils amènent sourires et peines et réinitialisent leur relation filiale. Puis, au détour d’un mot, tout s’écroule et laisse place aux non-dits, à ce que l’on ne veut pas se dire pour ne pas faire du mal.
L’air étouffant de cette fin de journée devient suffocant, étouffant au fil de l’échange. On attend un orage pour rafraîchir l’atmosphère.
Cet orage arrivera et fera éclater les sentiments et les langues se délieront pour laisse place à…
Je préfère taire la fin de ce récit dans lequel chacun peut se projeter et se retrouver dans les traits de Julien Leonelli et d’Yvan Chevalier, tant leur interprétation naturelle nous renvoie à nos dimanches de visite familiale.

Didier Moine, le metteur en scène, s’est fait ethnologue et signe avec « Tu as bien fait de venir, Paul » notre “Festen” français.

Laurent Bourbousson
www.festivalier.net

  « Tu as bien fait de venir» de Louis Calaferte mis en scène par Didier Moine. Au Magasin, en Avignon,  jusqu’au 2 août 2008.

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FESTIVAL D'AVIGNON

Au Festival Off d’Avignon, apprenons à vivre en communauté.

« Le Vieux Juif », « Les Marchands Ambulants » et « 74, Georgia Avenue » de Murray Schisgal, dramaturge américain, rassemblés pour l’occasion par Stéphane Valensi, me plonge, français, dans l’esprit de la communauté juive des États-Unis.
Les trois pièces évoquent l’exil, pose la question de l’identité et de la culture, vu par un réfugié juif qui a fuit le vieux continent, pour vivre son « eldorado » aux États-Unis.
Avec « Le Vieux Juif », Stéphane Valensi incarne ce vieil homme. Dès son apparition sur scène, je ressens de la sympathie. Il nous parle de son envie d’oublier, convie ses voisins imaginaires pour mieux faire éclater sa solitude de réfugié et partager son regard tendre sur son passé si loin et si proche.
La question de la perte de l’identité est approchée avec “Les Marchands Ambulants“. Tout fraîchement débarqué aux Etats-Unis, notre arrivant juif rencontre un de ses compatriotes. Pour mieux s’intégrer dans ce pays, ce dernier lui vend un nom bien américain, qui fait couleur locale. Avec son nouveau patronyme, il devient autre.
La notion de communautarisme est illustrée avec “74, Georgia Avenue.” Le duo, composé de Marc Berman et Paulin F. Fodouop, incarne les communautés juives et noires qui font l’Amérique. Lui a vécu dans cet appartement près de la synagogue, lorsqu’il était enfant. L’autre est venu vivre ici lorsque la communauté juive est partie. Communauté noire et communauté juive au coeur du propos, comme une envie de vivre ensemble. L’échange se termine avec le Kaddish dit pour le père juif mort, par l’autre, l’étranger. Une leçon d’humanité.
L’articulation réussie de ce triptyque passe par la scénographie mouvante de Jean Haas, créant à chaque échange un nouveau lieu, un nouveau repère dans l’espace-temps à se créer.
Cependant, même si tout est parfaitement articulé, et les comédiens tous parfaits sans exception, je reste distant du propos tenu. Problème de culture ? Je ne suis ni juif, ni américain, juste un français loin de leur histoire. Je pense à mon cadre identitaire, aux leurs, à l’interculturalité. Ne serait-ce pas seulement une utopie ?

Laurent Bourbousson. www.festivalier.net
Le vieux juif“, « 74, Georgia Avenue», “Les marchands ambulants“, ” mis en scène par Stéphane Valensi au Théâtre  des Halles d’Avignon jusqu’au 1er août 2008.
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FESTIVAL D'AVIGNON FESTIVAL MONTPELLIER DANSE Vidéos

Mathilde Monnier et Philippe Katerine remettent le son.

Qui n’a jamais rêvé d’un concert pop – rock, scénarisé comme une pièce de théâtre, avec des danseurs pour décupler la puissance émotionnelle de la musique? La transdisciplinarité en vogue chez certains chorégraphes et metteurs en scène semble laisser de marbre pour l’instant les chanteurs (à l’exception notable de Florent Marchet et Camille). Et pourtant, ce rêve, Mathilde Monnier et le chanteur Philippe Katerine le réalisent d’abord pour Montpellier Danse en 2006 puis pour le Festival d’Avignon en 2008. Ils clôturent ainsi leur tournée et mon périple de festivalier.
« 2008 Vallée » est donc la rencontre de l’univers burlesque, provocateur et politiquement incorrect de Katerine avec la danse exigeante de Mathilde Monnier. En se liant, leur art respectif gagne en hauteur, en créativité. La Cour d’Honneur amplifie la dimension poétique et politique. Le groupe semble pousser les murs, entraînant avec eux des spectateurs peu habitués à être ainsi guidés dans cet espace où le chant danse, où la danse chante. Si l’on rit beaucoup, tous deux portent un regard féroce sur notre société vide de sens jusqu’à l’absurde, mais qui donne à Marine Le Pen une place de choix et au coiffeur Jean-Marie le soin de nous mettre la raie du bon côté.
C’est dans cette terrible alternative que les six danseurs compagnons de fortune de Katerine trouvent des stratégies pour réinventer de nouveaux modes de communication à partir de processus si créatifs que l’on en perd le langage de la rationalité. Mathilde Monnier réussit à contenir les paroles et musiques de Katerine en permettant à ses danseurs les gestes les plus absurdes, tout en étant toujours en phase avec le groupe. Tout le corps est dansant (les cheveux qui traînent à terre, la voix qui déraille, les jambes qui s’emmêlent,…) et métaphorise qu’avec l’univers de Katerine tout est possible, pourvu que le sens ne soit jamais bien loin.

C’est ainsi que ce spectacle véhicule de l’espoir, une énergie contagieuse malgré le chaos et le vide qui engloutissent petit à petit les protagonistes de “2008 Vallée“. C’est une ode à la diversité, à la différence. C’est l’espoir de voir notre époque laisser la place à tant d’autres créations dont nous ne soupçonnons pas encore la portée. « 2008 vallée » finit sur le nouveau monde, celui qu’il nous reste à construire, une fois abandonnés nos «patati et patata » et nos plaintes égocentrées.

À voir le sourire des spectateurs, en observant le visage radieux de Mathilde Monnier, la surprise de Katerine face au triomphe que lui réserve le public d’Avignon, il n’y a pas de doute sur la fonction rassurante et caressante de « 2008 Vallée ».
Beau cadeau pour finir ce festival qui….
Et patati, et patata…


Pascal Bély – www.festivalier.net

 ” 2008 Vallée” de Mathilde Monnier et Philippe Katerine a été joué le 25 juillet 2008 dans le cadre du Festival d’Avignon.

 

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FESTIVAL D'AVIGNON

Claire Lasne Darcueil assassine “La mouette” dans le Poitou.

Cette « mouette » n’aurait jamais dû survoler le ciel d’Avignon. Claire Lasne Darcueil, metteuse en scène sur le papier en provenance de Poitou- Charentes, doit bien se douter que cela ne fonctionne pas, à voir le visage désabusé de ses comédiens et la mine déconfite du public. Nous venons de subir pendant plus de deux heures trente un jeu que même les plus petits conservatoires de région n’autoriseraient pas. Par respect pour les acteurs, nous n’avons manifesté aucune hostilité lors du salut final. Nous savons nous tenir. Et pourtant, face à une mise en scène aussi vulgaire, nous aurions pu faire le bruit qui sied aux artistes qui usurpent leur fonction.
« La mouette » de Tchekhov mérite-t-elle un décor aussi laid, fait de matériaux achetés à Conforama dont ce mobilier de jardin affligeant et ses portes vitrées assemblées n’importe comment ? Mais quelle idée se fait Claire Lasne du théâtre, du Cloître des Célestins pour se permettre de le défigurer ainsi ?
Sait-elle au moins qu’un acteur est fragile si on ne le dirige pas ? Mais que s’est-il passé pendant les répétitions ? Je les imagine négocier pendant des minutes interminables pour finalement devoir faire de petits arrangements entre amis pour que cela tienne un peu la route. Le résultat ? Ils ne cessent de courir sur scène et dans les allées du cloître. En haut, puis en bas. Il faut bien occuper l’espace. Je suppose également que Claire Lasne Darcueil  n’a pas vu que les corps des acteurs avaient une tendance à se déhancher d’une étrange manière (à chaque fin de phrase, une tape sur les cuisses), que la vieille servante marchait à petits pas pour caricaturer la vieillesse et que les trois musiciens avaient une fâcheuse propension à s’imposer là où l’on aurait aimé plus de discrétion.
En l’absence d’un metteur en scène sûr de ses choix, certains comédiens en ont profité pour se la couler douce. Le plus important, n’est-il pas de jouer en Avignon ? Prenons l’exemple d’Anne Sée, dans le rôle de l’actrice Arkadina. Quel jeu détestable ! Pourquoi un tel laisser-aller, une telle vulgarité ? Une honte.
Si « La mouette » évoque la condition de l’artiste et son statut dans la société, Claire Lasne Darcueil ne s’est pas embarrassée de cette question, encore moins de l’actualiser à la France de 2008 (il y aurait eu de quoi, me semble-t-il). Elle aurait pu faire un théâtre politique pour accompagner le projet de Vincent Baudriller et Hortence Harchambault, directeurs du Festival. Au lieu de cela, elle empaille cette mouette comme un taxidermiste débutant en stylisant à outrance le phrasé des acteurs à défaut de les guider vers un jeu porteur de sens.
Cette pièce a été jouée la première fois le 2 mai 2007 puis a effectué une tournée dans les villages de Poitou-Charentes. À croire que nos directeurs ne sillonnent pas la France (cela nous aurait évité ce désastre) lui préférant les mornes plaines de la Belgique.
Pascal Bély
www.festivalier.net
 “La mouette” d’Anton Tchekhov mise en scène par Claire Lasne Darcueil a été joué le 23 juillet 2008 dans le cadre du Festival d’Avignon.
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FESTIVAL D'AVIGNON OEUVRES MAJEURES PAS CONTENT THEATRE FRANCAIS CONTEMPORAIN THEATRE MODERNE

«Je tremble» de Joël Pommerat : deux contre un.

En mai dernier, le Théâtre du Merlan à Marseille, programmait “Je tremble (1)” de Joël Pommerat. A l’affiche du Festival d’Avignon, j’ai donc revu le (1) pour voir le (2). Joël Pommerat a de la suite dans les idées, mais semble s’égarer dans ce deuxième épisode très convenu et pour tout dire, sans intérêt majeur.
J’ai de nouveau rendez-vous avec lui, avec eux. Je les reconnais quasiment tous depuis notre dernière rencontre mémorable lors du Festival d’Avignon en 2006. Lui, c’est Joël Pommerat, metteur en scène. Eux, de la compagnie Louis Brouillard, c’est peut-être vous, c’est sûrement une partie de moi, c’est à coup sûr un fragment animé de notre lien social. C’est une troupe de comédiens qui jouent avec nos maux, nos parts d’ombres et de lumières, pour remettre en mouvement ce que nous figeons, faute d’espace et de liens. «Je tremble (1)» m’essore, me plie et me déplie, comme un processus d’inclusion et d’exclusion permanent.
Cela n’échappe plus à personne. Le politique se fond dans la société du spectacle. Encore une fois au cours de cette saison théâtrale, un animateur (télévisé?) ouvre le bal sur fond de rideau pailleté. Sur un ton décomplexé et détaché, il nous annonce qu’il va mourir ce soir, sous nos yeux. Puis se met à danser sur «Sex bomb». Nous voilà donc positionnés en voyeur d’une tragédie humaine que nous feignons tous d’ignorer à force de fusionner le lien social dans le lien économique et médiatique. Joël Pommerat pose d’emblée le contexte en insinuant, «regardez ce que nous avons fait de notre vivre ensemble». Il accentue le malaise quand une jeune femme s’approche du micro pour hurler son besoin vital de rêver, de se projeter, de faire appel à son imaginaire. Elle finit par dénoncer le silence des intellectuels et des politiques.
«Je tremble (1)» est une succession de tableaux, qui en disent long sur la déliquescence du lien social. Joël Pommerat allume les projecteurs, les éteint puis remet la lumière là où nous aurions bien remis une couche de paillettes. Avec empathie, il nous montre une souffrance à la fois intime et sociétale, loin du misérabilisme marchand de nos médias et de l’humanisme calculé de nos politiques. Ce modèle que nous co-construisons depuis une vingtaine d’années fait souffrir parce que nous ignorons «le vivre ensemble», nous enfermons l’autre dans une lecture comportementaliste, nous marchandons notre corps, nous censurons l’utopie. Il ressent notre impuissance alors que nous sommes habités d’intentions honorables (issus des idéaux de mai 68) mais qui ne peuvent plus rien face à ce modèle économique destructeur du lien social groupal. La force de Joël Pommerat est d’offrir un bel espace à l’expression de cette souffrance tout en suggérant, par sa mise en mouvement des mots et des corps, que nous pourrions imaginer un autre futur en nous appuyant sur le collectif comme force transcendante. Il positionne constamment le spectateur dans un dedans – dehors troublant, entre introspection, interpellation, mise à distance, dans un mouvement perpétuel entre le «moi» et le «nous», propice pour inventer nos utopies.
«Je tremble (1)» est la magnifique fresque d’un homme profondément à notre écoute. Joël Pommerat est un clinicien du sociétal, un peintre impressionniste d’une société déprimée.
Mais «Je tremble (2)» casse ce bel équilibre entre le «nous» et le «je». L’animateur du cabaret devient central et nous propose sa descente aux enfers, dans les entrailles du «mal». À partir de cette métaphore, Joël Pommerat met en lumières ses représentations du «mal» mais on finit par se perdre dans une confusion des niveaux logiques. Entre la scène du tribunal où les témoins sont corrompus, les petits meurtres entre amis, la mutilation du corps des femmes par soumission au désir des hommes, les trahisons dans le couple, le spectateur ne sait plus comment relier ces instantanés. Joël Pommerat met au même niveau des scènes du réel, d’autres plus symboliques où il questionne les paradigmes dominants. Mais on cherche la cohérence de l’ensemble. Le texte se désincarne, ne dit rien de bien nouveau comme si l’auteur et le metteur en scène n’étaient plus en lien, comme si le réel n’était plus transcendé. Joël Pommerat répète son propos en tentant de conceptualiser ce qu’il positionnait  auparavant sur un terrain beaucoup plus «résonnant». «Je tremble (2)» se refroidit sans qu’une pensée émergente puisse nous stimuler.
Comme beaucoup d’artistes, Joël Pommerat bute lui aussi à dessiner les contours d’une nouvelle société, d’un nouveau monde. Il semble tourner en rond et je me surprends à m’ennuyer.
«Je tremble (1)» se suffisait à lui-même. Le (2) n’est qu’un tremblement, là ou j’attendais la secousse.

Pascal Bély. www.festivalier.net

Je tremble” (1) et (2) de Joël Pommerat a été joué le 24 juillet 2008 au Festival d’Avignon.

 

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FESTIVAL D'AVIGNON

Le Cinéma Paradiso de Johanne Saunier et Jim Clayburg tombe en panne.

Je l’ai rêvé. Le Festival d’Avignon l’a fait.  Avec “Erase-E (X) parts 1,2,3,4,5,6“, un collectif d’artistes s’empare de la danse, du cinéma, du théâtre où chacun avec son puzzle crée une fresque dont les éléments s’assemblent sans s’additionner (“effacer n’est pas supprimer, mais reprendre, transfigurer” nous précise la note d’intention). Le regard du spectateur évolue, alors que ses neurones, trop longtemps enfermés dans des cases, se déploient pour plonger dans une troisième dimension.

Ce pari un peu fou a pour chef de file Johanne Saunier et Jim Cayburgh suivi d’Anne Teresa De Keersmaeker, Isabella Soupart, Kurt d’Haeseleer, Georges Aperghis. Avec en prime, le Wooster Group issu de la scène New-Yorkaise. Deux heures de danse, avec des tableaux inoubliables même si le tout perd de sa puissance dès la cinquième partie pour sombrer dans un vide sidéral.

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Pourtant, les premières séquences sont prometteuses. Anne Teresa de Keersmaeker et le Wooster Group nous offrent trois moments d’une beauté saisissante où la danse s’entremêle avec la bande originale du « Mépris » de Godard pour finir par se fondre dans des percussions indiennes. Johanne Saunier est sublime dans sa vulnérabilité où bardée de capteurs, elle doit s’en émanciper pour s’approcher d’une lumière libératrice. Ce maillage entre chorégraphes me propulse au cinéma lorsqu’apparaît dans mon imaginaire Hafsia Herzi lors d’une scène mémorable de « La graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche. Gagné moi aussi par la reliance, je me sens tomber dans cette toile où s’entremêle féminisme, sensualité et fragilité. Je plane, car je surplombe le cinéma d’hier et d’aujourd’hui. En se métissant, la danse d’Anne Teresa De Keersmaeker se déploie dans un réseau imaginaire planétaire. Sublime.
C’est alors que la chorégraphe Isabella Soupart sème sa (mauvaise) graine. Elle nous impose sa chorégraphie (genoux à terre, comme d’habitude…c’est quasiment le recyclage de son spectacle de l’an dernier présenté à Bruxelles!), son acteur et ses lunettes noires de commercial ès globalisation (Charles François). Johanne s’efface presque, écrasée par le dispositif comme si la télévision prenait les commandes. C’est une rupture de sens que les parties suivantes auront bien du mal à rattraper. J’ai le sentiment étrange d’assister à une prise de pouvoir. C’est violent et les rires du public me désarçonnent.
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Il faut tout le génie de Kurt d’Haeseleer pour renouer le fil, sortir de ce cauchemar. D’Isabella Soupart, il retient l’effroyable mécanique métaphorisée par un robot qui filme en hauteur Johanne Saunier, perruque blonde, et drap de bain autour de la taille. L’univers de David Lycnh dans son chef d’oeuvre « Mulholland Drive » (souvenez-vous…« Silenzio »,« Silenzio » !) est magnifiquement restitué et j’entre dans l’inconscient de Brigitte Bardot qui lutte avec la machine. Comme chez Lynch, nous voilà invités à regarder la danse à plusieurs niveaux (un écran vidéo surplombe la scène pour reconstituer l’image du rapport de force vu du robot). Entre inconscient et réel, je lâche, je me perds, je ne sais plus où je suis. C’est hypnotisant, envoûtant. Pendant qu’elle combat, la danse d’Anne Térésa de Keersmaeker la protège.
Sublime.
Tout aurait pu s’arrêter là.
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Les 5e et 6e parties font éclater le maillage. Loin de se fondre dans cette danse multidimensionnelle, Georges Aperghis (fondateur du théâtre musical) complique plus qu’il ne tisse. Elles sont maintenant trois sur scène et j’entends quatre voix. Une langue imaginaire se déploie à mesure qu’elles dansent, mais je n’écoute plus comme si les corps étaient des cases au service d’une rationalité ennuyeuse. J’ai perdu Bardot, Lynch, l’Inde…Qui sont-elles ? La dernière partie de Johanne Saunier tourne à vide. “Erase – E (X)” devient alors un concept dont elle ne sait plus quoi faire. Sa chorégraphie finale écrase le sens où la forme (créer un maillage) ne suscite plus l’émotion, mais la condamne dans un schéma qui se rationalise petit à petit.
Après la cinquième partie, il aurait fallu imaginer revenir à la première, comme une rétroaction positive, seule capable de remettre du sens.

Brigitte Bardot et David Lynch n’y auraient vu que du feu.

Pascal Bély
www.festivalier.net

  ERASE-E (X) parts 1,2,3,4,5,6, de Johanne Saunier et de Jim Clayburg a été joué le 21 mars 2008 au Théâtre de Cavaillon et au Festival d’Avignon les 23, 25 et 26 juillet 2008.

 

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LES EXPOSITIONS

Aux Rencontres Photographiques d’Arles, Christian Lacroix et ses invités.

Quittons un instant Avignon…Cap sur les Rencontres de la Photo en Arles où Diane Fonsegrive nous communique ses impressions. Clic – Clac. 

Qui n’a pas songé un jour, au détour d’une folie du futile, tomber dans la mode? Du chiffon, des accessoires, de jolies personnes, du glamour, surtout du glamour. Et si l’image, si brillante d’une fausse réalité, était tout simplement un monde réfléchi et construit, qui nous initie cette année en Arles à la création d’un univers, sous un oeil maîtrisé, celui d’un certain Christian Lacroix. Enfant d’Arles, c’est aussi dans l’histoire de cette ville et de ses coutumes de vie des deux derniers siècles, que Christian Lacroix a voulu nous introniser à son univers. Il semblait nous dire “pour me comprendre, comprenez Arles“. Alors, à vous paroles d’archives d’Arlésiens, visions de Lucien Clergue et de Frédéric Georges (1863-1933). Racontez-vous !
Bienvenue au coeur de l’intime qui nourrit l’acte créatif, celui qui construit l’artiste. Visitons Christian Lacroix.

Laissons battre le coeur : Alain-Charles Beau.
Des clichés sombres en noir et blanc, classiques par leur esthétisme qui tente de nous introduire sans trop en dire dans le quotidien de travail de Christian Lacroix. Les collages muraux, le détail du bibelot qui enrichit la pensée, et le résultat. La robe, le décolleté, le modèle. L’homme a donné de lui. Et, j’ai fermé les yeux pour mieux me laisser transpercer par la bande de bruits de l’atelier Christian Lacroix. Qui es-tu ? Je t’entends et je te dessine maintenant.

Cloître Saint Trophisme: Richard Avedon, Katarina Jebb, Jerome Puch.

Respirons à pleins poumons. Nous croisons tour à tour Richard Avedon, avec la scandaleuse fable « En souvenir des regrettés Mr. et Mrs Confort » qui signa son génie en 1995, dans un portofolio publié dans le New-Yorker. On se retrouve tous en regard d’un des clichés dans notre inconscient collectif instruit du monde de l’image où nous sommes tous issus. On souffre, mais on adore.
Auscultons le corps. On se détend avec les polaroïds de Jérôme Puch, plaqués sur ce cube noir imposant, qui nous offre un formidable catalogue de la mimique de la photo festive. Au premier regard, on sourit, au deuxième on remarque l’ordre des photos. L’attitude est classée par comportement corporel. Au troisième, on est prisonnier des détails qui dévoilent les personnalités. Le polaroïd témoignerait-il donc du temps fuyant des défilés de haute couture ? Divertissant.

Fermons les yeux : Katarina Jebb.
Grands formats couleur rectangulaires verticaux
Si le propos lugubre, au travers de l’icône religieuse sacralisant la mode, est intéressant, j’ai été déçue de la mise en valeur des oeuvres avec un éclairage tout de même pauvre et un espace d’exposition à moitié vide. A mon sens, une lumière pieuse, tel le soleil en voile direct aurait sublimé le travail sur couleur.

Église des frères prêcheurs: Peter Lindbergh.
L’Eglise des frères prêcheurs est un site arlésien que j’affectionne particulièrement pour les expositions photographiques. Allez comprendre la résonnance du silence, ad repetitam, sur chaque cliché. La lumière grisée si blanche d’un lieu de recueillement. Et, cette année, Peter Lindberg en Dieu païen de la mode, chassé des pages étriquées de magazine pour dompter la pierre par ces regards qui vous avalent, par leur format gigantesque. Noir et blanc. Ces visages surdimensionnés qui scrutent. Ces gens, ces choses, criant leurs personnalités, surplombent nos existences, là, le temps de notre vision. Je suis dans le reflet du cliché et ne vois que ces yeux qui regardent l’abstrait d’ici. Je suis petite et tellement grande, forte de la justesse de la mise en espace. J’adore.

Diane Fonsegrive – www.festivalier.net

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FESTIVAL D'AVIGNON PAS CONTENT

Emio Greco fait le spectacle. A côté.

La danse au Festival d’Avignon serait-elle condamnée? Après le consensuel Jan Fabre, le spectaculaire «Sutra» de Sidi Larbi Cherkaoui, voici Emio Greco et son «(purgatorio) POPOPERA», oeuvre dont je cherche encore l’articulation avec le projet des Directeurs du Festival d’Avignon : « solliciter l’intelligence du spectateur…respecter sa liberté de regard face aux spectacles…résister aux tentations de simplification qui nous entourent ». La danse n’aura donc pas cet honneur de me rendre moins réducteur.
Et pourtant. Ils sont beaux ces six danseurs dans ce purgatoire à se tenir groupé ainsi. Une superbe énergie, une danse impeccable dans l’ampleur des mouvements. Le rythme est entraînant et l’on basculerait presque sur sa chaise pour les accompagner vers le paradis. La musique de Michael Gordon ne démérite pas avec un son de guitare à la fois strident et mélodieux. On est tout autant attiré par cette belle mise en espace qui voit circuler en fond de scène une étrange dame brune puis blonde. L’image pourrait paraître idyllique, mais le purgatoire est aussi pavé de mauvaises intentions…
Les danseurs sont aussi guitaristes. Pour quoi ? Pour faire corps avec l’instrument ? Sauf que la guitare l’encercle. Elle danserait presque à sa place et l’ensemble patine sur ce sol si bien lustré. On quitte le purgatoire pour s’approcher tout doucement vers une danse «spectaculaire» dont le propos m’échappe. « POPOPERA » ne stimule en aucun cas mon intelligence : au mieux, elle l’endort par une esthétique irréprochable ; au pire, elle l’empêche de se déployer par une chorégraphie qui ne connaît que la diagonale sur scène et répète inlassablement les mêmes mouvements collectifs.
Le Festival d’Avignon a toujours positionné la danse comme un art porteur de sens, qui préfigure bien souvent l’évolution scénographique à venir dans le théâtre.
Cette année, elle ne précède plus.
Faute de nous éclairer, elle court après la mode.Pascal Bély – www.festivalier.net

“(purgatorio) POPOPERA” d’Emio Greco et Pieter C.Scholten a été joué le 20 juillet 2008 dans le cadre du Festival d’Avignon

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L’imposture Superamas.

Le collectif Franco-Viennois Superamas salue de loin le public et balance une vidéo comme générique final d’«Empire (Art et Politics)“. Les spectateurs bougent à peine, passifs. Il ne manque plus que les popcorns ou la part de pizza, c’est selon les goûts, pour se croire devant la télévision. Vision terrible d’une absence totale de réactivité face à une proposition présentée comme subversive alors qu’elle n’est qu’un enfilage de fausses perles disponibles au rayon bobo du BHV. Il me revient d’expliquer cette métaphore, seul refuge pour le blogueur de donner un peu de sens à sa posture de spectateur engagé, afin de dénoncer cette vision misérabiliste du théâtre.
L’idée de départ est séduisante et répond à un besoin de politique dans le spectacle vivant : comment se fabrique et se propage un empire? En reconstituant une bataille Napoléonienne (celle d’Aspern qui fit 40 000 morts pour rien, Français et Autrichiens revendiquant chacun la victoire) comme un vulgaire son et lumière, Superamas joue déjà avec les limites : ce n’est qu’un tournage de film. Je suis soulagé face à tant de médiocrité théâtrale. Les professionnels du cinéma apprécieront !
Mais ce n’est pas tout…L’ensemble des comédiens (dont le producteur de Superamas) est invité à fêter la fin du tournage chez l’ambassadeur de France (genre publicité pour les chocolats Ferrero Roche d’or). Les dialogues volent bas : nous sommes au coeur de la Sarkozie ! Le milieu culturel n’est pas épargné, de même que les professionnels de l’humanitaire. On sourit, mais la piètre qualité artistique du projet laisse perplexe. Pour en rajouter dans la subversivité, on nous impose un (long) film sur une expédition de Superamas en Afghanistan afin de rencontrer une cinéaste iranienne immergée dans la guerre.
On finit donc par se perdre dans ce dédale même si l’on comprend l’intention : la société du divertissement, alliée aux humanitaires médiatiques et aux professionnels de la culture asservis au pouvoir politique,  créée un empire d’une violence inouïe, générateur de guerres et de génocides. Soit. On peut adhérer au propos. Mais cela suffit-il à faire une oeuvre de théâtre ? Les moyens dont semblent disposer Superamas, la faiblesse esthétique de leur proposition, les positionnent au c?ur de cet empire. Il se dégage de l’ensemble une suffisance d’une gauche bien pensante. Pris à leur propre piège, il ne leur reste plus qu’à s’éclipser  une fois les lumières allumées pour éviter d’affronter un public de théâtre. Cette position obscène devrait suffire pour que le Festival d’Avignon cesse cette gabegie. Présents déjà l’an dernier avec « Big 3rd épisode » Superamas avait refroidi le public.
Guy, auteur du blog «
Un soir ou un autre » écrivait alors pour commenter mon article :
« Imiter ne suffit pas pour dépasser la sottise du modèle, manque la distance et autre chose de plus indéfinissable »
Superamas ne connaît que ce qui est défini. C’est leur façon de prendre le pouvoir sur le public et d’écraser l’utopie.
L’empire Superamas vacillerait-il ?

Pascal Bély
www.festivalier.net

“Empire (Art et politics)” de Superamas a été joué le 20 juillet 2008 dans le cadre du Festival d’Avignon.