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Gilles Jobin déménage pour Danse à Aix.

Je dois vous faire une confidence?J'ai fugué?Je ne suis pas allé voir le « Cosi Fan Tutte » de Mozart mis en scène par Patrice Chéreau au Festival d'Art Lyrique d'Aix en Provence. Les critiques sont tellement mauvaises. Je n'ai plus l'énergie pour suivre trois heures d'un opéra rendu triste par Chéreau. J'ai donc voulu vendre ma place?à 50 euros !! Et là, j'ai provoqué une émeute dans la longue file des spectateurs en attente d'un billet?Que des petits bourgeois en manque d'Opéra (c'était caricatural?Ils m'ont sauté dessus comme des bêtes affamées !). Une dame m'a balancé 50 euros comme un pourboire sans me regarder?J'ai toujours détesté ce public arrogant et sûrement inculte?Je quitte l'Archevêché pas mécontent de m'installer sur la Place des Cardeurs à déguster un chocolat liégeois avant de retrouver mon petit Suisse au Parc Jourdan dans le cade de « Danse à Aix ». Je sais, la métaphore est un peu facile…
J'ai découvert Gilles Jobin en 2004 au Festival « Montpellier Danse » pour deux créations : « Under Construction » et « Moebius Strip ». Je suis tombé sous le charme de ce chorégraphe helvétique au style si doux et exigeant. Il a cette façon incroyable de jouer avec l'espace et les corps.
En 2005, le voilà donc au Parc Jourdan pour « Steak House ». Le public est très clairsemé et un peu morose pour cette soirée (en plein chassé croisé des vacanciers, cette date est malvenue pour ce grand chorégraphe).

Sur le plateau, un décor d'appartement avec des objets que ni vous, ni moi, n'avons à priori dans notre salon (plutôt au grenier ou dans une chambre d'enfant ; à la rigueur dans une chambre d'étudiant dans le cadre d'ERASMUS). Les danseurs déambulent, s'occupent chacun de leur côté. Une musique moderniste les accompagne pendant dix minutes?Puis un objet tombe?deux?trois?et c'est un véritable vacarme où la danse est en osmose avec les objets et le cadre désordonné de l'appartement. Un érotisme se dégage quand les danseurs adoptent des postures sexuelles ; plus les danseurs bougent, plus l'appartement se transforme?Il m'arrive de ne plus rien repérer?de prendre un objet pour un humain et inversement?Magique?Puis les danseurs déménagent le mobilier pour mieux transformer l'espace scénique. Les couvertures servent à masquer les meubles, puis les danseurs?.Le final est d'une beauté plastique à renverser un festivalier sur sa chaise pourrie du Parc Jourdan : les danseurs se fondent dans le mobilier et l'objet se transforme sous mes yeux éblouis?Le talent de Jobin (qui fait partie de la distribution) est fabuleux quand il s'agit de créer le lien entre le danseur et son environnement. Mais ce talent-là ne suffit pas à provoquer l'enthousiasme du public de « Danse à Aix ». Peut-être qu'il manque un message, un contenu?On serait tenter de voir dans cette pièce une vacuité (« tout ce vacarme pour pas grand-chose »). Je me suis mis à imaginer cet appartement dans un contexte de guerre ou d'attaque chimique?Mais la Suisse est neutre, propre et  protégée !
Je quitte le parc avec un calme olympien?Mes jambes me font souffrir ; signe que l'épuisement me guette après plus d'un mois de spectacles. Je vais me reposer d'ici mardi soir et commencer à mettre mon cerveau en veille (je n'irais quand même pas jusqu'à m'affaler devant une série idiote à la télévision!).
Reste que la vie d'un festivalier est reposante tant l'énergie donnée par les artistes est inépuisable?
Pascal Bély
www.festivalier.net

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Rui Horta avec “Set Up” décoince “Danse à Aix”!

Il est 20h et je me sens tout gai ! Le public se presse pour la première de Rui Horta, « Set up ».
Nous entrons dans une salle en forme de couloir, délimitée par des rideaux de chaque côté, dans une ambiance de house music. Une personne à l’entrée nous colle une étiquette avec un prénom (je m’appelle dorénavant Philippe !) Quelques personnes commencent à danser et je sens mon corps bouger…quand tout à coup…je reconnais Christiane, le mentor de mes débuts professionnels. Je suis très heureux de la voir et elle semble ravie de cette ambiance complètement décalée pour un spectacle de danse !! Le rideau gauche se lève et nous sommes tous déboussolés pour nous asseoir…Certains sont complètement désorientés  pendant que d’autres sont confortablement assis ! Le rideau droit se lève et le public se fait face avec la scène au milieu. J’aime beaucoup se dispositif scénique que vous pouvez voir sur le site internet de la compagnie, http://www.oespacodotempo.pt/setup/ (magnifique design !) « Je cherche en quoi la distance ou la proximité de l’autre changent nos propres visions du monde…J’ai pensé à un espace de géométrie variable, un laboratoire… un endroit où je puisse moduler la distance entre les acteurs-danseurs et entre eux-mêmes et le public – simplement un « set-up »-, un non-lieu, un espace à habiter, à contaminer, à réinventer. J’aime particulièrement l’idée de ce public dans une situation à laquelle il n’est pas préparé… Quelles sont nos limites ? Les limites de l’éthique elle-même ?… Pourquoi veut-on partir ? Qu’est-ce qui nous amène à rester ? Comme dans un dîner chez un couple d’amis où, soudain, on se trouve mêlé à une violente discussion, voire une séparation. Setup, c’est justement ce lieu, le lieu où tout peut arriver et où tout peut être changé sans préavis ». (Rui Horta) »
Comment raconter le bonheur que me procure cette création ? Trois danseurs jouent  avec le public en tirant les rideaux (quand une partie voit et s’amuse, l’autre est plongée dans le noir et devine les formes à travers le tissu !) Ces trois hommes s’aiment avec une violence inouïe ; ils se battent, manipulent le public pour leur propre intérêt, forment des alliances, des coalitions. La mise en scène est fabuleuse alternant les situations cocasses aux scènes tragiques. Qui ne se reconnaît pas dans leurs comportements, lorsqu’il s’agit pour chacun d’entre eux d’exister au sein d’un groupe. Toute la question complexe de l’identité est posée au public ! Qui sommes nous avec ce nouveau prénom ? Comment nous positionner dans un espace qui bouge sans arrêt ? Qui sommes nous quand nous perdons le jeu du spectacle ? Rui Horta est un orfèvre de la  mise en scène pour conduire ses danseurs (tous magnifiques) et le public sur le terrain miné de l’identité. La vidéo diffusée à la fin est tout simplement magnifique et le public applaudit chaleureusement la performance!
Christiane a aimé ; moi aussi…Nous sommes d’accord pour trouver que les « petits » pays européens (Pologne, Portugal, Belgique…) sont décidément très créatifs en cet été 2005 !

A lire sur le même sujet: le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".

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Michel Kéléménis, magnifique géomètre à “Danse à Aix”

 

Il y a des soirées qui marquent un festivalier. On n’en ressort pas tout à fait pareil ; on se sent beau, ouvert, ému, moins seul et heureux de ce lien unique avec les artistes.

Je quitte Aix en Provence pour le château de Trets à 25 km. Comme toujours dans ces circonstances, j’ai  peur de ne pas trouver ma route. Arrivé sur les lieux, je découvre que les chaises sont posées à même le sol. Il y a de fortes chances pour que je ne voie pas grand chose et je m’amuse de cette situation…je suis sur le côté et j’apperçois la scène de biais. Cette position me donnera par la suite une vision extraordinaire du spectacle de Michel Kelemenis, « Aphorismes géométriques » :
« Quatre femmes qui se présentent en solo sur une musique résolument contemporaine et expérimentales, une ambiance très urbaine et presque futuriste… Avec Aphorismes géométriques le chorégraphe marseillais Michel Kelemenis présente des femmes comme des personnages de sciences fictions… ; Regards effarés, gestes électriques et élégants, une pièce très abstraite qui se lit avec la musique (chaque morceau est d’un compositeur différent) du Centre national de création musicale. Les danseuses Rachel Bénitah, Caroline Blanc, Marianne Descamps, Claudine Zimmer sont des icônes des tempes modernes. »
Il me faut bien 20 minutes pour rentrer dans l’univers si particulier de Keleménis. Petit à petit, je suis complètement happé par ces portraits de femmes  (après les trois hommes de Rui Horta, la parité est presque parfaite). Les gestes sont incroyablement précis, gracieux…Je découvre des postures inédites et le dernier tableau, lorsque les quatre femmes dansent ensemble, est tout simplement MAGIQUE. J’ai des frissons partout, l’émotion monte et je reste figé par tant de beauté. Je remercie Marseille d’avoir en son sein un si beau chorégraphe. Il est vraiment dans le champ de la « danse fondamentale » au même titre que les chercheurs en physique des particules ! Kélémenis est un homme précieux qu’il convient de soutenir….Son travail est unique au monde.
Il est minuit quand je quitte le Château de Trets (je n’ose pas rester au pince fesses organisé par la Mairie…). Je préfère rester en état d’apesanteur…Je mets France Musiques dans la voiture et là…miracle ! Je suis en direct de la Roque d’Anthéron où se joue un concert de l’ Orchestre Symphonique de Flandre avec Martha Argerich au piano, Renaud Capuçon au violon et Gautier Capuçon au violoncelle. C’est tout simplement magnifique ! Je m’imagine les quatre danseuses de Kéléménis accompagner cet orchestre!! Voilà une idée pour l’édition 2006…

 


Il est 1h du matin…Je n’arrive pas à dormir…Bernard Menaut, Rui Horta vus cet après-midi et Michel Kéléménis se bousculent dans ma tête (cela fait quand même du monde !). A eux  trois, ils m’ont donné de belles géométries dans ce monde que certains voudraient si carré…

A lire sur le même sujet:
le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".
Michel Kelemenis, choregraphe essentiel.

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Bernard Menaut assure la sécurité de « Danse à Aix ».

Il est 19h40 quand j’arpente la rue qui me mène à la Cité du Livre pour le spectacle du chorégraphe portugais Rui Horta quand tout à coup…un homme en costume revêtu d’un gilet orange fluo organise la circulation…Je reconnais Bernard Menaut et ses nouvelles « Perturbations chorégraphiques »!! Je suis d’autant plus surpris qu’il n’est pas prévu au programme de « Danse à Aix »

 

 Il a installé de chaque côté du trottoir des feux pour piétons et un dos d’âne pour ralentir les automobilistes…Comme d’habitude, le miracle se produit … Il danse sur le tarmac, monte sur les poteaux, joue avec le matériel urbain, communique par des gestes…d’autorité artistique ( !!) ; les automobilistes font des têtes incroyables sorties tout droit d’un film de Tati !! Je ris, je suis ému par tant de créativité…Bernard Menaut est un poète et merci à « Danse à Aix » de l’avoir de nouveau mis sur ma route…

A lire sur le même sujet: le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".

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William Petit et le « désordre » européen à « Danse à Aix ».

L’idée est séduisante : comment danser le « Désordre » ? (Titre de la pièce de William Petit, chorégraphe installé à Toulon). La plaquette de « Danse à Aix » me donne envie : « L’art de William Petit est fragmenté, heurté, il secoue. C’est un art de mises en relation, de confrontation. Très ouvert… ». Et pour finir de me convaincre TOTALEMENT : William Petit s’associe au Teatr Tanca de Poznan, une des structures de danse les plus courue de Pologne. L’Europe s’invite donc au Festival et je me prépare pour être bousculé (l’habitude d’Avignon, sans doute…)

Il est 22h et je m’assoie…sur une chaise cassée et sale…Décidément, je n’ai pas de chance. Je suis dans la même situation que le spectacle de l’avant-veille. Comment un festival de cette renommé peut-il offrir de telles conditions de confort aux spectateurs ? Le Directeur du Festival apparaît sur scène (il y prend goût manifestement) pour nous présenter le programme de la veille, du lendemain, du sur lendemain. Bref, il attire le chaland comme un VRP ! Ce positionnement a le don de m’agacer car ce n’est pas, me semble-t-il, ce que l’on peut attendre d’un responsable culturel, encore moins dans le cadre d’un Festival…Ce Directeur semble apparemment vouloir exister entre Angelin Preljocaj à Aix et le Festival de Marseille !

Que dire de la pièce de William Petit ? Manifestement, ce garçon a du talent pour mettre en valeur les duos, les solos et pour jouer avec l’espace (l’armature « industrielle » sur le plateau est réussie). Par contre, dès qu’il s’aventure sur les collectifs, la danse se fait approximative, répétitive (n’est pas Josette Baïz qui veut !!). Concernant le message, l’idée du « désordre » chez Petit est tout de même assez…brouillonne. Des passages sonores sur la campagne référendaire en France sont plutôt bienvenus mais à aucun moment Petit ne s’en sert pour appuyer son message chorégraphique. Le non au « non » mimé par les danseurs clôt le spectacle là où il aurait pu le commencer ! Au final, mon cœur a très peu palpité, mon dos est cassé (!!)…et je quitte le Parc Jourdan déçu, attentant la révélation…

Finalement, le festivalier fait un peu désordre dans le consensus « mou » qui semble s’abattre sur le public de « Danse à Aix »
A lire sur le même sujet: le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".

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Thierry Bae crée une association inquiétante à Danse à Aix

Avant la prestation de Nathalie Pernette mardi soir,  le Directeur de « Danse à Aix », Patrice Poyet, nous invitait à venir nombreux le lendemain assister au spectacle de Thierry Baë…La démarche pouvait paraître étrange…En fait, il faisait la publicité de son propre spectacle…

 

Il est 19h30 et je me dirige vers le Centre Hospitalier de Montperrin où se produit Thierry Baë pour « Journal d’inquiétude ». J’ai du mal à quitter complètement le Festival d’Avignon. Je ne sors pas indemne de 15 jours de spectacles (je prépare d’ailleurs un écrit à ce sujet) et je me sens fatigué. Arrivé sur le lieu, je ne reconnais pas grand monde mais je trouve tout de même l’occasion d’échanger avec une « festivalière » sur quelques chorégraphes. Ces liens impromptus font du bien; ils m’obligent à échanger sur ma passion du spectacle vivant.

Thierry Baë arrive sur scène ; c’est un homme de 46 ans au beau parcours de danseur (je l’avais remarqué dans « Les Philosophes » de Joseph Nadj en Avignon il y a quelques années). Il a un micro caché dans les cheveux (décidément, les artistes y succombent tous…). Sa voix dicte les mouvements de danse. L’exercice dure (péniblement…) vingt minutes. On saura plus tard qu’il est atteint d’une maladie pulmonaire qui l’empêche de faire de gros efforts.
Un film est projeté par la suite durant 30 minutes (décidément, beaucoup d’artistes succombent à la vidéo cet été !). Outre que l’intérêt artistique laisse à désirer, j’assiste médusé  au processus de création de l’œuvre présentée ce soir ! Tout commence par une rencontre avec Patrice Poyet, Directeur du Festival « Danse à Aix », à qui Baë promet la présence de Mathilde Monnier et de Joseph Nadj dans son prochain spectacle ! Poyet n’en revient pas (l’audimat est assuré!), prêt à signer le contrat. Il s’ensuit  des rencontres ratées avec Nadj, Monnier et d’autres danseurs. C’est le film d’un naufrage annoncé; je me demande si l’on n’est pas tout simplement en train de se moquer de moi (décidément, c’est une posture très en vogue en cet été 2005…Cf. quelques spectacles du Festival d’Avignon). A la fin de la projection du film, nous voyons apparaître sur scène le magnifique Joseph Nadj qui reproduit, sous les indications de Baë, la chorégraphie du départ, la grâce et le talent en plus. Malaise, vous avez dit malaise…J’assiste en direct au suicide professionnel de Baë!
Résumons…Voilà un spectacle chorégraphique où l’on m’impose 30 minutes de film ; où le directeur du Festival est un des acteurs principaux ; où un danseur en fin de carrière se fait voler la vedette par son mentor, valeur sûre pour tout programmateur de Festival (d’ailleurs Nadj sera lui même directeur associé de la prochaine édition du Festival d’Avignon en 2006…La boucle est bouclée).
Il aurait été sûrement plus risqué pour Baë de transmettre à un jeune danseur ; d’éviter dans la dernière partie d’accompagner le geste à la parole (ou inversement!); de nous montrer à travers la danse un processus de création  (et non à partir d’un film). Bref, de proposer une œuvre artistique. Au lieu de cela, j’ai l’étrange sensation de connivence, d’un monde fermé qui se regarde fonctionner (le monde impitoyable de la danse!). Quant au spectateur, il regarde ce joli petit monde avec dépit  et amusement en attendant des jours meilleurs. Décidément, l’édition 2005 de « Danse à Aix » se fait attendre…
Il est 21H30 ; je quitte l’Hôpital de Montperrin un peu déboussolé…Je n’ai pas pu échanger avec ma connaissance « festivalière ». J’ai perdu le lien…


Date à venir:

19 janvier 2006 à Rennes

25 et 26 février à Noisiel.

17 mars à Chalon-sur-Saône.

19 et 20 mai à Strasbourg.


A lire sur le même sujet: le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".

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Robyn Orlin, Vera Mantero ouvrent “Danse à Aix”.

Le Festival d’Avignon n’est pas fini et “Danse à Aix” commence…Mon amie Peggy est donc l’envoyée spéciale du Tadorne pour nous faire le compte-rendu du spectacle de Robyn Orlin et Vera Mantero! Merci à elle!!

Un signe de plus qui me dit: «  ma poulette, tu DOIS aller en Afrique du sud! ».
Robyn Orlin, chorégraphe d'Afrique du sud, s'associe pour le festival de danse à Aix à la chorégraphe portugaise Vera Mantero, pour un spectacle non spectacle, une création originale et réussie.
“Danse à Aix” nous avait conduit ce soir là à l'hôpital psychiatrique de Montperrin au 3 bis f, un lieu de pratiques artistiques contemporaines installé dans le complexe hospitalier. Sans chercher à promouvoir l'art-thérapie, ce centre vise à mettre en relation patients, personnels, créateurs et amateurs d'art. Nous voici donc à Montperrin, il est 22h, les allées du parc sont désertes, nous nous apprêtons à pénétrer au 3 bis f. Je dois bien admettre que l'endroit génère en moi une petite appréhension, sans doute normale pour l'ancienne étudiante en droit que je suis et qui durant sa première année entendais parfois des cris provenant de cet hôpital, mitoyen de la fac de droit.
Bref, nous rentrons dans le petit pavillon de
3bis f et marchons le long d'un couloir assez étroit où d'anciennes cellules acceuillent une exposition. Dans un coin, Vera est assise, un chignon au milieu du crâne, une robe noire à grand col « boué » et aux aiguilles à tricoter encore enfilées. Elle est encadrée par deux petites pancartes où le titre de la création est écrit en anglais puis en français. « Hey dude…I have talent…I'm just waiting for god… ». « Hey mec, j'ai du talent, je suis juste entrain d'attendre dieu… ». Trois petites web cam'filment Vera et ses deux pancartes. Bonne entrée en matière. Vera surprend le spectateur qui ne la connaît pas encore. J'admets pour ma part avoir eu une petite crainte en la croisant comme ça, l'air hagard et désoeuvré, arpès tout qui me dit que les patients dorment tous à poing fermés ce soir là.
Nous entrons dans la salle, nous sommes une 20aine de spectateurs. Elle arrive, phénoménale, en traînant ses trois caméras sa pelote de laine ainsi que les aiguilles de sa robe non finies, et nous explique que bon, elle comprend rien à ce que Robyn a voulu lui faire faire, il y avait bien le thème du Portugal dans cette création mais bon franchement elle n'en voit pas l'intérêt, et puis le noir aussi, et puis un peu de ci et un peu de ça…c'est bien ça, cette création et une non création au cours de laquelle Vera Mantero exécute certains morceaux de ce que devait être le spectacle tout en nous expliquant avec humour qu'elle n'a rien compris à tout ça. Sa désinvolture nous fait rire, elle se tortille dans sa robe, nous envoûte par ses chants, vient fouiller nos sacs, et devient caméléon au couleur du Portugal. Que de beaux moments! Son corps bouge l'espace de quelques instants, le temps de changer son accoutrement du noir, au vert, et enfin au rouge. Trop peu de danse bien sûr. Mais comment lui en vouloir tant elle nous a fait passer un bon moment!
Celle a qui j'en veux un peu, c'est Robyn Orlin, la chorégraphe absente et pourtant omniprésente aussi bien dans cette création que dans le film qui nous est projeté après le spectacle. Ses interprètes n'ont de cesse de l'interpeler, sans que nous spectateurs ne puissions la voir. Mais qu'elle vienne bon sang! J'ai bien compris que Robyn Orlin voulait nous faire réfléchir sur la relation entre le créateur et son disciple interprète, mais c'est un peu trop et je me demande si la première création ne doit pas plus son mérite à la verve de Vera Mantero qu'au talent de Robyn.

A lire aussi l’article de JD sur le site “Images de danse” et sur “Clochettes“.

Vous avez vu ce spectacle? Nous vous invitons à participer au palmarès du blog Scènes 2.0 en votant ici!
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Nathalie Pernette vulgarise la danse contemporaine…à Danse à Aix

 

Après le choc d’Avignon, il fallait oser voir « Flûte ! » de la « chorégraphe » Nathalie Pernette à Aix en Provence.

Danser une parodie de « La Flûte enchantée" de Mozart  avec des danseurs de Hip – Hop accompagnés d’un ensemble de « musiciens classiques » (le groupe Télémaque) s’essayant au sample,  est un pari risqué…que Nathalie Pernette relève avec…vulgarité ! Mise en scène affligeante, chorégraphie pauvre et approximative, multiplication des tableaux pour donner un effet zapping tendance. Les gags deviennent grotesques lorsque se croisent la musique classique et le Hip – Hop (comme s’il suffisait de relier des contraires pour que cela prenne sens!).

 La bible du spectacle confirme mon propos : «  La passion des brassages est aujourd’hui la plus efficace des clés du succès…Mais il est peut-être déjà temps d’en questionner le sens ». Il fallait quand même oser: une critique du spectacle au sein même de sa promotion!

En 1999, « Danse à Aix » invitait Joseph Nadj, Daniel Larrieu, Nacho Duato…Je garde espoir pour la suite de l’édition 2005 au regard de la prestation de ce soir, vide de sens mais si « populaire » (à lire la présentation complète du spectacle sur le site de "Danse à Aix"…http://www.aix-en-provence.com/danse-a-aix/festival/perlay.htm)

A lire sur le même sujet: le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".

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Jean Lambert – Wild m’enferme dans le loft du Festival d’Avignon!

 

 

Avant de quitter la 59ème édition du Festival d’Avignon, je me dois de revenir au Cloître Saint Louis pour revoir la performance de Jean Lambert ? WildMy story is not a loft») résumée ainsi :
«Jean Lambert-wild est enfermé dans un cercueil de verre. Sanglé sur un lit, entouré de peluches, alimenté par intraveineuse, il fait face à une télévision transmettant 326 chaînes. Un monnayeur permet à un spectateur, pour la somme de 1 euro, de zapper les chaînes de la télévision, chaque changement envoyant à l'acteur une légère décharge électrique qui l'oblige à suivre le programme. Ainsi, le spectateur est renvoyé au rapport d'inertie violente qu'il entretient à l'image et qui, aujourd'hui, construit sa représentation du monde.»
La veille, j'avais assisté à la performance en compagnie de mes amis; j'avais à trois reprises changé de chaînes de télévision avec un certain plaisir?Mes amis n'ont pas tardé à me faire remarquer mon geste sadique. J'y voyais une ?uvre artistique là où ils ne percevaient que violence gratuite et imposture. C'est donc seul, au c?ur de la nuit, que je rend visite à «l'imposteur» ; ARTE est toujours là pour filmer les réactions des spectateurs. Je refuse de mettre un euro, laissant cette tâche à d'autres?J'observe, j'essaye de comprendre. Je fais part de mon désarroi face à cette ?uvre métaphorique du projet artistique du festival. ARTE filme quand soudain un spectateur m'agresse en me bombardant de questions fumeuses. ARTE n'intervient pas et continue de filmer. Je suis très mal à l'aise et me voilà, comme Lambert ? Wild, enfermé dans un jeu télévisuel à la fois jouissif et effrayant. 
Je quitte le Cloître Saint ? Louis quelque peu disqualifié?.
Pascal Bély – Le Tadorne.

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Le Roi du plagiat de Jan Fabre, bis répétita.

Drôle de fin ; drôle d’ambiance à 18h30 devant le Théâtre Municipal pour l’un de mes derniers rendez-vous avec le Festival. Certains spectateurs tentent (vainement) de vendre leur place pour « Le Roi du plagiat » de Jan Fabre. L’ambiance  à l’intérieur du théâtre est franchement morose et je ne me sens pas très à l’aise. J’ai l’impression que le public est abandonné ! C’est très étrange comme sensation…cela s’explique en partie par les violentes polémiques entre la Direction, les acteurs culturels et les journalistes sur le projet du festival ; débat auquel le public ne participe pas, me semble-t-il…

Je n’aurais pas du voir cette pièce. « L’empereur de la perte » suffisait à mon bonheur. En voulant nous présenter une diptyque, Jan Fabre se répète et se plagie…Mêmes effets comiques, même jeu d’acteur, même dialogue avec le public dans la salle… « Le roi du plagiat » n’est qu’une très pale copie de « L’empereur » : texte bâclé, pauvreté de la mise en scène, récit linéaire et fortes hésitations dans le jeu de Dirk Roofhooft. Pourtant l’idée est séduisante : un ange souhaite devenir « un singe bavard ». Seulement Fabre imagine cette transformation d’un point de vue physiologique (qui l’enferme dans des cloisonnements inutiles) alors qu’une métamorphose poétique aurait été la bienvenue pour donner à l’oeuvre de Jan Fabre une image plus consensuelle. Or, le public ressent un malaise quand l’ange refuse de devenir Allemand…Une spectatrice quittera la salle en hurlant « Monsieur, vous vous enfermez dans le populisme ». Malaise…Le public applaudira malgré tout la performance de l’acteur mais le propos est un peu juste pour figurer à l’affiche d’un festival de théâtre…

A lire le bilan du Tadorne sur le festival d’Avignon 2005.