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OEUVRES MAJEURES

La chambre D’Isabella: les retrouvailles d’Avignon 2004

Isabella est donc revenue…Avec Alexander, Franck, Anna, Arthur et les autres.  La magie du spectacle de Jan Lauwers et de la Needcompany reste intacte un an après l’avoir vu au Festival d’Avignon.
L’histoire d’Isabella parle à chacun d’entre nous et c’est le talent de Jan Lauwers que de savoir, avec empathie, créer ce lien magique avec le public. La transdisciplinarité tant décriée en France et un choix artistique majeur pour les flamands! Tous nos sens sont en éveil et comme Isabella, nos deux cerveaux (gauche et droit) sont unis comme rarement ils peuvent l’être au quotidien!

Mais voilà, le Festival de Marseille est capable de limiter la magie… Etait-il normal d’entendre en bruit de fond des musiques venues d’ailleurs (Parc Borely). Comment expliquer la piètre qualité sonore du spectacle? Enfin que dire des applaudissements nourris d’une partie minoritaire du public ? C’est incompréhensible quand on sait le TRIOMPHE qu’a connu ce spectacle en Avignon, à Paris et en Europe.

Après 10 ans, je n’arrive toujours pas à sentir ce public et c’est le point faible de ce festival. Il mériterait de se diversifier et de s’ouvrir à d’autres couches de la population plutôt que de privilégier le public d’entreprise.

Isabella aurait tant de choses à dire à ceux qui pensent encore que le repli sur sa culture et sur soi est la meilleure des stratégies.

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EN COURS DE REFORMATAGE

Anne Teresa de Keersmaeker: la désunion…


Dimanche 2 juillet ; Marseille;  22h…J’ai rendez-vous avec Anne Teresa de Keersmaeker. Cela se voit…D’un pas décidé, j’arpente le parc Henri Fabre, heureux de commencer mon périple festivalier et de retrouver l’univers complexe de cette chorégraphe. Elle  a toujours eu le talent de relier avec humour ce qui s’oppose. J’ai besoin de relliance au moment où la France s’enferme dans les oppositions, où tout semble se cliver si vite.
Soudain, sur le chemin qui me menait vers l’entrée, je rencontre A. (une connaissance professionnelle) et son amie. Elles souhaitent vendre leur place au regard de leur immense déception après la prestation du "Nederlands Dans Theater" . La danse doit être dansée et les passerelles vers la vidéo ont visiblement perturbées mes interlocutrices ! Je décide donc de les dissuader et de faire connaissance avec Anne Teresa de Keersmaeker,  au langage chorégraphique si particulier! Cet aparté avant le spectacle me met dans un drôle d’état d’esprit…Quel est le public de ce festival ? Que vient-il chercher ? Soudain me revient la pièce de Jérôme Bel (« The show must go on ») jouée au théâtre des Salins à Martigues l’hiver dernier. Il avait interrogé, avec brutalité, ce rapport entre le public et les artistes. Mais je m’égare…quoique…
Installé, je me retrouve entouré de personnes qui manifestement se connaissent professionnellement J’apprends, au détour d’une conversation, que leur entreprise est mécène du festival…Je crains le pire….Mais pourquoi viennent-ils voir Anne… ??

« Raga for the Rainy Season » commence. Sur une musique d’un raga indien, me voilà hypnotisé pendant 60 minutes, où 9 danseurs (dont un homme) accompagnent cette musique si étrangère à nos oreilles d’occidentaux. Les mouvements sont chaotiques, désordonnés et en même temps construits. Tout nous invite à relier, à avoir l’œil sur cette immense scène, à suivre avec enchantement le jeu des danseurs avec leur jupe blanche. Je m’étonne de me laisser aller à ce point même si je ne ressens paradoxalement que peu d’émotions. Anne Teresa de Keermaeker a créée une œuvre beaucoup plus hermétique, moins légère car elle interroge notre aptitude à nous laisser porter par le chaos.

D’Inde, nous sommes projeté dans l’univers du Jazz de John Coltrane pour le deuxième spectacle (« A love supreme »). 4 danseurs toujours en blanc; deux hommes, deux femmes. Un homme, grand et svelte, illumine ce spectacle par sa force et la complexité de ses mouvements…Il est le Jazz ! Les 3 autres ne ressentent pas la puissance de cette musique et cela se voit. J’assiste à un quartet en perte progressive de vitesse où chacun fait sa performance, comme dans un spectacle de hip hop.

Le public applaudit mollement, déboussolé par ces deux univers si éloignés. J’ai le sentiment qu’au lieu de se compléter, ces deux spectacles s’annulent ou s’opposent (les réactions du public à la sortie étaient éloquentes : « lequel des deux as-tu préféré ? »).

Mais le contexte a joué. Ces deux pièces étaient – elles adaptées au festival de Marseille et à son public ? Que vient-il chercher alors que mes voisins ont fait preuve tout au long du spectacle de leur mauvaise humeur…et de leur irrespect envers une œuvre artistique.

Que vient chercher ce public ?

Je ne revois pas A. et son amie. Satisfaites ou remboursées ?

 

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LA VIE DU BLOG

Le “Nederlands Dans Theater”dans le vent

Départ d’Aix en Provence à 20h30 pour le Festival de Marseille. Le “Nederlands Dans Theater” est à l’affiche ce soir. Je décide de passer par la corniche…Le spectacle est merveilleux: la mer est déchaînée et les couleurs du coucher du soleil me font oublier cette journée marquée par les feux de forêt (2h pour faire Avignon – Aix!).

Arrivée au Parc Henri Fabre, une jeune femme m’informe que le spectacle est annulé à cause du mistral…”pour raison de sécurité”. Je suis un peu étonné…À cette heure précise, le mistral est en perte notable de vitesse, comme prévu par Météo France. Mais surtout, j’ai encore le souvenir de spectacles de danse dans la cour d’honneur en Avignon qui n’ont jamais été annulés pour cause de mistral!

Dimanche, voyage en Belgique avec Anne Teresa De Keersmaeker, toujours au festival de Marseille. Le mistral aura disparu pour se préparer sûrement à envahir la Cour d’Honneur dès le 8 juillet!

Je repars, frustré, voyant dans cette annulation un signe…Mais lequel? Je m’amuse à faire des liens: le Nederlands Dans Theater – Festival de Marseille; Pays – Bas – France; “non” – “non”…Le référendum laisse des traces…Je suis fatigué…

A dimanche..