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EN COURS DE REFORMATAGE

Un dimanche avec Pina Bausch. Toute une vie.

 


Cet article a été écrit en avril 2006, à mes débuts de “spectateur blogueur”. Ce fut une révélation.

Il s'est donc passé quelque chose au Théâtre du Merlan en ce dimanche après-midi pour qu'aujourd'hui ma tête divague, pour qu'il soit si difficile de me centrer sur une tâche.
Il s'est donc passé quelque chose pour qu'encore une fois la danse y aille de son joli travail sur mon inconscient.
En ce lundi opaque, il y a l'image de cette femme magnifique et de sa jolie robe bleue (en photo). Elle est “âgée” comme ses 26 autres partenaires. Elle danse « Kontakthof » de Pina Bausch à Marseille devant une salle comble. Cette pièce créée en 1978 est rejouée en 2006 à l'identique mais avec des danseurs de plus de 65 ans. La scène se joue dans le hall d'une maison close avec autant d'hommes que de femmes. Le contexte est explosif. Au bout de 2h45, je sors hagard, lessivé, ailleurs.
Pendant cet espace temps, ces hommes et ces femmes vont s'aimer, se toucher, se haïr, se séduire, nous séduire, se manipuler (dans tous les sens du terme), nous manipuler, s'émouvoir, se tuer, s'embrasser, jouer à l'enfant, se fuir, s'enfuir, s'enlacer, nous larguer, se séparer, revenir, partir. D'un bout à l'autre de la scène, je les suis, je la suis. Elle me submerge d'émotions. Qui est cette femme ? C'est l'Allemagne que je chéris, c'est la femme qui m'a mis au monde, c'est elle que je défends contre l'oppression masculine, qui me laisse pour un autre sans me quitter. Je sais ce que je suis pour elle ; lui n'est là qu’un court instant. Et les autres ? Je fais avec. Ils tournent autour d'elle, elle s'amuse d'eux. Avec eux, elle tourne en rond mais elles les aiment?c'est plus fort qu'elle. Ils sont toute sa vie ; jusqu'à la mort.

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=hZT5XIqlyUU&w=425&h=344]

Le hall de cette maison est l'espace où toutes leurs vies se rejouent en accéléré, comme dans un film animalier qui suivrait une couvée de canards, de la naissance à la mort?A 65 ans, leurs corps parlent plus que jamais. Leur moindre geste est une danse. Leurs lèvres dansent la séduction, leurs pieds chorégraphient leur inconscient.
A 65 ans, leurs corps sont façonnés, pétris par les mains de l'amour et par la brutalité des sentiments. Ces corps ont tout encaissé ; ils dansent devant nous. A 65 ans, je danserai comme eux, pour elle.
« Kontakthof » est un chef d'?uvre d'humanité. Il nous renvoie à notre propre histoire, à notre vieillesse, à notre corps.
« Kontakthof » est cette maison close dans laquelle nous jouons nos vies amoureuses.
Pina Bausch nous ouvre la porte pour aller danser ailleurs.
Pascal Bély – www.festivalier.net

 
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FESTIVAL MONTPELLIER DANSE

À Montpellier Danse, quand on arrive en ville…

Montpellier. Ville inaccessible en cette journée de départ en vacances. Il nous a fallu trois heures pour atteindre la cité Gély où une chapelle trône au coeur de ce quartier populaire. Le contraste entre le centre ancien flamboyant, les nouveaux immeubles surgissant de terre pour accueillir les arrivants et cet îlot est saisissant. Tel un sanctuaire de la danse, nous entrons pour découvrir la dernière création de Mathilde Monnier, « City Maquette », interprétée par 60 amateurs répartis en plusieurs groupes (enfants de sept à huit ans, adolescents en cours de formation au conservatoire de danse,  adultes pratiquant les arts martiaux, seniors). Cette diversité donne l’opportunité à Mathilde Monnier de nous délivrer sa vision du corps social comme moteur de la dynamique de l’espace urbain. La musique d’Heiner Goebbels (extraits de l’opéra « Surrogate cities ») et la scénographie d’Anne Tolleter accompagnent cet opus souvent lent, rigide et sans perspectives notables.

Pourtant, tout commence par un délicieux maillage. Alors que les adultes, tels des professeurs, dessinent sur le sol noir des lignes brisées, les enfants débarquent et font avec leur craie de bien jolis tourbillons. Le territoire, ainsi fluidifié, aurait pu accueillir une danse de courbes et de liens, de traversées chaotiques articulées à des lignes droites. Mais rien de tout cela.

Nos enfants (quasiment tous blancs !) reviennent avec un nouveau matériel, composé de boîtes et de cartons empruntés à notre société de consommation. Ils les posent, les rangent puis les déposent à nouveau. Certes, c’est une maquette, mais encore ? C’est de la scénographie et rien de plus à l’image des architectes de nos villes qui plantent leurs bâtiments déjà vieux, sans place, ni fontaine, mais avec des cases bien gardées. Nous les reverrons à plusieurs reprises, danser par petits groupes devant un écran vidéo. Leur chorégraphie est un langage d’adultes plaqué, projection de metteurs en scène et chorégraphes qui font jouer aux enfants ce qu’ils ne peuvent pas dire. Le  procédé est contestable. Décidément, nos villes ne sont pas pensées pour les enfants. Était-ce dans l’intention de Mathilde Monnier de nous proposer un tel aveu d’échec jusqu’à provoquer l’assoupissement des quelques gosses présent dans le public ?

Pendant plus d’une heure, nous passons de génération en génération comme si l’humain dans toute sa complexité se réduisait à son âge, à une pratique (ici, d’ennuyeux mouvements d’arts martiaux, là une danse de salon avec des séniors). Comme si le corps social pouvait se résumer à ce qu’il produit (ah, le fameux modèle producteur – consommateur si cher à notre époque moderne !) et non à ce qu’il relie (approche du développement durable). Mathilde Monnier reproduit la vision véhiculée par les centres sociaux. Soit. Sauf qu’ici, la ville ainsi représentée, n’est qu’une succession d’approches verticales descendantes.  « City maquette » est déjà usée. Pourtant, un moment majestueux est prometteur : des jeunes danseurs, à terre sur une grande feuille blanche, en duo, dessinent des courbes au crayon noir qu’ils enroulent par la suite pour danser tout autour. La vision est fluide à l’image d’un lien social qui se co-construit. Une très belle respiration.

Le final, censé offrir une abstraction décloisonnée, tourne en rond : le lien a besoin d’un espace circulaire que la scénographie empêche.  À quelques minutes de la fin, alors que la porte de la Chapelle Gély s’ouvre, une odeur de barbecue nous stimule. J’ai rêvé de voir débarquer les habitants du quartier pour nous sortir de notre léthargie. Même pas. À la sortie, profitant de l’opportunité, quelques-uns nous proposent, pour trois euros, des merguez.

Producteur- consommateur.

Eux-nous.

Cette danse, au coeur de cette cité, n’y change rien.

Pascal Bély- Le Tadorne

“City maquette” de Mathilde Monnier a été joué les 27 et 28 juin dans le cadre du Festival Montpellier Danse.

Photo: Marc Coudrais.

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LES EXPOSITIONS

A Apt, l’Afrique illuminée.

Il faut oser se perdre dans la zone d’entreprises de la ville Apt à la recherche de la Fondation Blachère, lieu d’art contemporain africain. Oser pour se laisser surprendre par le contraste : au c?ur de ces bâtiments industriels, un bus est posé là. Il déborde de partout. Signe d’une époque devenue folle : il nous faudrait peut-être prendre le temps de poser nos valises.

On entre, persuadé qu’il va se passer quelque chose. Une intuition. L’exposition « Animal Anima» va bel et bien chercher l’animalité qui est en nous. Et pas qu’un peu ! Mais avec retenue et délicatesse, à l’image de ces rideaux qui voilent des animaux empaillés à l’entrée. Serions-nous à ce point cachés ? Il est donc temps de lever le voile.

Tout commence par une histoire. D’ailleurs, « Animal Anima» expose les contes pour mieux les faire résonner. Tous les sens sont stimulés à partir d’une scénographie où tout est lié. Ici, on lit et ce n’est pas fastidieux.  Nous retrouvons l’émotion de l’enfance quand, avant de dormir, nous peuplions l’imaginaire de la somnolence par d’étranges créatures animales. Du lièvre et de la panthère (Frédéric Bruly Bouabre), nous retenons que les animaux ont aussi des troubles de l’identité. En posant notre regard sur d’extraordinaires vaches miniatures, nous comprenons que la place que nous leur réservons, parle du monde que nous créons (Cheikhou Ba). A ressentir les « femmes surchargées » du Pasteur Bobo, nous rêvons de monter aux arbres pour les alléger. Tout un programme. A se glisser dans les jambes étoilées de papillons d’Amal Kenawy, nous nous perdons à imaginer qu’elles appartiennent à la « femme debout ». Émouvant.

Un espace plus loin, nous retrouvons le temps où, enfant, nous construisions des tentes et des cabanes. Celle d’Aimé Mpané est de toutes les couleurs et habitée par des gorilles étincelants : véritable moment de grâce pour nous rappeler que notre ancêtre est une espèce menacée qui pourrait bien éteindre notre civilisation. Majestueux.

Je me souviens encore des hippopotames de Daniel Dewar et Grégory Gicquel vus au « Printemps de septembre » à Toulouse en 2007. Fait d’une terre humide, leur effritements parlaient de notre époque en voit de dislocation (quand l’art est prémonitoire). Ici, à Apt, c’est un éléphant de bois, sculpté par Andries Botha. Loin de s’effriter, il campe solide sur ses certitudes. Nous l’observons sous toutes ses coutures pour nous rassurer : l’ami animal ne nous veut aucun mal.

Ainsi, en quittant cette exposition fragile et enivrante, nous reprenons la route en veillant à ne pas klaxonner derrière le bus.

Pascal Bély

www.festivalier.net

« Animal Anima » à la Fondation Blachère à Apt (384 avenue des Argiles – 04 32 52 06 15) . Jusqu’au 11 octobre 2009, du mardi au dimanche, de 14h à 18h30 (entrée : 3 ?).

 


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FESTIVAL MONTPELLIER DANSE OEUVRES MAJEURES Vidéos

A Montpellier Danse, Israel Galván : nous surmonterons…

C’est un triomphe. Un tonnerre d’applaudissements. Le public de Montpellier Danse, après s’être lâché dans les plis et replis orgiaques de Blanca Li quelques jours auparavant, reprend ses esprits pour admirer la tête haute et le regard fier, l’immense Israel Galván. On en oublie vite le titre : « El final de este estado de cosas, redux ». Incompréhensible. La feuille de salle précise un peu mieux l’intention: c’est une lecture très personnelle sur le texte biblique de l’Apocalypse, « unique manière de comprendre un texte comme celui-là ». Et puis, une promesse : que la patá, en atteignant des « dimensions stratosphériques », « abattra le monde » et nous aidera à faire face à n’importe quelle catastrophe, n’importe quel chagrin. Cela tombe plutôt bien, notre président est si petit.

Alors, il fait face. À lui-même. À son art. Masqué, il nous offre dès les premières minutes une mise en scène époustouflante. Dans un petit carré de sable, il danse l’essence, les sens. Pureté absolue. Le masque tombe. Tout peut commencer. Soudain, sur un écran vidéo, un extrait de NON, pièce musicale et chorégraphique conçue par le compositeur Zad Moultaka, créée le 2 juin 2006 à Beyrouth à l’occasion du premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir. Yalda Younes, disciple d’Israel Galván, danse cette résistance à la guerre et à la violence sur la bande son faite à partir du bruit des tirs d’une nuit de guerre.  Le combat est là : la danse coûte que coûte. C’est de nouveau époustouflant. Et qu’importe la qualité de l’image : sur scène, le flou nous éclaire. Alors que le rideau se lève, il poursuit. La scène, montée sur ressorts, fait échapper la poussière. Sous ses pieds, il terrasse. Le pacifisme a sa danse de guerre. Exceptionnel.

J’en tremble.

Vous avez dit danse contemporaine ?

Non, c’est au-delà.

Il ose se travestir. En rouge et noir. Avec de gros seins. Le masculin dans le féminin ; le genre au-delà du sexué. La patá terrasse les clichés. Exceptionnel.

Ines Bacan s’assoit. Une voix, au milieu de tous ces hommes. Sur sa gauche, un ensemble traditionnel andalou ; sur sa droite, un groupe rock, Orthodox, dont les musiciens portent une capuche grise, genre Ku Klux Klan. “Il va falloir y aller” pense-t-il peut-être. Le rock, musique du diable, embarque la voix d’Ines Bacan dans des profondeurs inouïes, puis incarnées dans le corps d’Israel. À ce moment précis, le flamenco électrise. C’est un Nouveau Monde, celui où le rock enrôle. Exceptionnel.

Mais où va-t-il ? Ce n’est pas fini ?

Ma voisine de gauche pleure.

Mon voisin de droite serre la main de son amie.

Et le Corum applaudit. C’est plus fort que tout. C’est notre patá.

Il continue d’affronter les démons, les diables, les Satan. Il s’approche de sa destinée. Dans trente minutes, Angelin Preljocaj prend la relève à l’Opéra de Montpellier avec « le funambule » de Jean Genet. Il tremble aussi. Qui est le funambule de l’un, l’aimant de l’autre ?

C’est alors que le corps d’Israel Galván devient une caisse de résonance, une antichambre de la mort. Il danse et joue avec elle.  Son corps tambourine et se fracasse. L’orchestre est alors une symphonie mortuaire qui finit par l’aspirer. Rideau. Du jamais vu. Dans une heure, Angelin Preljocaj nous fera entendre lui aussi le corps brisé. Entre eux, une onde se propage: le corps est le bruit de l’ambivalence du danseur. Sur un fil.

Mais l’onde de choc est à venir. La dernière scène est un séisme. Nous retenons notre souffle. Des gravats de Beyrouth, Israel bâtit sa cathédrale pour y mourir.

« El final de este estado de cosas, redux » est une oeuvre sacrée

Pascal Bély – Le Tadorne

« El final de este estado de cosas, redux » d'Israel Galván a été joué les 23 et 24 juin 2009 dans le cadre de Montpellier Danse.

photos : Luis Castilla

 

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EN COURS DE REFORMATAGE

A Montpellier Danse, le corps papyrus d’Angelin Preljocaj.

L’écoute est profonde. Le public est sur un fil, en équilibre, prêt à tomber parce que la hauteur donne le vertige. Nous le regardons, le suivons pas à pas, pour ne perdre aucun geste, n’égarer aucun mot. Aurions-nous peur pour lui ? A-t-il peur de nous alors que nous attendons tant de cette rencontre pour peupler notre imaginaire de mythes et de héros ? Tandis que le temps de la catastrophe habite les propositions chorégraphiques acutelles,  aurions-nous paradoxalement besoin  de ressentir celui de la fragilité ?

Le chorégraphe Angelin Preljocaj incarne le texte de Jean Genet, « le Funambule », texte passionné à l’attention de son amant acrobate. À 52 ans, alors que sa compagnie parcourt le monde avec « Blanche Neige », l’homme s’est retrouvé seul pour créer et adapter ce texte d’amour. Il répéta, tel un visionnaire, scrutant le ciel d’Aix en Provence du haut du dernier étage de son bien nommé Pavillon Noir, bâtiment de verre et de béton. Ici, sur la scène de l’Opéra, tout n’est que rouleaux de papier chutant du plafond, décollant du sol, et projettant en ombres chinoises le corps d’un artiste en équilibre entre danse et texte. Et l’on ne peut en faire l’impasse : cet artiste là, est Angelin Preljocaj. L’acrobate est son double. Rien ne vient troubler cette métaphore.

Ni le ton de la voix souvent monocorde : il se plaît à dire dans les interviews qu’il n’est pas comédien. Certes, mais c’est un “chorégraphe poète”.

Ni l’exceptionnelle scénographie dont il a l’habitude d’habiller ses ?uvres. Le papier roule, s’enroule, déboule comme un danseur ; colle au corps tel un suaire, et l’enveloppe de lumière pour le projeter vers les parois étanches de notre imaginaire.

Ni sa danse. Je le reconnais comme étant le treizième homme d’une de ses pièces « MC 14/22, ceci est mon corps» où douze danseurs, pour signifier le corps masculin, jouent avec des tables pour le disséquer, le malmener, l’interroger. Lui donner forme humaine.

Ce soir, Angelin Preljocaj semble poursuivre ce travail en incarnant le corps masculin avec une matière poétique qu’il malaxe, qu’il menace avec un couteau, avec ce décor qu’il déchire, qu’il fait saigner, qu’il décolle.  En lieu et place des tables de « MC 14/22 », un autel. L’amour serait-il à ce point sacré ? Le décor épouse tout à la fois la puissance du lien amoureux et la fragilité d’un art, la danse, qui froisse les corps tel le bruit d’un gobelet en plastique écrasé.  « Ceci est mon corps » semble-t-il nous dire en substituant au vin du calice ,une pluie d’or qui vient se coller à son corps transpirant. « Ceci est ta danse » voudrait lui répondre le funambule.

De ce dialogue imaginaire, né le spectateur équilibriste qui se plaît à tendre un fil d’Ariane pour retrouver son chemin parmi ce langage poético-chorégraphique. Mais surtout pour  ne pas perdre le lien avec cet artiste funambule qui met le feu aux mots avec son corps brûlant d’amour pour la danse.

 

 «Peu nous importe à toi et à moi un bon acrobate : tu seras cette merveille embrasée, toi qui brûles, qui dure quelques instants. Tu brûles. Sur ton fil tu es la foudre. Ou si tu veux encore un danseur solitaire. Allumé je ne sais par quoi qui t’éclaire et te consume à la fois, c’est une misère terrible qui te fait danser. Le public ? Il n’y voit que du feu, et croyant que tu joues, ignorant que tu es l’incendiaire, il applaudit l’incendie.» Jean Genet.


Pascal Bély

www.festivalier.net

Le photographe Laurent Paillier a  aimé ce funambule. Les photos sont ici.

 

« Le funambule » de Jean Genet par Angelin Preljocaj a été joué les 22, 23, et 24 juin 2009 dans le cadre du festival Montpellier Danse.

Crédit photo: Jean-Claude Carbone.

 

 

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FESTIVAL D'AVIGNON

« Tadorne », le blog du Festival d’Avignon : sommes-nous prêts ?

Dans quinze jours, j’y serais. Tout est prêt. Je recompte mes places. Tout y est. J’ai même loué un appartement pour la circonstance. Comme un performeur, je mesure la distance, j’évalue les ressources et mille idées se bousculent.


Dans quelques jours, débutera le Festival d’Avignon. Beaucoup de spectacles et de festivaliers, mais quels chemins de traverse prendre ? Depuis 2005, j’ai beaucoup écrit sur ce que je voyais sur scène. En 2009, c’est le moment d’aller à la rencontre de mes « pairs », d’écrire sur les ?uvres à partir des ressentis des spectateurs. De faire ce pas de côté régénérateur. Plusieurs éléments du contexte me guident vers ce travail :

  • Le public est pour moi une masse uniforme d’abonnés des saisons théâtrales, de consommateurs, de lecteurs anonyme du blog. Pour reprendre une expression chère au  philosophe Bernard Stiegler, j’ai besoin de m’approcher de la « figure de l’amateur éclairé ». Je suis « le Tadorne ». Et vous ?
  • Les deux festivals (In et Off) imposent au public un clivage. En me  privant d’une telle reliance, je me coupe d’une réalité complexe et de la possibilité de faire des rencontres et des liens. Cet été, je chercherais avec vous à mettre en résonance les ?uvres du “In” et du “Off”. Exercice délicat, mais stimulant. Vous me suivez ?
  • Le lien fragile entre les institutions et le public a besoin d’être régénéré par une parole dont il faut bien une tribune pour qu’elle soit entendue. C’est pourquoi, le blog www.festivalier.net souhaite être au c?ur du festival, au c?ur de la relation des publics et des spectacles vus. Plus qu’un espace dédié à la critique, le moteur élémentaire de la vie du blog durant le in et le off, entre vous et moi, est celui d’appréhender nos cadres de réception et de faire évoluer les représentations au terme des échanges que nous entretiendrons. Vous y croyez ?
  • A la rentrée, j’animerais des débats au Théâtre des Salins de Martigues (Scène Nationale, drigée par Annette Breuil) entre spectateurs pour que la parole du public ne soit plus confisquée par des experts intimidants. Pour cela, j’ai besoin de m’immerger, de ressentir le lien que j’aurais à créer dès septembre. Je peux puiser en Avignon les ressources de ma créativité. Vous m’aidez ?
  • Quelques jours après Avignon, je vais bloguer au Festival “Mens alors!“, lieu d’échanges et de création entre artistes et publics dans l’Isère. Cela tombe plutôt bien, non? Vous venez?
  • Dès le mois de novembre, la Ville d’Aubenas (07) met en ?uvre une formation-action pilote destinée aux professionnels du social, de la culture et de l’éducatif.  Ma mission sera d’accompagner ces acteurs vers la culture et de créer avec eux les conditions du décloisonnement. Avignon me permettra d’aller à la rencontre d’artistes et de spectateurs pour qui l’affranchissement des cases est le moteur de leur projet. Vous en êtes ?

Voilà, c’est écrit. C’est engagé. Je ne serais pas tout seul. Diane Fonsegrives, Laurent Bourbousson (contributeurs pour le blog) seront là. Nous allons tenter une ?uvre collective. Marie-José, Bernard, Igor, Elsa, Martine, Christian, Guy, Jérôme, et bien d’autres seront aussi présents pour donner l’énergie qu’une telle démarche a besoin.

 

Et que vive le mouvement créateur libérateur !

Pascal Bély

 

 

Prochain épisode : nos lieux du rendez-vous.

 

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Le Festival d’Avignon sur le Tadorne:



 

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EN COURS DE REFORMATAGE

Les femmes passerelles d’Herman Diephuis à Montpellier Danse.

Au cours de cette journée à Montpellier Danse, une ?uvre s’est posée là, sans crier gare. Après le raffut médiatique de la chorégraphe Blanca Li (à 20h avec « Le jardin des délices ») et le choc de Bouchra Ouizguen (à 18h avec « Madame Plaza »), Herman Diephuis se glisse à 22h pour « Ciao Bella ». Cinq femmes habillées de couleurs sombres avec deux bancs installés sur une grande scène, dessinent une ?uvre dont on n’est pas loin de penser qu’elle fera date dans l’édition 2009 du festival. « Ciao Bella » vous prend par la main, avec délicatesse, pour poser un regard là, puis ici, tout en vous laissant le temps de faire les liens. Sans tension, ni anesthésiant, cette ?uvre transforme le spectateur en équilibriste contemplatif.

Cinq femmes occupent le plateau pour une « projection fantasmée du désir masculin, dont les images contradictoires piègent même celles qui les refusent ». Toute la première partie n’est qu’une succession de poses, inspirées des tableaux italiens du Quattrocento, tandis que la deuxième, voit notre quintet danser sur des tubes discos et pop (Olivia Newton-John, Madonna et les Bee Gees). Parmi elles, une danseuse attire l’attention (sublime Dalila Khatir): elle est ronde et s’amuse (entre autres) avec ses gros seins et ses formes généreuses. Elle est un centre de gravité où se déploie l’imaginaire individuel et collectif. C’est autour de cette figure « maternelle » que se projette le désir. Il n’y a là rien de révolutionnaire dans le propos, mais la chorégraphie d’Herman Diephuis s’appuie sur ce contraste pour jouer avec les  clichés et créer une belle dynamique circulaire entre elles et nous.

Ici, rien ne vient cliver la démonstration : il n’y a pas d’un côté un désir masculin dominant et de l’autre une soumission féminine (sinon, je n’aurais jamais pu m’inscrire dans cette proposition !). La danse remet au centre l’interaction : c’est là où tout se joue. C’est cet espace circulaire qui en jeu dans « Ciao Bella » : rien n’est imposé au spectateur et c’est à lui de jouer ou pas. Alors, jouons !

Clap de cinéma dans les mains, je divague dans cette atmosphère cinéphile (pourquoi l’image de Mastroianni surgit-elle?) où les danseuses incarnent des actrices (Bardot, Deneuve, Signoret, …). Puis, je les imagine s’immiscer dans « le jardin des délices » de Blanca Li : elles articulent le film harmonieux d’Eve Ramboz et les stéréotypes du paradis et de l’enfer imposés par Blanca Li. Elles personnifient les femmes du tableau de Jérôme Bosch pour nous aider à interpréter toute la complexité de cette ?uvre  à la lumière de la crise morale que nous connaissons.  Je les projette ensuite assises sur leurs bancs, en face des quatre femmes de « Madame Plaza » de Bouchra Ouizguen : elles apprennent à libérer leurs corps de tous les clichés pour jouer encore un peu plus avec eux et dessiner des liens improbables entre les hommes et les femmes !

« Ciao Bella » est une ?uvre profondément processuelle que l’on serait bien en peine de ranger  dans une case. Pour la mettre en dynamique, il faut l’inscrire dans un ailleurs, faute de quoi on pourrait rester sur sa faim. Elle est un espace si relationnel qu’elle réussit à relier ce que le temps chronologique d’un festival sépare parfois.

Herman Diephuis donne de sa liberté. C’est si bon de se ressentir un spectateur émancipé.

Pascal Bély

www.festivalier.net

 

 

Ciao bella” d’Herman Diephuis a été joué les 20  et 21 juin dans le cadre du Festival Montpellier Danse.

Crédit photo: Audoin Desforges

 

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Montpellier Danse 09 sur le Tadorne:

A l'origine, Bouchra Ouizguen.

A Montpellier Danse, le terrain vague bling bling de Blanca Li.

A Montpellier Danse, le corps papyrus d'Angelin Preljocaj.

A Montpellier Danse, Israel Galván : nous surmonterons…

À Montpellier Danse, quand on arrive en ville…

Raimund Hoghe et Faustin Linyekula jettent leurs cailloux sur Montpellier Danse.

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EN COURS DE REFORMATAGE

A Montpellier Danse, le terrain vague bling bling de Blanca Li.

Blanca Li peut être fière d’elle. Le Corum de Montpellier lui fait un triomphe. Mes voisins  se lèvent pour une standing ovation.  Autour de moi, nous sommes quelques-uns à ne pas croire à ce mirage : la danse soulève une foule.

Blanca Li ne manque pas d’inspiration au sujet du tableau « le jardin des délices » de Jérôme Bosch. L’enfer, c’est le téléphone portable. Fallait y penser. Le paradis, ce sont les fraises qui nous rendent gagas à l’image du « gnangnan » qui structurent bien des discours. L’enfer dans le paradis (et inversement), ce sont les hommes avec leur gros paquet et les femmes avec leur gros seins et gros cul. Finalement, entre gros cons, tout le monde finit par s’entendre. Mais à force de grossir le trait, ce jardin finit par n’être qu’une éjaculation précoce, un monticule de déchets et de bêtises que l’on subit à longueur de discussions attrapées au vol dans les bus, les restaurants, à la télévision. On rit parfois de son culot (au Corum, au c?ur d’un festival presque trentenaire, les spectateurs des cinq premiers rangs osent le rire machiste) et de son toupet: « poussez-vous là que je m’y mette ». Blanca est omniprésente et sa troupe fait penser à des danseurs du Moulin Rouge qui lui feraient une haie d’honneur.

 

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=giMkLuoZVng&w=425&h=344]

Ce jardin est à l’image du pays : la vulgarité est tendance, dans le coup, dans l’action. En ces temps de crise, on ne va quand même pas stimuler l’intelligence du spectateur. On est ici pour rigoler. La culture du Fouquet’s tarde à redescendre en région, mais on progresse. On passe d’un tableau à un autre avec une telle rapidité que l’on commence à trouver le temps un peu long. Pour consoler les amateurs de danse, Blanca Li glisse quelques moments où l’on gesticule avec les pieds et les mains. Cela ne va pas plus loin. Le corps est juste un support publicitaire. Le plus insupportable c’est que cela ait pu me faire rire !

Sentant le boulet venir, Blanca Li fait défiler Sarkozy et Carla. Le public applaudit et je ne sais plus où regarder. Ce serait presque pour s’excuser de la vacuité de son propos et se rassurer. Le Parti Socialiste ne va pas tarder à en faire son égérie.

 

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=ot8mqe1xZIU&w=480&h=295]

Mais dans ce jardin occupé le temps d’une soirée par des squatteurs, il y a un miracle. Derrière. Tout au fond. C’est un film. Celui d’Eve Ramboz. Superbe. On ne voit que lui. Il est un tableau dans le tableau. Cette mise en abyme enchante, émerveille. Le film est une danse. Tout le reste, sur scène, devant, n’est que gesticulations. Cela ne vous rappelle-t-il rien ?

Mais qu’importe. Quelques heures auparavant, aux Ursulines, un chant d’amour propulsait la chorégraphe marocaine Bouchra Ouizguen. Dans son jardin des délices, Dominique Bagouet y dansait toujours.

Pascal Bély

www.festivalier.net

 

Le jardin des délices” de Blanca Li a été joué les 19 et 20 juin au Corum dans le cadre du Festival Montpellier Danse.

 

 

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Montpellier Danse 09 sur le Tadorne:

A l'origine, Bouchra Ouizguen.

Les femmes passerelles d'Herman Diephuis à Montpellier Danse.

A Montpellier Danse, Israel Galván : nous surmonterons…

A Montpellier Danse, le corps papyrus d'Angelin Preljocaj.

À Montpellier Danse, quand on arrive en ville…

Raimund Hoghe et Faustin Linyekula jettent leurs cailloux sur Montpellier Danse.

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FESTIVAL DES ARTS DE BRUXELLES FESTIVAL MONTPELLIER DANSE Vidéos

A l’origine, Bouchra Ouizguen.

C’est un choc esthétique et émotionnel. Quatre femmes, assises là, face à vous, viennent subtilement vous chercher pour revisiter la danse contemporaine. Vous voilà presque nu, sans aucune référence sauf celle où tout aurait commencé. Une heure a suffi pour retrouver le lien originel avec l’art le plus fragile qui soit. C’est la renaissance du spectateur tout comme celle de la chorégraphe marocaine Bouchra Ouizguen qui ose écrire : « je refais l’apprentissage de la danse : je suis partie à des milliers de kilomètres pour apprendre alors qu’à côté de moi d’autres femmes pouvaient me transmettre quelque chose de si évident : le chemin de la liberté ».  Ces trois femmes qui l’entourent sur scène sont des Aïta, écoutées auprès des hommes de pouvoir, pour leur  poésie, il y a plus d’un siècle. Elles sont aujourd’hui des courtisanes dont les chants et la danse font d’elles des artistes du peuple. Fatima Aït Ben Hmad, Fatima El Hanna et Naïma Sahmoud nous ont littéralement nourries. Le temps d’un festival et bien au delà, elles sont les artistes du peuple de Montpellier Danse.

Avec trois matelas, elles refont le chemin. Du lit où l’on naît, où l’on se cache, au banc où l’on contemple avec sagesse, où l’on se serre les uns contre les autres, car  à plusieurs on est toujours plus fort. Du mur où l’on est cloîtré à celui que l’on abat pour se libérer.

Trois matelas pour accueillir le corps statufié par les codes moraux, religieux et sociaux.

Trois matelas pour éponger la sueur de l’effort que réclame la libéralisation du corps.

Trois matelas pour amortir le choc. Car tout vibre. À commencer par nos barrières de défense qui font un vacarme intérieur parce qu’on a plus l’habitude d’être « touché » ainsi. Tout vibre parce que le don est une danse. Tout vibre parce que leur chant est une caisse de résonance où l’on se lâche avec confiance.

Dans leur jardin des délices, le chant est un corps qui danse.  Dans leur regard, il y a le sein que l’on cherchait, le cri que l’on poussait, le pli dans la peau où l’on se perdait. C’est ainsi que la danse d’aujourd’hui renaît. Une danse où l’on n’a plus peur de l’humain pour lui faire la fête, où l’on puise dans la force de l’art pour se libérer des contraintes morales et esthétiques et non pour en rajouter. Où l’on apprivoise le corps différent pour voir le monde autrement.

« Madame Plaza » de Bouchra Ouizguen est une danse qui accueille l’homme maladroit. Avec empathie.

La fraternité a dorénavant sa danse.

Pascal Bély- Le Tadorne

A écouter sur le site de la  Revue Radiophonique A Bout de Souffle , un entretien avec Bouchra Ouizguen.

 "Madame Plaza" de Bouchra Ouizguen a été présenté les 19 et 20 juin 2009 dans le cadre du Festival Montpellier Danse. A voir au Théâtre d'Arles le 20 novembre 2009.

 

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FESTIVAL ACTORAL PAS CONTENT THEATRE FRANCAIS CONTEMPORAIN

Au Festival ACTORAL, David Bobee réchauffe les hétéros. A La Villette, pas si sûr.

Acte 1: Au Festival Actoral à Marseille, en octobre 2008, par Pascal Bély

En entrant dans la salle, on nous distribue une bouteille d’eau. «Nous allons avoir chaud», nous prévient-on. «Warm» de David Bobée sur un texte de Ronan Chéneau dégage une chaleur torride, eu égard au nombre de projecteurs latéraux qui illuminent la scène. Le présentateur nous informe que cette pièce s’inscrit dans un cycle sur « Les écrits du cirque » qui devrait aboutir en 2013 par la création de la biennale des Arts du Cirque. La barre est placée bien haute pour une oeuvre qui n’atteindra pas des sommets.

Elle est enceinte de quelques mois. Elle dépose trois bouteilles d’eau sur la scène puis, de dos, récite un texte. Dans ses mots, il fait déjà chaud et la belle fantasme, alors que la canicule s’installe dans les rues de la ville. Les mots montent en puissance. C’est joliment dit, mais le texte colle à la peau comme le journal intime d’une adolescente à la recherche de sensations interdites. Soit. Cela s’entend sans problème. J’ai chaud, mais pas pour les mêmes raisons.

Les deux hommes arrivent. Ils sont beaux. L’un brun. L’autre blond. Parfait. L’un pantalon moulant. L’autre jean’s style hétéro cool. La jeune fille est contente. Elle poursuit ses délires sous l’effet probable du cannabis ou de l’extasie. Les deux mecs se regardent comme s’ils faisaient connaissance dans un sauna gay ; se suivent comme s’ils marchaient dans les jardins des Tuileries. L’imaginaire homosexuel fait monter la température et leurs emboîtements ne laissent aucun doute sur leurs intentions. Soit. Sauf qu’ils n’en ont aucune. Et alors ? Alors ? Rien. Ça se voit, c’est tout. Tout droit échappés d’un casting de mode, nos deux tourtereaux font ce que l’on leur demande. Elle peut toujours fantasmer, ils assurent le spectacle. Un Point, c’est tout. Ici, on est au cirque.
Les peaux dégoulinent. Après ? L’un asperge l’autre avec la bouteille. L’eau finit sur le sol. Ça patine. Et puis ? Et puis…ça continue de patiner.
Ne manque plus qu’un coup de vapeur et nous y sommes presque.
Ou plutôt, deux jeunes ados qui s’amusent sur un plumard. L’image a dû traverser l’auteur.
Soit.
Après ?
Bien après, il faut bien que cela se termine. Alors, les lumières baissent et la jeune fille se calme après une crise qui a fait trembler les glaces du décor.

À cet instant précis, mon écriture colle aussi.

Pause.

Analyse.
Un peu de hauteur. Je suis blogueur. Je dois faire attention à ne pas hypertrophier mon commentaire.

Je cherche l’écriture que l’on nous promettait au début du spectacle. Les corps collés aux mots gluants de Ronan Chéneau ne suffisent pas à dépasser l’illustration d’un fantasme calculé et prévisible. C’est effrayant de contrôler ainsi le désir. Effrayant cette écriture qui ne laisse aucune place à l’imaginaire.

J’ai froid.
….
La scène finale où l’on devine nos jolis garçons en train de se masturber n’ira pas jusqu’au saut final.
….
Ouf.
J’ai eu chaud.Acte 2: A La Villette, à Paris, en juin 2009, par Elsa Gomis.« De la douleur naît le désir ».Malgré la chaleur, malgré la transpiration qui empêche leurs portées, ils continuent.

Leurs corps se tendent sous l’effort, rougeoient sous l’effet des projecteurs. Pourtant, ils continuent.

Dans “Warm“, David Bobée semble vouloir montrer le dépassement et l’oubli de soi jusqu’au délire.

Les paroles de Ronan Chéneau, dites par une comédienne vibrante, sont au départ détachées des gestes des deux acrobates, puis elles les accompagnent, les commentent, les dirigent.

Sa voix est ferme. En dépit de la chaleur de l’atmosphère, son ton reste froid, parfois brutal, souvent dur.

Ici le sexe n’est ni doux ni drôle, il est affaire de juxtapositions physiques précises, d’un déroulé convenu, d’un scénario immuable. Un enchaînement que rien ne semble pouvoir rompre. A part la chaleur.

On reste fascinés par cette persistance, effrayés par les risques pris, intimidés par la brutalité des directives, mais pas émoustillés.

Comme dans Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue, nous assistons à une montée en puissance progressive, mais le propos n’apparaît pas clairement.

Il est sans doute question, au travers de cette scénographie, de montrer le sexe instrumentalisé.

A mon niveau, je ne perçois pas “Warm” autrement.

J’ai encore faim…