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EN COURS DE REFORMATAGE

Tous les articles sur le KunstenFestivalDesArts 2007 de Bruxelles.


Le choc. Indescriptible. Magnifique. A voir, revoir, pour ne rien laisser passer de ces sept acteurs ? danseurs. S'approcher d'eux pour ne plus les perdre de vue, de Bruxelles à Aix en Provence. Programmateurs de tous les pays, unissez-vous et faites tourner Toshiki Okada et sa création « Five Days in March ». Parce que nous avons tous besoin de l'art pour saisir le sens de plus petit geste, de la plus infime expression collective de l'humain. Ils sont sept jeunes Japonais à nous raconter leur manifestation contre la guerre en Irak en mars 2003, prétexte pour nous immerger dans leur vie sexuelle et affective. À chaque mot, à chaque phrase correspondent un signe, une posture, un mouvement du bras, un sautillement du pied. Avec Toshiki Okada, le corps parle et c'est loin d'être un jeu de mots. C'est un jeu humain qui vous prend par tous les sens et qui déplace votre regard sur cette jeunesse déboussolée. Elle met tout au même niveau, de la guerre en Irak à la drague la plus élémentaire. La force de cette ?uvre c'est de ne jamais juger, mais de nous aider à comprendre, à les ressentir. Mais surtout, on se surprend à se regarder les observer, non comme des êtres curieux, mais comme nos contemporains d'un monde globalisé dont nous serions un maillon. La «chorégraphie théâtrale » de Toshiki Okada est un puissant regard sur la perte des anciennes idéologies structurantes au profit d'un pacifisme « émotionnel ».
À l'issue de cinquante minutes prodigieuses, le spectacle fait une pause. Je dois partir, l'?uvre d'Alvis Hermanis va débuter dans un autre théâtre de Bruxelles (bravo à l'organisation du Festival pour cette coordination malheureuse). La deuxième partie est donc une inconnue ; j'ai un goût d'inachevé.
Le délicieux goût des autres.

Pascal Bély
www.festivalier.net


?????? Five Days in March” a été joué le 19 mai 2007 au Kaaitheater Studio dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

Alvis Hermanis et le Nouveau Théâtre de Riga peinent à faire l'événement du KunstenFestivalDesArts malgré l'audacieuse mise en scène du roman « Ice » de l'écrivain russe Vladimir Sorokin. Le titre ne laisse aucun doute sur les intentions d'Alvis Hermanis : « A collective Reading of the book with the Help of Imagination in Riga ». Pour créer ce collectif, Hermanis s'appuie sur un dispositif scénique compliqué : une scène ronde telle une piste de cirque avec quatorze acteurs tout autour qui font une lecture du roman. Pendant que quelques comédiens jouent au centre, le public participe (silencieusement) à cette lecture collective en feuilletant deux albums photo et une bande dessinée. Ce qu'il ne voit pas sur scène, il peut l'imaginer à partir de ces albums. Enfin, pour traduire cette pièce jouée en Leton, les spectateurs ont un casque sur la tête d'où un homme en cabine (recruté à la commission européenne ?) semble lire un annuaire. Dès le début, ce dispositif est violent : la traduction est constamment en décalage, les albums photo sont d'une laideur (artistique ?) indéfinissable et la bande dessinée ne trouverait aucun acheteur dans les rayons pourtant fournis de la FNAC. A mesure des trois heures trente de spectacle, ces quatre niveaux de langage se désarticulent et me donne une céphalée indescriptible. A ma façon (sic), je participe à cette lecture collective d'autant plus que le sujet du roman est douloureux : Ice » évoque une secte de blonds aux yeux bleus désirant anéantir une société corrompue (la Russie ?) et retrouver un état purifié de ses parasites. C'est un univers de Science Fiction traduit avec tant de difficulté que l'on souffre aussi pour les comédiens. Si la lecture des chapitres du livre en révèle certains, le jeu est d'une pauvreté théâtrale déconcertante. Les objets sur scène rythment le tempo comme si les comédiens dépendaient de la complication décidée par Hermanis. Le contexte sectaire renforce la lourdeur et ferme un peu plus la mise en scène sur elle-même, laissant seul le public.
D'une lecture collective au départ, la pièce individualise acteurs et spectateurs. La secte a encore frappé.

Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? “Ice. A collective reading of the book with the help of imagination in Riga” d’Alvis Hermanis a été joué le 19 mai 2007 au Théâtre National dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

A lire la critique de “Long Life” d’Alvis Hermanis (Théâtre Des Salins, Martigues, Novembre 2006)

Il y a des ?uvres que l'on ressent majeures parce qu'elles éclairent nos consciences, éveillent nos mémoires et construisent nos visions du futur. À la sortie du théâtre, je me sens investi pour communiquer sur ce que j'ai vu, un soir de mai 2007, au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles. Eszter Salamon, auteur ? metteuse en scène – chorégraphe nous présente «And then», performance sublime où danse, théâtre, chanson, musique, sons, vidéo forment un documentaire vivant dans lequel vos résonances font partie de l'histoire. Ce sont huit femmes de plusieurs générations qui s'appellent toutes Eszter Salamon, rescapées de la shoah, du com
munisme passé et du libéralisme actuel. Elles sont là, sur scène ou à travers l'écran vidéo, pour nous raconter des bouts de leurs histoires. Le maillage des mots et des vies produit alors une ?uvre magistrale.

Dès le début, nous sommes plongés dans un noir profond. Leurs silhouettes apparaissent comme des images subliminales où les personnages seraient ceux du théâtre de Joël Pommerat, présent en Avignon l'été dernier. Ce noir, quasi hypnotique crée un climat propice à l'écoute. La scène, prolongée par un écran vidéo, donne de la profondeur psychologique, du champ historique, une approche sociale aux histoires singulières de ces femmes. Elles ont toutes fait l'expérience de l'aliénation à un homme, au pouvoir politique, à la hiérarchie professionnelle et c'est par leur ténacité, leur humour et leur capacité à se distancier qu'elles ont pu s'émanciper. La force de cette ?uvre réside dans cette mise en scène où d'histoires sans lien, Eszter Salamon les relie, les maillent pour faire apparaître, tel un mirage, l'intergénérationnel puis une fratrie solidaire, une « soeurorité » combattante. C'est avec délice et émotion que l'on se laisse guider, pénétrer par tous les bruits de leurs corps magistralement restitués comme autant de froissements de l'intérieur de l'âme, de tumultes de l'histoire, d'ailes de papillon qui battent pour la liberté. Les gestes magnifiques de la vie quotidienne (arroser ses plantes, tournicoter avec sa chaise, danser sur son canapé) projetés sur l'écran vidéo, sont autant de chorégraphies d'un quotidien confiné et potentiellement libérateur. Ce sont le chant et la danse sur la scène qui donnent à ses images un prolongement par le spectacle vivant, porté par une nouvelle génération. C'est ainsi que sur sa trajectoire, le libéralisme violent rencontre la force créative de ces femmes qui ne sont pas prêtes à se laisser enfermer.
« And Then » est un mémorial vivant dédié aux femmes, pour l'humanité. C'est une ?uvre qui remet du sens là où la sphère médiatique réduit, là où le politique voudrait faire oublier (à l'instar d'un Nicolas Sarkozy toujours prompt à dénoncer la repentance), là où l'économique (avec la publicité) marchandise tout, même les symboles .
« And Then » est un chef d'?uvre parce qu'il fait de nous, simples spectateurs du KunstenFestivalDesArts, les frères et s?urs des 834 Eszter Salamon recensées sur la planète.
Restons groupés?

Pascal Bély
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?????? “And Then” a été joué le 19 mai 2007 au Beursschouwburg dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

Avec Mpumelelo Paul Grootboom, l'Afrique du Sud s'invite au KunstelFestivalDesArts de Bruxelles. Cet auteur et metteur en scène présente « Telling Stories », longue épopée de trois heures trente où le public est immergé dans l'univers bouillonnant des townships. C'est l'histoire d'un écrivain noir Madi (joué par Mandla Gaduka, magnifique) qui, désireux d'écrire une pièce de théâtre sur la criminalité dans les bidonvilles, fréquente un groupe de jeunes délinquants. Deux trajectoires vont donc s'entrecroiser et tisser une vue d'ensemble sur la dure réalité d'un pays en proie aux violences de toute nature. Mais une question s'impose rapidement : pourquoi nous présenter cette oeuvre dans le cadre du KunstenFestivalDesArts ? En quoi «Telling stories » incluse-t-elle de nouvelles formes artistiques ? Comment cette histoire peut-elle nous aider à imaginer un futur ? « Telling Stories » est un agréable divertissement, pertinent dans la programmation annuelle d'un théâtre. Cela explique sans aucun doute la gêne que l'on peut ressentir, coincé entre le désir d'applaudir la performance des acteurs, réservé sur la mise en scène et l'intérêt de l'histoire et franchement dépité sur le choix des programmateurs du Kunsten (cette pièce aurait-elle été sélectionnée produite de Bruxelles ou Paris?). La notice du Kunsten soulève une question : « à quel moment, le tout pour l'art ne se justifie plus d'un point de vue éthique ? Quand la (re) présentation de la violence tombe-t-elle dans le voyeurisme ». Euh?je ne vois pas le rapport ! En quoi «Telling Stories » répond-elle à ces questions ? Tout au plus, Mpumelelo Paul Grootboom a-t-il le talent de nous présenter une première partie enlevée, haute en couleurs, en rebondissements. Le passage de la vie de l'écrivain à son histoire fictive offre un cadre pertinent pour produire un excellent théâtre populaire, ponctué de moments musicaux standardisés (il y a quand même plus innovant que Norah Jones en bande-son !)
Après l'entracte, la pièce s'enlise dans l'histoire de l'écrivain. La vidéo s'englue dans le ridicule à vouloir nous montrer des scènes d'amour digne d'un mauvais film érotique de fin de soirée sur M6. Les bagarres dans un train, jouées au ralenti, sont un calvaire pour le spectateur qui se demande à quel moment cette séquence va se terminer. Ainsi, on se surprend à décrocher alors que le fond de l'histoire est toujours violent. Si dans la première partie, le lien entre l'écrivain et le contexte était flottant (instants radieux quand on ne sait plus où sont la fiction et la réalité, renforcé par le décor qui articule deux scènes, l'une en haut, l'autre plus bas), la deuxième s'approche d'un théâtre beaucoup plus traditionnel, à la narration linéaire avec une mise en scène sans surprise qui voit le temps s'écouler lentement.
Le pari aurait été de mettre en scène le questionnement des programmateurs du Kunsten, cité plus haut. À la place, on s’ennuie en se divertissant. C'est la force du projet du KunstenFestivalDesArts de nous faire vivre un tel paradoxe !

Pascal Bély
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?????? « Telling Stories » de Mpumelelo Paul Grootboom a été joué le 18 mai 2007 au KVS dans le cadre du Kunste
nFestivalDesArts de Bruxelles.


Le KunstenFestivalDesArts de Brxuelles prend soin de nous prévenir dans le document de présentation distribué au public : Richard Maxwell, metteur en scène et auteur américain, est un adepte des « facéties antithéâtrales », « statiques », avec un « style minimaliste » à « l'humour tranchant ». Avec « The end of réality », je fais donc mes premiers pas dans cet environnement théâtral inconnu jusqu'à ce jour?
Nous sommes dans un bureau de surveillance situé à Manhattan. Un écran vidéo restitue le quartier et nous projette dans une culture paranoïaque où tout est danger, même la psychologie des personnages (« Ce que j'apprécie chez toi c'est que l'on te comprend très vite », dit l'une des femmes à son collègue de travail). Ils sont tantôt en habits de sécurité, tantôt en tenue de jogging, mais toujours uniformisés. Ainsi, sphères privées et professionnelles fusionnent et finissent par provoquer un ressenti d'étouffement. Six acteurs s'affrontent dans ce huit-clos, renforcé par une mise en scène rationaliste où les mouvements vont d'un point à l'autre à l'image d'un réseau de communication mobile. Ils entrent et sortent de la pièce pour échapper au sens comme s'ils fuyaient leur inconscient, potentiellement dangereux. D'ailleurs, tout est sous contrôle : les bagarres sont jouées au ralenti (moment jubilatoire qui rend agresseurs et agressés particulièrement proches?) ; la relation amoureuse naissante entre deux officiers de sécurité se réduit à un jeu de drague de la sphère internet où les corps peinent à se toucher, presque contaminés. Toutes ces interactions en « diagonale » permettent quelques espaces libres que nos protagonistes s'empressent d'occuper : le dossier sur lequel on décrit les faits délictueux, le journal du jour (gratuit ?!) posé sur le bureau pour y lire leur traduction médiatique. La boucle est bouclée. Bien sûr, Richard Maxwell n'oublie pas de laisser quelques marges d'autonomie qui conduisent une officière à libérer un voyou sans que l'on en saisisse la raison !
Dans un tel climat de lourdeur, le spectateur s'ennuie (autour de moi, les têtes flanchent à défaut de tomber). Le minimalisme assèche, caricature beaucoup, linéarise tellement l'histoire qu'elle nous positionne en super caméra de surveillance. Le tout nous renvoie à notre condition d'humain aux moments les plus tristes de nos quotidiens quand nous rationalisons tout. Pendant une heure trente, je résiste en opérant des liens avec le contexte de l'élection de Nicolas Sarkozy. La mise en scène de Maxwell m'évoque les processus réducteurs que le nouveau pouvoir installe pour empêcher toute pensée globale d'émerger en se focalisant sur l'individu au détriment de toute approche collective. C'est peut-être là qu'il faut chercher la force de cette ?uvre : avec cette approche minimaliste, Maxwell crée un espace pour (re) penser notre société à partir de notre positionnement. Nous revoilà remis au centre, car seule la pensée complexe viendra à bout de la peur. Nous sommes bien au KunstenFestivalDesArts?

Pascal Bély
www.festivalier.net

 


?????? “The end of réality” de Richard Maxwell a été joué le 17 mai 2007 au Théâtre Les Tanneurs dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

KOD-6.jpg« Hamlet revisited ». Tel est le slogan qui termine la présentation écrite de « K.O.D ». (Kiss of Death) d'Isabella Soupart proposé au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles. Cette création s'inscrit dans le prolongement d'« In the wind of time », franc succés de l'édition 2005. Isabella Soupart aurait pu innover dans la continuité de sa recherche, mais elle répète à l'infini ses nouveaux langages faits de mouvements chorégraphiques transversaux, de sons verticaux qui nous tombent dessus, d'images vidéos surplombantes censées nous donner un métacontexte. Ces enchevêtrements auraient pu faire de cet « Hamlet » revisité une fresque moderne. Ce n'est finalement qu'une mosaïque où les formes prennent le pas sur le fond, un labyrinthe où se perd le spectateur tant la multiplication des langages superpose au lieu de relier, à l'image d'une société médiatique toujours prompte à créer de nouveaux outils de communication sans que le sens en émerge.
C'est ainsi que « K.O.D» entretient avec le public un lien d'une extrême verticalité : dès qu'elle arrive à la limite d'un langage, Isabella Soupart nous en propose un autre sans que nous ayons la possibilité de nous approprier sa recherche. Le temps est en accéléré à quelques rares exceptions près, le temps d'une chanson. Le spectateur peut se ressentir en dehors, presque infantilisé et dans l'impossibilité de lâcher-prise. Bombardé de vidéos (d'une beauté troublante quand elle retransmet des visages en gros plan), de trouvailles sonores (souvent intelligentes), de sous-titres (bravo aux traducteurs), de danses (genoux à terre?un peu limité et surtout déjà vues dans « In the wind of time »), je finis par m'amuser de toute cette excitation. Isabella Soupart semble boulimique de métaphores, dépassée par la complexité qu'elle créée en faisant jouer par deux hommes le rôle d'Hamlet, en multipliant les scènes dans un même espace comme si l'une devait s'expliquer par l'autre. Elle finit par nous proposer une vidéo qui réinvente un autre décor comme si « l'ici et maintenant » ne suffisait pas : il est vrai que les objets (tables,sièges de bureau et mobilier d'Ikea) réduisent la danse, entravent le lien entre les personnages et le public. Relier le texte de Shakeaspeare avec les bribes d'interviews issus de documents de l'ex-union Sovétique n'est plus qu'un effet de style. Sortis de leur contexte, ils en perdent le sens tel un vulgaire « copier-coller » très prisé par les publicitaires. Cet « Hamlet » là n'éclaire plus : tout s'additionne, rien ne se multiplie?

Isabe
lla Soupart finit par jouer ce qu'elle voulait dénoncer. Pour asseoir son pouvoir d'artiste tout puissant face à un public déboussolé, elle manipule les formes, décontextualise les écrits de l'histoire, recycle les symboles de la littérature. Pris à ce jeu, « K.O.D » devient un agréable moment de divertissement, très tendance et visuellement impeccable… Nous sommes loin de l'esprit « Kunsten ».

Pascal Bély
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?????? K.O.D. (Kiss of Death)” d’Isabella Soupart a été joué le 16 mai 2007 au KVS – BOX dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

 

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EN COURS DE REFORMATAGE

Au KunstenFestivalDesArts, Toshiki Okada danse avec les maux.

-Michele-Rossignol023.jpg
Le choc. Indescriptible. Magnifique. A voir, revoir, pour ne rien laisser passer de ces sept acteurs ? danseurs. S'approcher d'eux pour ne plus les perdre de vue, de Bruxelles à Aix en Provence. Programmateurs de tous les pays, unissez-vous et faites tourner Toshiki Okada et sa création « Five Days in March ». Parce que nous avons tous besoin de l'art pour saisir le sens de plus petit geste, de la plus infime expression collective de l'humain. Ils sont sept jeunes Japonais à nous raconter leur manifestation contre la guerre en Irak en mars 2003, prétexte pour nous immerger dans leur vie sexuelle et affective. À chaque mot, à chaque phrase correspondent un signe, une posture, un mouvement du bras, un sautillement du pied. Avec Toshiki Okada, le corps parle et c'est loin d'être un jeu de mots. C'est un jeu humain qui vous prend par tous les sens et qui déplace votre regard sur cette jeunesse déboussolée. Elle met tout au même niveau, de la guerre en Irak à la drague la plus élémentaire. La force de cette ?uvre c'est de ne jamais juger, mais de nous aider à comprendre, à les ressentir. Mais surtout, on se surprend à se regarder les observer, non comme des êtres curieux, mais comme nos contemporains d'un monde globalisé dont nous serions un maillon. La «chorégraphie théâtrale » de Toshiki Okada est un puissant regard sur la perte des anciennes idéologies structurantes au profit d'un pacifisme « émotionnel ».
-Rebecca-Lee---Academie-Anderlecht014.jpgÀ l'issue de cinquante minutes prodigieuses, le spectacle fait une pause. Je dois partir, l'?uvre d'Alvis Hermanis va débuter dans un autre théâtre de Bruxelles (bravo à l'organisation du Festival pour cette coordination malheureuse). La deuxième partie est donc une inconnue ; j'ai un goût d'inachevé.
Le délicieux goût des autres.

Pascal Bély
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?????? Five Days in March” a été joué le 19 mai 2007 au Kaaitheater Studio dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

Crédit Photo: Michèle Rossignol.

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Au KunstenFestivalDesArts, Alvis Hermanis s’entête.

-Michele-Rossignol064.jpgAlvis Hermanis et le Nouveau Théâtre de Riga peinent à faire l'événement du KunstenFestivalDesArts malgré l'audacieuse mise en scène du roman « Ice » de l'écrivain russe Vladimir Sorokin. Le titre ne laisse aucun doute sur les intentions d'Alvis Hermanis : « A collective Reading of the book with the Help of Imagination in Riga ». Pour créer ce collectif, Hermanis s'appuie sur un dispositif scénique compliqué : une scène ronde telle une piste de cirque avec quatorze acteurs tout autour qui font une lecture du roman. Pendant que quelques comédiens jouent au centre, le public participe (silencieusement) à cette lecture collective en feuilletant deux albums photo et une bande dessinée. Ce qu'il ne voit pas sur scène, il peut l'imaginer à partir de ces albums. Enfin, pour traduire cette pièce jouée en Leton, les spectateurs ont un casque sur la tête d'où un homme en cabine (recruté à la commission européenne ?) semble lire un annuaire. Dès le début, ce dispositif est violent : la traduction est constamment en décalage, les albums photo sont d'une laideur (artistique ?) indéfinissable et la bande dessinée ne trouverait aucun acheteur dans les rayons pourtant fournis de la FNAC. A mesure des trois heures trente de spectacle, ces quatre niveaux de langage se désarticulent et me donne une céphalée indescriptible. A ma façon (sic), je participe à cette lecture collective d'autant plus que le sujet du roman est douloureux : Ice » évoque une secte de blonds aux yeux bleus désirant anéantir une société corrompue (la Russie ?) et retrouver un état purifié de ses parasites. C'est un univers de Science Fiction traduit avec tant de difficulté que l'on souffre aussi pour les comédiens. Si la lecture des chapitres du livre en révèle certains, le jeu est d'une pauvreté théâtrale déconcertante. Les objets sur scène rythment le tempo comme si les comédiens dépendaient de la complication décidée par Hermanis. Le contexte sectaire renforce la lourdeur et ferme un peu plus la mise en scène sur elle-même, laissant seul le public.
D'une lecture collective au départ, la pièce individualise acteurs et spectateurs. La secte a encore frappé.

Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? Ice. A collective reading of the book with the help of imagination in Riga” d’Alvis Hermanis a été joué le 19 mai 2007 au Théâtre National dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

A lire la critique de “Long Life” d’Alvis Hermanis (Théâtre Des Salins, Martigues, Novembre 2006)

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Crédit Photo: Michele Rossignol.

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OEUVRES MAJEURES

Les femmes éclaireuses d’Eszter Salamon au KunstenFestivalDesArts.

Il y a des oeuvres que l’on ressent majeures parce qu’elles éclairent nos consciences, éveillent nos mémoires et construisent nos visions du futur. À la sortie du théâtre, je me sens investi pour communiquer sur ce que j’ai vu, un soir de mai 2007, au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles. Eszter Salamon, auteur-metteuse en scène – chorégraphe nous présente «And then», performance sublime où danse, théâtre, chanson, musique, sons, vidéo forment un documentaire vivant dans lequel vos résonances font partie de l’histoire. Ce sont huit femmes de plusieurs générations qui s’appellent toutes Eszter Salamon, rescapées de la shoah, du communisme passé et du libéralisme actuel. Elles sont là, sur scène ou à travers l’écran vidéo, pour nous raconter des bouts de leurs histoires. Le maillage des mots et des vies produit alors une oeuvre magistrale.
Dès le début, nous sommes plongés dans un noir profond. Leurs silhouettes apparaissent comme des images subliminales où les personnages seraient ceux du théâtre de Joël Pommerat, présent en Avignon l’été dernier. Ce noir, quasi hypnotique crée un climat propice à l’écoute. La scène, prolongée par un écran vidéo, donne de la profondeur psychologique, du champ historique, une approche sociale aux histoires singulières de ces femmes. Elles ont toutes fait l’expérience de l’aliénation à un homme, au pouvoir politique, à la hiérarchie professionnelle et c’est par leur ténacité, leur humour et leur capacité à se distancier qu’elles ont pu s’émanciper. La force de cette oeuvre réside dans cette mise en scène où d’histoires sans lien, Eszter Salamon les relie, les maillent pour faire apparaître, tel un mirage, l’intergénérationnel puis une fratrie solidaire, une « soeurorité » combattante. C’est avec délice et émotion que l’on se laisse guider, pénétrer par tous les bruits de leurs corps magistralement restitués comme autant de froissements de l’intérieur de l’âme, de tumultes de l’histoire, d’ailes de papillon qui battent pour la liberté. Les gestes magnifiques de la vie quotidienne (arroser ses plantes, tournicoter avec sa chaise, danser sur son canapé) projetés sur l’écran vidéo, sont autant de chorégraphies d’un quotidien confiné et potentiellement libérateur. Ce sont le chant et la danse sur la scène qui donnent à ses images un prolongement par le spectacle vivant, porté par une nouvelle génération. C’est ainsi que sur sa trajectoire, le libéralisme violent rencontre la force créative de ces femmes qui ne sont pas prêtes à se laisser enfermer.
« And Then » est un mémorial vivant dédié aux femmes, pour l’humanité. C’est une oeuvre qui remet du sens là où la sphère médiatique réduit, là où le politique voudrait faire oublier (à l’instar d’un Nicolas Sarkozy toujours prompt à dénoncer la repentance), là où l’économique (avec la publicité) marchandise tout, même les symboles .
« And Then » est un chef d’oeuvre parce qu’il fait de nous, simples spectateurs du KunstenFestivalDesArts, les frères et soeurs des 834 Eszter Salamon recensées sur la planète.
Restons groupés…
Pascal Bély
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“And Then” a été joué le 19 mai 2007 au Beursschouwburg dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

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Mpumelelo Paul Grootboom s’égare au KunstelFestivalDesArts.

Avec Mpumelelo Paul Grootboom, l'Afrique du Sud s'invite au KunstelFestivalDesArts de Bruxelles. Cet auteur et metteur en scène présente « Telling Stories », longue épopée de trois heures trente où le public est immergé dans l'univers bouillonnant des townships. C'est l'histoire d'un écrivain noir Madi (joué par Mandla Gaduka, magnifique) qui, désireux d'écrire une pièce de théâtre sur la criminalité dans les bidonvilles, fréquente un groupe de jeunes délinquants. Deux trajectoires vont donc s'entrecroiser et tisser une vue d'ensemble sur la dure réalité d'un pays en proie aux violences de toute nature. Mais une question s'impose rapidement : pourquoi nous présenter cette oeuvre dans le cadre du KunstenFestivalDesArts ? En quoi «Telling stories » incluse-t-elle de nouvelles formes artistiques ? Comment cette histoire peut-elle nous aider à imaginer un futur ? « Telling Stories » est un agréable divertissement, pertinent dans la programmation annuelle d'un théâtre. Cela explique sans aucun doute la gêne que l'on peut ressentir, coincé entre le désir d'applaudir la performance des acteurs, réservé sur la mise en scène et l'intérêt de l'histoire et franchement dépité sur le choix des programmateurs du Kunsten (cette pièce aurait-elle été sélectionnée produite de Bruxelles ou Paris?). La notice du Kunsten soulève une question : « à quel moment, le tout pour l'art ne se justifie plus d'un point de vue éthique ? Quand la (re) présentation de la violence tombe-t-elle dans le voyeurisme ». Euh?je ne vois pas le rapport ! En quoi «Telling Stories » répond-elle à ces questions ? Tout au plus, Mpumelelo Paul Grootboom a-t-il le talent de nous présenter une première partie enlevée, haute en couleurs, en rebondissements. Le passage de la vie de l'écrivain à son histoire fictive offre un cadre pertinent pour produire un excellent théâtre populaire, ponctué de moments musicaux standardisés (il y a quand même plus innovant que Norah Jones en bande-son !)
Après l'entracte, la pièce s'enlise dans l'histoire de l'écrivain. La vidéo s'englue dans le ridicule à vouloir nous montrer des scènes d'amour digne d'un mauvais film érotique de fin de soirée sur M6. Les bagarres dans un train, jouées au ralenti, sont un calvaire pour le spectateur qui se demande à quel moment cette séquence va se terminer. Ainsi, on se surprend à décrocher alors que le fond de l'histoire est toujours violent. Si dans la première partie, le lien entre l'écrivain et le contexte était flottant (instants radieux quand on ne sait plus où sont la fiction et la réalité, renforcé par le décor qui articule deux scènes, l'une en haut, l'autre plus bas), la deuxième s'approche d'un théâtre beaucoup plus traditionnel, à la narration linéaire avec une mise en scène sans surprise qui voit le temps s'écouler lentement.

 

Le pari aurait été de mettre en scène le questionnement des programmateurs du Kunsten, cité plus haut. À la place, on s’ennuie en se divertissant. C'est la force du projet du KunstenFestivalDesArts de nous faire vivre un tel paradoxe !

Pascal Bély
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?????? « Telling Stories » de Mpumelelo Paul Grootboom a été joué le 18 mai 2007 au KVS dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

 
 

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Crédit photo: Michele Rossignol

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K.O.D: le zapping shakespearien d’Isabella Soupart au KunstenFestivalDesArts.

KOD-6.jpg« Hamlet revisited ». Tel est le slogan qui termine la présentation écrite de « K.O.D ». (Kiss of Death) d'Isabella Soupart proposé au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles. Cette création s'inscrit dans le prolongement d'« In the wind of time », franc succés de l'édition 2005. Isabella Soupart aurait pu innover dans la continuité de sa recherche, mais elle répète à l'infini ses nouveaux langages faits de mouvements chorégraphiques transversaux, de sons verticaux qui nous tombent dessus, d'images vidéos surplombantes censées nous donner un métacontexte. Ces enchevêtrements auraient pu faire de cet « Hamlet » revisité une fresque moderne. Ce n'est finalement qu'une mosaïque où les formes prennent le pas sur le fond, un labyrinthe où se perd le spectateur tant la multiplication des langages superpose au lieu de relier, à l'image d'une société médiatique toujours prompte à créer de nouveaux outils de communication sans que le sens en émerge.
C'est ainsi que « K.O.D» entretient avec le public un lien d'une extrême verticalité : dès qu'elle arrive à la limite d'un langage, Isabella Soupart nous en propose un autre sans que nous ayons la possibilité de nous approprier sa recherche. Le temps est en accéléré à quelques rares exceptions près, le temps d'une chanson. Le spectateur peut se ressentir en dehors, presque infantilisé et dans l'impossibilité de lâcher-prise. Bombardé de vidéos (d'une beauté troublante quand elle retransmet des visages en gros plan), de trouvailles sonores (souvent intelligentes), de sous-titres (bravo aux traducteurs), de danses (genoux à terre?un peu limité et surtout déjà vues dans « In the wind of time »), je finis par m'amuser de toute cette excitation. Isabella Soupart semble boulimique de métaphores, dépassée par la complexité qu'elle créée en faisant jouer par deux hommes le rôle d'Hamlet, en multipliant les scènes dans un même espace comme si l'une devait s'expliquer par l'autre. Elle finit par nous proposer une vidéo qui réinvente un autre décor comme si « l'ici et maintenant » ne suffisait pas : il est vrai que les objets (tables,sièges de bureau et mobilier d'Ikea) réduisent la danse, entravent le lien entre les personnages et le public. Relier le texte de Shakeaspeare avec les bribes d'interviews issus de documents de l'ex-union Sovétique n'est plus qu'un effet de style. Sortis de leur contexte, ils en perdent le sens tel un vulgaire « copier-coller » très prisé par les publicitaires. Cet « Hamlet » là n'éclaire plus : tout s'additionne, rien ne se multiplie?

Isabella Soupart finit par jouer ce qu'elle voulait dénoncer. Pour asseoir son pouvoir d'artiste tout puissant face à un public déboussolé, elle manipule les formes, décontextualise les écrits de l'histoire, recycle les symboles de la littérature. Pris à ce jeu, « K.O.D » devient un agréable moment de divertissement, très tendance et visuellement impeccable… Nous sommes loin de l'esprit « Kunsten ».

Pascal Bély
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?????? K.O.D. (Kiss of Death)” d’Isabella Soupart a été joué le 16 mai 2007 au KVS – BOX dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

Crédit photo : (c) Sarah Van Marcke

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Le Théâtre d’Arles focalise, loin de la photographie de Lucien Clergue.

Il y a des ?uvres qui ne résistent pas à certaines comparaisons totalement fortuites (quoique). « Bach », chorégraphié et interprété par Maria Munoz au Théâtre d'Arles est de celles-là. Alors que le public l'applaudit chaleureusement, je reste de marbre.CLERGUE-nude-zebra-new-york-1997.jpg Une heure auparavant, je visitais l'exposition « Clergue, né photographe » à l'Espace Van-Gogh. Une ballade dans quatre espaces où mon imaginaire a beaucoup divagué. Lucien Clergue chorégraphie quasiment ses modèles, donne aux paysages de la Camargue des formes corporelles impressionnantes de beauté. Les photographies sur les épis de maïs ne sont pas sans me rappeler des images de danse imprimées dans mon inconscient (quel autre art procure un tel ravissement de la mémoire ?). Même les clichés tauromachiques paraissent légers au regard de mon rejet quasi viscéral de cette tradition. À mesure que je parcours l'exposition, la danse m'envahit alors qu'une musique de Bach accompagne le visiteur dans l'espace « Du cinéma du pauvre à l'alphabet du monde ». Je suis sidéré par le rôle de la lumière sur les corps nus féminins à l'image d'un mouvement créé par le chorégraphe pour fusionner le danseur et le groupe. Ici, Clergue fond le corps dans le végétal et le liquide à partir de contrastes saisissants entre le clair et l'obscur. L'Espace Van-Gogh me permet de relier la Camargue, les nus et New York dans une danse dont nous serions le chorégraphe. Magnifique.

 

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Une heure plus tard, « Bach », revisité par Maria Munoz m'ennuie rapidement. Pendant plus de cinquante minutes, elle enchaîne des morceaux de danse à la recherche d'espaces improbables (Bach semble démesuré pour elle), entrecoupés de pauses qu'elle s'accorde pour reprendre sa respiration et nous laisser dans un vide sidéral. Elle murmure, va d'un point à l'autre, sautille pour s'autoriser quelques envolées (l'image du patinage artistique m'effleure). Elle mime plus qu'elle ne danse comme si la musique de Bach lui était extérieure, même si la gravité de son visage démontre la profondeur qui l'habite. Quelques incursions vidéo veulent donner de la hauteur au propos pour pallier l'articulation difficile entre Bach et la danse. À la limite d'un parcours quasi religieux, Maria Munoz danse sur une scène transformée en chemin de croix. Finalement, il devient le mien.
Alors que les lumières s'allument, je ne peux contenir un « Chiantissime ! » qui fait sursauter ma voisine. Étonnée par tant d'audace alors que le public applaudit à tout rompre, elle me fait un sourire complice. Il se trouve qu'elle était à l'exposition de Clergue. L'art relie?sauf pour le Théâtre d'Arles qui n’a pas fait le lien entre ce week-end de « Duos et Solis » et la photographie.

Il y a décidément pas mal de cloisons à abattre?


Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? “Clergue, né photographe” à l’Espace Van-Gogh d’Arles du 31 mars au 10 juin 2007 (www.arles.fr/clergue)

?????? “Bach” de Maria Munoz a été joué au Théâtre d’Arles le 13 mai 2007.

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Les migrations Festivalières du Tadorne: Bruxelles, Marseille, Montpellier , Avignon.

Voici donc les migrations festivalières du Tadorne de mai à juillet 2007. Vous pouvez retrouver les spectacles de la saison 2006 – 2007 et leurs critiques, ici.

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Le KunstenFestivalDesArts de Bruxelles du 4 mai au 26 mai.

Mercredi 16 mai – K.O.D – Isabella Soupart.
Jeudi 17 mai – The N.Y.C. Players – Richard Maxwell.
Jeudi 17 mai – Telling Stories – Mpumelelo Paul Grootboom.
Vendredi 18 mai – And Then – Eszter Salamon.
Samedi 19 mai – Five days in march – Toshidi Okada / chelfitsch.
Samedi 19 mai – The ice – Alvis Hermanis / New Riga Theatre.


Du 19 juin au 13 juillet, le Festival de Marseille.

Mercredi 20 juin / 22h00 – Daniel Larrieu – Waterproof.

Mercredi 27 juin / 20h00 – Pierre Rigal et Aurélien Bory – Arrêts de jeu.
Samedi 30 juin / 20h00 – Fabrice Lambert – Gravité.
Samedi 30 juin / 21h00 – MIchel Kelemenis – Pasodoble.
Jeudi 5 juillet / 21h00 – Heiner Goebbels – Max Black.


Du 23 juin au 6 juillet, Festival Montpellier Danse.
Dimanche 24 juin / 17h30 – Christine Jouve – France-Algérie
Dimanche 24 juin / 19h00 – Alain Buffard – (Not) a love song.
Dimanche 24 juin / 22h30 – Solos pour Bagouet / Une danse blanche avec Eliane – F. et Stein.
Lundi 25 juin / 19h00 – Christian Rizzo – B.c, Janvier 1545, Fontainebleau
Lundi 25 juin / 21h00 – Mathilde Monnier – Tempo 76
Mardi 26 juin / 19h00 – Philipp Gehmacher – Like there’s no tomorrow
Mardi 26 juin / 20h30 – Robyn Orlin – We must eat our suckers with wrappers on…
Vendredi 29 juin/ 19h00 – João Fiadeiro Où va la lumière quand elle s’éteint?
Vendredi 29 juin / 21h00 – Raimund Hoghe ?
Meinwärts.

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Du 6 juillet au 27 juillet, Festival d’Avignon.
Samedi 7 juillet / 18h00 – Mathieu Bauer – Tendre jeudi.
Samedi 7 juillet / 21h30 – Frank Castorf – Nord.

Dimanche 8 juillet / 15h00 – Christophe Fiat – La jeune fille à la bombe.
Dimanche 8 juillet / 18h00 – Faustin Linyekula – Dinozord: the dialogue series III
Dimanche 8 juillet / 22h00 – Valère Novarina – L’acte inconnu.

Lundi 9 juillet / 15h00 – Eléonore Weber – Rendre une vie vivable n’a rien d’une question vaine.
Lundi 9 juillet / 17h00 – Frédéric Fisbach – Les paravents.

Mercredi 11 juillet / 19h00 – Christophe Fiat – Stephen King Stories.
Mercredi 11 juillet / 23h00 – Dieudonné Niangouna – Attitude clando.
Mercredi 11 juillet / 1h00 – Roméo Castellucci – Hey girl!

Vendredi 13 juillet / 19h00 – Sasha Waltz – insideout
Vendredi 13 juillet / 22h00 – Rodrigo Garcia – Bleue. Saignante. A point…

Samedi 14 juillet / 14h00 – Théâtre du Soleil – Les Ephémères (intégrales).

Dimanche 15 juillet / 18h00 – Jean-Pierre Vincent – Le silence des communistes.
Dimanche 15 juillet / 21h30 – Julie Brochen – L’échange.

Mardi 17 juillet / 15h00 – Le Théâtre des idées – Edgar Morin.
Mardi 17 juillet / 18h00 – Gildas Milin – Machine sans cible.
Mardi 17 juillet / 22h00 – Frédéric Fisbach – Feuillets d’Hypnos.

Vendredi 20 juillet/ 15h00 – Galin Stoev – Genèse n°2
Vendredi 20 juillet/ 18h00 – Superamas – Big 3rd episode.
Vendredi 20 juillet / 21h00 – Krzysztof Warlikowski – Angels in America I et II

Samedi 21 juillet/ 11h00 – Sujet à vif- Stijn Celis et Opiyo Okach.
Samedi 21 juillet/ 15h00 – Robert Cantarella – Hippolythe
Samedi 21 juillet/ 18h00 – Sujet à vif – Fanny de Chaillé – Yves-Noël Genod.
Samedi 21 juillet/ 22h00 – Faustin Linyekula – Le festival des mensonges.

Dimanche 22 juillet / 16h00 – Christine Dormoy – Ajour.
Dimanche 22 juillet / 19h00 – Raimund Hoghe – 86,avenue Georges Mandel.
Dimanche 22 juillet / 21h30 – Guy Cassiers – Mefisto for ever.

Mercredi 25 juillet / 22h00 – Rodrigo Garcia – Approche de l’idée de méfiance.

Jeudi 26 juillet / 18h00 – Alexis Forestier – Claire.
Jeudi 26 juillet / 22h00 – Ludovic Lagarde – Richard III.

Vendredi 27 juillet / 18h00 – Ikeda/Verdonck/Platel – Nine Finger.
Vendredi 27 juillet / 21h30 – Jean-François Sivadier –
Le Roi Lear.

 

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Héla Fattoumi et Eric Lamoureux homosensualisent.

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Le Théâtre d'Arles aime les chorégraphes Hélà Fattoumi et Eric Lamoureux. Après nous avoir présentés en novembre dernier « Walsa » et « Entrelacs », ils reviennent avec « La danse de Pieze », duo dansé par Moustapha Ziane et Hafiz Dhaou. Comment traduire la relation entre deux hommes sans tomber dans les clichés de nos sociétés occidentales qui la réduisent à deux extrêmes : la lutte de pouvoir et l'homosexualité ? Comment donner à voir le lien entre deux « même » sans le caricaturer, le copier, le coller ? La note d'intention du spectacle nous informe que les deux chorégraphes se sont inspirés des écrits de l'anthropologue Malek Chebel autour de la notion d'Homosensualité, « une attitude des Orientaux en général et des Arabes en particulier, qui consiste en l'absence de partenaire de l'autre sexe, à reporter sur leurs pairs l'excédent de sensualité qu'ils n'arrivent pas à écouler autrement ». À la sortie du Théâtre, Elsa et moi-même débordons de bonheur d'avoir assisté à cette chorégraphie où le spectateur est respecté, touché, surpris, guidé et en même temps lâché pour laisser divaguer son imaginaire débarrassé d'un voyeurisme malsain.
Ils sont là à se chercher, à s'épier, à se toucher, à vouloir se mesurer, à se porter pour se déporter. Tour à tour enfants, féminins, virils, faibles, forts, ils dessinent à deux une fresque de leurs relations capable d'englober leur identité mouvante et stable à la fois. Si l'espace social donne l'opportunité aux hommes de faire transparaître leur féminité sans risque (la danse disco mimée est un pur moment de bonheur), l'homosensualité a besoin de champs inexplorés que Fatoumi et Lamoureux créent pour eux, pour nous. Pendant cinquante minutes, les surfaces sont explorées (le corps, la lumière, le sol) pour permettre à leur relation de vivre de nouveaux sens au croisement permanent de l'intime, du social et du sociétal. C'est ainsi que leurs corps se dissimulent sous le tapis de sol pour en sortir métamorphosés par notre changement de regard. C'est alors que leur ventre gonfle pour perdre leur musculature et devenir espace de jeu ou grossesse désirée ! Tout est imbriqué dans ce duo qui ne laisse jamais le public en dehors de cette recherche. Si bien que je me surprends de vouloir entendre et voir ce qui se joue dans la salle !
Ce spectacle est beau, profondément sensuel comme si son intensité relationnelle arrivait jusqu'à nous. C'est peut-être pour cette raison que ces « deux même » nous rendent heureux. Avec eux, nous avons cherché et trouvé ses nouveaux espaces . Presque fiers de les avoir explorés, nous quittons le Théâtre avec la joie indescriptible de se sentir humain.

Pascal Bély
www.festivalier.net

 

Ps: en commentaire, retrouvez le regard d’Elsa qui ose la comparaison avec “Double Deux” de Gilles Jobin vu au Théâtre de la Ville à Paris en février 2007.

 

Photo : Philippe Chamaux

?????? La danse de Pieze” d’Hélà Fattoumi et Eric Lamoureux a été joué au Théâtre d’Arles le 12 ami 2007.

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Joseph Nadj et Dominique Mercy: deux anges passent.

Entrer ou ne pas entrer dans l'univers du chorégraphe Joseph Nadj, telle est la question. Au dernier festival d'Avignon, « Asobu » m'avait laissé à la porte, tandis que « Comédia Tempo » joué en 2005 était un monde si métaphorique que j'en oubliais ma place de spectateur. Hier soir, au Théâtre d'Arles, « Petit psaume du matin » fait l'effet d'un tableau dont on vante les qualités esthétiques, le talent du peintre, la puissance du message, mais qui impressionne tant, que l'on reste observateur, avec pour seul affect l'intimidation face à ce duo hors pair.

Joseph Nadj et Dominique Mercy (célèbre assistant de Pina Bauch) déambulent pendant une heure dans un univers où leur histoire se construit à partir de faux semblants, où leurs différences ne font plus la différence, où les objets (table, chaise, balais, verre, costume) vivent, collent à la peau pour parfois prolonger les corps. On les imagine parcourant le monde, à notre rencontre (ce soir Arles, qui sait demain Madrid !), messager d'un manifeste universel où chacun d'entre nous serait porteur d'un bout d'histoire de l'humanité. Avec eux, le corps est toujours à la fête : ailes de l'oiseau, toile du peintre, articulation de marionnette, objet animé. Il se nourrit de tabac et d'alcool en transformant fumée et liquide en drogue douce.

 

C'est ainsi que ce duo voyage : de l'occident où l'homme veut sortir de ses postures mécaniques vers un territoire à l'articulation de l'Asie, de l'Orient et de l'Europe. Nous les suivons, guidés par la puissance de leur art qui métamorphose les rites religieux en gestes d'amour et d'amitié. C'est ainsi que ce petit psaume redéfinit la carte du monde pour nous inviter à ouvrir notre vision occidentale, à faire émerger une culture de l'art métissé, où nos peurs seraient transcendées par de nouvelles façons de communiquer. Nadj réinvente le monde à sa mesure : celle d'un chorégraphe habité par une force poétique qui dépasse tous les clivages, capable d'abattre nos cloisons pour nous aider à nous surpasser, pour entrer dans son univers si complexe. C'est ainsi que la poésie transforme les hommes?

Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? “Petit psaume du matin” de Joseph Nadj a été joué au Théâtre d’Arles le 11 mai 2007.

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