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Les lieux du Festival d’Avignon – « A corps et à mots »

Nous sommes jeudi 24 juillet, le moment de vivre la dernière Offinité des spectateurs de l’édition 2014 du Festival d’Avignon. Rythmée par les rencontres entre spectateurs, notre édition ne ressemble à aucune de celles que nous avons vécues. C’est donc pour nous déjà l’heure du bilan : In, Off… « Le Off est-il In ? Le In est-il Off ? » Ou sont-ils tous les deux « out » ?

Une nouvelle fois, nous restons fidèles au principe des Offinités, selon lequel les gestes et le mouvement doivent prolonger la parole. Mais pour cette dernière journée, nous avons pensé à un nouveau dispositif : parcourir  en groupe la ville d’Avignon de 9h à 17h, passer devant ses lieux emblématiques, pour révéler en nous l’imaginaire du spectateur.

Sous le chapiteau du Off (“Le Magic Mirror“), nous nous remémorons les Offinités de 2013 où nous donnions rendez-vous à 11h30 pour une tribune critique de quatre vingt dix minutes: le « Sylvie, où êtes-vous ? / Je suis là Pascal » marquait notre volonté d’articuler une parole et une présence communes ; la difficulté de prendre cette même parole en public.

Du village du Off, nous nous rendons à la Manufacture. L’an dernier, la puissance politique de « Discours à la nation » de David Murgia nous avait marqués. Mais par-delà la qualité d’ensemble de la programmation, quelle relation au spectateur ce lieu noue-t-il ? La représentation de soi qui se déplace des salles de spectacles vers ce lieu mondain ne favorise pas de véritables liens. Il nous semble que l’espace de la Manufacture ne construit une véritable interaction spectacles-spectateurs.

Puis nous filons au Collège de la Salle. Il nous ramène aux Offinités puisqu’il a permis la première rencontre avec Philippe Lafeuille, le chorégraphe des Offinités, à l’époque où il présentait son spectacle « Méli mélo ». Là encore, c’est un espace étrange qui n’est pas véritablement travaillé, en tant que lieu d’accueil des spectateurs et de relations avec eux.

Nous sommes à présent devant Les Hivernales. Le dialogue s’engage entre nous devant un membre de l’équipe de lieu dédié à la danse, intrigué par notre conversation. Pour certains d’entre nous, cet espace est le lieu des rendez-vous manqués. Il contraint les spectateurs à des choix de spectacles sur 10 jours uniquement alors que le Festival dure trois semaines. On nous explique alors de façon rigide et sèche que c’est parce que « trois semaines, c’est long pour les artistes ». La réponse qui nous est faite traduit bien l’idée que la figure du spectateur est inexistante, ou du moins qu’elle passe au mieux au second plan. Nous comprenons vite que pour notre interlocuteur la question est évacuée. Il métaphorise à son corps défendant la programmation de cette salle et l’esprit des Hivernales tel que nous le percevons.

Direction désormais La Condition des soies. Elle accueille peut-être l’une des plus belles salles du Off, qui donne l’impression d’entrer dans une grotte ou dans une caverne. Comme spectateurs, l’image qui nous marque est celle de la liste d’attente ou des queues interminables. Pourtant, nous ressentons souvent un souci de l’accueil des spectateurs, ce qui correspond bien aussi à l’esprit de la programmation, des petites formes sensibles et engagées.

En remontant vers le Palais des Papes, nous nous arrêtons devant l’Hôtel de la Mirande. La figure de l’artiste plasticienne  Sophie Calle nous réapparaît telle qu’elle était l’an dernier, accueillant les spectateurs dans sa suite pour une exposition vivante, le corridor de son existence. Juste en face de l’hôtel, nous repérons une entrée du Palais des Papes. Nous revoyons également  le performeur Steven Cohen emmuré, sous la scène de la cour d’honneur, sortir de son enfermement pour nous conduire, quant à lui, dans le corridor de la mort.

Puis c’est la Cour d’Honneur…qui va nous diviser. Certains d’entre nous restent fascinés par la beauté majestueuse de ce lieu lorsqu’elle vient se surajouter à l’esthétique de la représentation. Sans son harmonie de pierres, ciel et nature, la force des propos perdrait de sa puissance. Inferno de Roméo Castellucci reste à ce titre l’expérience d’une puissance incomparable. Théâtre des origines où se font corps les relations entre l’Homme et la Nature, lieu utopique de réconciliation nationale dès 1947 autour de la représentation des Grands Textes, qu’est devenue la Cour au fil de ces années ? Combien de spectacles fondateurs ces dix dernières années par exemple ? C’est un lieu impossible et sacralisé. De l’impossibilité peut naître précisément la créativité et la réinvention d’un rapport sacré au monde. Mais nous remarquons aussi que peu d’artistes ont su faire face à cet espace imposant à la fois scéniquement et symboliquement. Ils se sont trop souvent cantonnés à une forme de divertissement ou à un contournement du défi. Dès lors, l’impossible se transforme en incapacité et le sacré confine à la superstition. La Cour peut être la métaphore écrasante de l’institution culturelle en France. C’est une cour avec ses courtisans ; un palais avec ses rois, ses reines et ses bouffons ; une papauté avec ses idolâtres et ses mystificateurs. Nous repensons à ce titre à Paperlapap de Christoph Marthaler. Ainsi, elle peut apparaître comme le temple des relations de pouvoir. Le Palais des Papes est le clignotant sur lequel les médias appuient pour communiquer l’image et les chiffres du Festival.

Pour le spectateur, les sensations restent paradoxales, entre fascination et colère, émerveillement et souffrance. Nous assistons souvent dans ce lieu à des comportements exacerbés de certains spectateurs, qui se sentent autorisés aux pires agissements. Le spectacle se déplace parfois dans la salle, tant ce lieu sur-joue la représentation. Est-ce le cadre qui est source de pareils agissements ? Faudrait-il dès lors l’enlever du programme afin de mettre à bas les idoles et de redonner du souffle au Festival d’Avignon ? Ou au contraire la repenser en rappelant aux artistes qui veulent l’investir l’impérieuse nécessité d’être à la hauteur de ce monument ?

Puis loin, Le Cloître Saint-Louis, adresse administrative du Festival In est un peu à l’image de cette Cour d’Honneur. La beauté des lieux exalte le plaisir sensoriel…mais quel usage en est-il fait ? C’est principalement un lieu de passage, ouvert à tous les vents.

Comme la Condition des soies, le Cloitre des Carmes engage un environnement esthétique qui lui est propre. Entre grotte et arcades, ces salles ont été les réceptacles de nos rires et de nos larmes, et peut-être de nos plus belles découvertes de ces dernières années : « La chambre d’Isabella » de Jan Lauwers, « La Maison de la force » d’Angelica Liddell, « Tragédie » d’Olivier Dubois, « Au moins j’aurais laissé un beau cadavre » de Vincent Mccaigne. Spontanément nous pensons à l’orage, aux averses, car c’est une salle à ciel ouvert : le Cloître des Carmes est pour nous ce lieu où la pluie a pour fonction de souder le public.

A mesure que nous cheminons vers le Magic Miror, nos idées avancent également : quelles relations ces lieux, ces pièces, ces personnes entretiennent-ils avec les spectateurs ? Ont-ils seulement conscience de cet enjeu ? Le travaillent-ils ? Quel processus d’échange, de relation avec le public engagent-ils ? Proposent-ils une alternative au spectateur-consommateur d’une offre culturelle, même de qualité ? Que faudrait-il inventer pour nouer une autre relation ?

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C’est précisément ce qui va se jouer une nouvelle fois lors du travail avec Philippe Lafeuille. Il va chorégraphier nos images, nos ressentis, nos émotions en incluant d’autres spectateurs venus assister à 17h à un bilan parlé du In et du OFF! Et ainsi mettre en corps des spectateurs acteurs, actifs, créatifs.

Alors que le Festival s’achève, peut-être ses dirigeants devraient-ils s’interroger davantage sur le sens de son action. Sur le public auquel il s’adresse de fait (une élite, une bourgeoisie plus ou moins grande, composée majoritairement d’enseignants ? Des touristes ?) alors qu’il devrait s’adresser à tous (l’idéal du théâtre national populaire). Cette question fondamentale traverse le simple clivage In/Off car elle les percute tous deux de la même façon.

Un bilan sera proposé. Il sera chiffré et certainement impacté de la conjoncture d’un été qui a été brulant. Le directeur du In aura à en découdre dans ce contexte si particulier sur le plan politique, territorial, national. Cela fait longtemps que les salles ont été aussi peu fréquentées et cela, sans compter les très nombreux spectateurs qui sont partis durant les représentations (I Am notamment).

Mais qu’en est-il de l’exigence qualitative ? Celle formulée par Jean Vilar et René Char qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ont fondé un théâtre aussi créatif poétiquement que liant politiquement ? Sur le plan qualitatif, c’est une année blanche, sans coup d’éclat, à l’image de la création d’aujourd’hui. Nous nous étonnons que durant notre cheminement du jour, nous n’ayons mentionné aucune pièce de cette année mise à part Hypérion Marie-José Malis. Le contexte sociétal semble anesthésier la vision de nombreux artistes. Ou alors ce système par cases (In/Off, acteurs/spectateurs, culture/art) a fini par recouvrir les meilleures volontés.

C’est dans ce contexte que les Offinités ont ouvert une voie, un sillon, une fleur, pour reprendre l’image que René Char adresse à Jean Vilar dans une lettre : « C’est une chance, une de ces double-fleurs qui se produisent quelque fois dans l’Histoire ».

Sylvie Lefrère – Sylvain Saint-Pierre – Tadornes.

“Les Offinités du Tadorne” au village du Off à 17h de 10 au 24 juillet 2014.
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Festival d’Avignon – Sacha « Waltz ».

La 6ème journée des Offinités du blog du Tadorne intitulée « Le grand écart du Off » nous a fait vivre un nouveau parcours sensible de spectateurs du OFF d’Avignon visant à articuler, par la pensée et par le corps, les relations entre théâtre et danse. Pour l’occasion, trois spectatrices (Franboise, Hélène, Estelle) ont inclus le groupe des Tadornes pensant, au départ, assister à une journée dédiée à la danse. Leur surprise fut totale lorsqu’elles comprirent que les Offinités plaçaient l’enjeu ailleurs. Précisément dans les mains, les pieds et les yeux de Sacha…

Sacha, 18 mois, nous a rejoints à 17h au Magic Mirror du village du Off, accompagné de ses parents et de ses grandes sœurs. Ses yeux reflètent l’émerveillement devant la piste centrale éclairée. Philippe Lafeuille, chorégraphe présent lors de chaque Offinité, l’invite comme spectateur de choix. En confiance, il évolue seul en tournoyant doucement. Le groupe des participants suit les consignes de Philippe et va peu à peu s’articuler autour du tout petit. Il tape dans ses mains – nous reprenons son geste. Le bal des spectateurs est ouvert. Il s’émerveille – nous également. Sa grâce va nous relier pendant 1h. Il sera omniprésent, fédérateur, liant, créatif et finira épuisé, couché sur le plancher.

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Quelque part, Sacha, sans le savoir, a joué le projet des Offinités. C’est une présence aléatoire qui invite les adultes à lâcher-prise et à travailler à partir de l’imprévisibilité. Il nous conduit à abandonner le langage, à porter l’attention sur les mouvements du corps et des gestes. Celui qui n’a pas encore la parole déjoue les classifications et les cloisonnements : théâtre ici, danse là. Avec Philippe, justement, chacun prononce un mot et lui associe un geste pour évoquer une expérience de spectateur. Il les relie en une farandole : « bonjour », « connard », « Shakespeare », « haine », « Utoya », « musique », « chaise », « noir », « peau », « confession », « liberté » ! C’est une chorégraphie de nos multiples ressentis : nous sommes captivés, amusés, ennuyés, exaspérés par le spectacle vivant, et nous lui tendons ce miroir. Les mots dévitalisés ne reprennent sens que lorsque le geste les accompagne.

Car la danse collective crée la relation, libère la créativité. Nous retrouvons une intuition sensorielle perdue depuis l’enfance, que la rencontre artistique fait éclater. Le plaisir collectif palpable nous positionne dans une énergie de groupe qui nous permet de réaliser, de fait, une sorte de danse-théâtre. D’unifier, à notre niveau, ces catégories.

Avant ce moment de grâce, nous avons vécu le parcours de la journée. Nous sommes partis de nos représentations : la farandole chez Pina Bausch, le cri chez Carolyn Carlson, le manque de grâce chez Juliette Binoche, Pietragala, sont tour à tour convoqués. Ces images vont nous suivre jusqu’à l’Espace Roseau, où nous assistons à «  Eileen Shakespeare » d’après Fabrice Melquiot, mis en scène par Laurent Rossini. La compagnie «  Cris pour habiter Exils » a fait un long voyage depuis la Nouvelle Calédonie. La comédienne Olivia Duchesne tour à tour frondeuse, militante, déterminée, nous fait osciller dans les époques. Elle questionne la condition féminine dans son intimité, sa place dans la famille ou dans la société. Le désir de création d’Eileen Shakespeare l’entrainera jusqu’à la folie. Le suivi de sa métamorphose est particulièrement émouvant. Quelque part, la mise en cause de son frère, William Shakespeare, nous apparaît comme une dénonciation du théâtre comme catégorie autonome. Même si des éléments méritent d’être travaillés dans la scénographie, nous sortons émus, les yeux cachés par nos lunettes de soleil pour réhabituer notre regard à la lumière.

Nous avons retrouvé le poids des cultures et des traditions dans «  Confessions » mis en scène par Sangbong Park, artiste coréen. Après le dépouillement nous découvrons la profusion. Technologies multiples, musique jouée en live par des musiciens, vidéo. Les reflets des deux comédiens cernent notre regard. Ils apparaissent comme corps dansants, exultant des mots crus. Leurs images nettes ou déformées métaphorisent leur état psychique. Ce sont des consciences perdues dans leurs désirs et leurs contraintes, qui mettent à nu leurs pulsions inavouables. Elles se fracassent, se disloquent, faisant apparaître la monstruosité en l’homme : «  Je hais donc je suis », «  Je suis né un Humain », « I am what I am ? ». Soudain la nouvelle Calédonie, l’Angleterre, se rejoignent et forment un nouveau territoire autour de la Corée : l’Asie semble confrontée à la même crise identitaire que celle qui frappe l’Occident. Elle pousse les individus oppressés par les cases à se réfugier dans des pulsions.

Nous touchons presque à la fin des Offinités et chaque journée nous met en mouvement sur la ville, dans les salles, dans les spectacles, dans la danse, ensemble, public connu ou inconnu.

Et si c’était cela, notre projet de société désirée pour demain ?

Recoller les morceaux dans une danse-théâtre qui apparaîtrait comme l’enfance de l’art…

Sylvie Lefrère – Sylvain Saint-Pierre – Tadornes.

“Le grand écart du OFF” dans le cadre des Offinités du Tadorne le 22 juillet 2014.
«  Eileen Shakespeare » d’après Fabrice Melquiot, mis en scène par Laurent Rossini à l’Espace Roseau, Avignon, à 10h45.
«  Confessions » mis en scène par Sangbong Park,au Théâtre des Halles, Avignon, à 14h.
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Orage sur Avignon.

Ce dimanche matin, le ciel est dégagé. Les animateurs du blog le Tadorne se préparent pour leur 5ème Offinité, rendez-vous régulier donné depuis le début du festival aux spectateurs désireux de vivre un parcours de spectacles, de retours créatifs, et d’un temps partagé de création avec le chorégraphe Philippe Lafeuille. À 17h, en public, au village du Off, il chorégraphie nos savoirs sensibles. Lors de nos Offinités, point de vision dogmatique sur la «culture» ; point de discours usés jusqu’à la corde….juste un mouvement, une énergie pour penser autrement la complexité de nos rapports singuliers à l’art. N’est-ce pas les prémices d’un art politique ?

Le roi se meurt8 - -® Ye Danquing

Nous débutons au Théâtre des Halles. Une troupe de jeunes artistes Chinois jouent «Le roi se meurt» d’après Ionesco, mis en scène par Alain Timar. Ils rafraîchissent notre vision sur le pouvoir. Les jouets pour enfants en plastique envahissent peu à peu le plateau : ne sont-ils pas les métaphores de nos outils démocratiques précieux et fragiles ? Le sceptre est une louche pour nous en faire avaler des kilos. Les armes sont des barres lumineuses bon marché. Les véhicules, des tricycles musicaux pour harmoniser nos déplacements. Tout est léger et factice. Nous rions devant cette représentation de notre société en déliquescence qui voudrait tout contrôler alors même que le pouvoir semble impuissant, parce que déconnecté du terrain. Avec leur énergie et leur réactivité, ces artistes de Shanghai nous donnent de la force. Avec leur groupe généreux et créatif, ils symbolisent le regard extérieur dont nous avons besoin pour abandonner les modèles mortifères et penser le mouvement du renouveau. Toutefois, la mise en scène d’Alain Timar peine à nous relier : certains d’entre nous en sortent revigorés tandis que d’autres s’interrogent. Que peut bien signifier cette manière enfantine de questionner le pouvoir au moment même où nos processus démocratiques s’effondrent ? Doit-on y voir une forme de cynisme et de déni sur l’impérieuse nécessité de changer de modèle en s’y incluant soi-même ?

À la sortie du spectacle, une rencontre incroyable avec une artiste nourrit nos convictions. Ce que nous pressentions s’avère porté par cette femme visionnaire. La veille, lors d’une rencontre sur le thème «  L’art, prémices du politique », Marie José Malis (directrice du théâtre de la Commune, CDN d’Aubervilliers) débattait avec  Olivier Py (directeur du Festival d’Avignon), Marie-José Mondzain (philosophe) et Xavier Fabre (architecte du cabinet Fabre/Speller).

La politique culturelle, exercice de pouvoir, est opposée à la culture politique, à la puissance courageuse de création. L’art est politique dans son esthétique comme le précise Marie-José Malis : « Il est autre chose que ce qui est. Il nous déplace , nous transforme le monde. Nous avons besoin de formes nouvelles et profondes. ». Actuellement, on observe une culture séparée de tout le reste dans notre société. Comment identifier une politique culturelle alors qu’elle est incluse dans un ministère de la communication ? Toute l’Europe est frappée par cette gestion.

Les élus réclament de la vision. Pour cela ils financent la construction de lieux trop souvent médiatisés qui coutent cher en fonctionnement.  Faut-il accepter ces conditions en convenant qu’elles ouvrent des possibles tout en posant une stratégie rusée ? Mais l’art, le geste artistique ne s’incluent pas nécessairement dans la ruse. Des gestes radicaux peuvent être choisis, comme ceux de la Coordination des intermittents et Précaires, qui doivent faire face à ceux qui ont le pouvoir et l’argent. La lutte des intermittents métaphorise la crise générale. Ils apportent par le « pour tous » (« ce que nous défendons, nous le défendons pour tous »), une autre manière d’aborder le corps social. Nous perdons le courage et la rigueur de nous exprimer sur l’essentiel. La politique actuelle se confronte à l’impossible, dans cette perte du sens démocratique.

En quittant cette magnifique entrevue, l’orage gronde sur Avignon et la foudre tombe à quelques mètres de nous. Mais ce déluge est  salvateur, car il a attiré un nombreux public au Majic Mirror. Il revient donc au chorégraphe Philippe Lafeuille de clôturer ce parcours en incluant au collectif de la journée, ceux venus se réfugier pour échapper au déluge (quelle métaphore !). Cette heureuse proximité entre spectateurs de tous horizons permet à une vingtaine de spectateurs inconnus de nous rejoindre pour exprimer en mouvement leur ressenti sur les spectacles.  Dehors c’est le chaos, mais nous sommes  tous réunis dans cet écrin, concentrés dans un lien éphémère et créatif magnifiquement crée par Philippe Lafeuille. Il perçoit en chacun de nous, un regard sensible sur l’art puis nous relie pour faire émerger une vision, symbolisée par une sculpture de groupe.

«  La culture c’est la règle, l’art c’est l’exception » disait Godart. Avec Philippe Lafeuille, nous nous autorisons la rupture de la règle pour vivre l’exception, le surgissement et être auteur du geste.

À Avignon, il y a des journées inimaginables…À nous de les transposer dans des ailleurs.

Sylvie Lefrère – Pascal Bély – Tadorne.

Les Offinités du Tadorne du 10 au 24 juillet 2014 au Festival OFF.
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Faire tomber les remparts d’Avignon.

En cette fin de journée au village du Off d’Avignon, nous sommes assis en cercle – chacun prend la parole. Une participante ose alors : « Je vous remercie parce que j’ai toujours pensé que le Festival d’Avignon, ça n’était pas pour moi. Dans ma famille, on m’a toujours fait penser que le Festival était réservé à une élite à laquelle je n’appartiens pas. Je n’y connais rien, je n’ai pas de culture. Et pourtant, aujourd’hui, je suis venue à Avignon, j’ai vu des spectacles du Off, j’ai dansé ici. Ça m’a libérée, nous avons fait tout ça ensemble. Alors merci. » L’image revient de son sourire et de son regard espiègle et enfantin, lorsqu’une heure plus tôt à 17h, nous sommes arrivés sous le chapiteau du Off, au Magic Miror. Ce n’est pas la première fois qu’une participante des Offinités manifeste son émotion et sa fierté au moment d’entrer dans ce lieu central du Off. Une heure durant, elle en prendra pleinement possession, accompagnée de son groupe, des Tadornes (Pascal Bély, Sylvie Lefrère, Sylvain Saint-Pierre, Bernard Gaurier) et du chorégraphe Philippe Lafeuille. Ce lieu et ce dispositif agissent alors comme des révélateurs.

Nous sommes le 18 juillet 2014. Il est 9h et nous ouvrons notre 5e Offinité consacrée au lien entre « art et lien social ». A cette occasion nous accueillons Hélène, Marie, Viviane, Alexandra, Pauline, Véronique, Claudine, Ophélie, Dorothée, Claire, Julle. Les premières images pour évoquer le lien entre art et lien social sont celles de la grimace de l’enfant créateur, du tatouage, d’une scène, d’une respiration, du street art, de la Statue de la Liberté, de la Belle et la Bête ou d’une danse africaine lors d’une sortie au Musée d’Orsay avec des enfants. On évoque aussi le frein, la méconnaissance, les stéréotypes…Finalement, nous avons tous l’intuition d’un lien étroit entre art, lien et travail social, alors même que tout tend, dans nos pratiques quotidiennes, à les cliver.

Deux pièces vont nourrir le mouvement de notre journée et de notre pensée : Tant’amati de la compagnie Erika Zueneli, puis Le Prochain Train de la compagnie Les Bandits de grand-moulin. Ces travaux ont pour point commun de présenter deux couples dévitalisés. Un homme, une femme, englués dans la répétition des mêmes gestes, automatiques, désinvestis par la pensée ou les affects. Ils sont pris dans une relation blanche qu’ils ne cherchent pas à colorer de vivant. Ce sont des hommes modernes d’une société désincarnée, dépolitisée, déshumanisée.

Par l’imagination, nous transposons ces relations dans le cadre professionnel du travail social : la bouilloire dans Tant’amati qui menace sans cesse de déborder ou d’exploser; la mécanique des gestes se relie à la déresponsabilisation collective, qui empêche toute décision d’être prise ; le huis-clos renvoie à ce qu’est devenu aujourd’hui le lien social. Travailler avec autrui, c’est former un couple avec la personne que l’on côtoie. Et parfois, la peur de l’Autre étouffe l’envie de l’aider, de l’accompagner comme dans Le prochain Train. Face à la difficulté du quotidien et à la monstruosité de la machine administrative, il peut être tentant de laisser filer la qualité relationnelle et la vitalité des premiers instants. De se retrouver comme une ombre à côté d’une autre ombre. Comment sortir de ce filet de peur ?

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En imaginant des contes à partir de nos associations d’idées et des pièces vues, nous allons tenter de revitaliser ces couples, de recoudre le tissu relationnel. Nous inventons ensuite des mouvements correspondant à ces histoires. Puis, avec Philippe Lafeuille, nous les avons mis en scène. Sous le chapiteau du Magic Miror, le groupe se métamorphose : nous formons des ponts au-dessus des fleuves. Si l’eau est agitée, elle se glisse dans les interstices de la contemplation – nous regardons alors l’horizon avec espérance. Nous passons sous les ponts, mains unies sur la statue de la Liberté que nous élevons vers le ciel : « Il faut faire voler vers le ciel la liberté ! La Liberté doit voler ! » nous dit Philippe. Par des fleurs-bulles, nous réanimons des corps dévitalisés qui se mettent alors à danser. En un mot, nous chorégraphions l’imaginaire pour constituer un corps poétique et politique.

Cette journée est une métaphore du lien « art, lien et travail social ». Elle a permis de déployer une « créativité à tous les étages » : par l’art, l’union est possible au sein d’un groupe dont les personnes ne se connaissaient pas à l’origine. Par l’art, nous pouvons être créatifs ; nous devons juste nous autoriser à l’être, avec confiance. L’art est une nécessité précisément parce que nous faisons face à des enjeux humains complexes, riches et puissants, qui exigent d’autres réponses que les gestes dévitalisés habituellement réalisés. Ces gestes inutiles qui menacent de tout scléroser.

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L’art, c’est la vision et le mouvement qui lui correspond.

L’art, c’est le dépassement de la peur qui recouvre le désir.

L’art, c’est le ré-enchantement du réel lorsque celui est une ombre.

Après cette journée, nous serons des travailleurs sociaux créatifs ou artistes, soucieux d’inventer de nouvelles relations par de nouveaux gestes.

Sylvain Saint-Pierre – Tadorne.

“Art, lien et travail social” dans le cadre des Offinités du Tadorne, le 18 juillet 2014.
Premier conte
“Il était une fois, un pont. De chaque côté, un homme, une femme.
L’homme vient chercher l’inspiration: des images pour créer son futur spectacle, prendre l’air, chercher de la fluidité.
La femme, chargée de ses outils et de sa lassitude, vient réparer le pont. C’est une tailleuse de pierre.
Du haut de ce pont se dégage une vue magnifique sur le territoire: ils ont une vision globale de ce qui les entoure: les tourbillons du fleuve, les Alpilles, les Cévennes Sauvages…
Chacun dans ses occupations se dérangent: le bruit des pierres que l’on tape, les mouvements du danseur incongru. Ils sont dans une incompréhension réciproque.
Le danseur improvise une chorégraphie sur les rythmes donnés par les coups de marteau. Une chorégraphie énergique se mue en une danse lente et sensuelle lorsque la tailleuse de pierre s’adoucit, se temporise en créant un rythme permettant l’expression du corps.
Le mouvement est beau.
L’été suivant, un spectacle de danse avec une cinquantaine de danseurs de tous horizons se monte sur ce pont. Le spectacle est un écho de cette rencontre.
Sur l’affiche, se trouve l’homme, la femme qui l’observe et s’interroge: vais-je où n’y vais-je pas?
 
Deuxième conte
Il était une fois Dominique et Dominique. Dominique courait tout le temps, tout le temps, sans cesse, en perte de sens permanent.Il va rendre visite, pour une visite à domicile, à Dominique, qui est l’Autre, qui reste à la maison, qui est dévitalisé, qui rêve de voyage. Le téléphone sonne sans cesse. L’Autre reste inerte sur son canapé. Il manque d’épanouissement. Et tout d’un coup, des cris. Un enfant arrive, déguisé en indien. Il réussit à poser une plume sur la tête de Dominique. Dominique le regarde, se met à chanter. Dominique était sur le canapé, prend une autre plume et se met à danser. Ils dansent tous ensemble. A un moment, ils entendent frapper  à la fenêtre. Un cheval ailé apparaît et invite tout le monde sur son dos pour traverser l’Atlantique  afin de se percher sur le bras de la Statue de la Liberté et oublier ainsi toutes leurs colères et leurs frustrations.
 
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Festival OFF – Essai d’un parcours imaginaire pour les lecteurs du Tadorne

Nous le savons. Nous avons l’expérience. La semaine du 14 juillet voit arriver tous les amis, les amis d’amis, les connaissances qui « débarquent » au Festival d’Avignon. C’est alors que revient toujours la même question : «Que faut-il voir ? ». Alors, je questionne : « quel est ton projet ? ». Pourquoi venir à Avignon ? Est-ce seulement pour se divertir ? Ne sommes-nous pas fatigués de nous divertir, de faire diversion alors que le pays vit une crise morale et politique sans précédent ? Je ne pourrais pas être à Avignon sans projet. Cela me serait insupportable tant l’atmosphère hystérique  prend souvent le pas sur la question du climat : « que dit Avignon ? » , « que se passe-t-il ? » , « Où en sommes –nous ? », « que nous disent les artistes ? ». Depuis 2005, je vis pleinement Avignon avec le projet du Tadorne (ce blog de spectateurs qui pousse les cloisons pour tenter de sortir d’un entre soi de la pensée…). Cette année, le OFF soutient le projet des Offinités du Tadorne, parcours théâtral pour spectateurs qui s’engagent à vivre un processus créatif pour questionner leur positionnement.  C’est notre relation à l’art que nous interrogeons pour révéler ce que nous jouons, ce que nous désirons, ce que nous projetons pour une société en mouvement. C’est la raison pour laquelle, le chorégraphe Philippe Lafeuille nous accompagne en fin de parcours à relier nos visions pour une chorégraphie de spectateurs.

Alors que faut-il voir ?

J’imagine un parcours…

 D’abord avec vos enfants ou avec les enfants dans la salle :

  • « Montagne » à la Condition des Soies à 10h écrit par Aurélie Namur, mis en scène par Florence Bernad, vous entraînera dans un voyage initiatique. Comment deux êtres différents, un ours et une biche vont cheminer sur un territoire, en se fédérant par la confiance ? La danse de Mickaël Frappat oscille sur la scène couvrant les moindres espaces. Notre imaginaire scrute à travers les branchages et monte sur le mur d’escalade. La douceur du plateau enveloppe les spectateurs adultes et enfants dont les corps, tendus, droits, sont à l’écoute ».
  •  Marche ou rêve” par la compagnie Lunatik (Espace Monclar à 10h30) vous offrira  une vision tournée vers le grandir. Deux comédiennes jouent avec les mots, en lien avec leurs chants rythmés. Elles sont l’enfant explorateur d’entrailles de bambous, chercheurs de trésor. Elles vont lutter contre vents et marées, en équilibre permanent entre réalité et rêve.

– Peut-être auriez-vous envie de commencer par de la danse. De la « belle danse » comme on n’en fait plus beaucoup, où l’élégance est un propos. Où le lien est une trajectoire ; où le soleil éclaire la noirceur d’un plateau provoquée par nos désirs d’en découdre avec l’inexplicable ; où 4 types se cherchent indéfiniment pour ne pas exploser et créer coute que coute le groupe, seul ensemble vecteur de sens. « Siwa-la Persistance rétinienne d’un Eden fantasmé » de Michel Kelemenis vous illuminera. Pour longtemps. C’est aux Hivernales, à 10H.

 Vous serez surpris de retrouver 4 autres types dans « Us-Band » de Samuel Mathieu aux Hivernales à 13h45 vous attendrons. C’est un beau coup de grâce, une danse généreuse, ouverte. C’est une respiration donnée part 4 hommes pour qui les gestes retrouvés de l’enfance sont autant d’actes héroïques.

 Vous aurez juste le temps de prendre « Le prochain train » d’Orah de Morcie au Théâtre Notre Dame à 14h35. Avec son écriture ciselée, Orah de Morcie nous permet d’entendre ce qu’il se joue, de saisir comment les outils de l’internet structurent durablement les relations et le regard que nous portons sur elles. « Le prochain train » est une belle métaphore d’un combat entre la poésie et l’outil, entre la complexité de l’humain et ce qu’elle est capable d’engendrer contre elle !

  Mais peut-être hésiterez-vous à prendre le train. Alors, « Rendez-vous gare de l’est » de Guillaume Vincent à la Condition des Soies d’Avignon à 14h25 suffira. L’œuvre est  magnifiquement interprétée par Emilie Incerti Formentini. Vous prendrez le train à grande vitesse d’une vie plongée dans les médicaments, dans la folie douce, celle de la maniaco-dépression.

 Vous aurez encore de l’énergie pour rester à la Condition des Soies et écouter Yves-Noël Genod  à 19h dans « Rester vivant, variations d’après Les fleurs du mal de Baudelaire». Et vous comprendrez pourquoi la poésie est un voyage intérieur, qu’elle s’adresse à votre corps, à votre peau. Qu’elle n’endort pas parce qu’elle éveille notre conscience sur la fragilité de l’immatérialité, patrimoine mondial de l’humanité. Yves-Noël Genod vous emmènera loin. Il est phare. Nous sommes des petits bateaux comme autant de lucioles dans la mer infinie où nos imaginaires échoueront sur les rives du théâtre.

Pascal Bély , Sylvie Lefrère – Sylvain Saint-Pierre- Le Tadorne

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Festival d’Avignon – « Mâchouiller les choses du monde, comme les enfants » (Hypérion)

Lundi 14 juillet 2014, Festival d’Avignon. Pour cette nouvelle journée particulière vécue en compagnie de spectateurs du Festival, les Offinités du Tadorne, co-animées par Pascal Bély, Sylvie Lefrère, Sylvain Saint-Pierre et Bernard Gaurier, proposent de mettre en jeu la figure du spectateur passionné. Justement, la veille, dans le Festival dit “In”, nous avons assisté à une pièce qui a nous a fortement imprégnés : la mise en scène d’Hypérion par Marie-José Malis. Cette pièce porte haut l’exigence artistique des acteurs et des spectateurs. Le roman de Hölderlin semble transformé pour l’occasion en opéra à une dizaine de voix déclamant une seule et unique parole. Essentielle, puissante, incandescente, portée par tout le corps, tendu, extrême.

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Les comédiens, face au public, l’apostrophent, l’interpellent, l’intégrant au processus réflexif. Pour Hölderlin, l’homme est cet être déchiré qui aspire à l’unité avec ses semblables, la Nature, ou Dieu. L’existence est ce cheminement entre plénitude et vide, présence au monde et absence du divin. Ce tiraillement est une violence, une plaie à vif. Mais être Homme, c’est précisément faire face à cette césure pour tenter de la colmater au nom d’un idéal : la Beauté. Ce théâtre, qui impose sa durée, porte en lui ce même mouvement : fracture avec l’instant présent et ouverture vers un possible dépassement. Si de nombreux spectateurs n’ont su saisir ce qui leur était offert, la qualité d’écoute et d’attention de ceux qui sont restés étaient à leur comble. Une belle image de « grands spectateurs », comme les souhaite Marie-José Malis, c’est-à-dire avides de beauté.

Le lundi au matin, nous étions donc encore fortement imprégnés des émotions de la veille pour aller à la rencontre d’autres spectateurs passionnés,  Claire, Vanessa, Guillaume, Jérôme, Gentiane. Nous avons débuté cette Offinité des affinités esthétiques, en interrogeant notre passion commune pour les arts vivants à partir d’une image marquante et d’un ressenti qui lui serait associé. Pippo Delbono, Angélica Liddell, Roméo Castellucci, Arthur Nauzyciel ou William Forsythe sont évoqués à tour de rôle. La simple mention d’une image prégnante fait ressurgir les ressentis : larmes, désirs, frissons, peur. Nous percevons alors que par la danse, le théâtre, le cirque ou toute autre performance artistique, nous avons tous, au moins une fois, été saisis par des visions sidérantes, qui ont marqué notre goût du spectacle. Ces visions au présent sont des instants suspendus. Ils ouvrent sur des territoires inconnus pour lesquels nous sentons bien que la rencontre artistique met en lien davantage qu’un simple divertissement ou un alibi culturel. Le paysage artistique français reste trop marqué par l’omnipotence de la culture au détriment des mots d’ordre de créativité et de générosité. Substituons à cette impasse des démarches horizontales, diagonales, qui seules peuvent être à la hauteur des enjeux politiques, esthétiques et humains.

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Ces images et ces gestes évoqués vont nous accompagner toute la journée, lors du visionnage d’un documentaire sur l’intermittence ou de deux pièces que nous avons vues : A l’approche du point B, de la Compagnie La Lanterne, et Oblomov, mis en scène par Dorian Rossel. Ces spectacles nous ont diversement marqués : émotions positives ou agacement, intérêt ou indifférence, éveil de l’esprit et des sens ou endormissement. Les échanges sont vifs et nous sentons bien qu’ils ne mènent nulle part, nous éloignant du processus initié par les Offinités.

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Nous retrouvons enfin Philippe Lafeuille qui a la tâche de dénouer nos gorges en reliant, par la chorégraphie, nos idées et nos ressentis, afin de nous constituer comme corps. Il réunit, au Magic Miror, sous le chapiteau du Off, le groupe de la journée avec des spectateurs présents pour l’occasion, ignorant tout du projet des Offinités. Nos perceptions du théâtre seront alors des éclats de gestes et parfois de voix. Des fragments de ressentis qui résument notre rapport au spectacle vivant : applaudissements silencieux ; allongements à même le sol à la manière d’un spectateur christique endormi ; écritures sur les nuages ; bulles flottantes d’idées qui s’envolent vers le ciel ; porte-cris qui résonnent encore, à l’heure qu’il est, sous le chapiteau ; guitares-héros rebelles ; poings rageusement fermés ; idées qui brillent sur la tête ; bras grands ouverts sur le cœur. Nos mots d’ordre sont bondissants comme des corps éruptifs : « strapontin », « intermittent », « performance », « désir », « coup de poing », « pourquoi ? ».

Revient alors à l’esprit cette phrase d’Hypérion, selon laquelle : « La pensée qui devrait guérir les souffrances tombe malade à son tour. » Triste caractéristique des périodes de crise, à la fin du 18e siècle comme aujourd’hui.

La danse, le théâtre….le spectacle vivant : ce miracle guérisseur de pensée malade, et par-là même de souffrances…qui nous place en-avant, en mouvement, tous ensembles

Sylvain Saint-Pierre – Tadorne.

Le Off des spectateurs passionnés” le 14 juillet 2014 dans le cadre des Offinités du Tadorne.

Prochains rendez-vous (inscription auprès de Pascal Bély au 06 82 83 94 19 ou par mail pascal.bely@free.fr):

Le 16 juillet, « le vrai OFF des manageurs et des chercheurs »: ils animent des équipes, bâtissent des projets, cherchent dans des univers complexes et s’inspirent des esthétiques théâtrales. Rendez-vous à 9h et 17h au Village du Off.
Le 18 juillet, « Le bel OFF du lien social »: enseignants, travailleurs sociaux, éducateurs, créateurs ….L’Humain est leur quotidien, l’art est leur outil pour donner voir de prés et de loin. Rendez-vous à 9h et 17h au Village du Off.
Le 20 juillet, « Spectateurs étrangers, spectateurs français: croisons nos regards ». Le OFF, premier festival de théâtre au monde, fera entendre une vision croisée de la création contemporaine française et étrangère. Rendez-vous à 9h et 17h au Village du Off.
Le 22 juillet, « Le grand écart du OFF »: les uns ne voient que du théâtre; les autres que de la danse. Et si on inversait? Rendez-vous à 9h et 17h au Village du Off.
Le 24 juillet, « Le OFF est-il IN? »: les uns vont au In et au Off, les autres vont au Off et au In. Écoutons nos curiosités. Les cloisons sont étanches! Rendez-vous à 9h et 17h au Village du Off.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON L'IMAGINAIRE AU POUVOIR

Avignon OFF – Cour d’Honneur.

Des adultes accroupis, repliés sur eux-mêmes, éloignés les uns des autres, mains fermées sur le visage. Debout, des enfants les observent. Ils s’avancent vers chacun d’eux, les prennent par la main et les mettent délicatement en relation. Ces adultes aveugles sont guidés par des enfants-lucioles. Ils forment à présent un cercle autour des petits qui, par ses mouvements de va-et-vient, miment une bouche souriante ou une respiration. C’est une danse. Une procession célébrant la joie retrouvée, sous forme de recherche d’eau. Elle devient frénétique, des cris retentissent. On entend la voix du chorégraphe Philippe Lafeuille : « Le groupe du bonheur regarde le soleil ! ». Le soleil, c’est l’autre groupe. Une enfant-ours avance à genoux, grognant, geignant, et entrainant avec elle une véritable meute qui figure la force du collectif.

“- C’est fou, s’exclame une participante… ! 

– Comment tu fais le fou-fou ? »

En réponse à cette réplique de Philippe, elle prend alors un voile qu’elle fixe sur sa taille, entame une danse traditionnelle, libérant une charge émotionnelle qui semble contenue depuis très longtemps. Cette libération tant attendue contamine l’ensemble : femme enceinte, personne âgée, bébé, enfants. Les mots de Philippe Lafeuille donnent à chacun des acteurs la force d’exister, là, sous ce chapiteau, au milieu des regards d’inconnus. La vulnérabilité, les blessures, visibles par endroits, s’inscrivent dans cette dynamique, comme chez cet enfant hyperactif devenu « petit poids sauteur » joyeux, ou chez cette femme, que la fatigue due à la chaleur et au ramadan n’empêche pas de danser, encore et encore. Dans les yeux, dans les gestes, avec force et intensité : « Nous existons ! »

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Nous sommes au Magic Miror, village du Festival Off d’Avignon, pour l’Offinité n°2. Cette nouvelle journée accueille des parents-enfants de la ville de Vitrolles, principalement des femmes avec leurs enfants de 2 à 10 ans. Elles sont accompagnées pour l’occasion des travailleurs sociaux, professionnels de la parentalité, qui les suivent au quotidien, réunis dans le réseau Vitrolles Réseau Familles. Des professionnels donc, mais aussi des bénévoles, tous immergés pour l’occasion dans le processus de la journée, qui consiste à vivre avec ces familles deux spectacles du Off ponctués de moments d’échanges. Avec l’équipe des Tadorne (Pascal Bély, Sylvie Lefrère, Sylvain Saint-Pierre), ils articulent leurs ressentis esthétiques et ce qu’ils vivent au quotidien.

Dès le matin, elles sont arrivées en Avignon chargées de soucis du quotidien et de sourires timides, mais aussi de sacs à dos remplis pour la journée. Elles, pour qui c’est le premier Festival et peut-être les premiers spectacles. Leurs yeux brillent déjà à l’idée de vivre cette journée, même si certains à cause du ramadan avaient eu une nuit courte.

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Sur le chemin conduisant au premier théâtre, les enfants ont les yeux grands ouverts et les mains tendues pour effleurer joyeusement les affiches ou saisir les tracts. Ils récoltent pour se souvenir, garder une trace. Deux petites filles portent le lourd catalogue du Off pour choisir à la maison avec leur grand mère et revenir ; déjà l’envie d’un retour…

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La montagne écrit par Aurélie Namur, mis en scène par Florence Bernad, va nous entrainer dans un voyage initiatique. Comment deux êtres différents, un ours et une biche, vont cheminer sur un territoire, en se fédérant par la confiance. La danse de Mickaël Frappat oscille sur la scène couvrant les moindres espaces. Notre imaginaire scrute à travers les branchages et monte sur le mur d’escalade. La douceur du plateau enveloppe les spectateurs adultes et enfants dont les corps, tendus, droits, sont à l’écoute. Alors que la pièce évoque un monde séparé en deux par l’autoroute A7, comment ne pas faire de lien avec ces spectateurs venus de Vitrolles, ville elle-même coupée en deux par cette voie rapide et longtemps clivée politiquement ?

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L’après midi, “Splatch” de la compagnie « Les déménageurs associés », va agir comme un rafraichissement. Les jeux aquatiques, tout en lâcher prise, conduisent les spectateurs sur une petite embarcation imaginaire, les faisant naviguer face à ces deux femmes clowns.

Tout au long de la journée jusqu’au moment avec Philippe Lafeuille, Tadornes, familles, professionnels de la parentalité, nous avons travaillé le geste comme sens et comme «soin» : prendre soin de l’autre, lui accorder de l’attention, s’associer à son mouvement propre, adoucir ses peines, lui faire éprouver de la joie.

Nous nous quittons les yeux brillants, en ayant le sentiment que cette journée est passée trop vite. Après la qualité intense de ce vécu, comme des enfants, nous voulons déjà recommencer, encore et encore.

Toutes les villes devraient créer des dynamiques comme celle ci pour sa population.

L’art vivant nous offre la possibilité de vivre ensemble, en créateurs.

L’art politique et intime dans un même mouvement.

Sylvie Lefrère – Sylvain Saint-Pierre  – Tadornes

Parents, enfants, que voyons-nous ensemble?” a été présenté dans le cadre des Offinités du Tadorne le 12 juillet 2014. Prochains rendez-vous:

Le 14 juillet, « le OFF des spectateurs passionnés »: ils sont infatigables, engagés, explorateurs, curieux et le feront savoir. Rendez-vous à 9h à Utopia.
Le 16 juillet, « le vrai OFF des manageurs et des chercheurs »: ils animent des équipes, bâtissent des projets, cherchent dans des univers complexes et s’inspirent des esthétiques théâtrales. Rendez-vous à 9h au Village du Off.
Le 18 juillet, « Le bel OFF du lien social »: enseignants, travailleurs sociaux, éducateurs, créateurs ….L’Humain est leur quotidien, l’art est leur outil pour donner voir de prés et de loin. Rendez-vous à 9h au Village du Off.
Le 20 juillet, « Spectateurs étrangers, spectateurs français: croisons nos regards ». Le OFF, premier festival de théâtre au monde, fera entendre une vision croisée de la création contemporaine française et étrangère. Rendez-vous à 9h au Village du Off.
Le 22 juillet, « Le grand écart du OFF »: les uns ne voient que du théâtre; les autres que de la danse. Et si on inversait? Rendez-vous à 9h au Village du Off.
Le 24 juillet, « Le OFF est-il IN? »: les uns vont au In et au Off, les autres vont au Off et au In. Écoutons nos curiosités. Les cloisons sont étanches! Rendez-vous à 9h au Village du Off.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON LA VIE DU BLOG PETITE ENFANCE

Avignon OFF- Etre professionnel de la toute petite enfance est un art.

« Etre dans la virgule »

En ce matin gris et froid du 10 juillet 2014, date de la 1ère Offinité du Festival Off d’Avignon, elles sont toutes à l’heure. Elles, ce sont les 30 professionnelles de la petite enfance qui arrivent de Martigues, Marseille, Les Pennes-Mirabeau, Vitrolles, Montpellier et Pont-de-Claix. Elles ont fait le choix de s’engager dans un même processus temps, accompagnées en cela par le groupe des Tadornes – Pascal Bély, Sylvie Lefrère et Sylvain Saint-Pierre.

Au départ, dans la cour de la Maison du Théâtre pour enfants de Monclar, nous leur demandons un geste pour poser le socle de la journée, celui du mouvement de la rencontre entre l’art et la petite enfance.

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Très vite, ces femmes, qui ne se connaissent pas, se mettent en lien. Un groupe déhiérarchisé et décomplexé. Les mots suivent la dynamique et donnent de la visibilité aux projets. Leurs danses commencent, mine de rien, dans un pas, une rotation, un regard. Ainsi, tout a débuté par une, trois, six d’entre elles, pour finir ensemble dans les mains de Philippe Lafeuille, danseur chorégraphe, au Majic Circus du Village du Off.

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Mais avant d’en arriver là, deux spectacles les ont aidées à créer leur danse. « Marche ou rêve» de la Compagnie Lunatik a offert une vision tournée vers le grandir. Deux comédiennes jouent avec les mots, en lien avec leurs chants rythmés. Elles sont l’enfant explorateur d’entrailles de bambous, chercheurs de trésor. Elles vont lutter contre vents et marées, en équilibre permanent entre réalité et rêve.

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Dans « Us-band», 4 hommes nous attendent sur le plateau. Ils ont chacun leur singularité et sont réunis dans une élégance complice. Ils ressemblent à ces enfants qui évoluent en crèche : ils jouent à se pousser, à se jauger, à courir, à se rencontrer dans ce qu’ils sont dans un espace donné. Ils sont eux, ils sont nous. Adultes, enfants. Samuel Mathieu a dû finement observer l’enfance pour une restitution de cette qualité. Le corps des enfants est omniprésent dans ses touchers, ses déplacements, ses regards. Les jeux déploient le plaisir et la dynamique. Une claque sur la cuisse engage cette énergie, le mouvement.

Ces mises en scène réunissent pleinement les spectatrices de la petite enfance, inspirent leurs restitutions chorégraphiées qui ponctuent à de nombreuses reprises la journée. C’est la construction d’un projet, d’une utopie, en cherchant, en marchant. Patiemment…

Car, au-fur-et-à-mesure des spectacles vus et joués par ces femmes, émergent ces questions : comment relier le monde de l’art et celui de la petite enfance ? Qu’est-ce que le geste révèle comme mouvement de fond ? Durant leur travail chorégraphique mené la journée, elles ont établi des liens entre des ressentis communs à ces deux univers : l’enthousiasme, le retour sur soi, la vision de l’autre dans le groupe, la vision globale au sein du groupe, la vision esthétique, l’ouverture vers l’Autre, au-delà du groupe, et enfin le lâcher prise. Sans que cela ait été prévu initialement, ces chorégraphies, mises bout à bout, procèdent du même éveil progressif que celui qui conduit l’enfant à prendre conscience de son humanité. Leur mouvement d’ensemble mène au lâcher-prise…qui amorce en retour une circularité créatrice, puisqu’il nourrit l’enthousiasme, le retour sur soi, et ainsi de suite : le point d’arrivée devient point de départ. L’adulte professionnel, par l’art, retrouve l’enfance, le corps-sujet, le décloisonnement, l’impulsion immédiate et la relation. Il faut ré-enchanter, ré-enfanter les structures d’accueil de la jeunesse, de la même manière que le philosophe Bernard Stiegler considère qu’il faut « amateuriser » les pratiques professionnelles (amateur venant d’ « amor », ce qui veut dire « aimer »), qu’elles soient critiques, artistiques ou autres.

A plusieurs reprises, notre cordon de spectatrices s’est étiré à travers la ville. Les pas se sont emboités avec ceux des tracteurs. Des relations, des questionnements, des idées ont jailli. Le temps a été notre censeur, en mouvement à toujours nous courir après ou nous rattraper.

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Au village du Off, ces femmes vont se saisir de tous ces ingrédients respirés dans la journée et les mettre en émulsion grâce à Philippe Lafeuille, notre monsieur loyal créatif. Le public ne va pas en croire ses yeux : des rires et des mouvements fusent en tous sens, tout en étant recentrés sur l’essence même de leur projet commun. Le centre du chapiteau Majic Mirror laisse résonner le bruit de leurs pas engagés et de leur soif de liberté qu’elles libèrent pleinement dans leur élan collectif de lâcher prise.

Le processus temps de la journée a permis à ces femmes de révéler le potentiel qu’elles portent en elles. Elles ont contribué à façonner une nouvelle relation critique, au cœur même du village du Off. Une pensée critique en acte, en mouvement, joyeuse, libérée. En un mot : incarnée.

Le 10 juillet, l’émerveillement du spectacle était dedans, dehors, partout, dans une vision globale de spectateurs-acteurs passionnés.

Sylvie Lefrère – Sylvain Saint-Pierre – Le Tadorne

« Le Grand Off du Tout-Petit » dans le cadre des Offinités du Tadorne, le 10 juillet 2014.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Communiqué de presse: Le OFF d’Avignon propose aux spectateurs 8 parcours de festivaliers. 

Greg Germain, Président du OFF, a confié à Pascal Bély, animateur du blog de spectateursle Tadorne (www.festivalier.net), le soin de proposer plusieurs parcours où se croiseront spectacles et regards critiques. Les « Offinités du Tadorne »  se dérouleront les jours pairs entre le 10 et le 24 juillet 2014 de 9h à 18h. Chaque groupe, composé d’une vingtaine de spectateurs, sera accueilli dès 9h puis il assistera à deux représentations (entrecoupées de séquences d’écoute des ressentis) pour rejoindre à 17h, le Magic Mirror où le chorégraphe Philippe Lafeuille lui proposera une performance dansée publique à partir de ses retours critiques.

L’objectif de cette expérience unique dans l’histoire du festival est de donner une meilleure visibilité de l’engagement des festivaliers et de la diversité de leurs regards sur les différentes programmations qui le composent.

Le calendrier:

Le 10 juillet, « le Grand OFF du tout-petit »:  des professionnels de la toute petite enfance portent une regard sur la création pour les touts petits (complet)

Le 12 juillet, « Parents, enfants, que voyons-nous ensemble? »: des professionnels de la parentalité de la ville de Vitrolles accompagneront un groupe de parents et d’enfants venant pour la première fois au Festival (complet).

Le 14 juillet, « le OFF des spectateurs passionnés »: ils sont infatigables, engagés, explorateurs, curieux et le feront savoir.

Le 16 juillet, « le vrai OFF des manageurs et des chercheurs »: ils animent des équipes, bâtissent des projets, cherchent dans des univers complexes et s’inspirent des esthétiques théâtrales.

Le 18 juillet, « Le bel OFF du lien social »: enseignants, travailleurs sociaux, éducateurs, créateurs ….L’Humain est leur quotidien, l’art est leur outil pour donner voir de prés et de loin.

Le 20 juillet,  « Spectateurs étrangers, spectateurs français: croisons nos regards ». Le OFF, premier festival de théâtre au monde, fera entendre une vision croisée de la création contemporaine française et étrangère.

Le 22 juillet, « Le grand écart du OFF »: les uns ne voient que du théâtre; les autres que de la danse. Et si on inversait?

Le 24 juillet, « Le OFF est-il IN? »: les uns vont au In et au Off, les autres vont au Off et au In. Écoutons nos curiosités. Les cloisons sont étanches!

Inscription sur le blog officiel du OFF: http://blog.avignonleoff.com/journee-particuliere-festival-off-avignon-tadorne/

Portrait de Pascal Bély:

Pascal Bély est consultant auprès du secteur public et associatif. Depuis 20 ans, Il accompagne les équipes pour révéler leurs visions créatives d’un projet global. En dialogue avec son positionnement de consultant, il a crée en 2005, “Le Tadorne » (www.festivalier.net), un blog de critiques sur l’art animé avec un collectif de spectateurs.: “Si l’art crée du lien, Le Tadorne pense que tout se relie à l’art…Aux regards binaires sur les oeuvres, le spectateur-critique du Tadorne préfère les approches engagées, sensibles, où le politique se lie avec la poésie, où l’individu, la communauté, et le devenir de l’humanité s’enchevêtrent”.

Portait de Philippe Lafeuille:

À travers son travail de chorégraphe, Philippe Lafeuille engage le corps en mouvement dans une grande liberté, loin de toute étiquette ou chapelle. Il propose une écriture chorégraphique qui emmène le corps vers le théâtre. Peut-être la volonté de créer un “théâtre de la danse”. L’espace scénique devient alors un terrain de jeux de tous les possibles, où l’art chorégraphique tisse avec le théâtre, mais aussi les arts plastiK, l’humour et la poésie la toile de tous les possibles.

Contact Presse, OFF Avignon: Jphirigaud@aol.com

Contact Pascal Bély: 06 82 83 94 19 – pascal.bely@free.fr

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON LA VIE DU BLOG

Nous préparons vos journées particulières au Festival d’Avignon.

Pour préparer les Offinités du blog du Tadorne au prochain Off d’Avignon, Sylvie Lefrere de Montpellier, Sylvain Saint-Pierre de Paris, Bernard Gaurier de Bretagne et Pascal Bély d’Aix en Provence se sont dernièrement réunis à Marseille pour ressentir ce qu’ils allaient partager avec les spectateurs d’Avignon dans quelques semaines.

Cap sur deux expositions à la Friche Belle de Mai autour de l’architecte du MUCEM Rudy Ricciotti, des photos du collectif chicanos ASCO et de «Visages» à la Vieille Charité. Trois rencontres qui nous ont rassemblés autour du projet des Offinités, car nous y avons trouvé des appuis créatifs pour enrichir nos réflexions.

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Nous nous sommes reconnus dans les paroles de Rudy Ricciotti, architecte du Mucem de Marseille, pour qui l’innovation repose sur le lien respectueux avec les différents acteurs (du maçon au maitre d’œuvre), socle de toute créativité. Nous nous sommes identifiés à son «combat» quand il décrit les chemins de traverse par lesquels il a contourné les rigidités institutionnelles. Nous considérons nos huit prochains rendez-vous avec les spectateurs comme une œuvre commune où nous déjouerons les voies rectilignes de la rencontre pour évoquer autrement nos ressentis sur les 3 spectacles que nous verrons chaque jour.

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La vision critique du groupe Asco, collectif d’artistes mexicains des années 70, nous a sidéré. Leur propos engagé s’appuyait sur la mise en jeu de leur corps. Nous souhaitons que l’engagement des spectateurs inscrits aux Offinités soit mis en mouvement avec la complicité du chorégraphe Philippe Lafeuille.  En fin de parcours à 17h, il leur proposera au Village du Off, de se projeter dans un imaginaire où les images de la journée formeront une chorégraphie qui englobera le public venu assister à son travail.

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À la Vieille Charité, l’exposition « Visages » nous a offert différentes perceptions, à l’image des parcours où vous serez invité. Il existe même une salle où sont proposés des liens entre l’archéologie, l’art contemporain et le corps créatif du spectateur ! Au centre de la cour, il y a une chapelle où le spectateur peut créer sa vision circulaire de l’art : comment ne pas penser au Village du Off ? En quittant «Visages», nous ressentons que tout chemin ouvre sur la complexité et pas sur autre chose !

Ainsi, avons-nous relié ces trois expositions avec un plaisir jubilatoire. Comme si l’art nous permettait tous les liens possibles. Nous imaginons nos Offinités à l’image de ce week-end : explorer le théâtre à travers la dentelle de béton du Mucem ; s’engager comme ASCO dans la critique pour y dévoiler nos multiples visages.

Pascal Bély – Sylvie Lefrère – Bernard Gaurier – Sylvain Saint-Pierre.

Le programme des Offinités:

fleche-noire 10 juillet – « Le Grand OFF du tout-petit »
Les professionnels de la toute petite enfance vont au spectacle et nous immergent dans l’univers foisonnant de la création pour tout-petits.

fleche-noire 12 juillet – « Le Grand OFF des petits et grands »
Parents et enfants (de 8 à 15 ans) vont au spectacle et restituent : « Qu’avons-nous vu ensemble ? ».

fleche-noire 14 juillet – « La critique en OFF des spectateurs Tadornes »
Les animateurs du blog « le Tadorne » et d’autres spectateurs vont au spectacle et s’interrogent : « C’est quoi être un spectateur Tadorne ? ».

fleche-noire 16 juillet – « Le vrai OFF des managers-chercheurs »
Chercheurs, manageurs, décideurs vont au spectacle et s’interrogent : « et si la question du sens se travaillait dans les relations humaines incarnées au théâtre ? ».

fleche-noire 18 juillet – « Le bel OFF du lien social »
Les professionnels du lien social vont au spectacle et s’interrogent : « Comment le théâtre évoque-t-il la question du lien ? ».

fleche-noire 20 juillet – « L’étrange OFF vu d’ailleurs »
Un groupe de spectateurs étrangers vont au spectacle et s’interrogent : « Le langage du théâtre est-il universel ? ».

fleche-noire 22 juillet – « Le grand écart du OFF »
Des spectateurs passionnés de théâtre découvrent la danse et inversement : « Danse – Théâtre : un même mouvement ? ».

fleche-noire 24 juillet – « Le OFF est-il IN ? »
Un groupe de spectateurs IN-OFF fait le bilan du festival.

S’inscrire ici.

A très bientôt.