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FESTIVAL D'AVIGNON PAS CONTENT

Au Festival d’Avignon, Garcia se carbonise.

Comment relier « insideout » par Sacha Waltz à «Cruda. Vuelta y vuelta. Al punto. Chamuscada» de Rodrigo Garcia, deux oeuvres vues dans la même soirée ? C’est un exercice d’autant plus délicat que je sors de la première proposition déstabilisé et que la deuxième m’attend sans me donner la moindre occasion de souffler un peu ! Si Sacha Waltz me propose un nouveau positionnement dans ce monde chaotique, Garcia me le sert sur un plateau, avec les bruits, les odeurs et la pensée qui va avec. Mon cerveau n’a plus qu’à se laisser porter d’autant plus que je connais Rodrigo Garcia (peut-il encore me surprendre après « L’histoire de Ronald, le clown de McDonald’s » et « Borges + Goya ») et ses propos sur la place de l’humain dans la mondialisation.
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Ici en Avignon, le public est sagement assis et le restera. Point de provocation comme en mars 2006 où nous étions un des éléments du décor avec « Borges + Goya ». Point d’humiliation comme en 2004 où les corps n’étaient qu’une marchandise à l’heure de la malbouffe pilotée par McDonald’s. Ce soir, Garcia nous propose une (jolie) forme plus classique (le comédien Juan Loriente accompagné des « murgueros » de Buenos Aires, groupe carnavalesque) où la danse, la musique, les effets spéciaux servent la pensée toujours aussi torturée de Garcia sur l’évolution du monde à l’heure de la globalisation. Ici, il prend le temps de ce centrer sur ses personnages, laisse dans un premier temps le groupe s’exprimer comme force de contestation sociale. Le corps n’est plus un exutoire où l’on n’y jette que de la nourriture, mais une forme artistique à part entière (comme si Garcia se découvrait un tout petit peu chorégraphe), quitte à le mettre sous célophane ou créer une ambiance de fin du monde. Il peut alors distiller sur l’écran vidéo ses messages répétitifs, mille fois lus et entendus avec quelques attaques nauséabondes. Il s’en prend à la psychanalyse, thérapie pour petits bobos de bobos. Il catalogue ainsi des milliers de patients dans la case des acheteurs d’Ipod (ceux qui perdent une demie-journée pour choisir le bon modèle). Garcia ignore les raisons qui guident vers l’analyse, mais est-ce si important ? La démagogie ne supporte pas la psychanalyse, celle qui rend les individus autonomes, libre de penser. Garcia préfère asséner les amalgames, profitant du pouvoir que lui confèrent la scène et sa réputation. D’ailleurs, il n’hésite pas à détourner la psychanalyse en projetant sur l’écran vidéo des photos des enfants des « murgueros » (et leur zizi…) pour les faire parler sur leur paternité ! La ficelle est tout de même un peu grosse. Cela dit, il nous a évité le pipi – caca.
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Le groupe finit pas s’effacer pour aller prendre sa douche et récupérer des codes vestimentaires plus acceptables. Avec son comédien fétiche, Juan Loriente, Garcia reprend vite la main pour nous décrire un Nouveau Monde qui réagirait de la même manière qu’une vache qui ne retrouverait pas ses veaux, partis à l’abattoir.  C’est drôle, caricatural, enfermant. Alors que le groupe se reforme autour d’un corps qui se carbonise tel un enterrement, je suis stupéfait par cette vision de notre avenir. L’art ne sert que les théories (fumeuses) de Garcia. Il se trouve que la forme a de l’allure. Pour le fond, cette nourriture est un peu dure à avaler, mais finalement facile à digérer.
Pascal Bély
www.festivalier.net

 « Cruda. Vuelta y vuelta. Al punto. Chamuscada » de Rodrigo Garcia a été joué le 13 juillet 2007 dans le cadre du Festival d’Avignon.

Crédit photo: © Christophe Raynaud de Lage/Festival d’Avignon.

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Pour la France de Madame Ségolène Royal.

Willem nous a proposé hier dans le Journal Libération la vision d'électeurs de gauche sur le pays de Ségolène Royal. Beau pays?Ce sera ma France.

Ce sera ma France, dirigée par une femme, portée par une vision ouverte sur l'Europe.

Ce sera ma France, redevenue ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : un pays qui replace l'humain au c?ur de tout.

Ce sera ma France dirigée par une femme issue du désir des Français et non crée par l'appareil d'un parti verrouillé par une approche masculine du pouvoir.

Ce sera ma France, métissée, reliée, où l'enfant fera l'objet de toutes les attentions et tous les projets éducatifs transversaux.

Ce sera ma France, pays des créateurs de toutes sortes où le Web 2.0 est le support de nouveaux liens sociaux.

Ce sera ma France, celle qui protège, sécurise, ouvre les possibles.

Ce sera ma France, celle qui met en réseau les expériences innovantes en Europe.

Ce sera ma France, celle des femmes, accompagnées par des hommes ouverts à la complexité.

Ce sera ma France, dansante, à l'image du pays d'Anne Teresa De Keersmaeker.

Ce sera ma France celle où les artistes sont les éclaireurs de notre terre patrie.

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Le projet culturel de François Bayrou: l’art de l’égocentrisme.

La culture arrive donc à petits pas dans la campagne. Après l'interview de Ségolène Royal dans les Inrocks, c'est au tour d'ARTE d'interviewer les candidats dans le « Journal de la culture ». François Bayrou ouvre le bal. Fatigué et sans beaucoup d'inspiration, nous avons droit à quinze minutes assez ennuyeuses. L'homme aime l'écriture et nous rappelle qu'il a écrit sur Henri IV, car il “n’a pas assez d'imagination pour inventer lui-même des histoires ». Cela a le mérite d'être clair ! Pour ne pas faire oublier qu'il est anti système, il se déclare hostile au comité de soutien composé d'artistes, mais patine un peu pour expliquer le sens de cette position ! Dès le début de l'interview, Bayrou pose toujours le même cadre, quelque soit d'ailleurs les émissions : il ramène le sujet à une vision égocentrique pour l'élargir à une approche « extremo ? centrique » !

 

L'émission ne nous donne pas le projet culturel global du candidat. Si l'intention est acceptable (« Je veux une culture d'ouverture pour le plus grand nombre »), il reprend à son compte les propositions de Ségolène Royal pour pérenniser le régime des intermittents, pour repositionner l'enseignement artistique au c?ur de l'éducation, et pour encourager le patrimoine linguistique de la France. Pour le reste, deux propositions ont retenu mon attention :

 

Une loi programme sur le spectacle vivant. François Bayrou est inquiet du décalage entre les moyens alloués à la production et la diffusion des ?uvres. Combien d'entre elles ne sont diffusées qu'une ou deux fois alors qu'elles sont de qualité ? La réponse est à trouver du côté de la décentralisation et dans la recherche de nouveaux publics, mais nous n'en saurons pas plus?

 

La culture doit être au c?ur du lien social. Il propose que des jeunes artistes communiquent sur leurs créations lors du service civil qu'il nomme d'ailleurs « service humanitaire » dès qu'il s'articule à la culture. La voilà relayée au rayon des ?uvres charitables?

 

L'intervention de François Bayrou se conclut par une proposition (« car tout le monde la fait ») : la TVA à 5,5% pour les biens culturels. Mais il rappelle qu'il « n'aime pas faire des promesses financières en cette période de dette ». Cette phrase sonne comme un couperet: elle nous empêche de nous projeter et de finir sur une note d'ouverture. La politique de Bayrou est sûrement à trouver dans la structure de cette émission : l'homme n'a décidément pas beaucoup d'imagination pour inventer une nouvelle histoire de France.

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Le projet culturel de Ségolène Royal pour s’affranchir des clichés.


Vendredi 9 mars, je mettais en ligne sur ce blog le magnifique appel de la cinéaste Pascale Ferran lors de la Cérémonie des Césars. La culture a fait ainsi une entrée remarquée dans la campagne sans pour autant que les grands médias interpellent les projets des candidats. Je sentais qu'il se préparait quelque chose, que les mots de Pascale Ferran trouveraient un écho.
Ségolène Royal a donc remis la culture au centre : d'abord lors d'une réunion face à 1000 intellectuels (artistes, juristes, écrivains, philosophe, ?) au Gymanse Japy le 11 mars puis dans une longue interview dans les Inrocks de cette semaine. Pour la première fois depuis 1981, une candidate à l'élection présidentielle fait de la culture un projet politique global. Loin d'une vision de la (bonne) culture dictée par le haut, elle préfère la relier au social, à l'économie, à l'éducation. Parmi les mesures symboliques et porteuses de sens, je retiens l'introduction de l'art à l'Éducation Nationale par la rencontre avec les artistes, la refonte du Conseil Economique et social pour y rajouter la culture, l'ouverture du chantier de l'emploi culturel (« après avoir soigné les blessures liées au conflit de l'intemittence »). Elle propose la création d'un Conseil Supérieur des savoirs, des arts et des sciences directement placé auprès du Chef de l'Etat. Toutes les autres propositions visent à décloisonner la culture car pour Ségolène Royal, « l'enjeu n'est plus seulement l'accès illimité, mais le choix éclairé ».
C'est ainsi qu'à la lecture de cette interview, vous aurez la douce sensation d'assister à l'émergence d'une politique culturelle ouverte, créatrice de passerelles inédites et profondément modernes. C'est une femme « affranchie » qui nous la propose. Ce n'est peut-être pas un hasard.

 

 

 

A noter, la création d’un “Carré Culture” sur le site de Désirs d’Avenir.

A lire, l'émouvant compte ? rendu de Pierre Bastogne sur la réunion au Gymnase Jappy sur le site Bétapolitique.

A lire l'intégralité de l'interview, sur le site Désirs d'Avenir.

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Les Théâtres du Jeu de Paume et du Gymnase casent le public.

Je ne suis pas content. L'appel ce matin au Théâtre du Jeu de Paume (Aix en Provence) pour renouveler mon abonnement a fini de me convaincre d'écrire sur une politique tarifaire absurde et arbitraire.
La programmation 2006 – 2007 de ces deux théâtres, unis pour le meilleur et souvent pour le pire, ne brille pas par son audace. Malgré tout, j'ai réussi à sélectionner cinq spectacles grand public, mais a priori de qualité :
– « Tragedy » par le Cartoun Sardines Théâtre.
– « Electre » mise en scène par le touchant Philippe Calvario avec Jane Birkin.
– « Quartett », mise en scène par Robert Wilson avec Isabelle Huppert.
– « La veillée des abysses » par James Thiérrée.
– « Dernier caprice » par Joël Jouanneau.

Seulement voilà, ces spectacles ne rentrent pas dans les cases créées arbitrairement par une Direction commerciale qui doit remplir coûte que coûte les salles avec une rentabilité maximum. Pour avoir le ticket gagnant, il faut que vos combinaisons (un spectacle dans le 1er groupe, dans le 2ème, dans le 3ème,?vous suivez ?) soient possibles?Vous croyez avoir gagné ? Pas du tout?encore faut-il qu'il reste des places « abonnement ». À ce petit jeu mesquin et infantilisant, j'ai perdu. Je dois donc téléphoner un mois avant chaque représentation et payer le prix fort (entre 20 et 40 euros).
J'entends déjà ceux qui me rétorquent : « c'est la loi du privé ». Certes, mais cette loi contraint les spectateurs à voir certaines oeuvres (j'en ai fait l'amère expérience l'an dernier avec «Face au mur» d'Hubert Colas assis à côté d'un couple qui n'a pas hésité à pratiquer d’autres jeux beaucoup moins culturels?). Au final, ce public est rarement chaleureux, encore moins mécontent.
Parce que je suis un spectateur exigeant.
Parce que je prends mon temps tout l'été pour croiser les différentes programmations des théâtres de la région.
Parce qu’enrichi par le Festival d'Avignon, je choisis ma programmation en août.
Je n'ai pas la possibilité de m'abonner.
Cette relation au public est détestable. Elle métaphorise l'arbitraire de la case, de la procédure, du quantitatif au mépris du désir de théâtre. Cela tombe du haut vers le bas comme le montre si justement l’affiche…
La société française est décidément prête à être gouvernée par l'arbitraire. Les cases sont prêtes. Il n'y a plus qu'à cocher.

A lire la chronique sur la programmation du Théâtre d’Arles, du Pavillon Noir d’Aix en Provence.

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“L’After / Before” au Théâtre du Merlan!

Je n’avais pas fait le lien avant d’y arriver: l’usine Corot, où se joue ce soir « Psychiatrie / Déconniatrie » dans le cadre des « Vagabondages » du Théâtre du Merlan à Marseille, est le lieu où le « chorégraphe » Jean-Charles Gil répète ses œuvres. Elles ont fait les joies du Tadorne  en décembre dernier. L’endroit est angoissant  mais le restaurant qui jouxte la salle de spectacle donne envie. Comme quoi, l’art culinaire a sa place à côté du lard chorégraphique.

Je suis en avance (c’est la condition pour avoir la « before » attitude) ; une jeune femme me tend un questionnaire : « Le Théâtre du Merlan souhaite connaître son public ». Je m’efforce de remplir les cases mais une photocopie de ma carte d’identité serait plus efficace. Le Théâtre du Merlan pourrait quand même créer un partenariat avec l’Université pour proposer des questionnaires qui tiennent un peu mieux la route. Certes, les étudiants sont occupés ailleurs et cela se sent : ce questionnaire est aussi light que le programme social de l’UMP.

Tout en remplissant ce pauvre papier, j’engage la conversation avec une chargée des Relations avec le Public. Quel joli titre ! Autant être franc…Cette jeune femme est avenante ; elle m’informe des activités du Merlan et porte son projet artistique. J’évoque mon blog et l’invite à trouver l’adresse via Google et Jean-Charles Gil (la boucle est bouclée). Je suis ravi de cette rencontre et je me sens respecté comme spectateur. La pièce qui suivra (« Psychiatrie / Déconniatrie“) confirmera cette impression.

Mais là où tout ce gâte, c’est à la fin du spectacle. Nous sommes en Avril 2006, soit trois années après la crise de l’intermittence déclanché par Raffarin en juin 2003. A peine la pièce terminée (je n’ai même pas le temps de faire une ovation à Christian Mazzuchini) la Directrice du Merlan et les techniciens sont sur le plateau. Et là…nous avons droit à la lecture de jolis textes entendu mille fois sur le statut de l’artiste, sur la nécessité de sauver le Service Public de la Culture, et gnan, gnan, gnan…

Au même moment, les étudiants font alliance avec les syndicats de salariés pour faire plier en deux mois un gouvernement autocratique. Les intermittents continuent d’être inaudibles, répétant toujours les mêmes modes d’action, positionnant toujours le public dans la même posture (on écoute gentiment et on applaudit tout aussi gentiment…). Je m’en étais ému dans un précédent «After / Before » comme quoi, de Cavaillon à Marseille, rien ne change.

Alors que «Psychiatrie / Déconniatrie » posait la parole comme un acte créatif et libératoire, il semble que les intermittents se soient enfermés dans une communication à sens unique, loin du public et des salariés en situation précaire. Avec le CPE et les étudiants, il y aurait pu avoir la  plage sous les pavés…

Pascal Bély – Le Tadorne
A lire, « Psychiatrie / Déconniatrie  au Théâtre du Merlan: à devenir fou»

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Le theâtre de Cavaillon lance la saison: malaise!

Ce samedi 1er octobre, je me suis donc exilé pour assister au lancement de la saison 2005 – 2006 de la Scène Nationale de Cavaillon ((dois-je rappeler que j’habite Aix en Provence, “ville culturelle estivale”). Le public est là, nombreux. Je revois avec plaisir Marie – José, en pleine forme, pour un nouveau marathon théâtral! Le Directeur du théâtre (Jean – Michel Gremillet) est sur scène pour nous présenter les moments forts de la saison. Cet exercice est difficile…car comment présenter ce qui est en création? Comment informer sur  l’envers du décor? Finalement, quel sens peut bien avoir ce souci de la transparence si ce n’est de donner l’occasion au Directeur et au Maire de Cavaillon de monter sur scène?! Certes, cette présentation m’a permis de programmer un spectacle que je n’avais pas prévu (Denis Plassard et la 16ème promotion du Centre National des Arts du Cirques, les 18 et 19 octobre…les explications sont prometteuses!) mais ce monologue sans interactivité avec le public a des limites. En effet, quand Serge Valetti (dont la pièce Poeub est programmée le 10 avril) prend la parole pour revenir (son courrier publié par le Nouvel Observateur fin juin 2005 est encore dans toutes les mémoires!) sur l’absence de théâtre dans la cour d’honneur lors du dernier festival d’Avignon, je me sens prisonnier de ce dispositif où l’on ne peut pas intervenir. Inutile d’ailleurs de compter sur M. Gremillet, qui ne trouva rien d’anormal à cette attaque en règle, lui qui fustigeait dernièrement les journalistes “poujadistes” du Figaro, de France Inter et …du Nouvel Observateur sur leurs critiques envers la programmation audacieuse des Directeurs d’Avignon. Je ressens difficilement l’intervention de Valetti: sa croyance dans un théâtre cantonné seulement au texte m’insupporte (que fait-il du corps, ce langage de l’inconscient). A la fin de cette présentation, je ne me sens pas très bien…Malaise… Celui-ci sera plus fort à l’issue du spectacle de la Chorégraphe Maguy Marin et du musicien Denis Mariotte (“Ca quand même”). C’est un manifeste, un cri de colère de Maguy Marin sur la société de consommation qui positionne la culture comme produit, sur le public qu’il faut sans cesse satisfaire, sur la précarité des artistes que le conflit de 2003 a encore plus fragilisé et enfin sur les institutions qui ne semblent pas jouer le jeu de la création. Le propos est appuyé par une bande son qui déverse des mots sur une musique assourdissante. Maguy Marin et Denis Mariotte se clonent grâce à des photos grandeur nature posées  sur scène qu’un vent balaiera vers la fin du spectacle. Je suis cloué à mon fauteuil tant je ressens la colère de l’artiste. Mais en même temps, je me sens enfermé. On parle à ma place, on me culpabilise d’être ce consommateur si exigeant et l’attaque en règle des institutions me rappelle beaucoup trop les arguments des tenants du “non” au référendum européen. Lors des applaudissements (gênés) du public, Maguy Marin ne trouve rien de mieux que de se justifier (“J’en ai gros sur le coeur”) comme pour mieux se faire pardonner…La ficelle est un peu grosse. La culpabilisation n’est décidement pas le monopole de l’UMP! Je quitte Cavaillon quelque peu désabusé…Mais la saison ne fait que commencer. Il y aura bien un créateur qui fera confiance au public pour mieux le rendre compétent.

A lire le bilan du Tadorne sur le festival d’Avignon 2005.
A lire sur le même sujet: Florent Marchet quitte…la scéne nationale de Cavaillon

 

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FESTIVAL D'AVIGNON PAS CONTENT

Mathilde Monnier plombe la soirée du Festival d’Avignon.

Elle a pour elle la Cour d’Honneur, une excellente réputation de chorégraphe et un public à priori acquis ! Mais voilà, tout s’effondre avec « Frères et sœurs » dans un contexte de défiance à l’égard de la Direction du Festival d’Avignon.

Ce dimanche soir est morose ; la cour n’est pas au complet et je sens un public démotivé à l’égard d’une création tant décriée par la presse. Il y a de quoi…Le thème de la fratrie est complexe pour chacun d’entre nous ; Mathilde Monnier aurait pu nous parler, nous émouvoir. Or, elle s’enferme dans une vision violente articulée autour du pôle amour – haine. Tout au long du spectacle, je cherche une émotion (je suis d’une famille de 7 enfants) ; mon corps est statique et je m’étonne d’être aussi absent. Les danseurs se donnent mais semblent en dehors du message (énigmatique) de Mathilde Monnier.

Je quitte la Cour…Karolina, Peggy, Eric et Mathilde venus motivés sont dépités. Le débat s’engage avec d’autres spectateurs mais la fatigue s’installe…

Une soirée où notre groupe cherchera une dynamique à l’image de la fratrie de Mathilde Monnier. Tout est vraiment lié !

Pascal Bély, Le Tadorne

 

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FESTIVAL D'AVIGNON LES EXPOSITIONS PAS CONTENT

Festivalier perdu.

Il est 14h en ce samedi 15 juillet 2005 et les 37° degrés plombent la cité des Papes (même Benoît XVI??) ;  je me dirige péniblement vers l’Eglise des Célestins pour l’exposition de Jean Michel Bruyère et LFK « L’insulte faite au paysage…Fioretti de l’errance et de l’extermination ».Qu’écrire ?…Bon…Euh…En fait…Il fait noir puis…Non, …Des vidéos…des hommes noirs vivants debout derrière…un homme tout nu…Une femme allongée dans un trou…Un chien méchant….Au fond, un homme chien mime un chef d’orchestre…Il y a des bancs et…je m’endors…Je me réveille… Où est le propos ? De quoi s’agit-il ? Où est la piscine ?   …Non, ça c’était ce matin…Où se situe l’esthétique ? Comment peut-on réduire l’être humain à un objet d’exposition… ? Mais pourquoi donc le sens m’échappe-t-il ? Que m’arrive-t-il en cet été 2005 pour que le conceptuel me passe au dessus du tuba ?….Calmons-nous…Cette création est peut-être hors de ma portée…

Il est 16h en ce samedi 15 juillet et je me demande s’il ne serait pas mieux de louer une chambre d’hôtel et d’aller me coucher au frais…Je persiste à vouloir comprendre quelque chose…Direction le Cloître Saint Louis où un débat a lieu sur «Le spectacle vivant à la Télévision». Rien que le titre ferait mourir de rire notre ami Poutine…C’est pour dire…Le débat est d’un ennui…Cela ne m’étonne pas qu’il y ait si peu de spectacle vivant à la télévision avec de tels promoteurs…du spectacle mort – né !

Au bout de 20 minutes, je quitte le cloître avec l’impression de me noyer dans un océan de concepts et de bla – bla…

Pascal Bély – Le Tadorne

 

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FESTIVAL D'AVIGNON PAS CONTENT THEATRE FRANCAIS CONTEMPORAIN Vidéos

Pascal Rambert coule le Festival d’Avignon.

En ce dimanche caniculaire, le déluge vient de s’abattre sur Avignon. Pascal Rambert y présente « After / Before », une création très attendue (les places s’arrachaient sur le parvis !). Au départ de cette œuvre, une question très linéaire que Rambert pose à des terriens au hasard de ses rencontres à travers le monde: «En cas d’une grande catastrophe, d’un nouveau déluge , qu’emporteriez-vous surtout du monde d’avant pour le monde d’après ?». A cette question d’une paresse intellectuelle effroyable, les terriens s’efforcent de donner des réponses complexes, drôles, réfléchies, percutantes, jamais ennuyeuses au cours d’un film projeté au début du spectacle. On y entend les réponses intelligentes d’Olivier Py et de Christine Angot. Une jeune fille souligne tout de même que l’on ne peut prendre un élément en dehors de son contexte ; Olivier Py évoque l’impossibilité d’isoler un élément d’un tout (à croire qu’ils ont tous lu Edgar Morin !). Une femme émouvante parle du temps à ne plus perdre, de la communication à ne plus disqualifier. Bref, ces terriens sont formidables ! Ils sont tous porteur d’un tout, d’une globalité. Ce film est un petit bijou ; la pièce aurait pu s’arrêter là et ARTE aurait signé pour le diffuser au cours d’une Théma !

Mais Pascal Rambert a une toute autre idée de la question et des réponses (après tout c’est son droit). Son point de vue consiste à recycler les paroles des terriens! Pour cela, il démonte les paroles , coupe, remonte à sa guise. Les jeunes comédiens sont isolés chacun dans une rangée où trône à la fin une personne plus âgée. Les deux générations essayent bien de communiquer, mais en vain (on est loin de« Trois Générations » de Jean-Claude Galotta). Tout est cloisonné, les paroles sont isolées de leur contexte (seule la Télévision sait faire aussi bien !), voire disqualifiées (la réponse d’Olivier Py est ridiculisée). Un chien sur le plateau fait diversion et amuse un public manifestement désemparé pour en rire !

Non content de s’en tenir à cette première relecture des « terriens », Rambert nous remet le couvert avec une mise en musique et donc en paroles ! Et là, l’apocalypse, le vrai déluge de Rambert sous nos yeux…Les comédiens chantent faux, dansent comme à l’école primaire, se déguisent pour un carnaval funèbre. Des cris fusent du public (« Rendez-nous le chien »!);  j’ai honte de cette création et pitié pour ces comédiens ! A sa propre question, Rambert n’emporte même plus les paroles des terriens et engloutit la création du festival d’Avignon dans un océan de ridicule….

A la fin du spectacle, je suis  sonné pendant une bonne heure…J’ai apposé une affiche au cloître Saint Louis, siège du Festival : « Pascal Rambert utilise la parole des spectateurs. Reprenons-là!»

Je me suis imaginé Jan Lauwers, le fabuleux créateur de « La chambre d’Isabella » répondre à la question de Rambert. Il en aurait fait une ode à la joie, avec  Olivier Py comme vainqueur!

A vous de voir…Rambert et sa troupe squatte le Théâtre de Gennevilliers les 18 et 19 février 2006…Préferez la montagne!

Pascal Bély.