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EN COURS DE REFORMATAGE

2009 : « Oh ! Mes théâtres ! »

Quelle année ! Quels théâtres! On ne reviendra pas sur les six premières ?uvres évoquées dans un article précédent qui démontrent, contre vents et marées, la vitalité artistique du spectacle vivant en France et en Europe.

« Le père tralalère »Compagnie d'Ores et Déjà ? Festival d'Automne (Paris)

« Naître à jamais »  – Andras Visky – Théâtre des Halles (Avignon).

« Notre terreur » – Compagnie d'Ores et Déjà ? Théâtre des Célestins (Lyon)

« Food Court » – Bruce Gladwin ? KunstenFestivalDesArts (Bruxelles).

« La menzogna » – Pipo Delbono ? Festival d'Avignon.

?Ode Maritime? ? Claude Régy ? Festival d'Avignon.

« 12 s?urs slovaques » – Hubert Colas ? LU (Nantes)


 « La trilogie au Palais des Papes : littoral, incendies, forêts » – Wajdi Mouawad ? Festival d'Avignon.

« Les enfants nous font peur quand on les croise dans la rue » – David Bobée ? Théâtre de Gennevilliers.

« Et puis j'ai demandé à Christian de jouer l'intro de Ziggy Stardust » – Renaud Cojo ? La Manufacture (Avignon).

« Sables et soldats » – Horiza Orata ? Théâtre de Gennevilliers.

« Le bal de Kafka » – Isabelle Starkier ? Théâtre des Halles (Avignon).

« Le prince de Hambourg » – Marie-José Malis ? Théâtre Antoine Vitez (Aix en Provence)

« Canibales » – David Bobée ? Théâtre de Chateauvallon.

?The Shipment? – Young Jean Lee ? KunstenfestivaldesArts (Bruxelles)

?Coalition? – Tristero / Transquinquennal – KunstenfestivaldesArts (Bruxelles)

?Je pense à vous, épisode XX? ? Didier Ruiz – Festival Sens Interdits (Lyon)

 

Que de turbulences sur scène ! David Bobée n'a pas eu peur d'affronter le pouvoir sarkozyste (et certains programmateurs frileux) avec « nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue», ?uvre qui  annonçait déjà l'ignominie du débat sur l'identité nationale. Avec « Cannibales », il a réussi à parler d'une génération (celle des trentenaires) à toutes les générations. Nous avons besoin de ce théâtre-là pour nous retrouver sur des valeurs et les questionner. Était-ce l'intention du metteur en scène américain Young Jean Lee à propos de nos préjugés racistes dénoncés dans « The Shipment » et avec le japonais Horiza Orata  dans « Sables et soldats », ?uvre mélancolique sur la guerre ? Didier Ruiz a quant à lui invité des amateurs russes pour créer des ponts avec nous à partir d'une histoire commune (celle de la Deuxième Guerre mondiale) et d'une mise en scène d'une force étonnante puisée dans la fragilité de ces « témoins ordinaires ».

Mais le théâtre nous a proposé des chemins détournés, plus sinueux, pour interpeller  nos rigidités et rendre plus poreuses nos cloisons cérébrales. Renaud Cojo avec « Et puis j'ai demandé à Christian de jouer l'intro de Ziggy Stardust » a réussi le pari fou d'inviter la psychanalyse sur scène avec humour pour déjouer les clichés. Le collectif belge et flamand « Tristero / Transquinquennal » avec « Coalition » a joué de nos paranoïas pour interroger le sens de nos peurs contemporaines. La metteuse en scène Isabelle Starkier avec « le bal de Kafka » a propulsé les spectateurs dans les paradoxes de notre condition humaine où seul le théâtre peut nous aider à nous en amuser pour mieux les apprivoiser. Pour Marie-José Malis, «Le prince de Hambourg » a été un acte politique fort en offrant aux spectateurs les ressources pour qu'il ne tombe jamais dans une sensiblerie qui l'empêcherait de réfléchir au dilemme du pouvoir : l'éthique contre la « realpolitik »

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Mais au-delà de tous ces enjeux, il faut nourrir la magie que nous procure la scène, à l'heure où le divertissement s'industrialise pour uniformiser le « jeu ». On ne remerciera jamais assez Wajdi Mouawad de nous avoir offert une nuit entière de théâtre au Palais des Papes pendant le Festival d'Avignon avec sa « trilogie » (« Littoral », « Incendies » (photo), « Forêts »). Cette nuit-là était là pour nous rappeler  que la scène « mouvemente » nos visions inanimées. Les arts florissants de Mouawad nous ont redonné de l’unité pour recoller les morceaux. Cela va chercher loin tout ça. Il nous  faut maintenant revenir.

 

Pascal Bély ? www.festivalier.net