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FESTIVAL D'AVIGNON

Le Festival d’Avignon mord la poussière.

«Ce qui nous dépasse nous rassemble. 68ème édition, un festival politique” est le slogan qui s’affiche sur internet. Après quatre journées, je ne ressens aucune pensée en mouvement, juste une vision passéiste teintée de discours éculés.

À ce jour, jeudi 10 juillet 2014, je n’ai toujours rien écrit sur Avignon. Car rien ne vient. Rien…Vraiment ?

Par quels processus, la création «The Humans» d’Alexandre Singh a-t-elle trouvé sa place dans le festival ? Comment le thème de l’origine de l’humanité et de sa condition sociale a-t-il pu se perdre dans une esthétique aussi vieillotte ?

«Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas» d’Antonio Araujo promettait une pensée énergisante. Le public est invité à l’Hôtel des Monnaies dont l’architecture rappelle le lieu du pouvoir qu’il a été. De la rue au dernier étage, le public doit se déplacer pour s’immerger dans la crise orchestrée par les bruns au pouvoir. Tous les effets «spéciaux» au service d’une esthétique de la dictature sont là. La mise en espace rend visible ce que produit la violence d’un fascisme moderne, mais fait totalement l’impasse sur ce qui ne se voit pas…Il est probablement plus aisé de mettre en performance un lieu que de faire confiance à l’intelligence des spectateurs pour éviter de leur faire subir physiquement ce que majoritairement nous refusons.

«Orlando ou l’impatience» est la création d’Olivier Py, actuel directeur du Festival d’Avignon. C’est la plus attendue. Comment peut-il croire que le conflit qui l’a opposé à l’ancien ministre, Frédéric Mitterand, puisse constituer un propos sur l’avenir de la culture en France? Comment puis-je me projeter dans une logorrhée verbale dès qu’il évoque son Dieu ? Comment le goût pour le pouvoir d’Olivier Py et sa détestation peuvent-ils accueillir mes questionnements sur la crise actuelle et mes peurs qu’un parti fasciste prenne le pouvoir ? Certes, Olivier Py est un metteur en scène prodigieux quand il guide Orlando dans les pas d’un père sans nom et sans visage. Il est capable de créer une troupe d’acteurs exceptionnels avec qui le plateau se transforme en allégorie de l’amour et de la perte. Il est fascinant quand il entremêle le sort de l’artiste à sa condition sociale, elle-même liée à une complexité psychique. Mais pourquoi enfermer ce théâtre de l’amour dans une telle vision du pouvoir? Avec «Orlando ou l’impatience», je sais que rien ne sera possible avec ces hommes de pouvoir et de culture : le peuple finira par les détester parce que l’art ne s’inscrit plus dans un dépassement, mais dans une stratégie personnelle de conquête du pouvoir.

Où donc me réfugier ? « Le Prince de Hambourg » de Giorgio Barberio Corsetti était une promesse… «Je n’ai rien promis. Ai-je la tête d’une promesse ?» disait la Grande Actrice à Orlando alors qu’elle lui avait promis de lui donner le nom de son père. Oui, ce soir, le théâtre n’avait pas la tête d’une promesse, même pas la tête à ça. Et pourtant, il y avait de quoi nous interpeller : peut-on s’affranchir d’un cadre institué pour le faire avancer, le transformer ? La question est actuelle au moment où gouvernement Valls, pour sauver le cadre institué du dialogue social, a préféré signer l’accord avec le MEDEF et les syndicats contre l’avis du peuple des intermittents qui avait autre chose de plus pensé, de plus élaboré à proposer. Oui, « Le Prince de Hambourg » aurait pu être une œuvre majeure de ce festival. Au lieu de quoi, la mise en scène est sans énergie, poussive (à l’image du beau décor sur roulettes). La scénographie pallie ce que les acteurs peinent à incarner : le vide politique, l’effondrement de la vision, la verticalité des processus décisionnels. C’est policé à l’image de ces cabinets ministériels où l’on feint la crise sociale parce qu’il n’y a pas le bruit de la rue. Ce théâtre est pollué par le désir de produire de l’image pour masquer l’incapacité à proposer un dépassement…

J’aurais pu trouver un réconfort dans un spectacle jeune public, « Falstafe » de Lazare Herson-Macarel à partir d’un texte de Valère Novarina où comment le jeune prince d’Angleterre Henri V apprend le pouvoir par la guerre et la puissance dans sa relation avec le vieux et décadent John Falsatafe ! Ici aussi, un certain regard sur le jeu politique aurait pu faire résonance. Mais la mise en scène impose le jeu comme si le théâtre avait à justifier sa présence. Cela finit par être assommant, malgré la fougue des acteurs. Lors du tableau final, des enfants du public se glissent entre la scène et le premier rang pour ramasser méticuleusement les billets de Monopoly lancés précédemment. C’est leur façon de rassembler ce qui peut l’être. Terrible….

J’attendais Emma Dante. Elle fait partie des metteuses en scène qui m’ont les plus bouleversé ces dernières années. Mais « Sorelle Malacuso » n’a tenu aucune de ses promesses. Emma Dante nous a écrasés…Un groupe de filles italiennes bavardes comme des pies jouent la caricature de nos représentations. Une image de l’Italie révélée dans les années soixante-dix dans le cinéma réaliste de Pasolini.Mais ici le père étouffe par ses actes autoritaires. En réponse, elles jouent à se mettre en apnée, en mêlant rapport de force et culpabilité. Cette asphyxie atteint surtout la petite dernière, la favorite. Les rires et les cris saturent les oreilles. La liberté de mouvement ne transpire pas. Les premiers pas renvoient à la marche des danseurs de « Tragédie » d’Olivier Dubois. Le noir précède l’explosion des couleurs, mais on ne sent pas de légèreté. Un fin crucifix est dressé, mais il trop fragile pour maintenir le poids des valeurs. Il apparait par intermittence, décousu. Les corps tentent d’avancer, mais ils butent sur un obstacle invisible. La relation entre les parents déroule une danse fantomatique sans élan. Le désir n’y est pas. Quant aux hommes, ils sont enfermés dans une représentation qui ne permet pas au théâtre de les dépasser. Au final, nous sortons écrasés. Emma Dante ne nous a nourris que dans une vision passéiste sans enchantement.

Penser c’est être en mouvement. Il n’y a aucune fatalité à ce que le théâtre nous fige dans un temps glorieux où, paraît-il, il parlait au peuple.

Pour l’instant, ce festival n’est pas  à la hauteur de ce qui nous arrive…

Pascal Bély – Sylvie Lefrère- Le Tadorne

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FESTIVAL D'AVIGNON PAS CONTENT

Festival d’Avignon – Humains précaires, théâtre poussière.

Ce matin, une brume inhabituelle m’accueille à Avignon. Une façon de voiler ma vision sur ce festival. En arrivant par la rue de la République, les affiches accrocheuses des premiers théâtres m’agressent. La ville se réveille doucement entre les premiers touristes et les commerçants qui s’activent. Rien ne laisse transparaitre que la lutte continue après le mois de grève au Printemps des Comédiens de Montpellier. Je ne vois pas d’affiches concernant les intermittents, précaires et chômeurs. La ville semble s’animer comme si de rien n’était. Les artistes croisés disent vouloir jouer.

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Devant un théâtre du Off, sur le sol, un jeune homme finit de peindre une affiche : “Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous“. Il ne peut pas l’accrocher dans le théâtre où il travaille: c’est un lieu privé et seul un vote de l’ensemble des artistes et techniciens peut l’autoriser. Je lui propose de la laisser sur l’espace public pour ainsi échanger avec les passants. Il est temps d’ouvrir les débats, hors des institutions.

L’attente dans les files d’attente est un spectacle vivant. Plus tard, dans une supérette, une vendeuse demande successivement à trois personnes de sortir, car elles parlent trop fort. Elles sont sans domicile fixe. Un client questionne l’un d’eux en l’invitant à parler de lui au lieu de haranguer les autres sur leurs origines ! Il ressent l’homme précaire derrière ses mots. Mais dans le magasin, cet état de solitude sociale n’émeut plus, et semble faire plutôt peur. Dans les années 80, on réclamait de la solidarité, mais maintenant on baisse les yeux…Je n’oublie pas ce dimanche soir de mars où, dans le centre d’Avignon, les résultats aux dernières élections étaient très serrés en faveur du FN…

Human” d’ Alexandre Singh, première pièce du Festival In ouvre mes pupilles sur l’état de notre monde. C’est un cabaret berlinois teinté de Comédia del Arte. Ce ne sont pas les formes que je préfère, mais j’ai été tenue par le fond. Ces hommes et ces femmes, tels  «les 12 hommes en colère», semblent sortis d’un musée poussiéreux, à l’image de  la vieille Europe. Le maitre est la caricature de nos décideurs, sûr de son savoir et jouant sur le pouvoir. Les rapports de force vont se dérouler insidieusement dans un sens puis dans un autre, comme une bobine de fil…le fil se tend jusqu’à rompre.

J’ai l’impression d’être devant une pièce pour jeune public, où le lapin et le chat trop gentils finissent à la casserole dans un conte de fées. Mais la magie n’opère pas. On prend le spectateur au second degré  pour se mettre au niveau de sa pensée. La scatologie coule dans le satin pour ne pas heurter. Les chants montent dans les aiguës pour nous faire passer des messages subliminaux en nous positionnant comme des disciples. Mais l’incantatoire, je ne veux plus l’entendre.

Spectatrice, j’attends d’être bousculée, bouleversée, énergisée, par de la matière qui me permettrait de penser notre monde complexe.

Ce premier spectacle est une farce qui résonne dans le contexte actuel. On est dans tous les états, mais tout est figé.

Ce théâtre-là n’est pas à la hauteur de ce qui nous arrive…

Sylvie Lefrère – Tadorne.

« The Humans » d’Alexandre Singh au Festival d’Avignon du 5 au 9 juillet 2014.

 

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Communiqué de presse: Le OFF d’Avignon propose aux spectateurs 8 parcours de festivaliers. 

Greg Germain, Président du OFF, a confié à Pascal Bély, animateur du blog de spectateursle Tadorne (www.festivalier.net), le soin de proposer plusieurs parcours où se croiseront spectacles et regards critiques. Les « Offinités du Tadorne »  se dérouleront les jours pairs entre le 10 et le 24 juillet 2014 de 9h à 18h. Chaque groupe, composé d’une vingtaine de spectateurs, sera accueilli dès 9h puis il assistera à deux représentations (entrecoupées de séquences d’écoute des ressentis) pour rejoindre à 17h, le Magic Mirror où le chorégraphe Philippe Lafeuille lui proposera une performance dansée publique à partir de ses retours critiques.

L’objectif de cette expérience unique dans l’histoire du festival est de donner une meilleure visibilité de l’engagement des festivaliers et de la diversité de leurs regards sur les différentes programmations qui le composent.

Le calendrier:

Le 10 juillet, « le Grand OFF du tout-petit »:  des professionnels de la toute petite enfance portent une regard sur la création pour les touts petits (complet)

Le 12 juillet, « Parents, enfants, que voyons-nous ensemble? »: des professionnels de la parentalité de la ville de Vitrolles accompagneront un groupe de parents et d’enfants venant pour la première fois au Festival (complet).

Le 14 juillet, « le OFF des spectateurs passionnés »: ils sont infatigables, engagés, explorateurs, curieux et le feront savoir.

Le 16 juillet, « le vrai OFF des manageurs et des chercheurs »: ils animent des équipes, bâtissent des projets, cherchent dans des univers complexes et s’inspirent des esthétiques théâtrales.

Le 18 juillet, « Le bel OFF du lien social »: enseignants, travailleurs sociaux, éducateurs, créateurs ….L’Humain est leur quotidien, l’art est leur outil pour donner voir de prés et de loin.

Le 20 juillet,  « Spectateurs étrangers, spectateurs français: croisons nos regards ». Le OFF, premier festival de théâtre au monde, fera entendre une vision croisée de la création contemporaine française et étrangère.

Le 22 juillet, « Le grand écart du OFF »: les uns ne voient que du théâtre; les autres que de la danse. Et si on inversait?

Le 24 juillet, « Le OFF est-il IN? »: les uns vont au In et au Off, les autres vont au Off et au In. Écoutons nos curiosités. Les cloisons sont étanches!

Inscription sur le blog officiel du OFF: http://blog.avignonleoff.com/journee-particuliere-festival-off-avignon-tadorne/

Portrait de Pascal Bély:

Pascal Bély est consultant auprès du secteur public et associatif. Depuis 20 ans, Il accompagne les équipes pour révéler leurs visions créatives d’un projet global. En dialogue avec son positionnement de consultant, il a crée en 2005, “Le Tadorne » (www.festivalier.net), un blog de critiques sur l’art animé avec un collectif de spectateurs.: “Si l’art crée du lien, Le Tadorne pense que tout se relie à l’art…Aux regards binaires sur les oeuvres, le spectateur-critique du Tadorne préfère les approches engagées, sensibles, où le politique se lie avec la poésie, où l’individu, la communauté, et le devenir de l’humanité s’enchevêtrent”.

Portait de Philippe Lafeuille:

À travers son travail de chorégraphe, Philippe Lafeuille engage le corps en mouvement dans une grande liberté, loin de toute étiquette ou chapelle. Il propose une écriture chorégraphique qui emmène le corps vers le théâtre. Peut-être la volonté de créer un “théâtre de la danse”. L’espace scénique devient alors un terrain de jeux de tous les possibles, où l’art chorégraphique tisse avec le théâtre, mais aussi les arts plastiK, l’humour et la poésie la toile de tous les possibles.

Contact Presse, OFF Avignon: Jphirigaud@aol.com

Contact Pascal Bély: 06 82 83 94 19 – pascal.bely@free.fr

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON LA VIE DU BLOG

Nous préparons vos journées particulières au Festival d’Avignon.

Pour préparer les Offinités du blog du Tadorne au prochain Off d’Avignon, Sylvie Lefrere de Montpellier, Sylvain Saint-Pierre de Paris, Bernard Gaurier de Bretagne et Pascal Bély d’Aix en Provence se sont dernièrement réunis à Marseille pour ressentir ce qu’ils allaient partager avec les spectateurs d’Avignon dans quelques semaines.

Cap sur deux expositions à la Friche Belle de Mai autour de l’architecte du MUCEM Rudy Ricciotti, des photos du collectif chicanos ASCO et de «Visages» à la Vieille Charité. Trois rencontres qui nous ont rassemblés autour du projet des Offinités, car nous y avons trouvé des appuis créatifs pour enrichir nos réflexions.

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Nous nous sommes reconnus dans les paroles de Rudy Ricciotti, architecte du Mucem de Marseille, pour qui l’innovation repose sur le lien respectueux avec les différents acteurs (du maçon au maitre d’œuvre), socle de toute créativité. Nous nous sommes identifiés à son «combat» quand il décrit les chemins de traverse par lesquels il a contourné les rigidités institutionnelles. Nous considérons nos huit prochains rendez-vous avec les spectateurs comme une œuvre commune où nous déjouerons les voies rectilignes de la rencontre pour évoquer autrement nos ressentis sur les 3 spectacles que nous verrons chaque jour.

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La vision critique du groupe Asco, collectif d’artistes mexicains des années 70, nous a sidéré. Leur propos engagé s’appuyait sur la mise en jeu de leur corps. Nous souhaitons que l’engagement des spectateurs inscrits aux Offinités soit mis en mouvement avec la complicité du chorégraphe Philippe Lafeuille.  En fin de parcours à 17h, il leur proposera au Village du Off, de se projeter dans un imaginaire où les images de la journée formeront une chorégraphie qui englobera le public venu assister à son travail.

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À la Vieille Charité, l’exposition « Visages » nous a offert différentes perceptions, à l’image des parcours où vous serez invité. Il existe même une salle où sont proposés des liens entre l’archéologie, l’art contemporain et le corps créatif du spectateur ! Au centre de la cour, il y a une chapelle où le spectateur peut créer sa vision circulaire de l’art : comment ne pas penser au Village du Off ? En quittant «Visages», nous ressentons que tout chemin ouvre sur la complexité et pas sur autre chose !

Ainsi, avons-nous relié ces trois expositions avec un plaisir jubilatoire. Comme si l’art nous permettait tous les liens possibles. Nous imaginons nos Offinités à l’image de ce week-end : explorer le théâtre à travers la dentelle de béton du Mucem ; s’engager comme ASCO dans la critique pour y dévoiler nos multiples visages.

Pascal Bély – Sylvie Lefrère – Bernard Gaurier – Sylvain Saint-Pierre.

Le programme des Offinités:

fleche-noire 10 juillet – « Le Grand OFF du tout-petit »
Les professionnels de la toute petite enfance vont au spectacle et nous immergent dans l’univers foisonnant de la création pour tout-petits.

fleche-noire 12 juillet – « Le Grand OFF des petits et grands »
Parents et enfants (de 8 à 15 ans) vont au spectacle et restituent : « Qu’avons-nous vu ensemble ? ».

fleche-noire 14 juillet – « La critique en OFF des spectateurs Tadornes »
Les animateurs du blog « le Tadorne » et d’autres spectateurs vont au spectacle et s’interrogent : « C’est quoi être un spectateur Tadorne ? ».

fleche-noire 16 juillet – « Le vrai OFF des managers-chercheurs »
Chercheurs, manageurs, décideurs vont au spectacle et s’interrogent : « et si la question du sens se travaillait dans les relations humaines incarnées au théâtre ? ».

fleche-noire 18 juillet – « Le bel OFF du lien social »
Les professionnels du lien social vont au spectacle et s’interrogent : « Comment le théâtre évoque-t-il la question du lien ? ».

fleche-noire 20 juillet – « L’étrange OFF vu d’ailleurs »
Un groupe de spectateurs étrangers vont au spectacle et s’interrogent : « Le langage du théâtre est-il universel ? ».

fleche-noire 22 juillet – « Le grand écart du OFF »
Des spectateurs passionnés de théâtre découvrent la danse et inversement : « Danse – Théâtre : un même mouvement ? ».

fleche-noire 24 juillet – « Le OFF est-il IN ? »
Un groupe de spectateurs IN-OFF fait le bilan du festival.

S’inscrire ici.

A très bientôt.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON LA VIE DU BLOG LES EXPOSITIONS

Droit de réponse : « Au fond, c’est à quel sujet? »

Dans quelques semaines, Bernard de Bretagne, Sylvain de Paris, Sylvie de Montpellier et moi-même, animerons «Les Offinités du Tadorne» au Festival Off d’Avignon. Au total, huit rendez-vous avec des groupes de spectateurs reliés par une thématique, un enjeu. Nous débuterons avec des professionnels de la toute petite enfance le 10 juillet pour clôturer le cycle avec des spectateurs du « in » et du « off » qui croiseront leurs regards le 24 juillet 2014 (les inscriptions se font ici).

Pour préparer ce projet estival, nous nous sommes réunis à Marseille les 12 et 13 avril pour ressentir ce que nous allions vivre avec les spectateurs Tadornes d’Avignon : comment un parcours artistique peut-il questionner notre place dans un environnement où l’on enferme la culture dans ce qu’elle rapporte, où l’on réduit le public à une somme de consommateurs qu’il faut séduire à tout pris via un marketing abrutissant ?

Trois expositions ont jalonné notre rencontre : «Ricciotti architecte» et «ASCO and friends : Exiled Portraits» à la Friche Belle de Mai puis « Visages » à la Vieille Charité. À l’issue de ce cheminement, face au MUCEM, nous avons écrit ce texte, tel un manifeste, tel un droit de réponse à ceux qui font de la culture un espace de chasse gardée.

Dans une société française moulée dans le béton désarmé, nous sommes des spectateurs Tadornes, éléments d’un puzzle qui donnent une vision à l’art sous toutes ses formes. Nous sommes des explorateurs, banc de poissons pris dans la dentelle d’un filet de pêcheurs. En toute liberté, notre parole critique oscille dans les mailles et les flots du MUCEM de Rudy Ricciotti.

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À l’image du collectif d’artistes Chicanos de 1972 à 1987 ASCO, les spectateurs Tadornes sont reliés dans une même démarche, en mouvement. Nos singularités dialoguent dans un même engagement critique. Soudés tel un corps vivant, réceptacle d’émotions et de rébellions, nous passons par les quatre coins cardinaux où nous traversons des chutes et des ascensions. Nous ouvrons une porte sur l’art, y créons des passerelles qui offrent de la transparence, de la porosité, de l’esthétisme et de la chaleur humaine.

Les spectateurs Tadornes sont des artisans compagnons de l’art, ouverts sur de nouveaux horizons à imaginer ensemble.

Quand on s’adresse à eux, ils offrent leur écoute et tissent en reliant le monde proposé à la construction du leur. L’être là d’un spectateur est un mouvement, une respiration vitalisée ; l’art se construit et devient œuvre quand la rencontre des différences se fait écho d’histoire de vie.

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De notre week-end marseillais, nous retiendrons ceci…le retour à l’enjeu du visage. Celui d’une amitié, celui d’un face à face avec des œuvres, celui du projet des Offinités d’Avignon. Le visage comme porte d’entrée à des enjeux humains, au croisement du champ artistique.

Le visage d’un collectif, le groupe ASCO, qui nous regarde comme nous le regardons. Le visage de la volonté et du lâcher-prise, celui de Riciotti.

Le visage encore indéterminé du spectateur des Offinités 2014, que nous accueillerons cet été.

« Ce qu’il y a de plus profond en l’homme, c’est la peau » (Paul Valéry) : ce qui est le plus hostile au cloisonnement, c’est le visage.

Au Off, plus de 1000 spectacles, près de 200.000 spectateurs, et des visages que nous tenterons de révéler; auxquels nous donnerons corps et voix avec l’aide du chorégraphe Philippe Lafeuille.

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Il nous reste à explorer toute la matière de nos liens dont nous ignorons, à l’image du béton du MUCEM de Rudy Ricciotti, ce qu’il deviendra. Nous savons qu’il nous faudra entrer dans le difficile, le rugueux, le nauséabond, pour y trouver les ressorts de notre aimable rébellion.

À la Vieille Charité, il existe une salle où l’on ose les liens entre l’archéologie, l’art contemporain et le corps créatif du spectateur.

À la Vieille Charité, il existe au centre de la cour, une chapelle où le spectateur peut créer sa vision circulaire de l’art.

À l’image de l’exposition «Visages», nous pensons que tout chemin ouvre sur la complexité et pas sur autre chose !

C’est à cette complexité du vivant que nous osons parier quand d’autres rêveraient de réduire notre parole: notre détermination est sans faille, notre vision est dentelle.

Sylvie Lefrère, Bernard Gaurier, Sylvain Saint-Pierre, Pascal Bély – Tadorne

« Les offinités du Blog du Tadorne » au Festival Off d’Avignon du 10 au 24 juillet 2014.

« Visages » à la Vieille Charité à Marseille jusqu’au 22 juin 2014.

« Ricciotti architecte » jusqu’au 18 mai 2014 et  et « ASCO and friends : Exiled Portraits » jusqu’au 6 juillet 2014 à la Friche Belle de Mai.

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FESTIVAL D'AVIGNON OEUVRES MAJEURES THEATRE FRANCAIS CONTEMPORAIN

D’Avignon à Marseille, ô vous Front inhumain.

Dimanche 30 mars 2014, deuxième tour des élections municipales. Il y a cette petite affiche sur la porte de ma résidence : «Veuillez ramasser vos ordures à l’entrée. Nous ne sommes pas dans une cité des quartiers nord». Le contexte est posé. Bienvenu à Aix-en-Provence, ville d’art, de la parole raciste et vulgaire libérée…

Je pars à Avignon. Retour dans le Vaucluse, un soir d’élection, là où précisément je l’avais quitté en 1995, année où le FN avait pris la ville d’Orange. J’ai dû m’installer à Aix-en-Provence en 1997, tant le climat y était irrespirable. Cette fois-ci, c’est la ville du plus grand festival au monde qui est menacé. Je me réfugie au Théâtre des Halles pour la dernière création d’Alain Timar, «Ô vous frères humains» d’Albert Cohen. Mais avant, Alain Timar nous lit un beau discours qui prêche probablement des convaincus. Tout comme Olivier Py, directeur du Festival In, il semble impuissant. Ce n’est pas seulement le contenu de la parole FN qu’il faut combattre, mais le système que nous construisons pour lui permettre de se déployer. C’est bien un renouvellement de la pensée qui fera disparaître ce parti dangereux (lire à ce sujet l’excellent article de Pierre-Jérôme Adjej).

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Mais le théâtre d’Albert Cohen inclut dans la mise en scène toujours ingénieuse et généreuse d’Alain Timar fait d’«Ô vous frères humains» une réponse à nos questionnements face au discours raciste. L’essentiel émerge de ce vieil homme qui se souvient: il n’avait que 10 ans, quelques mois avant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’un camelot marseillais le traitait de sale juif. Aujourd’hui, ils sont trois à porter sa voix. Il me plait d’imaginer leur généalogie: Paul Camus petit fils de Churchil, Gilbert Laumord descendant d’esclave, Issam Rachyq-Ahrad enfant du monde arabe. Ils sont trois à mettre en mouvement leurs corps, le décor, le texte, pour creuser, arpenter la profondeur de l’âme qui se perdra dans le plus grand crime de l’humanité jamais commis.

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Trois voix, trois corps, trois regards pour comprendre. Derrière eux, une cloison qui hésite entre tapisserie d’une chambre de sans sommeil, œuvre d’un peintre maudit, mur de la révolution (arabe, ukrainienne, …). On croirait même y apercevoir une vieille herbe résistante. Ce mur bouge en fonction de l’énergie vitale déployée par le trio: fermé pour que le discours claque, entrebâillé lorsqu’on y décèle l’insondable, ouvert quand la conscience d’une humanité reprend ses droits. Le texte percute à l’image des pages d’un livre qui vibreraient par temps de mistral. Albert Cohen tisse avec les mots la toile de la rhétorique du racisme accompagné par le jeu des acteurs qui veille à nous englober dans cette recherche sans fin: comment l’homme tue-t-il l’humanité? J’entends dans ce texte ce que les médias d’aujourd’hui nous rapportent du crime raciste: la lâcheté de l’église, le rôle du commerce qui confond marchandise et humain, la nécessité de pardonner pour construire une pensée politique complexe.

La mise en scène créée la distance avec des affects violents (d’où qu’ils viennent d’ailleurs) par le jeu des corps (il arrive un moment où les mots ne peuvent plus rien), par la musique qui les élève. Ce dialogue à trois acteurs est la métaphore d’une triadique (mots, corps, pensée) seule capable de développer une vision ternaire : car au-delà d’une époque (l’avant-guerre), le racisme est un contexte. Ce sont des institutions verrouillées de l’intérieur, c’est une économie contre l’humain, c’est une parole publique contre l’idée même de l’existence d’une humanité. Le racisme est le symptôme d’un système complexe en voie de disparition. La force de la mise en scène d’Alain Timar est d’inclure la vision ternaire d’Albert Cohen dans un dialogue à trois, dans un jeu où tout circule : les affects, la  complexité, le langage du sens (celui du corps), la musique pour le déployer. Avec Alain Timar, évoquer le racisme est presque jubilatoire et festif tant il n’emprunte jamais les chemins de la pensée clivante. Elle est donc là, la réponse que nous attendons: réfléchissons collectivement à ce qu’il se joue, libérons la pensée par le corps, abattons les murs de nos visions cloisonnées.

À la sortie du théâtre, le ciel est sombre sur Avignon. Les rues sont désertes. Nous décidons d’assister au dépouillement dans deux bureaux d’Avignon centre. Les bulletins FN s’accumulent. Il est même en tête. La rumeur enfle. Nos corps flanchent. Les mots ne viennent plus. Et puis, à 19h45, les quartiers populaires délivrent la ville.

Pendant ce temps, un enfant de 10 ans des 13ème et 14ème arrondissements de Marseille comprend qu’il n’est qu’une sale Arabe : son quartier vient d’élire un maire FN.

Dans une ville, le théâtre aura-t-il joué de tout son poids pour inverser la tendance? Toujours est-il que ce sont les quartiers les plus éloignés du Festival qui ont facilité la victoire de Cécile Helle, PS.

Dans une autre, le théâtre du quartier est muet, coupé des habitants, renfermé sur lui-même, ne s’adressant qu’à une toute petite partie de la population, qu’à l’entre soi. Des habitants qui n’ont probablement jamais entendu la parole d’Albert Cohen.

Oui, il faudra inventer un théâtre de quartier populaire.  Inventer un festival de théâtre à Marseille.

Inventer, car même celui d’Avigon est épuisé.

Pascal Bély – Le Tadorne.

«Ô vous frères humains» d’Albert Cohen, mise en scène d’Alain Timar au Théâtre des Halles d’Avignon, mars 2014.
La pièce sera programmée pendant le Festival Off.
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FESTIVAL D'AVIGNON THEATRE FRANCAIS CONTEMPORAIN

En avril, Marseille sera Afropéenne.

“Afropéennes” d’Éva Doumbia sera joué à Marseille, du 3 au 7 avril 2014 au Théâtre des Bernardines. Nous avions vu et beaucoup apprécié ce spectacle au dernier festival d’Avignon. Par les mauvais temps qui courent, il ne faut pas le manquer.

Où s’entend la question noire dans ce pays ? Mais quelle question, a-t-on l’habitude de rétorquer, comme si la diversité en France était au mieux folklorique, au pire une entrave au bien vivre ensemble. Et pourtant…De dérapages télévisés en lapsus politiques, le refoulé colonial se rappelle à notre mauvais souvenir, sans qu’il n’y ait finalement grand monde pour s’en offusquer.

Comment s’entendre ? Comment s’en parler ? Une fois de plus, le théâtre s’empare du jeu pour nous y inclure et faire son travail de mots, de gestes émancipatoires et de mouvements dé(re)foulés. Le spectacle “Afropéennes”, fruit de deux nouvelles de Léonora Miano (Blues pour Elise et Femme in a city) permet à la metteuse en scène Éva Doumbia de révéler la liberté de parole de la femme noire en France, et d’éclairer de multiples couleurs nos visions étriquées.

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C’était au dernier Festival d’Avignon. Dans la bien nommée, salle des Hauts Plateaux. Le public pénètre au WaliBlues, cabaret à l’enseigne rouge lumineuse. Pour quelques-uns, nous sommes invités à prendre place au plus près des artistes, à table, à gauche et à droite du plateau.Nous aurons doit à des soins tout particuliers à partir de mises en bouche épicées. À la manière d’une cartomancienne, la serveuse du lieu s’approche de nous, figure des Biger than Life, dont nous allons faire connaissance tout au long de la soirée. Elle  prend à partie l’une des convives sur sa couleur de peau, de l’envie d’être plus blanche que noire, de se confondre, et de se fondre dans la blancheur immaculée de son environnement.

Nous basculons dans le néo-réalisme. Sans jamais dénoncer gratuitement, Éva Doumbia nous plonge dans la vie des afropéennes, africaines de cœur, européennes de sol. Un entre-deux dans lequel se glisse toujours le regard du blanc. Alors que le colonialisme a pris fin depuis le milieu du 20e siècle, il continue de se nourrir de nos représentations du noir traversées par Joséphine Baker et sa ceinture de bananes, par le phénomène de foire de la Vénus Noire, et tous les préjugés raciaux mis à jour par les mots de Léonora Miano, double de Toni Morrison pour les afro-européens.

À les entendre entonner l’hymne national, on prend plaisir de les voir porter avec brio un combat politique pour vivre pleinement, pour ce qu’elles sont. Elles  en appellent à la diversité raciale, culturelle et identitaire. Elles nous dansent joyeusement la mixité des êtres humains, celle qui existe bel et bien. Nous ne sommes pas un, mais des: c’est en cela que l’humanité est riche!

Le chaloupé de leur corps libère leurs charmes. La soie de leur robe caresse leurs expressions féminines. Comment résister à ces femmes? La couleur de leur peau se révèle dans le bleu, blanc, rouge de leurs vêtements. Leur port est altier. Amazones charmeuses et combatives, elles se moquent des autres et fondent dans les bras des hommes. Noirs, blancs? Qu’importe si la rencontre résonne sur la peau de leur ventre tendu. Ces femmes s’offrent tout entières. Leur force, leur impertinence, leur dynamique nous réjouissent et nous suivons avec appétit leurs pas chassés, leurs tressauts, leurs yeux espiègles, leurs éclats de rire…Parmi elles, un homme garde leurs faveurs. Il se distingue par son élégance et son charme complémentaire. Il nous éclaire sur la diversité des genres, la place de l’homme dans les sociétés matriarcales, la communication homme/femme…

Éva Doumbia signe un plaidoyer contre l’obscurantisme grandissant. En sortant des Hauts Plateaux, nous questionnons notre couleur de peau avec ce désir irrésistible de cacher l’Afreuropéen qui est en nous pour se métamorphoser en Eurofropéen dansant.

Sylvie Lefrère – Laurent Bourbousson – Pascal Bély – Tadornes

Photo: P.Fabre
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FESTIVAL D'AVIGNON

Festival d’Avignon 2014 : Olivier Py, artiste associé.

J’avais abandonné l’exercice depuis quelques années. Avec la précédente direction, la conférence de presse de présentation du Festival d’Avignon avait fini par devenir ennuyeuse: discours convenus, éléments de langage empruntés au parfait manuel du management culturel, hiérarchisation de la programmation par la présence d’artistes associés, esthétiques privilégiées au détriment de leur diversité. Cette année, le contexte est radicalement différent: c’est un artiste, Olivier Py, qui est aux commandes du plus grand festival de théâtre du monde.

Je passe sur les éléments graphiques du programme : le jaune pour rappeler le soleil (sic) avec une image d’Alexandre Singh où un jeune homme regarde vers le haut. Olivier Py précise qu’il n’est pas sur l’affiche (« mon narcissisme a quand même des limites ») mais la silhouette photographiée prête à confusion d’autant plus qu’il présentera cet été trois de ses créations. N’y a-t-il pas un risque à plus long terme : un festival centré sur son directeur et son réseau d’amis ?

affiche avignon

Ce qui frappe d’emblée, c’est la manière dont Oliver Py recentre les missions du festival. Ce qui était périphérique auparavant, est désormais essentiel: jumelage entre la Fabrica (lieu de création) et le collège Anselme Mathieu; projet de transformer Monclar en quartier numérique ; itinérance d’un spectacle («Othello Variation» de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano) sur tout le territoire pendant la durée du festival ; projection sur grand écran du «Prince de Hombourg» de Giorgio Barberio Corsetti en direct de la Cour d’Honneur au Mucem de Marseille . Il a su éviter le sempiternel discours sur «la démocratisation culturelle» dont le processus ne veut plus rien dire aujourd’hui faut d’être pensé en transversalité. Olivier Py a le désir sincère d’opérer la «décentralisation à trois kilomètres (du Palais des Papes à Monclar)». Dans ce contexte, j’attends avec curiosité la création de Didier Ruiz2014 comme possible») portant sur des portraits d’adolescents d’Avignon.

Autre point essentiel du projet: la tarification. Je me suis ému du système de billetterie de l’ancienne direction (machine bureaucratique inhumaine). Olivier Py recentre une fois de plus: tarif jeune à 10 euros et abonnement grand spectateur. Enfin un festival qui reconnaît les jeunes grands spectateurs d’autant plus qu’une programmation leur sera spécialement dédiée (à la Chapelle des Pénitents blancs)! Avignon s’ouvre au jeune public. Pouvait-on continuer plus longtemps à ignorer les enfants, ce non-public du Festival ? Comment expliquer que cela ne figure pas dans son cahier des charges? Olivier Py a raison de préciser que ce sont «souvent les enfants qui emmènent leurs parents au théâtre». Encore un effort pour que nous puissions assister en 2015 à des spectacles pour la toute petite enfance! Il est à noter la forte présence d’école d’acteurs (l’ERAC de Cannes – Marseille, École de la Comédie de Saint-Étienne): il y a donc une cohérence entre accueil du jeune public et révélation des acteurs de demain.

Que retenir pour cet été? Une évidence: la danse se positionne à partir de valeurs sûres (l’abonné Alain Platel, le directeur du Centre Chorégraphique de Tours Thomas Lebrun, les chouchous des programmateurs Robyn Orlin et Julie Nioche). Reste une curiosité à la Cour d’Honneur: la création de l’australien Lemi Ponifasio (“I am”).  Si l’on ajoute la programmation convenue du Festival Montpellier Danse, je m’inquiète sur la visibilité d’un art essentiel à la vitalité de la création contemporaine.

La poésie omniprésente (avec Lydie Dattas entre autres auteurs), 5 continents représentés, 17 pays dont une place privilégiée donnée à la Grèce, un «Mahabharata» japonais (Satoshi Miyagi), le retour d’Ivo Van Hove, un Shakespeare de 18h avec Thomas JollyHenri VI»), l’accueil du jeune talentueux metteur en scène belge Fabrice Murgia, du non moins jeune Claude Régy, la reconnaissance du travail engagé de Marie-José Malis, signent-là un programme politique (dans un département où le FN est le premier parti en voix) teinté d’un regard généreux envers le public (j’en avais perdu l’habitude…). Olvier Py se plait à nous embarquer dans une nouvelle aventure, celle des «ateliers de la pensée» qui seront organisés à la Faculté des Sciences (le lieu sera ouvert dès 10 h du matin) pour qu’Avignon devienne «la capitale européenne d’une pensée ludique, incarnée  pour qu’elle ne s’enferme pas dans les lieux qui lui sont habituellement dédiés».

En souhaitant positionner «Avignon, ville de la créativité», Olivier Py ouvre la question culturelle (perçue comme trop verticale) à la créativité, processus plus transversal et moins clivant. J’entrevois déjà des liens possibles avec les Offinités que nous animerons au OFF…

La créativité, n’est-ce pas d’abord de relier le “In” et le “Off“au-delà de la concordance des dates?

Pascal Bély – Le Tadorne.

Le Festival d’Avignon du 4 au 27 juillet 2014. Réservation dès le 16 juin 2014.
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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON LA VIE DU BLOG

Avignon 2014 : notre réponse à la lettre de Marie-José Malis.

Il est rarissime qu’une nouvelle direction d’un théâtre prenne le temps d’écrire au public. Dans la majorité des cas, les promus se pressent devant les caméras et les micros pour expliquer, éléments de langage à l’appui, qu’ils veilleront à «s’adresser à tous les publics» à partir d’une «programmation qui inclura des actions culturelles à destination des quartiers défavorisés».

Marie-José Malis, metteuse en scène, a été nommée à la direction du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers le 1er janvier 2014. Quelques semaines plus tard, elle publia une lettre à l’attention du public qui nous a particulièrement touchés. Il nous est impossible d’en faire une synthèse ici, au risque de réduire le sens profond d’une lettre où la politique se mêle de poésie, où l’écriture théâtrale se fait manifeste.

Comme vous le savez peut-être, nous préparons avec le Festival Off d’Avignon une série de rencontres, «Les Offinités du Tadorne». Il nous est apparu évident que notre projet était une réponse à la lettre de Marie-José Malis. C’est à ce dialogue imaginaire que nous vous invitons.

Mesdames, Messieurs,
Public du Théâtre de La Commune,

Depuis le 1er janvier 2014, je suis la nouvelle directrice de ce théâtre très aimé et très considéré qu’est le Théâtre de la Commune.
Je prends cette charge avec un sentiment de gratitude et avec la certitude que c’est un honneur.
Ainsi, dans ma vie, m’aura-t-il été donné de rejoindre la troupe de ceux qui ont servi l’attente qui a été déposée ici ; qui ont servi Aubervilliers et son théâtre.

Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de théâtres comme celui-là, non, je ne le crois pas.
Le Théâtre de la Commune, c’est un théâtre-Idée parce qu’en lui fleurit la vision d’un théâtre au plus haut, à savoir un théâtre qui a toujours cherché, avec une rigueur et – comment appeler cela autrement – une bonté, oui, à incarner le « pour tous » du théâtre.

Ce « pour tous », chacun sait que ce n’est pas l’abaissement à une petite chose, l’abaissement à une perte de confiance ou à un statu quo. Le « pour tous » c’est une déclaration, et un appel à l’invention.
Aujourd’hui, c’est avec une intensité poignante, parce que la vie des gens est devenue étrangement dure, étrangement désorientée, que l’Idée réapparaît, qu’elle nous appelle et nous oblige.
Le « pour tous » du théâtre, nous ne pouvons le trouver dans rien de disponible à petits frais dans le monde : nous n’avons plus de « nous » constitués et souverains, nous n’avons plus de sites stables et avérés. Mais nous avons peut-être autre chose : nous avons le « nous » dans le besoin d’autre chose, dans le deuil et l’attente des heures vraies, dans la vérité des aspirations, dans ce que dit le cœur à l’heure de penser ce qu’est vivre en homme, et nous avons une idée de la beauté.

Je crois à l’égalité de tous devant la beauté. Je crois, comme le dit Hölderlin, qu’elle est en nous comme un trou, un désir, un appel qui nous fait vivre dans la vie. Je crois aussi à l’égalité de tous devant le vide de notre époque : il nous faut repartir vers un travail nouveau, dont personne n’a la clé, mais tous la capacité.
Ainsi, aujourd’hui, (mais les hommes de théâtre que j’admire l’ont toujours pensé, à chaque séquence historique véritable), je ne crois pas que le théâtre existe, qu’il est installé une fois pour toutes.
Je crois que le théâtre doit apparaître à chaque nouvelle création, à chaque nouvelle représentation, comme forme et comme lieu. C’est dans l’intensité de cette pensée que je veux essayer de conduire mon mandat. Maintenant, le monde a besoin de nouvelles formules, de nouveaux lieux véridiques. Et nous, c’est à ça que nous devons travailler.

Je ferai du Théâtre de la Commune ce que je crois qu’il est en pensée : un théâtre comme
seul lieu public constituant qu’il nous reste.
Nous essaierons d’y constituer notre pensée pour un monde nouveau. Il est possible de penser, de recommencer à construire des lignes dans le monde, de nouvelles courbures, qui seront consistantes et vivables ; il faut pour cela les lieux de confiance, de paix, de fraternité joyeuse et, pourquoi pas, « musclée », il faut pour cela déclarer pour ces lieux une nouvelle devise qui est que nous pouvons tout nous dire, que nous pouvons recommencer à parler, qu’il est juste et légitime de ne pas savoir, de ne pas être heureux dans ce monde, et qu’au fond, ce qu’il y a à savoir, avec quoi va le bonheur, n’est jamais en arrière mais n’est, toujours, qu’une création de notre désir.

Nous constituerons donc la démonstration qu’il y a des lieux publics vrais, où l’hospitalité est garantie et les moyens d’un vrai travail, un travail aux termes et aux conditions dignes, pour apprendre à désirer. Car il faut aussi dire cela, il nous faut des lieux où se réinvente la discipline du désir, des lieux où se reformule et se réorganise le travail de la pensée.
Et ainsi, nous y constituerons, comme le disait Meyerhold, l’intuition d’une nouvelle joie de vivre.

Nous y constituerons aussi l’idée qu’un lieu de théâtre est la chance qu’une parole puisse être adressée et inspirée. Je crois aux murs des théâtres parce qu’ils rêvent la ville qui les environne, je crois que ce sont des cœurs du cœur d’une ville, qu’ils la prennent sous la lumière de leur lustre pour l’arracher aux choses mortes et lui rendre la jeunesse, celle du désir, celle des formules éclaircies, celle des intuitions que la pensée livrée aux soucis quotidiens laisse mourir hors de soi, mais qu’il nous faut rendre, comme on rend justice.
Nous y constituerons l’idée que ce temps est le nôtre, notre temps, dans lequel nous aurons vécu, et que ce temps, dans une ville qui s’appelle Aubervilliers, un lieu, qui s’appelle La Commune, et qui est donc à nous, ce temps pouvait redevenir l’objet de notre désir et de notre amour.
Nous y constituerons donc l’idée que l’art nouveau que nous souhaitons ne va pas sans une population à qui il s’adresse, sans une population dont la vie même sera matière à une nouvelle beauté.

Dans les prochaines semaines, je lancerai un appel public à venir réfléchir avec nous à ce que doit être un théâtre. Ainsi, mon rêve est-il que nous vivions ensemble le sentiment de joie qui va avec l’aventure d’une refondation. Je souhaite que nous ayons les rires et la fièvre des « bâtisseurs ». On ne peut vouloir refonder que ce qui a été donné une fois pour toutes comme lieu véridique : je rends ici hommage à mes prédécesseurs, à Gabriel Garran le fondateur, que je ne peux penser que comme un homme jeune, fou de théâtre, d’où nous viendra toujours l’idée d’audace et de bonté qui va avec ce théâtre ; à Alfredo Arias, à Brigitte Jaques et François Regnault, à Didier Bezace, ses successeurs.

En attendant nos prochains rendez-vous, je souhaite présenter mon directeur adjoint, mon ami et ma ressource, sans qui je n’aurais pas pensé que diriger ce théâtre était possible : Frédéric Sacard, qui a élaboré avec moi le projet de direction artistique. Nul doute que dans les prochains temps, notre direction vous apparaîtra pour ce qu’elle est : partagée. Je souhaite aussi présenter la nouvelle administratrice du Théâtre de la Commune : Anne Pollock, qui quitte la direction déléguée du Vieux Colombier pour Aubervilliers ; c’est un signe très beau qui dit qu’il y a des lieux que l’on désire.

Je souhaite rendre hommage aux acteurs et aux techniciens de ma compagnie. C’est avec eux que je viens. Autrement, ce serait impossible. Un jour, je dirai ce que je crois être l’héroïsme des acteurs et la loyauté absolue, qui est comme une boussole, l’amour du réel, sans mensonge ni rhétorique, des techniciens de théâtre. Mais pour l’heure, je voudrais qu’ils entendent ma piété pour ce que nous avons construit. Enfin, je dois saluer l’équipe du Théâtre de la Commune. Peu de gens ont eu comme moi la chance d’arriver dans un lieu où les attendaient la cordialité, l’humour et le sens profond du travail. C’est encore un don, et non des moindres, que j’ai reçu avec eux.

Je finirai en présentant les futurs artistes et auteur associés du Théâtre de la Commune : Alain Badiou, Laurent Chétouane, Catherine Umbdenstock et Françoise Lepoix. Qu’avec eux, soit de nouveau neuve cette idée qu’un centre dramatique national est un foyer de productions, un lieu qui rassemble dans l’inquiétude commune du théâtre des artistes différents, un lieu qui montrant ces différences et s’en expliquant publiquement, permet de comprendre comment le temps présent se cherche, un lieu qui permet une orientation, dans l’art, dans les questions du temps ; un lieu qui enfin se donne les moyens d’une action directe, où chaque point de l’adresse aux habitants est désiré et vécu avec la joie d’une cohérence vraie.

Marie-José Malis
janvier 2014

Venez vivre une journée particulière au OFF.

Du 7 au 27 juillet 2014, nous, publics d’Avignon, reconduirons dans le Village du Off nos rencontres de spectateurs, “les Offinités”. Elles prolongeront le travail d’écriture du Blog « Le Tadorne », actif tout au long de l’année. En 2014, les Offinités présenteront un nouveau visage, signe de la confiance du Président Greg Germain et de Christophe Galent, chargé des actions culturelles.

On dit souvent que la ville d’Avignon constitue une utopie, le temps du mois de juillet. Laboratoire à ciel ouvert, lieu de rencontres et d’imprévus, cette ville et ce Festival nous imprègnent comme nul autre. Il nous donne à vivre et à respirer. En cette période de crise, de radicalisation et de repli, nous avons besoin du festival pour rêver, pour penser, et pour créer.

Depuis 2005, date de la création du blog, notre projet vise à mettre en mouvement la place du  spectateur, en reliant son esprit, ses sensibilités et son corps pour prendre à rebours le rapport statique et consumériste, généralement proposé au public des arts vivants.

Situés à Paris, Montpellier, Marseille, Rennes, Nantes, nous, Pascal Bély, Sylvie Lefrère, Philippe Lafeuille, Bernard Gaurrier et Sylvain Saint-Pierre, sommes regroupés autour d’une  aspiration : un grand, un beau spectacle, place le spectateur dans une posture créative qu’il s’agit de recueillir, de faire vivre, de préserver. Loin d’une logique institutionnelle ou académique, cette parole recueillie vise à interroger le sujet et sa place dans le monde. C’est le sens de nos rendez-vous de l’été prochain: écouter ce qui fait écho en nous, ce qui nous interroge et conduit notre pensée à cheminer, à opérer des liens, à donner envie aux autres de vivre pareille expérience.

Spectateurs actifs, nous sommes Tadorne lorsque nous œuvrons dans nos activités professionnelles respectives (la petite enfance, l’éducation, le handicap, la chorégraphie du corps social) pour essayer de les faire déborder et de les mettre en relation avec les enjeux artistiques qui nous touchent. Sensibles aux idées, nous cherchons à interroger le propos d’un artiste pour le relier avec un moment vécu. Ainsi, nous espérons décloisonner les espaces et les esprits, ouvrir de nouveaux champs à la perception, instituer de nouveaux rapports entre les acteurs sociaux et artistiques. Car si la société actuelle nous apparaît comme figée, compartimentée, il nous appartient de réfléchir à un nouveau modèle de relation au spectacle vivant.

Nous sommes Tadorne lorsque nous vivons un spectacle et lorsque nous l’écrivons. Mais aussi et surtout, lorsque nous rencontrons d’autres spectateurs, désireux de s’affranchir des postures et des rôles préétablis. Nous sommes donc Tadorne dans notre façon de travailler le collectif, de le mettre en jeu et en mouvement, afin de rendre vivants les arts qui ne le sont parfois plus. Nous croyons, avec la chorégraphe Pina Bausch, que la scène donne à vivre quelque chose d’indéfinissablement doux et profond, qu’on pourrait appeler «tendresse». C’est cette tendresse artistique, non dénuée de virulence parfois, que nous voulons vivre, et que nous voulons partager. Pour ce faire, nous serons des accompagnateurs désireux de faire émerger une nouvelle relation au Off.

Aussi, dès le 10 juillet, nous proposerons au public d’Avignon d’intégrer un ou plusieurs de nos groupes de spectateurs. Nous irons voir ensemble trois spectacles (entrecoupés de séquences d’écoute créative de nos ressentis) pour rejoindre à 17h, au Magic Miror, espace central du OFF, le chorégraphe Philippe Lafeuille. Il nous aidera à mettre en scène nos ressentis, notre parole critique et créer un dilaogue public avec les autres spectateurs présents.

L’agenda est le suivant :

10 juillet – «Le Grand Off du tout-petit» – Les professionnels de la toute petite enfance vont au spectacle et nous immergent dans l’univers foisonnant de la création pour tout-petits.

12 juillet – «Le Grand Off des petits et grands»- Parents et enfants (de 8 à 15 ans) vont au spectacle et restituent: «Qu’avons-nous vu ensemble? »

14 juillet– «La critique en Off des spectateurs Tadornes» – Les animateurs du blog «le Tadorne» et d’autres spectateurs vont au spectacle et s’interrogent: «C’est quoi être un spectateur Tadorne?»

16 juillet – «Le vrai Off des managers-chercheurs» – chercheurs, manageurs, décideurs vont au spectacle et s’interrogent: «et si la question du sens se travaillait dans les relations humaines incarnées au théâtre? »

18 juillet – «Le bel Off du lien social » – Les professionnels du lien social vont au spectacle et s’interrogent: «Comment le théâtre évoque-t-il la question du lien? »

20 juillet – «L’étrange Off vu d’ailleurs» – Un groupe de spectateurs étrangers vont au spectacle et s’interrogent: «Le langage du théâtre est-il universel? »

22 juillet – «Le grand écart du Off» – Des spectateurs passionnés de théâtre découvrent la danse et inversement : «Danse – Théâtre: un même mouvement? »

24 juillet – « Le Off est-il in?» – Un groupe de spectateurs  in-off fait le bilan du festival.

Sylvain Saint-Pierre. Tadorne.

 

 

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Préparez-vous pour des journées particulières au Festival Off d’Avignon 2014…

Tout au long de l’année, les contributeurs du Tadorne alimentent leur appétit de découvertes artistiques, dans les différentes salles de spectacles du territoire pour déposer leurs regards sensibles sur le blog «Le Tadorne». Le Festival d’Avignon est leur point incontournable de ralliement avec les spectateurs.

Pendant le Festival Off d’Avignon, Les Offinités du Tadorne (document à télécharger: Offinités 2014 PDF) sont un rendez-vous régulier où s’entend la parole critique des spectateurs dans l’espace circulaire du chapiteau du Off. Dès le mois de juin, nous publions sur le Tadorne notre sélection de 100 spectacles, fil rouge des Offinités qui s’alimente des choix des festivaliers tout au long du Off.

En 2014, pour la troisième année consécutive, l’équipe des Tadornes sera au village du Off lors de 8 rendez-vous à 17h. La parole des spectateurs y sera mise en lumière, croisée avec les artistes, accompagnée par le regard averti des Tadornes passionnés. Ensemble, nous serons engagés dans un processus de parcours de spectateurs.

8 rendez-vous pour 8 groupes accompagnés par Pascal Bély, Sylvie LefrèreSylvain Saint-Pierre et Bernard Gaurier. Nous irons voir trois spectacles (entrecoupés de séquences d’écoute créative de nos ressentis) pour rejoindre à 17h,   le Magic Mirror, espace central du Off. Là, nous créerons notre retour critique avec la complicité du chorégraphe Philippe Lafeuille. Ce sera une porte d’entrée pour échanger avec le public présent.

Pour la première fois en France, nous allons vibrer, danser, rêver, jubiler, exprimer par tous les moyens, les paroles vivantes de spectateurs.  Pour enrichir nos perceptions, en lien avec les artistes, en  marche pour coconstruire cet espace interactif !

L’agenda des Offinités

10 juillet – «Le Grand Off du tout-petit» – Les professionnels de la toute petite enfance vont au spectacle et nous immergent dans l’univers foisonnant de la création pour tout-petits.

12 juillet – «Le Grand Off des petits et grands»– Parents et enfants (de 8 à 15 ans) vont au spectacle et restituent: «Qu’avons-nous vu ensemble? »

14 juillet– «La critique en Off des spectateurs Tadornes» – Les animateurs du blog «le Tadorne» et leurs amis Facebook vont au spectacle et s’interrogent: «C’est quoi être un spectateur Tadorne?»

16 juillet – «Le vrai Off des managers-chercheurs» – chercheurs, manageurs, décideurs vont au spectacle et s’interrogent: «et si la question du sens se travaillait dans les relations humaines incarnées au théâtre? »

18 juillet – «Le bel Off du lien social » – Les professionnels du lien social vont au spectacle et s’interrogent: «Comment le théâtre évoque-t-il la question du lien? »

20 juillet – «Le grand écart du Off» – Des spectateurs passionnés de théâtre découvrent la danse et inversement : «Danse – Théâtre: un même mouvement? »

22 juillet – «L’étrange Off vu d’ailleurs» – Un groupe de spectateurs étrangers vont au spectacle et s’interrogent: «Le langage du théâtre est-il universel? »

24 juillet – « Le Off est-il in?» – Un groupe de spectateurs  in-off fait le bilan du festival.

 

Philippe Lafeuille, artiste associé

philippe torero

A travers son travail de chorégraphe, Philippe Lafeuille engage le corps en mouvement dans une grande liberté, loin de toute étiquette ou chapelle. Il propose une écriture chorégraphique qui emmène le corps vers le théâtre.
Peut-être la volonté de créer un “théâtre de la danse”. L’espace scénique devient alors un terrain de jeux de tous les possibles, où l’art chorégraphique tisse avec le théâtre, mais aussi les arts plastiK, l’humour et la poésie la toile de tous les possibles.

Comment participer aux Offinités?

– Vous êtes un spectateur et vous souhaitez vivre une journée particulière au Festival d’Avignon: écrivez-nous (pascal.bely@free.fr). La participation à la journée est gratuite. Seule les places à tarif préférentiel sont à votre charge.

– Vous êtes un professionnel de la petite enfance, du social, de l’éducation, de la recherche et vous souhaitez vous inscrire à une des journées (à titre individuel) ou inclure votre équipe dans une démarche interactive de réflexion sur son projet: écrivez-nous (cabinet@trigone.pro) ou inscrivez-vous sur le site www.trigone.pro

Pascal Bély, Sylvie Lefrère, Sylvain Saint-Pierre, Bernard Gaurier – Les Tadornes.

"Les Offinités du Tadorne" du 10 au 26 juillet 2014, au village du Off.