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FESTIVAL D'AVIGNON LECTURE

Avignon Off 2012: Au-delà des remparts, les hommes sont fragiles.

Il se passe quelque chose de l’autre côté de la voie ferrée. Dans ce sympathique endroit qu’est «L’entrepôt», l’Association TAMAM (Théâtre des Arts du Monde Arabe et de la Méditerranée) a invité une pièce tunisienne de Mériam Bousselmi. Pour (au moins) deux raisons, cette proposition mérite d’être soutenue et vue.

La première: malgré le désengagement du Théâtre National tunisien, empêchant le spectacle d’être présenté dans sa forme habituelle, l’auteure et metteure en scène à tenu à venir faire vivre ses mots. Elle a traduit l’oeuvre en français et en propose une lecture, mise en espace.

La deuxième: nous passons là, simplement, une belle heure. Cette «variation» de l’oeuvre est, malgré ses imperfections, d’une vraie qualité. Les deux comédiens qui ont accepté le projet, préparé en trois jours, le tissent de leur «en chantier». Ce contexte permet de sentir, voir de palper à certains moments, ce qui les “touche”, ce qui «accroche» ou les «écorche» dans ce dialogue entre père et fils. On est ici dans un entre-deux ; ce qui est écrit et ce qui s’écrit se construit. Entre ce qui est dit et ce qui affleure à se dire.

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Les mots offerts sous cette forme habillent de fragile les corps des acteurs; cela permet une belle présence vivante où un travail est en train de se faire. Les corps laissent entendre ce qu’ils n’ont pas «ingéré», «banalisé» et «dompté» de ce texte. Ils sont traversés parce que les mots ne sont pas fluides en bouche et font encore aspérité. Ils ne sont pas «maîtrisés» et laissent alors, un peu  “brut”, le mouvement corporel là où ils s’entrechoquent encore.

Ce beau moment «d’en cours» ouvre à ce texte fort des espaces où se glissent d’autres sens, empreints de notre mémoire d’enfants fragiles. Pour peu qu’elle ne soit pas encore en totale retraite et que les frémissements qu’elle procure ne soient pas «ensevelis», nous laissant toujours quelque peu «imparfaits» entre «souvenir et amnésie».

Bernard Gaurier, Le Tadorne

«Mémoire en retraite» texte et mise en espace Mériam Bousselmi. Mise en voix et en corps Kristof Lorion et Marcel Leccia. Du 16 au 20 juillet 21h30 à L’Entrepôt

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Christophe Fiat, performeur très fuck au Festival d’Avignon.

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L'écrivain Christophe Fiat se cherche. À la question « êtes-vous un écrivain ou d'abord un performeur ? », il répond : « Je suis un écrivain et je fais des performances? Performance est le seul terme que j'ai trouvé pour dire comment je lis mes textes sur scène en les accompagnant de sons venus d'une guitare électrique ». La confusion conduit-elle au talent ?  Pas si sûr…
Afin d'aider Christophe Fiat dans sa recherche, voici quelques pistes :
Dominique A est un chanteur. Ses textes « littéraires » sont accompagnés de guitares électriques majestueuses. Il lui arrive de danser sur scène. C'est prodigieux. Il ne se proclame pas performeur et pourtant…
Les correspondances de Manosque se déroulent à la fin de l'été et nous proposent des concerts littéraires de toute beauté (animés depuis deux ans par l'écrivain Arnaud Cathrine). J'ai pu assister à de vraies performances de chanteurs rock (Florent Marchet, Armand Méliès, Claire Diterzi) où l'engagement dans une approche pluridisciplinaire de la littérature est visible.
En 2005, le Fesitval d'Avignon nous permettait aux spectateurs d’approcher la performance comme forme artistique à part entière. Marina Abramovic, Jean-Lambert Wild et d'autres ont réussis à capter l'attention d'un public curieux et déboussolé. Nous savons ce que le terme « performeur » veut dire.
En 2007, Christophe Fiat est sur la scène de la salle Benoît XII pour sa lecture qui se donne en performance« la jeune fille à la bombe ». Sa guitare n'est pas loin pour assurer le fond sonore d'un roman paranoïaque sur notre société de surveillance. Deux danseurs l'accompagnent comme faire-valoir pour lire ce roman délirant sur le terrorisme et les femmes. Une soprano fait frissonner le public dès qu'elle chante, mais doit lire la plupart du temps les chapitres de ce roman de science-fiction que refuserait même de filmer David Lynch.
file-2419W.jpg (ai-je juste ?), Le tout dure deux heures (dont une où l’on nous parle de dos…). La scène finale où le groupe quitte la scène pour nous laisser écouter une chanson très “fuck attitude” est à l'image de cette performance : vide.
Une vidéaste filme pendant deux heures la chose. J’espère qu’elle n'oubliera pas de la diffuser sur « Daylimotion »  pour que l'on se marre un peu.
Dominique A n'a jamais été invité au Festival d'Avignon.

Pascal Bély.
www.festivalier.net

?????? « La jeune fille à la bombe » de Chistophe Fiat a été joué le 8 juillet 2007 dans le cadre du Festival d’Avignon.

Crédit photo: © Christophe Raynaud de Lage/Festival d’Avignon

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Tous les articles des Correspondances de Manosque 2006.

Fragiles Correspondances à Manosque.


Il est 22 heures. J’arrive sur la pointe des pieds dans le hall du Théâtre Jean le Bleu à Manosque alors que le public écoute une lecture de Jean-Louis Trintignant. J’ai préféré faire le déplacement d’Aix en Provence pour le concert de 22h30 où la chanteuse Claire Diterzi et l’écrivain Arnaud Cathrine nous présentent « Vos omoplates se déboîtent, ô mes amours », joli titre emprunté à Rimbaud. La petite salle de la MJC se prête à cet exercice délicat, intimiste et toujours surprenant. Le concert littéraire invite les artistes à dépasser leurs frontières et les spectateurs à écouter et voir autrement. L’an dernier, Florent Marchet avait produit avec Arnaud Cathrine un magnifique concert. Il y a donc une continuité avec la venue cette année de jeunes chanteurs aux voix atypiques, loin des standards de la Star Académy (Claire Diterzi, Arman Mélies et Joseph d’Anvers). Ainsi, d’année en année, les Correspondances de Manosque se positionnent clairement sur un champ pluridisciplinaire avec une nouvelle génération d’artistes décomplexés soutenue par un public toujours respectueux et attentif.

Ils sont deux ce soir pour un dialogue où les rôles sont inversés : elle lit les pensées d’un homme, il lit les paroles d’une femme.
Les textes sont d’Arnaud, la musique est de Claire. Ils invoquent le désir, ce processus secret et pourtant si parlant lorsqu’ils évoquent quelques scènes du couple au réveil ! Claire Diterzi, guitare électrique en bandoulière, paraît fragile au cours de ce concert : menue, pieds nus, voix cristalline, elle fixe le texte, regarde rarement le public et son compagnon. Elle semble ailleurs, perdue dans les méandres du solfège et de la technique. Les textes de Cathrine se noient parfois dans cette musique sophistiquée et décapante pour nos oreilles. La chanteuse disparaît au profit de l’écrivain. Ils sont côte à côte et j’attends une étincelle.
De désir ?
A lire, l’article sur Claire Diterzi dans Le Figaro
A voir, le site d’Arnaud Cathrine.


Aux Correspondances de Manosque, Ariane Ascaride fait un beau devoir de mémoire.

La salle du Théâtre Jean le Bleu de Manosque est comble ce soir. En voisine, Ariane Ascaride s’empare des lettres d’Ilo de Franceschi écrites à Madeleine Allain entre 1939 – 1940. Passionné de littérature, cet italien d’origine (parlant l’allemand, le français et un dialecte Kanak !) s’engage dans la Légion où près de la chaîne de l’Atlas dans le Maroc, il ressent l’isolement par l’absence de livres. Il prend l’initiative d’écrire au philosophe Alain pour qu’il lui envoie trois ouvrages. Par erreur, cette lettre atterrit chez Madeleine Allain. Commence alors une histoire d’amitié, presque amoureuse.
Leurs correspondances vont remplir les vides : l’éloignement de la littérature pour l’un, la solitude affective pour l’autre. Les lettres d’Ilo sont d’une force incroyable quand il soutient Madeleine dans sa dépression : « 
Bien chère Madeleine,
Deux lettres, ce soir, douces et amies comme tout est doux ce qui me vient de vous. Et, ce matin, une de moi est partie vers votre adresse de Paris. À cette heure, étouffée dans un espace trop petit pour le tant d’affection qu’elle enferme, elle est quelque part dans le bled en train de songer à l’accueil que rue Saint-Sulpice va lui réserver ».
Dans ce duo, Ariane Ascaride joue à merveille la médiatrice entre eux et nous. Assise à table à droite de la scène, elle lit pendant quatre-vingt-dix minutes cette correspondance de haut niveau, jamais ennuyeuse. Elle y met une empathie joyeuse, une conviction sincère portée par son humanisme connu de tous. À gauche de la scène, la chambre d’Ilo est reconstituée avec des objets d’époque : ils donnent à la lecture d’Ariane Ascaride des accents de vérité comme s’ils parlaient eux aussi !
J’écoute avec passion ces textes : c’est un beau français que l’on n’entend presque plus dans les médias. J’ai la douce sensation de me relier autrement à ma langue, de ressentir la puissance de l’écriture épistolaire.
Nul doute qu’avec les blogs et les mails, deux personnes aux extrémités de la planète s’écrivent. Leurs correspondances enchanteront les générations futures. Est-ce vous?

"Ecrivez-moi Madeleine" d’Ilo de Francheschi est publié aux Editions de l’Aube (disponible sur Fnac.com).


Aux Correspondances de Manosque, Dieu merci, Patrice Chéreau s’impose.
Dans la région, c’est la deuxième lecture de l’année pour Patrice Chéreau. Après Hervé Guibert au printemps dernier au Théâtre des Salins de Martigues avec Philippe Calvario, c’est Fedor Dostoïevsky l’hôte de la soirée pour « Les Frères Karamazov ». L’extrait choisi est un dialogue imaginé entre le Christ en visite dans la Séville du XVe siècle en pleine inquisition et un vieillard, incarnation des dérives de l’Église de Rome. Ce texte n’est pas d’une qualité littéraire transcendante, mais il entre en résonance avec le contexte actuel où le religieux s’immisce dans le débat politique national et international. Je me sens à distance de ce réquisitoire ; seuls le charisme de Chéreau et un dispositif scénique minimaliste, mais efficace (une table, trois chaises) me sortent de ma torpeur. Chéreau tourne autour de ces chaises pour mieux accentuer la charge du propos.
Je m’interroge sur la pertinence d’un tel choix littéraire : ne serait-il pas temps de nous éclairer sur l’évolution du monde. Pourquoi les oeuvres lumineuses d’Edgar Morin et d’Albert Jacquard ne trouvent-elles pas leur place dans ces lectures plutôt que de nous proposer des textes connus sur des conclusions qui n’étonnent plus personne. Un déplacement du regard ne permettrait-il pas d’ouvrir des pistes non encore explorées ? N’est-ce pas finalement la finalité de ces Correspondances qui donnent à l’écrit une force qui dépasse parfois le théâtre ?

Délicat Arman Méliès pour brutales Correspondances à Manosque.

Alors que je me rends au concert littéraire du chanteur Arman Méliès dans le cadre des Correspondances de Manosque, j’ignore à quoi je peux m’attendre. Je ne connais pas ce chanteur : il a pourtant de belles références (Shannon Wright, Cat Power, Sufjan Stevens, …). Il a fait les premières parties des plus grands (Dominique A, Biolay,…) et Florent Marchet (présent l’an dernier au même endroit pour un concert mémorable !) est dans la salle ce soir ! Je lis Les Inrocks, j’écoute FIP et me voilà pris en flagrant délit d’ignorance : je n’ai jamais prêté l’oreille à Arman Méliès.
Le petit « Café provisoire » de la M.J.C de Manosque porte mal son nom : il n’y a rien à boire et la décoration fait penser à un vestiaire de piscine. Le public parsemé (trente, quarante ?) est plutôt « baba cool » et à dépassé majoritairement la quarantaine. Où sont donc passés les jeunes manosquins ? Au regard des FM captées dans la ville, j’ai bien peur qu’ils soient ailleurs. Quelque chose cloche ce soir : je me sens isolé, presque enfermé. Ce n’est pas la première fois qu’une telle sensation me prend dans ce département des Alpes de Haute Provence. Nous ne sommes pourtant qu’à 35 minutes d’Aix en Provence, ville dont les étudiants apprécieraient sûrement la performance de Méliès.
Justement, il arrive. À terre, de multiples pédales. Il est petit, presque frêle, et profondément touchant à nous proposer sa musique qu’il bidouille avec ses pieds tout en jouant de la guitare ! À peine chante-t-il que j’entends Jeff Buckley, chanteur génial américain décédé brutalement en 1997. À peine joue-t-il que je ressens Dominique A.
A mesure que le concert avance, j’ai une révélation (artistique !) : cet homme est un grand musicien et un parolier subtil. Deux écrivains (qui sont-ils ?) montent sur scène pour l’assister, mais ces textes n’apportent qu’une faible valeur ajoutée artistique: Arman Méliès est un écrivain du son. Sa musique, c’est du texte. Ses mots, sont des notes. Il est là lui seul le concert littéraire. Je suis bluffé même si le public semble vouloir autre chose si j’en juge par les sommeils prolongés et autres discrets applaudissements . Coûte que coûte, je le soutiens du regard tout au long de cette performance (à lui seul, il fait tous les instruments) et je m’isole avec lui dans son univers enivrant (tout à la fois mélancolique, envoûtant, enlevé, énergétique,..). Il ne réussit manifestement pas à soulever la salle comme si le concept de concert littéraire était trop étroit pour lui. Il est inutile de compter sur les écrivains : l’un d’eux n’hésite d’ailleurs pas à qualifier la prestation de « petit spectacle » pour justifier qu’on baisse les projecteurs sur scène! Le concert fini, les spectateurs quittent la salle pendant qu’il range son matériel. Je me retourne plusieurs fois pour immortaliser cette scène touchante.
 
De retour chez moi, je n’ai pu m’empêcher de télécharger sur ITunes son dernier album (« Les tortures volontaires »), de lire différents articles le concernant. C’est alors que ma chaîne Hi-fi a brutalement cessé de fonctionner (court circuit électrique).
Arman Méliès est décidément à contre – courant ce soir.

Le site d’Arman Méliès pour écouter ses chansons (rubrique Radio).


Les Correspondances de Manosque fêtent le nouveau monde.

Il est une heure du matin. Les mots se bousculent, les notes s’entrechoquent dans ma tête. C’est un joli chaos. La fête des Correspondances de Manosque vient de se dérouler au Café Provisoire en compagnie de musiciens et d’écrivains. J’ai reçu de l’énergie, de l’espoir alors que la France dans le monde semble se replier, maltraitée par le caniche de Bush qui n’hésite pas à pisser sur l’intelligence. D’entendre ces artistes lire leurs contributions pour « réveiller le monde » (thème proposé par les Correspondances) a quelque chose de réjouissant tel un acte de résistance créatif. Dix écrivains montent sur scène accompagnés de chansons de la «bande» à Florent Marchet (Arnaud Cathrine, Grégoire Louis, Arman Méliès, Joseph d’Anvers). Plus d’une heure trente de bonheur pour une centaine de privilégiés ! Tout commence par un texte d’Yves Pajeot lu par Arnaud Cathrine: pour réveiller le monde, il suffirait de changer de sexe régulièrement (se coucher homme et se lever femme!). Avec cette introduction, le ton est donné: place à la poésie, à la rencontre entre musiciens et écrivains. Le jeune chanteur Joseph d’Anvers est l’invité de la soirée: "Le courage des oiseaux", célèbre titre de Dominique A, ouvre la partie musicale comme une révérence à celui qui sait si bien articuler la musique et les mots. Suivent les beaux textes de François Begaudeau, l’hommage à Pascal par Sylvie Robic, l’émouvante Zahia Rahmani, la vivacité de Valérie Zenetti, le rêve lumineux d’Emmanuel Verret. Philippe Adam, Calude Bleton, Jacques Serana apportent leurs mots à nos maux. Loin de réveiller le monde, tous ces artistes nous invitent à le rêver, le penser autrement. Il évoluera parce qu’individuellement nous changerons de regard, collectivement nous chercherons des réponses créatives. L’écrivain Éric Meunié prend même le risque de lire la lettre d’une militante opposée au nucléaire et persécutée par Aréva dans sa région (en Normandie): elle nous interpelle sur notre responsabilité de citoyen face à cette énergie dangereuse pour l’avenir de la planète. Cette lecture sonne comme une provocation dans une ville, Manosque, située à vingt km du Centre d’Essais nucléaires de Cadarache et futur site d’ITER. Presque gênés, les Manosquins applaudissent timidement le courage de cette femme. Florent Marchet monte sur scène pour nous proposer une chanson de son dernier album à paraître en janvier 2007. Comme l’an dernier, humour et professionnalisme le caractérisent : j’aime cet artiste; il dégage une sincérité peu en vogue dans le milieu marchandisé de la chanson française. Il revient alors à Joseph d’Anvers de clôturer cette fête. Son premier album en 2005 m’avait enchanté ("Les choses en face"): sensible, il décline ses textes mélancoliques sur un rock doux, presque désabusé.
Je n’ai aucun doute sur la pertinence du concept de concert littéraire. Il revient aux Correspondances de voir plus grand: un lieu moins confidentiel, un collectif d’artistes à multiples facettes, une médiatisation plus importante. Il y a urgence alors que les médias standardisent la musique, marginalise la littérature. Plus que jamais, le spectacle vivant reste la meilleure réponse aux défis que nous pose le monde globalisé, car il permet de relier les arts, d’opérer des rencontres imprévisibles et d’inviter le public à se laisser surprendre, à ressentir de nouvelles émotions.
Le caniche peut toujours s’exciter, nous le tenons en laisse…


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Les Correspondances de Manosque fêtent le nouveau monde.

Il est une heure du matin. Les mots se bousculent, les notes s’entrechoquent dans ma tête. C’est un joli chaos. La fête des Correspondances de Manosque vient de se dérouler au Café Provisoire en compagnie de musiciens et d’écrivains. J’ai reçu de l’énergie, de l’espoir alors que la France dans le monde semble se replier, maltraitée par le caniche de Bush qui n’hésite pas à pisser sur l’intelligence. D’entendre ces artistes lire leurs contributions pour « réveiller le monde » (thème proposé par les Correspondances) a quelque chose de réjouissant tel un acte de résistance créatif. Dix écrivains montent sur scène accompagnés de chansons de la «bande» à Florent Marchet (Arnaud Cathrine, Grégoire Louis, Arman Méliès, Joseph d’Anvers). Plus d’une heure trente de bonheur pour une centaine de privilégiés ! Tout commence par un texte d’Yves Pajeot lu par Arnaud Cathrine: pour réveiller le monde, il suffirait de changer de sexe régulièrement (se coucher homme et se lever femme!). Avec cette introduction, le ton est donné: place à la poésie, à la rencontre entre musiciens et écrivains. Le jeune chanteur Joseph d’Anvers est l’invité de la soirée: "Le courage des oiseaux", célèbre titre de Dominique A, ouvre la partie musicale comme une révérence à celui qui sait si bien articuler la musique et les mots. Suivent les beaux textes de François Begaudeau, l’hommage à Pascal par Sylvie Robic, l’émouvante Zahia Rahmani, la vivacité de Valérie Zenetti, le rêve lumineux d’Emmanuel Verret. Philippe Adam, Calude Bleton, Jacques Serana apportent leurs mots à nos maux. Loin de réveiller le monde, tous ces artistes nous invitent à le rêver, le penser autrement. Il évoluera parce qu’individuellement nous changerons de regard, collectivement nous chercherons des réponses créatives. L’écrivain Éric Meunié prend même le risque de lire la lettre d’une militante opposée au nucléaire et persécutée par Aréva dans sa région (en Normandie): elle nous interpelle sur notre responsabilité de citoyen face à cette énergie dangereuse pour l’avenir de la planète. Cette lecture sonne comme une provocation dans une ville, Manosque, située à vingt km du Centre d’Essais nucléaires de Cadarache et futur site d’ITER. Presque gênés, les Manosquins applaudissent timidement le courage de cette femme. Florent Marchet monte sur scène pour nous proposer une chanson de son dernier album à paraître en janvier 2007. Comme l’an dernier, humour et professionnalisme le caractérisent : j’aime cet artiste; il dégage une sincérité peu en vogue dans le milieu marchandisé de la chanson française. Il revient alors à Joseph d’Anvers de clôturer cette fête. Son premier album en 2005 m’avait enchanté ("Les choses en face"): sensible, il décline ses textes mélancoliques sur un rock doux, presque désabusé.
Je n’ai aucun doute sur la pertinence du concept de concert littéraire. Il revient aux Correspondances de voir plus grand: un lieu moins confidentiel, un collectif d’artistes à multiples facettes, une médiatisation plus importante. Il y a urgence alors que les médias standardisent la musique, marginalise la littérature. Plus que jamais, le spectacle vivant reste la meilleure réponse aux défis que nous pose le monde globalisé, car il permet de relier les arts, d’opérer des rencontres imprévisibles et d’inviter le public à se laisser surprendre, à ressentir de nouvelles émotions.

Le caniche peut toujours s’exciter, nous le tenons en laisse…


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Aux Correspondances de Manosque, Dieu merci, Patrice Chéreau s’impose.

Dans la région, c’est la deuxième lecture de l’année pour Patrice Chéreau. Après Hervé Guibert au printemps dernier au Théâtre des Salins de Martigues avec Philippe Calvario, c’est Fedor Dostoïevsky l’hôte de la soirée pour « Les Frères Karamazov ». L’extrait choisi est un dialogue imaginé entre le Christ en visite dans la Séville du XVe siècle en pleine inquisition et un vieillard, incarnation des dérives de l’Église de Rome. Ce texte n’est pas d’une qualité littéraire transcendante, mais il entre en résonance avec le contexte actuel où le religieux s’immisce dans le débat politique national et international. Je me sens à distance de ce réquisitoire ; seuls le charisme de Chéreau et un dispositif scénique minimaliste, mais efficace (une table, trois chaises) me sortent de ma torpeur. Chéreau tourne autour de ces chaises pour mieux accentuer la charge du propos.
Je m’interroge sur la pertinence d’un tel choix littéraire : ne serait-il pas temps de nous éclairer sur l’évolution du monde. Pourquoi les oeuvres lumineuses d’Edgar Morin et d’Albert Jacquard ne trouvent-elles pas leur place dans ces lectures plutôt que de nous proposer des textes connus sur des conclusions qui n’étonnent plus personne. Un déplacement du regard ne permettrait-il pas d’ouvrir des pistes non encore explorées ? N’est-ce pas finalement la finalité de ces Correspondances qui donnent à l’écrit une force qui dépasse parfois le théâtre ?


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Aux Correspondances de Manosque, Ariane Ascaride fait un beau devoir de mémoire.

La salle du Théâtre Jean le Bleu de Manosque est comble ce soir. En voisine, Ariane Ascaride s’empare des lettres d’Ilo de Franceschi écrites à Madeleine Allain entre 1939 – 1940. Passionné de littérature, cet italien d’origine (parlant l’allemand, le français et un dialecte Kanak !) s’engage dans la Légion où près de la chaîne de l’Atlas dans le Maroc, il ressent l’isolement par l’absence de livres. Il prend l’initiative d’écrire au philosophe Alain pour qu’il lui envoie trois ouvrages. Par erreur, cette lettre atterrit chez Madeleine Allain. Commence alors une histoire d’amitié, presque amoureuse.
Leurs correspondances vont remplir les vides : l’éloignement de la littérature pour l’un, la solitude affective pour l’autre. Les lettres d’Ilo sont d’une force incroyable quand il soutient Madeleine dans sa dépression : « 
Bien chère Madeleine,
Deux lettres, ce soir, douces et amies comme tout est doux ce qui me vient de vous. Et, ce matin, une de moi est partie vers votre adresse de Paris. À cette heure, étouffée dans un espace trop petit pour le tant d’affection qu’elle enferme, elle est quelque part dans le bled en train de songer à l’accueil que rue Saint-Sulpice va lui réserver ».

Dans ce duo, Ariane Ascaride joue à merveille la médiatrice entre eux et nous. Assise à table à droite de la scène, elle lit pendant quatre-vingt-dix minutes cette correspondance de haut niveau, jamais ennuyeuse. Elle y met une empathie joyeuse, une conviction sincère portée par son humanisme connu de tous. À gauche de la scène, la chambre d’Ilo est reconstituée avec des objets d’époque : ils donnent à la lecture d’Ariane Ascaride des accents de vérité comme s’ils parlaient eux aussi !
J’écoute avec passion ces textes : c’est un beau français que l’on n’entend presque plus dans les médias. J’ai la douce sensation de me relier autrement à ma langue, de ressentir la puissance de l’écriture épistolaire.
Nul doute qu’avec les blogs et les mails, deux personnes aux extrémités de la planète s’écrivent. Leurs correspondances enchanteront les générations futures. Est-ce vous ?

"Ecrivez-moi Madeleine" d’Ilo de Francheschi est publié aux Editions de l’Aube (disponible sur Fnac.com).

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Fragiles Correspondances à Manosque.

Il est 22 heures. J’arrive sur la pointe des pieds dans le hall du Théâtre Jean le Bleu à Manosque alors que le public écoute une lecture de Jean-Louis Trintignant. J’ai préféré faire le déplacement d’Aix en Provence pour le concert de 22h30 où la chanteuse Claire Diterzi et l’écrivain Arnaud Cathrine nous présentent « Vos omoplates se déboîtent, ô mes amours », joli titre emprunté à Rimbaud. La petite salle de la MJC se prête à cet exercice délicat, intimiste et toujours surprenant. Le concert littéraire invite les artistes à dépasser leurs frontières et les spectateurs à écouter et voir autrement. L’an dernier, Florent Marchet avait produit avec Arnaud Cathrine un magnifique concert. Il y a donc une continuité avec la venue cette année de jeunes chanteurs aux voix atypiques, loin des standards de la Star Académy (Claire Diterzi, Arman Mélies et Joseph d’Anvers). Ainsi, d’année en année, les Correspondances de Manosque se positionnent clairement sur un champ pluridisciplinaire avec une nouvelle génération d’artistes décomplexés soutenue par un public toujours respectueux et attentif.
Ils sont deux ce soir pour un dialogue où les rôles sont inversés : elle lit les pensées d’un homme, il lit les paroles d’une femme.
Les textes sont d’Arnaud, la musique est de Claire. Ils invoquent le désir, ce processus secret et pourtant si parlant lorsqu’ils évoquent quelques scènes du couple au réveil ! Claire Diterzi, guitare électrique en bandoulière, paraît fragile au cours de ce concert : menue, pieds nus, voix cristalline, elle fixe le texte, regarde rarement le public et son compagnon. Elle semble ailleurs, perdue dans les méandres du solfège et de la technique. Les textes de Cathrine se noient parfois dans cette musique sophistiquée et décapante pour nos oreilles.
La chanteuse disparaît au profit de l’écrivain. Ils sont côte à côte et j’attends une étincelle.
De désir ?


A lire, l’article sur Claire Diterzi dans Le Figaro
A voir, le site d’Arnaud Cathrine.

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Au Festival d’’Avignon, la belle leçon de vie de Pippo Delbono.

Depuis 2002, Pipo Delbono, acteur, auteur, metteur en scène italien est un habitué du Festival d’Avignon. Cette année-là, il présentait trois oeuvres de son répertoire («Guerra», «Il Silenzio» et «La Rabbia»). Je me souviens avoir été profondément bouleversé. En 2004, «Urlo » à la Carrière de Boulbon avait déçu. En 2006, « Le temps des assassins » joué au Théâtre des Salins de Martigues m’a confirmé dans mon intuition : le théâtre de Pipo Delbono fait partie de ma vie, sans que je sache vraiment pourquoi.
«Récits de juin» est présenté cet été dans la cour magnifique du Musée Calvet. C’est un rendez-vous incontournable. Je ne suis manifestement pas le seul tant le lien entre Pippo Delbono et les festivaliers semble fort. Il était tant de nous retrouver, car le temps passe vite. Celui de Pippo est peut-être compté…
Il y a une table, un micro, une bouteille de bière et d’eau. Il commence sa « conférence-spectacle » par une confidence : «Il y trois mots à ne pas répéter en dehors de cette enceinte…à ma mère». L’intimité est créée. Pippo peut débuter, même si son français est parfois aléatoire. Qu’importe. Je ne l’écoute pas ; je le ressens. Et cela fait quatre ans que cela dure. Je suis heureux de le revoir et je m’aperçois à quel point je tiens à lui. Il nous raconte sa vie, de l’enfant de choeur troublé par le curé à sa rencontre avec Bobo, sourd-muet, microcéphale, interné dans un hôpital psychiatrique pendant plus de quarante-cinq ans et qui deviendra son acteur fétiche. Entre confidences parlées et extraits de «La Rabbia» ou «Du temps des Assasins», Pippo Delbono tisse peu à peu la trame de son oeuvre, la particularité de son théâtre : celle d’une écriture du ressenti, du geste simple (souffler dans une bouteille de bière pour retrouver le souffle de vie), de la danse qui transcende la douleur pour aller chercher le sens. Il se dégage de la vie de Pippo Delbono une profonde humanité. Ses mots, son écriture touchent ceux pour qui, vivre, est un défi quotidien. Sa vie prend sens dans le lien avec l’autre “différent”. Grâce à ses «Récits de juin», j’ai compris la finalité de son oeuvre et le lien que j’ai avec lui. J’ai ressenti que je l’aimais. C’est aussi simple que cela. Encore fallait-il y mettre des mots. Mais promis, je ne dirais pas à sa mère les trois mots qu’elle ne peut entendre. Nous l’avons compris, Pippo Delbono avait besoin de nous les dire, de poser ces trois mots sur la table pour en écrire d’autres. Avec nous, pour nous.
J’en suis convaincu: il s’en sortira car son théâtre vit avec nous. Ses « Récits de Juin » sont aussi nos « Récits d’Avignon ».
A bientôt, Pippo.
Pascal Bély. Le Tadorne

 

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Patrice Chéreau et Philippe Calvario pensent à Hervé Guibert.

Sur le programme distribué à l’entrée du Théâtre des Salins de Martigues, on peut lire une citation de l’écrivain Hervé Guibert, mort en 1991 : «Tant de gens pensent à moi que je n’ai presque plus besoin d’exister maintenant». Patrice Chéreau et Philippe Calvario ont pensés à cet écrivain dont le SIDA a marqué, vers la fin de sa vie, l’œuvre littéraire.
La lecture – spectacle «Le mausolée des amants» qui nous est proposée ce soir est un bel hommage. Sur la scène, un grand bureau avec deux chaises à leur extrémité. L’éloignement entre les deux artistes métaphorise leur distance affective à l’égard d’Hervé Guibert. Si Chéreau l’a connu personnellement, Calvario s’approche de l’écrivain en tant que lecteur,  engagé dans la lutte contre le Sida. Cet éloignement n’est qu’apparent tant la complicité est évidente entre ces deux metteurs en scène: ils habitent à tour de rôles Hervé Guibert. C’est troublant et parfois très émouvant lors de la lecture d’extraits de «Cytomégalovirus». A travers ce passage, c’est toute une génération des années 1985 – 1995 qui revit l’enfer du Sida, l’exclusion qu’il provoquait et le manque d’humanité du système hospitalier. Je pense à Thierry.

Le ton se veut plus léger quand Chéreau (le maître) et Calvario (le valet) lisent «Mon Valet et moi». C’est toute la force tragi-comique de l’écriture d’Hervé Guibert qui se trouve alors merveilleusement interprétée. Troublant…

Mais le moment le plus émouvant, le plus beau est sans aucun doute un extrait de «La mausolée des amants» lu par Calvario : dans un train, deux hommes se regardent et s’aiment déjà, alors qu’à l’arrêt, l’un descend, l’autre pas. Je frissonne en écoutant ce concentré d’amour, d’érotisme, et de mort. C’est à ce moment précis que la lecture – spectacle trouve toute sa force pour nous faire (re)découvrir le talent de cet écrivain. Troublant…
La lecture se termine
sur «Les secrets», comme elle avait commencée, par le duo Chéreau – Calvario . Nous sommes mis dans la confidence et la transmission s’opère. Hervé Guibert fait partie maintenant de mon univers littéraire. Il fallait ce duo complémentaire pour que le lien s’opère entre Guibert et le public à l’image d’une transmission, d’une génération à l’autre. La salle (à moitié vide) applaudit et les lycéens, d’habitude présents à chaque représentation théâtrale, sont absents. L’homosexualité de l’auteur doit encore effaroucher nombre d’enseignants, toujours prompts à dénoncer les injustices. Cette absence en est une.
Pour cette transmission là, il faudra attendre…Le VIH, lui, continue.

Troublant…

Pascal Bély- Le Tadorne

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LECTURE

Florent Marchet donne aux Correspondances de Manosque ses lettres de noblesse.

 

 

Chaque année, c’est un rituel. A  la fin du périple festivalier de l’été, je pars à Manosque pour réapprendre à lire et à écrire ! Comme s’il fallait s’éloigner du théâtre, pour se rapprocher autrement des mots. Durant une semaine, lectures de correspondances, ateliers d’écriture et concerts littéraires se succèdent. L’ambiance y est chaleureuse loin des mondanités de certains festivals…
Lire sur scène est un exercice difficile. Ce n’est ni du théâtre, ni une lecture mais une pratique artistique encore émergente. Cette année, trois spectacles retiennent mon attention : deux comédiens (Eric Caravaca  et

Guillaume Depardieu) et un chanteur (Florent Marchet).  

 

Une heure après Depardieu, Florent Marchet, jeune chanteur talentueux découvert il a un an et demi avec son magnifique album « Gargilèse », nous propose son spectacle, spécialement conçu pour les Correspondances de Manosque. L’an dernier, son premier ballon d’essai lors d’un café littéraire avait fait l’événement. A ces côtés, le troublant  Erik Arnaud (son premier album en 2002 « Comme je vis » est resté confidentiel) et Arnaud Cathrine (jeune écrivain) et deux musiciens (un batteur et un bassiste). La scène est minuscule et tout au plus une soixantaine de privilégiés sont invités à ce concert! Le thème du couple sert de fil conducteur où alterne lectures et chansons pour la plupart nouvelles (prémices du deuxième album ?).

Florent Marchet réussi là où ses camarades comédiens ont échoués. En premier lieu, il s’est fortement engagé dans l’exercice; cela se sent et se voit!Le groupe a travaillé pour arriver à nous présenter une telle cohérence dans les choix littéraires et leurs illustrations musicales. De plus, Florent Marchet fait preuve tout au long du concert d’un sens de l’humour que je ne lui connaissais pas. Un an après, il a pris de l’assurance et je ressens un artiste en plein travail sur son deuxième album.

Le couple vu par Marchet à travers ses choix littéraires a de quoi troubler : union impossible, viol, inceste, misère sexuelle, masturbation thérapeutique, ennui, mauvaise haleine…Tout y passe et les textes lus par Erik Arnaud et Arnaud Cathrine appuient là où cela fait mal…Seuls les célibataires (dont votre serviteur) sortiront peut-être de cette soirée quelque peu apaisé !!

Au final, Florent Marchet a peut-être donné à la Direction du Festival une image de ce que pourrait être les Correspondances dans l’avenir, à savoir une magnifique articulation entre la musique et la littérature. Le couple chanteur – écrivain pourrait signifier aux comédiens de théâtre et de cinéma que la chanson n’est peut être pas un art aussi mineur que cela.


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