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EN COURS DE REFORMATAGE

Au Festival d’Avignon, le fantôme d’Isabella ressuscite Claire Goll dans «La poursuite du vent».

Ce samedi 8 juillet à 18h au Théâtre Municipal d’Avignon, je débute mon périple festivalier avec émotion, mais aussi avec une certaine appréhension : « Vais-je tenir la distance ? ». Pour me rassurer, j’ai rendez-vous avec Viviane de Muynck. J’ai souvent fait référence à « La chambre d’Isabella » sur ce blog ici et . Elle nous a manqué l’an dernier et ce n’est pas sa courte apparition en 2005 dans « Needlapb 10 » du metteur en scène flamand Jan Lauwers qui a pu calmer l’attente. Car Viviane De Muynck est une actrice exceptionnelle, au parcours atypique (elle était secrétaire de direction avant de tout lâcher pour devenir comédienne). Elle a bouleversé de nombreux spectateurs en incarnant Isabella, 104 ans, aveugle et pleine d’énergie
En solo, elle signe son retour en Avignon avec « La poursuite du vent ». Elle incarne Claire Goll. Née en 1910, après une enfance difficile, elle s’installe à Zurich où elle fréquente le mouvement pacifiste et les dadaïstes. C’est en 1917 qu’elle rencontre le poète français Yvan Goll et se lie aux artistes cubistes et surréalistes. Avec son mari, ils composent des recueils de poésie. Après son décès, Claire Goll poursuit son œuvre littéraire et publie en 1976 ses mémoires (« La poursuite du vent »). La révélation de ses amitiés, mais surtout de ses inimitiés choque et suscite la polémique.
C’est donc une femme à la vie chaotique qui se présente à nous. Avec Claire Goll, je parcours cette période créative où Picasso côtoie Malraux, où le dadaïsme traverse les arts. J’apprends la relation fusionnelle qu’elle entretient avec son mari. Mais surtout ses jugements à l’emporte-pièce ponctuent de nombreuses anecdotes sur les amis et ennemis qui fréquentent le couple. La mise en scène de Jan Lauwers joue sur l’ambiguïté. Ce n’est pas Isabella qui interprète Claire Goll. En effet, tout oppose les deux pièces : collectif contre solo, objets omniprésents sur le plateau de « La chambre d’Isabella », plateau dépouillé ici ; danse et théâtre en 2004, texte seul ici. Toutefois, l’histoire de Claire Goll est vue avec les yeux d’Isabella : empathie dans la mise en scène, jeu charismatique de Viviane De Muynck pour incarner Claire Goll, regard distancié porté sur sa vie et magnifique jeu de lumière. Mais à mesure que la pièce avance, je m’ennuie (à l’exception de la dernière scène où Claire Goll pleure son mari et qui sort le public de sa torpeur). J’attends Viviane De Muynck là où elle ne peut plus aller, mais elle ne va pas là où j’attends qu’elle me surprenne (vous suivez ?!). Jan Lauwers a donc pris peu de risques comme s’il hésitait à exposer Viviane de Muynck après le phénoménal succès de « La chambre d’Isabella ».
En quittant le théâtre, je ressens de la tristesse : l’histoire de Claire Goll m’a peu touché et j’ai perdu Isabella. Cela n’est pas sans résonance. Comme quoi, le théâtre entremêle les  histoires et tisse entre spectateurs et comédiens des liens indestructibles.

Crédit photo : © Christophe Raynaud de Lag

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"Au monde" de Joël Pommerat.
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"Les marchands" de Joël Pommerat.

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"Les barbares" d’Eric Lacascade.
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"Asobu" de Josef Nadj.
"Mnemopark" de Stefan Kaegi.
"La poursuite du vent" par Jan Lauwers.
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"Mondes, Monde" de Frank Micheletti.
"Journal d’inquiétude" de Thierry Baë.
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"La course au désastre" de Christophe Huysman.
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"Le bazar du Homard"
par Jan Lauwers.