La chanteuse Claire Diterzi investit pour la deuxième fois la Scène Nationale de Cavaillon. À l'automne dernier, elle y était en résidence pour préparer son spectacle. Son album ?Tableau de chasse?, sorti en début d'année, est une traversée féerique au milieu d'?uvres d'art, repérées ici ou là dans les musées (de Rodin à Fragonard en passant par Allen Jones). Ce concert, très attendu, renouvelle le genre et ouvre la musique vers la vidéo où fusionne l'?uvre d'art avec l'univers loufoque et tourmenté de Claire Diterzi. Habillé en peau de vache (!), elle débarque sur scène, déterminée à en découdre, entourée de deux superbes choristes échappées d’un gospel, d'une bassiste au regard transperçant, d'une violoniste rêveuse et d'un batteur, icône d'une publicité de Jean-Paul Gaultier. Ensemble, ils forment un aréopage de féministes avec la ferme intention de moderniser un musée archéologique! Si les guitares sont brandies comme des phallus triomphants chez les hommes, elles sont ici des instruments portées comme des bijoux, à l'image d'une musique qui brille par son ingéniosité et ses sonorités inattendues.
Nous sommes dans une Scène Nationale et Claire Diterzi regrette l'apathie d’un public bien callé sur son fauteuil. Elle n'a peur de rien quand elle nous apostrophe à la limite de l'insulte. ?Cavaillon, vous êtes mous!? dit-elle, droit dans les yeux.
Claire, il me plaît de vous voir au Théâtre, dans votre décor en carton-pâte meublé de canapés Ikéa et d'une table restée trop longtemps au grenier. Car vous dépoussiérez tout sur votre passage même quand vous imitez la ?vieille chanteuse? pour en faire la ?Nouvelle Star? de M6! Je suis heureux d'être avec vous, dans ce théâtre, lieu du rassemblement où ?la musique adoucit les m?urs?. Vous nous faites un bien fou quand vous titillez notre oreille avec cette voix dont on se demande si elle ne vient pas des profondeurs de notre imaginaire! Car je vous vois même en profiter, lors des ?repas de famille?, pour monter sur la table et chanter les secrets enfouis sous des tonnes d'album photos jaunies.
Claire, gardez-vous d'investir les Zenith ou d'autres salles aux relents de tabac froid. Faîtes comme Barbara, chantez ?Oh! Mes théâtres!? et vous verrez, nous serons ?votre plus belle histoire d'amour?, votre plus beau ?tableau de chasse?.
Nous sommes si doux. Comme des agneaux.
Pascal Bély
www.festivalier.net
Claire Diterzi en concert au Théâtre de Cavaillon le 7 mars 2008.


J'avais rendez-vous le 31 mars 2007 à Lyon avec ce groupe canadien exceptionnel. Après Bruxelles et 
Assis dans la salle bien peu accueillante de l’Espace Julien de Marseille, nous voyons arriver sur scène un homme fermé, dont on ne voit pas les yeux, replié sur lui-même. Il prend sa guitare, que son corps entoure, et qui lui donnera sens, énergie. Dès les premières notes, nous le reconnaissons ; mais nous ne le rencontrons pas encore. Nous commençons à entrer dans son univers musical. Puis sa voix, sensuelle, chaleureuse, en totale dissonance avec son physique. Je tente de prendre mes marques, sous le choc encore de ce mal-être. Je ne sens pas le public, très statique, qui ne se permet rien, respectueux de sa réclusion. Murat n’est pas avec nous, il ne donne pas de vie à la salle, il ne semble rien attendre de nous, je me demande ce que cela signifie de venir le voir en concert. Pourtant, il nous donne beaucoup de poésie, emplie de douleur. Ses textes sont forts, ils nous parlent de son rapport à la nature, de ses rapports avec ceux qu’il aime : ses sensations, ses émotions liées à son environnement sont constamment mises en parallèle avec ses relations avec les autres, il aime, il souffre d’aimer, la nature l’apaise ou traduit ses émotions.
En arrivant, je ressens comme un décalage entre les dorures de ce théâtre à l’italienne et le jazz, entre ce public un peu « guindé » et l’énergie communicative de la musique de Manu Katché. Assis, je suis coincé entre deux aimables cadres cravatés et une barre en fer qui me coupe la vision de la scène. Je reste à l’étroit tout au long du concert comme s’il était impossible de s’affranchir de ce cadre.
Justement, il arrive. À terre, de multiples pédales. Il est petit, presque frêle, et profondément touchant à nous proposer sa musique qu’il bidouille avec ses pieds tout en jouant de la guitare ! À peine chante-t-il que j’entends