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Délicat Arman Méliès pour brutales Correspondances à Manosque.

Alors que je me rends au concert littéraire du chanteur Arman Méliès dans le cadre des Correspondances de Manosque, j’ignore à quoi je peux m’attendre. Je ne connais pas ce chanteur : il a pourtant de belles références (Shannon Wright, Cat Power, Sufjan Stevens, …). Il a fait les premières parties des plus grands (Dominique A, Biolay,…) et Florent Marchet (présent l’an dernier au même endroit pour un concert mémorable !) est dans la salle ce soir ! Je lis Les Inrocks, j’écoute FIP et me voilà pris en flagrant délit d’ignorance : je n’ai jamais prêté l’oreille à Arman Méliès.
Le petit « Café provisoire » de la M.J.C de Manosque porte mal son nom : il n’y a rien à boire et la décoration fait penser à un vestiaire de piscine. Le public parsemé (trente, quarante ?) est plutôt « baba cool » et à dépassé majoritairement la quarantaine. Où sont donc passés les jeunes manosquins ? Au regard des FM captées dans la ville, j’ai bien peur qu’ils soient ailleurs. Quelque chose cloche ce soir : je me sens isolé, presque enfermé. Ce n’est pas la première fois qu’une telle sensation me prend dans ce département des Alpes de Haute Provence. Nous ne sommes pourtant qu’à 35 minutes d’Aix en Provence, ville dont les étudiants apprécieraient sûrement la performance de Méliès.
Justement, il arrive. À terre, de multiples pédales. Il est petit, presque frêle, et profondément touchant à nous proposer sa musique qu’il bidouille avec ses pieds tout en jouant de la guitare ! À peine chante-t-il que j’entends Jeff Buckley, chanteur génial américain décédé brutalement en 1997. À peine joue-t-il que je ressens Dominique A.
A mesure que le concert avance, j’ai une révélation (artistique !) : cet homme est un grand musicien et un parolier subtil. Deux écrivains (qui sont-ils ?) montent sur scène pour l’assister, mais ces textes n’apportent qu’une faible valeur ajoutée artistique: Arman Méliès est un écrivain du son. Sa musique, c’est du texte. Ses mots, sont des notes. Il est là lui seul le concert littéraire. Je suis bluffé même si le public semble vouloir autre chose si j’en juge par les sommeils prolongés et autres
discrets applaudissements . Coûte que coûte, je le soutiens du regard tout au long de cette performance (à lui seul, il fait tous les instruments) et je m’isole avec lui dans son univers enivrant (tout à la fois mélancolique, envoûtant, enlevé, énergétique,..). Il ne réussit manifestement pas à soulever la salle comme si le concept de concert littéraire était trop étroit pour lui. Il est inutile de compter sur les écrivains : l’un d’eux n’hésite d’ailleurs pas à qualifier la prestation de « petit spectacle » pour justifier qu’on baisse les projecteurs sur scène! Le concert fini, les spectateurs quittent la salle pendant qu’il range son matériel. Je me retourne plusieurs fois pour immortaliser cette scène touchante.
 
De retour chez moi, je n’ai pu m’empêcher de télécharger sur ITunes son dernier album (« Les tortures volontaires »), de lire différents articles le concernant. C’est alors que ma chaîne Hi-fi a brutalement cessé de fonctionner (court circuit électrique).
Arman Méliès est décidément à contre – courant ce soir.

Le site d’Arman Méliès pour écouter ses chansons (rubrique Radio).

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