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EN COURS DE REFORMATAGE

Manifestement, Berlin.


Sommes-nous encore capables de vivre ensemble ? Pouvons-nous dépasser les frontières, abattre les cloisons, pour oublier, le temps d’une soirée, les cases et les chasses bien gardées ? Pouvons-nous ressentir à nouveau le plaisir de faire la fête pour la positionner comme un acte politique créatif en ces temps incertains ?

Pourquoi Berlin et pas nous ?

C’est samedi soir.  Tous les théâtres de la capitale allemande ont ouvert leurs portes de 19h à 1h du matin pour proposer toutes les ½ heures, un extrait d’un spectacle à venir ou passé. Loin des plaquettes sur papier glacé, la « Lange Nacht der Opern und Theater » nous offre un avant-goût des programmations. Pour 15 euros, nous pouvons voir deux, trois ou cinq moments de spectacle vivant en suivant cinq « routes » symbolisées par des itinéraires de bus. Ici, le vagabondage n’est pas un concept fumeux, mais une réalité. Les bus sont bondés, les places grouillent de monde, on fait la queue devant les théâtres, les publics se brassent et des agents d’accueil, accueillent. Berlin se donne entière au théâtre, pour s’abandonner le temps d’une soirée et oublier la crise. C’est une véritable toile humaine qui relie les structures entre elles, à l’image de ces routes qui se croisent et s’entrelacent pour redessiner la ville.

Quatre heures pour se mélanger à la foule, où Allemands, Italiens, Anglais et Français se parlent, sans MSN, ni Facebook ! Une nuit pour promouvoir intelligemment la diversité d’une offre culturelle et s’appuyer sur la vitalité du public pour en être l’ambassadeur.

Il est donc temps de retrouver la ville et d’ouvrir nos chapelles culturelles trop bien gardées, tels des sanctuaires aux mains de gourous, dont la vision de l’interaction avec leur public commence sérieusement à dater à l’heure des communications horizontales. C’est le moment de s’inspirer de Berlin pour relier les théâtres et tisser une toile, capable de faire émerger un mouvement collectif porteur d’espoir. Une toile pour définir, dynamiser, un service public culturel local. Il faut en finir avec ces structures qui, à force d’épouser un modèle concurrentiel, ne voient même plus la ville dans toute sa complexité, trop occupées à défendre leurs intérêts.

Il est temps de savoir si oui ou non, le spectacle vivant peut nous rendre mobiles, engagés, festifs. Nous sommes sûrement des milliers à désirer vagabonder dans la ville, à avoir ce désir d’échanger  sur l’art dans la rue, sans être pris en flagrant délit d’intelligence.

J’ai l’intime conviction que nous pouvons le faire.

Manifestement, Berlin.

Créativement, la France ?

Pascal Bély

www.festivalier.net