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EN COURS DE REFORMATAGE

Manon et Jean de Florette au Merlan: petits moments entre amis.

Quel plaisir de retrouver le Théâtre du Merlan en vagabondage et des amis rencontrés deux ans auparavant sur le Vieux Port de Marseille avec la Compagnie Marius, célèbre troupe belge, experte dans le théâtre de rue!
Nous avouons notre nostalgie de la période où Le Merlan nous baladait dans Marseille, et l’on se souvient des itinéraires préparés par Mappy avec cette impression de partir à l’aventure pour mériter « le » spectacle au bout du chemin.
Filer en direction d’Allauch, plus précisément au Domaine de Pichauris, en ce dernier dimanche de septembre, a été notre « madeleine de Proust ». Une excitation étrange nous a alors envahi au fur et à mesure des kilomètres avalés (nous n’habitons pas le département) où l’apparition des fléchages avec le logo des portes roses du Merlan dans le domaine départemental provoque la joie des retrouvailles.
Les acteurs de la compagnie Marius sont nos amis de théâtre. Avec “Marius“, “Fanny“et “César“, joués en 2006, ils nous avaient emballé. Avec “Manon” et “Jean de Florette“, nous sommes conquis.
Avec deux fois rien (casseroles chinées et portes de bois récupérées), c’est un théâtre de brique et de broc qui prend forme sous nos yeux. Tout est inventif dans cette forme périlleuse où il faut jouer avec l’extérieur, avec le public, inventer, créer sans cesse et improviser (« Je crains dégun » du Papet, phrase déjà culte !). Le deux fois rien se transforme en un immense chantier théâtral remarquable.
L’énergie débordante et communicante des comédiens instaure une relation de confiance avec le public. Nous redécouvrons tout naturellement les aventures pagnolesques de Manon, Hugolin, le Papet et Jean de Florette à travers nos yeux d’adultes, mais avec nos souvenirs d’enfants. Cela fonctionne, car l’humanisme de la mise en scène soutient des acteurs respectueux de l’?uvre.
En s’appuyant sur notre mémoire collective (le patrimoine cinématographique de Pagnol dont les tirades culte de Daniel Auteuil), la compagnie Marius décortique l’?uvre, dépasse son cadre culturel et finit par illustrer le concept de l’appropriation où nous redécouvrons notre richesse littéraire.
A méditer…

Laurent Bourbousson – Diane Fonsegrive / www.festivalier.net

 

??????Manon” et “Jean de Florette” ont été joué du 17 septembre au 5 octobre au Domaine de Pichauris dans le cadre de la programmation du Théâtre du Merlan – Scène Nationale

 

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EN COURS DE REFORMATAGE

A ACTORAL , même loin de Demorand, les mots cognent.

Je sature. Je n’arrive plus à écouter Nicolas Demorand sur France Inter le matin. Dès qu’il parle, c’est pour m’envoyer une baffe. Ali Baddou sur France Culture à la même heure ? C’est pire : ses invités, il les choisit pour réviser ses cours de fac. Au final, la crise financière est partout et nulle part : les mots pour la décrire perdent leur sens dans la peur, la technique et le sensationnalisme. Le capitalisme financier a donc gagné : tout en s’écroulant, il arrive à s’immiscer dans notre vision du monde pour imposer ses grilles de lecture et ses mots bien calibrés. Je suis “chaos”, mais debout. Comment s’élever ?
Après mon escapade à Manosque dimanche dernier pour les “Correspondances“, j’arpente la rue Breuteuil à Marseille, direction la petite maison de Montévidéo, où se déroule une partie du Festival International ACTORAL qui offre aux mots, une ouverture suffisamment large pour qu’ils se cognent, s’accélèrent, se redéfinissent. Tel un espace de parole, ACTORAL soigne les maux des mots et donne au spectateur la compétence de les entendre dans toute leur complexité. Démonstration.
Robert Cantarella et sa performance « Auras comprises » positionne le spectateur au c?ur d’un dispositif qui n’est pas sans évoquer un espace thérapeutique où l’on soignerait notre peur à l’égard des personnes âgées atteintes d’Alzheimer. Le dispositif scénique nous permet d’entendre ce flot de paroles comme un patrimoine historique, une ?uvre artistique où l’acteur nous le donne à entendre, en décalé, avec empathie et justesse. Cette parole déconstruite est ainsi réintroduite dans notre quotidien, pourtant submergé d’informations bien plus déstructurées. Pendant trente minutes, la réalité psychique de ces hommes et femmes est passionnante. Avec Cantarella, la réalité est multiple.
Autres mots d’amour. Elle nous vient de Montréal. Renée Gagnon est debout, derrière son pupitre, à nous lire son recueil de poèmes, “Projet McQueen“, tandis que défilent sur un écran de nombreux extraits de films avec…Steve McQueen. On passe ainsi une heure à écouter tous les hommes d’une femme, incarnés par cette icône quasi religieuse ! C’est souvent drôle. Cela percute comme une relation de couple où la fusion et la séparation sont des processus si imbriqués que l’on finit par perdre son latin québécois ! Renée Gagnon a non seulement une belle plume, mais aussi un art du montage qui n’est pas sans rappeler l’esprit des dessins animés de Tex Avery.

Fanny de Chaillé
se prépare au combat. Puisqu’il faut en passer par là. Elle s’offre un plateau en forme de ring, enfile la posture de la rockeuse. Tout est prêt pour sa «Gonzo Conférence». Pendant que sa partenaire lit sur un pupitre un texte recherché sur le rock et sa différence avec le théâtre, elle danse, mime, se jette dans le public. Tout est mis en perspective pour nous expliquer ce qu’est le rock et où il va. Nous voilà propulsés dans un espace à plusieurs dimensions où le savoir, le corps, la place des spectateurs (assis par terre ou debout comme dans un concert) forment un tableau théâtral réjouissant. Alors que le rock s’assagit, le Théâtre est toujours là, plus actuel que jamais. J’ai enfin compris pourquoi je n’aime que les concerts théâtralisés ! Fanny de Chaillé vient peut-être d’inventer un concept qui dépasse de loin le cadre du concert littéraire si cher aux Correspondances de Manosque. À quand le prochain « Gonzo » ?
Elie Hay est interprète chez Gisèle Vienne et ancien élève du CDC. Il a un look sympa.

Avec « I like him and he likes me », ils provoquent la sidération du public. Pensez donc. Vingt minutes à se castagner avec Lorenzo de Angelis et nous, public, à les entourer, comme au bon vieux temps des jeux du cirque. Je ne sais plus où me mettre. J’ai peur d’en prendre une. À côté, Nicolas Demorand est un ange et le capitalisme financier, un concept bisounours. C’est une danse, sans aucun doute. Sauf que l’on ne peut se l’imaginer sur scène. Ailleurs oui, dans la rue, au cinéma, au PS, mais pas ici. Et pourtant, je n’en ai pas dormi de la nuit. Cela m’a cogné. L’art débusque toujours où on ne l’attend pas. Qu’ais-je donc pris dans la tête ?
7h. le radio-réveil s’allume. Nicolas Demorand vient de m’en mettre une autre.


Pascal Bély
www.festivalier.net

Crédit 1ère photo: Marc Domage

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Actoral
2007 sur le Tadorne:
Au Festival ActOral, ?Mon képi blanc?, le beau monologue du pénis d’Hubert Colas.
Au Festival Actoral, l'acte anal d'Yves-Noël Genod.
Au Festival Actoral, Martine Pisani liquéfie les mots.