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EN COURS DE REFORMATAGE

« Psychiatrie/Déconniatrie » au Théâtre du Merlan : à devenir fou.

 

Dix spectateurs sont habillés en blouse blanche et se font face des deux côtés de la scène. Du linge pend et les draps blancs de l'hôpital psychiatrique font office de cloisons mais permettent aussi au théâtre d'ombres de faire son cinéma. De petits films y sont projetés, images de l'inconscient où se nichent nos histoires, nos rêves et nos fantasmes. En plaçant une partie du public sur scène, puis en nous offrant un petit verre de vin au cours du spectacle, Christian Mazzuchini seul acteur et metteur en scène, positionne « Psychiatrie / Déconniatrie » comme un acte créatif dont le public sera l'auteur actif. Il s'agit de nous faire rire, de nous aider à baisser la garde, à sortir de notre irrationnel pour entrer dans le monde loufoque du psychiatre catalan François Tosquelles dont on ne sait plus s'il est « le » fou, le médecin ou le double de Salvador Dali. Toute la pièce est alors une série de va et vient entre ces trois personnages ainsi qu'une alternance de textes écrit à la fois par Serge Valletti, auteur marseillais, et par François Tosquelles, pionnier en France de la psychothérapie institutionnelle.

La force de cette pièce est de faire apparaître l'inconscient par un procédé créateur, proche de la psychanalyse, à l'instar d'un Dali qui développa dans les années 30, avec le mouvement surréaliste, sa méthode paranoïa critique. Ainsi, Christian Mazzuchini associe librement des idées, multiplie les contrepéteries, et se libère des traumas de l’enfance par la parole. L’inconscient est ainsi structuré comme un langage! Christian Mazzuchini est époustouflant car il incarne ces milliers de patients qui se sont libérés par la psychanalyse (dont votre serviteur). Il n'est jamais dans l'excès mais toujours respectueux de la parole qu'il porte, comme le serait un psychanalyste à l'écoute de son patient. Sa mise en scène s'articule entre le réel et l'inconscient (le film sur le champ de coquelicots fait rêver?c'est le cas de le dire !). Le chien qui l'accompagne devient patient. Il est tellement humain que cela en devient troublant. Ainsi, plus le spectacle avance, plus je me libère par le rire. Je me sens profondément respecté. Je ressens le texte comme un cadeau offert au public, avec force et humilité. Mais surtout, je reconnais, je ressens l’espace psychanalytique tel que je le vis…je me vois sur scène, sur ce divan…Troublant!
Avec « Psychiatrie / Déconniatrie », Christian Mazzuchini et Serge Valletti signent là un magnifique manifeste pour la psychanalyse. Il résonne d'autant plus que le gouvernement UMP tente d'en limiter la portée à coup de rapports d'expertises médicales positionnant les théories comportementalistes dans le champ de la clinique.
Le Roi Ubu nous gouverne?Libérons-nous en !  Allons au Théâtre! Directeurs de Théâtre, soyez fou: programmez
« Psychiatrie / Déconniatrie »!
Osons le Divan sur scène…

« Je prends constamment appui sur le sol de l'enfance, c'est là que j'avance avec le plus de certitude. Il importe de retrouver les cailloux que l'enfance a laissés, eux seuls permettent de ne pas s'égarer dans les dédales de la vie adulte »

François Tosquelles

A lire, “L’after / Before” de ce spectacle!

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