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EN COURS DE REFORMATAGE

A « TRAMA» musique low-cost contre théâtre de bonne compagnie.

Avec les low cost, les festivals européens se font plus proches tandis que d’autres, en France, nous éloignent, faute de se renouveler et de jouer leur rôle de défricheurs. Cette année, le jeune festival portugais « Trama » de Porto surprend, avec toutefois moins de force qu’auparavant. En effet, si l’édition 2007 avait réussi le subtil maillage entre danse, performance et musique, 2008 a cloisonné ces disciplines. Les concerts de « Shit and Shine », de Philipp Quehenberger et de Ben Frost ont franchement déçu comme si la performance consistait à pousser le son jusqu’aux limites du supportable. Une musique moderne à bout de souffle, dépassée, repliée pour mélomanes autistes. Nous aurions supporté plus d’audace. Il ne fallait pas compter sur un duo californien (Lucky Dragons) pour relever le défi sauf à accepter d’être plongé dans un mouvement hippie sauce « Nature et Découvertes » ! Il nous aura fallu quitter le festival pour apaiser nos sens : l’Orchestre National de Porto jouait à 18h du Wagner dans la magnifique Casa de Musica !
La surprise musicale nous est venue d’Italie, plus précisément de Sicile avec Ernesto Tomasini, accompagné du bassiste Fabrizio Palumbo. Avec sa voix de chanteur d’opéra, ou de rocker ténébreux, c’est une atmosphère tout à la fois lourde (poids des traditions siciliennes ?) et libérée qui nous est restituée. On s’immisce d’autant plus dans cet univers musical que le charisme du chanteur impressionne, droit dans ses bottes et fragile sous une jupe qu’il retourne sur ses épaules, la transformant ainsi en costume militaire ! À écouter un jour en France…

Côté performances, outre le beau défilé de Blanche-Neige orchestré par Catherine Baÿ, Rebekah Rousi a connu des hauts et des bas avec sa lecture marathon d’un Powerpoint. Appréciée au KunstenFestivalDesArts à Bruxelles en mai dernier, elle a dû affronter le premier jour l’amphithéâtre de l’École des Beaux Arts. Ce changement de décor l’a propulsé comme actrice, masquant la performance sous des effets de scène un peu vains. Le lendemain, elle se montra plus à l’aise dans une salle de cours classique, mais face à un public très clairsemé.

« Jerk », mise en scène par Gisèle Vienne à partir d’une nouvelle de Dennis Cooper a séduit le public portugais et d’une façon générale l’ensemble de la critique européenne. Dont acte. Je me suis ennuyé. Joué en anglais (le français a perdu de sa superbe au Portugal !), je suis passé à côté malgré tout le talent du marionnettiste Jonathan Capdevielle. L’univers de Gisèle Vienne (celui des marionnettes), de la pédophilie, de la violence des textes de Cooper ne me touche pas. Comme en 2005 lors du Festival d’Avignon, je ne me reconnais pas dans ce théâtre qui dicte ce que l’on doit introspecter de ses fantasmes. J’ai un problème avec Gisèle Vienne…

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Après Sofia Fitas découverte l’an dernier à Marseille, une autre chorégraphe portugaise surprend.
Tânia Carvaho
promet si l’on en juge par ces trois moments dansés (« Movimentos diferentes, para pessoas diferentes : ?1 Ricardo, ?2 Ramiro, ?3 Bruna »). Trois solos d’une puissance étonnante où le corps fragilisé, tordu, spasmodique dégage la force du modèle face au peintre. Une danse performative, perforante. A suivre en 2009 lors du Festival Uzès Danse.
Porto est en passe de devenir une ligne régulière
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Pascal Bély – www.festivalier.net

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“Trama” sur Le Tadorne:

Pendant “TRAMA”, Porto, ville assiégée.
A Porto, le festival « Trama » laisse des traces.