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EN COURS DE REFORMATAGE

Les quinze ?uvres majeures de 2009.

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Au total, 150 spectacles ont ponctué ma vie de spectateur migrateur. 2009 aura été l'année de la mémoire, de la folie, de l'enfermement et de pas mal de cris, d'appels à nous ressaisir.

 « Description d'un combat » – Maguy Marin– Festival d'Avignon / Théâtre du Merlan (Marseille)

 « Le père tralalère »Compagnie d'Ores et Déjà ? Festival d'Automne (Paris)

« Naître à jamais »  – Andras Visky – Théâtre des Halles (Avignon).

« Notre terreur » – Compagnie d'Ores et Déjà ? Théâtre des Célestins (Lyon)

 «Turba » – Maguy Marin ? Montpellier Danse.

« Food Court » – Bruce Gladwin ? KunstenFestivalDesArts (Bruxelles).

« La menzogna » – Pipo Delbono ? Festival d'Avignon.

« Un peu de tendresse, bordel de merde »Dave St Pierre ? Festival d'Avignon.

?Ode Maritime? ? Claude Régy ? Festival d'Avignon.

 « Madame Plazza » Bouchra Ouizguen ?- Festival Montpellier Danse.

 « Ad Vitam »- Carlotta Sagna ? Festival Reims Scènes d'Europe.

 « Sans titre » Raimund Hoghe et Faustin Linyekula? Festival Montpellier Danse.

« Aléa » et « Viiiiite » – Michel Kelemenis ?- Pavillon Noir (Aix en Provence)

« 12 s?urs slovaques » – Hubert Colas ? LU (Nantes)

« Le cri » – Nacera Belaza ? Théâtre du Merlan (Marseille).

 

2009 a été  l'année de Maguy Marin, chorégraphe inclassable. « Description d'un combat » et « Turba » resteront deux ?uvres de rupture où le décor, la lumière, le corps et les mots ont formé un tout sidérant qui bousculera durablement nos représentations sur la représentation. Maguy Marin a respecté notre imaginaire florissant pour dénoncer le bas monde et élever nos consciences en puisant dans notre mémoire collective.

Ce travail sur la mémoire a  habité bien des scènes, à commencer par celle du Théâtre des Halles lors du Festival (off) d'Avignon où le roumain Andras Visky avec « Naître à jamais » (photo) nous a proposé une ?uvre théâtrale sublime au croisement des mots et des corps sur la perte d'identité et la folie, en lien avec la Shoah. À quand une tournée en France ?

Les fous auront envahi les théâtres comme si nous n'avions plus qu'eux pour dénoncer nos folies. Avec « Food Court », le sud Africain Bruce Gladwin et sa troupe d'handicapés mentaux ont joué avec notre violence pour mieux la sublimer. La chorégraphe Carlotta Sagna y est allée seule pour incarner une schizophrène en proie à la folie du monde tandis que Naceza Belaza et sa s?ur nous ont offert un « cri » où le corps plonge dans l'insondable. Le metteur en scène Hubert Colas a libéré S?ur Rose de l'enfermement, personnifiée par Dominique Frot dans les « 12 s?urs slovaques », et nous a rendus pour le coup plus fraternel. Avec « Sans titre », les chorégraphes Raimund Hoghe et Faustin Linyekula, tout en dénonçant la violence des rapports nord-sud, nous ont offert une ode à la générosité et à la fraternité. Ils auraient pu inviter sur leur territoire les « Aïtas » de Bouchra Ouizguen : « Madame Plaza » a signé la vitalité de la danse marocaine.  

Pour l'italien Pipo Delbono dans « La menzogna », les temps sont si difficiles que seul le fou nous protégera de ce capitalisme inhumain. Pour le chorégraphe canadien Dave St Pierre il y a urgence à sauver l'amour, réduit lui aussi à une relation marchande. « Un peu de tendresse, bordel de merde » a résonné comme un cri drôle, salvateur et percutant. La folie s'est aussi emparée d'une famille jouée magistralement par la Compagnie d'Ores et Déjà. « Le père tralalère »  nous a fait trembler, car comment ne pas y discerner l'état de notre pays que seul le théâtre peut sauver du marasme ! « Notre terreur »,  leur deuxième pièce, a fait de nous des citoyens éclairés au moment même où une bande de bouffons piétinent l'héritage de la Révolution Française.

Perdre la raison, c'est aussi plonger dans la poésie. Au sens propre avec Claude Régy dans « Ode maritime » de Fernando Pesoa où Jean-Quentin Châtelain s'est avancé vers nous, sur un ponton métallique, vers un océan de spectateurs. Moment unique où le corps de l'acteur est un abîme.

Nous en revenons toujours au corps alors que le chorégraphe Michel Kélémenis nous rappele que le mouvement est en soi un poème, turbulent et magnifique (« Aléa » et « Viiiiite »).

Pascal Bély ? www.festivalier.net

 

Et vous, quelles sont vos oeuvres majeures en 2009 (dans la rubrique commentaire, ci-dessous)?