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FESTIVAL D'AVIGNON

Au Festival d’Avignon, Richard III rate la marche.

«Richard III» au Cloître des Carmes divise (calmement) le public. Que penser de cette adaptation libre de Peter Verheslt, mise en scène par Ludovic Lagarde et interprété dans le rôle de Richard III par Laurent Poitrenaux ? À vrai dire, je me sens un peu vide pour évoquer ce que j’ai vu. Tout au long du spectacle, je suis resté à distance comme si tous mes sens étaient sollicités pour observer la scénographie (beaux effets de lumière sur teintures rouges), les costumes (inspirés par la période disco), les jeux des acteurs (où l’on hésite entre un film de Tarantino et un soap opéra gay).
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Ce « Richard III » est très actuel : rythmé comme un zapping télévisuel (comment s’attarder sur la psychologie des protagonistes ?), il n’habite que très rarement la scène dans sa largeur pour préférer les petits territoires comme autant de vignettes d’un album photo numérique. Ces espaces confinés privilégient les postures mécaniques donnant à ce drame shakespearien les formes d’un jeu de Lego. Laurent Poitrenaux est à son aise pour se déployer, avec brio, panache, charisme. Sous certains aspects, il pourrait ressemble à Sarkosy quand gestuellement il ramène tout à lui. Mais son déhanchement un peu trop voyant, réduit cette hypothèse bien qu’il n’est pas interdit de penser que le goût du pouvoir et certains penchants peuvent aller de pair! On ne s’ennuie jamais dans cette adaptation, car nous connaissons les codes de cette mise en scène, pour les avoir vus ailleurs. Ils relèveraient presque de notre culture.
Alors, je m’interroge ! Pourquoi ne pas être allé au-delà de ce déjà vu pour plonger ce « Richard III » dans le bouillon chaotique de nos sociétés mondialisées. Quitte à utiliser avec brio le langage de la modernité, Ludovic Lagarde aurait pu choisir une adaptation plus ambitieuse. Je me surprends à quitter le Cloître un peu dépité, ni triste, ni gai, juste un peu déçu de n’avoir rien appris du théâtre. Après « Les éphémères », « Le silence des communistes », « Angels in América », « Méphisto for ever », je m’étais habitué à devenir un spectateur actif. Ce soir, je me sens un peu dépourvu, à moins que je m’interroge sur le sens de la programmation du Festival.
Réponse dans quelques jours.Pascal Bély
www.festivalier.net

 « Richard III» par Ludovic Lagarde a été joué le 26 juillet 2007 dans le cadre du Festival d’Avignon.