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“KADDISH POUR L’ENFANT QUI NE NAITRA PAS” au Théâtre National de Cavaillon suspend le temps.

 
C’est un long et beau moment de théâtre. « Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas », texte de Imre Kertész,  mise en scène  de Joël Jouanneau avec Jean-Quentin Châtelain comme unique acteur, ne pourra vous laisser indifférent. Tout se passe au Théâtre National de Cavaillon (ce bâtiment fait office de Théâtre…on se croirait plutôt dans une salle omnisport tant on y est mal assis…). Je suis au deuxième rang, fatigué après une semaine où j’ai du monter sur scène pour évoquer pendant plus d’une heure devant un public attentionné de 150 personnes, un bilan – projet de la formation des professionnels de la petite enfance ! Le parallèle s’arrête là mais cette information pose le contexte. Je suis là, mais ailleurs, comme transporté par un élan positif. Pourtant, mon corps souffre et la douleur persistera tout au long du spectacle. 1h45 d’un monologue où la tension ne se relâche jamais car tous les mots ont un sens. Une parole se libère, comme sur un divan…le public est contenant…je me contorsionne pour rester avec lui, avec ses mots sortis tout droit de l’enfer d’ Auschwitz …on ne peut pas enfanter après cela…dit-il…dit-il…dit-il. Et moi, simple spectateur, gagné par l’empathie, je n’en crois pas mes yeux, de voir ce comédien libérer cette parole universelle, unique…Cela se passe au Théâtre National de Cavaillon, dans une ville où le FN frôle les 40%. Raccourci ?  Cette information pose le contexte…

 
Et puis il y a ce décor, dépouillé, avec la photo suspendue d’une femme, désespérée de ne pouvoir enfanter avec cet homme là. Tout au long de la pièce, j’ai l’étrange sensation de voir un homme mort sur scène ; un corps qui parle mais tout le reste est mort. Jean-Quentin Châtelain est un acteur hors du  temps. Je me contorsionne pour observer ses moindres gestes…Il est 22h30. Une partie du public est debout. Je reste assis, lessivé. Ma voisine me fait remarquer d’un ton perfide : « vous ne teniez pas en place monsieur ». Je n’ai aucune envie de lui répondre. Il n’y a plus que le théâtre…Le plus puissant des contextes.

A lire  Florent Marchet quitte…la scéne nationale de Cavaillon.

Le Théâtre de Cavaillon lance la saison: malaise!

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« L’idiot » enchante le Toursky !

 


Il était temps…Je commençais à m’ennuyer depuis le festival d’Avignon 2005 ! « L’idiot » de Dostoïevski, beau texte traduit par André Markowicz et mise en scène par Antoine Bourseiller a fait souffler un vent de modernité au Toursky. Les comédiens sont attachants de sincérité, de modestie, avec une mention toute particulière à Jade Duviquet qui donne à Nastassia Philippovna un charisme a faire chavirer le cœur des hommes…même les plus durs ! Alexandre Ruby, en Prince Mychkine, est troublant de vérité quand il traduit les sentiments secrets de ses interlocuteurs. Et puis, il y a cette mise en scène d’Antoine Bourseiller ! La pièce, structurée en différents petits actes, permet des changements de décor (le jeu avec l’espace traduit la complexité des sentiments) pendant que le public est éclairé par des projecteurs…bleus ! Ces différents intermèdes donnent un rythme soutenu à la mise en scène, comme si le Prince Mychkine, pour mieux scruter nos secrets, devait nous éblouir d’une lumière bleue. La voix de Suzanne Flon accompagne un moment de vidéo de toute beauté. « L’Idiot » devient par la magie d’Antoine Bourseiller et de ses acteurs, une pièce d’une grande modernité.
Nous aurions besoin d’un Prince Mychkine plutôt que d’un monarque vieillissant, sourd et aveugle. Mais…je m’égare !

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Frédéric Flamand, fier d’être marseillais….

 


Une semaine pour écrire…sur « La Cité Radieuse » chorégraphie de Frédéric Flamand, vue au Théâtre de la Criée de Marseille samedi 5 novembre 2005.
Une semaine pour vous faire part d’une œuvre saluée par la presse, le public et qui m’a laissé indifférent pour ne pas dire…dépité.
Une semaine pour tenter de dénouer les fils…Rien n’y a fait.
Je suis plombé par le contexte marseillais et français. J’ai vu cette œuvre au moment où les traminots reprenaient provisoirement le travail après une grève de 32 jours. Suis-je toujours en 2005 pour qu’un tel conflit social s’éternise ? Marseille a le visage d’une ville en dehors de la modernité, repliée sur des bastions, engluée dans la pauvreté. Frédéric Flamand a-t-il senti cette fragilité, ce totalitarisme rampant au moment de concevoir « La cité radieuse » ? Il y a de quoi douter vu les réactions du public marseillais.
Pourtant, l’idée lumineuse de revisiter «La cité radieuse » de Le Corbusier en collaboration avec l’architecte Dominique Perrault pouvait donner de la perspective, du propos, du sens au moment même où les banlieues explosaient. Puisqu’il s’agissait de « créer une vision au-delà du miroir » (dixit Perrault)…Promesse non tenue à la limite de l’imposture ! J’ai bien tenté, comme on me l’y invitait,  à ne  plus me centrer sur un point de la scène mais à naviguer tantôt vers les images numériques, tantôt vers les mouvements du danseur ou du collectif. Certes. Mais pour quoi ? Plus le spectacle avançait, plus je m’en éloignais comme si tout cela ne m’était pas adressé. Etrange sensation, ni agréable, ni désagréable.
Une semaine pour écrire sur l’indifférence!
A la fin de la représentation, le public criait sa satisfaction ! Je me croyais à une manifestation sportive ! Le comportement du public répondait-il à un message subliminal de Flamand ? Lequel ? En quittant rapidement la salle, j’ai pris le temps de lire la revue de presse (très positive) sur ce spectacle. Mon regard est attiré par un titre – Frédéric Flamand : "les marseillais sont fiers de leur ville"-. C’est donc peut-être cela. Au-delà du miroir, il y a peut-être l’acte d’engagement de Frédéric Flamand au Ballet National de Marseille. Ou alors, le désir de redonner de la fierté aux marseillais comme au temps de Le Corbusier.
La fierté…Il serait peut-être temps de sortir de ce petit jeu démagogique et de donner aux marseillais autre chose que leur miroir déformé.

Je m’égare…peut-être.

A lire les différents sujets "Danse" du Tadorne:

Le Ballet d’Europe à la Friche Belle de Mai: l’imposture rêvée…

« La fin des terres » de Philippe Genty enveloppe le public du Toursky…

La place du Singe" d’Angot, Monnier: le beau souvenir d’Avignon 2005.

La magie inoubliable de Raimund Hoghe sur ARTE.

"Danse à Aix": les faux pas de l’édition 2005

"Last Landscape" de Joseph Nadj: l’autoportrait des festivaliers?

Mathilde Monnier plombe la soirée du Festival d’Avignon.

Christian Rizzo: le magicien du Festival d’Avignon.

L’Europe vu par Roméo Castellucci au festival d’Avignon

Angelin Preljocaj et "Les 4 saisons": l’exil à Châteauvallon!

William Forsythe, "You made me a monster", …

Vandekeybus au Festival d’Avignon: « Puur » se perd…

B. ¹03 Berlin de Roméo Castellucci m’a perdu…

« Anathème » de Jacques Delcuvellerie: la messe est dite.

Jan Fabre et "l’histoire des larmes": le rendez-vous manqué.

Les réseaux européens de Danse au Festival de Marseille: une forme olympique?

La chambre D’Isabella: les retrouvailles d’Avignon 2004

Anne Teresa de Keersmaeker: la désunion…