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EN COURS DE REFORMATAGE

Konnecting Souls de Franck II Louise: deconnecting people.

Après « Drop it » vu au Festival d’Avignon en 2001, je suis curieux de retrouver Franck II Louise qui avait su chorégraphier avec créativité la place de l’individu dans le groupe à partir de la contrainte. Cinq années plus tard, le Wi-Fi et les nouvelles technologies envahissent le plateau et les corps pour une danse « Hip hop » dématérialisée. « Konnecting Souls » va me transporter pendant une heure dans un Second Life ennuyeux.
Quatre danseurs dont une femme occupent timidement la scène. Deux sont bardés de capteurs de mouvement reliés à une interface musicale pour composer la lumière et la musique en direct. Nous sommes dans l’ère de la cybernétique, où l’immédiateté prend le pas sur la réflexion, où tous les rêves sont possibles, même de créer « un orchestre de danseurs ». L’idée paraît géniale, à l’image d’un chemin qui se fait en marchant.  Pourtant, je ne ressens que de la contrainte et le peu de créativité s’exerce dans un lien de dépendance. La musique est inaudible, la danse se limite à des mouvements mécaniques reliés exclusivement à la technologie. Les danseurs n’arrivent même pas à s’en affranchir : un homme, tel un enfant, essaie de jouer avec un objet, mais les gestes tombent à plat comme s’il n’habitait pas son corps. « Konncting souls » est un hymne à la verticalité, à la dépendance, au pouvoir masculin. Franck II Louise a du talent pour brancher des fils invisibles, faute de créer des liens. C’est une œuvre triste pour nous préparer à vivre dans un monde dématérialisé.
Cette vision pessimiste cache plutôt l’absence de réflexion à long terme sur le lien social. On ne peut pas tout attendre de la danse…

♥ "Konnecting Souls" de Franck II Louise a été joué à la Scène Nationale de Cavaillon le 9 février 2007.

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EN COURS DE REFORMATAGE

L’impossible double deux de Gilles Jobin.

Clairement, "Double deux" de Gilles Jobin relate l’impossibilité d’être à deux : 
1 – «Je souffre de solitude»
2 – «Je me jette aux pieds de la première / du premier venu(e)»
3 – «Je te prends, je te jette»
4 – «Je te jette»
5 – «Je veux te modeler selon mon désir»
6 – «Je te prends, je te prends »
7 – «J’ai honte, je suis malheureux, plus malheureux encore qu’avant, je souffre ».
Ce déroulé paraît avoir été couplé à des consignes chorégraphiques simples, travaillées sous la forme d’improvisations successives :
1 – «Je balaye du bras l’espace devant moi tête basse et je m’effondre»
2 – «Je glisse sur le sol en direction d’un autre danseur»
3 – «J’attire l’autre et je le repousse en marmonnant pour moi même»
4 – «Je le gifle. Partie de baffes généralisée»
5 – «Je contrains l’autre à faire certains mouvements»
6 – «J’expérimente tristement le répertoire complet du Kama-sutra»
7 – «Je quitte l’autre, puis à la manière de Münch, je hurle une douleur muette».
Tout semble facile et convenu. Les applaudissements des spectateurs du Théâtre de la Ville furent timides.
Pour ma part peut-être n’avais-je pas envie ce soir là de plonger dans univers houellebecquien. Pour autant, il semble que ces idées auraient pu être exprimées plus subtilement, sans faire appel au pathos. Les danseurs de Gilles Jobin auront au moins réussi à me faire partager leur déception.

Elsa Gomis – Paris.

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♥ "Double deux" de Gilles Jobin a été joué au Théâtre de la Ville de Paris du 7 au 11 février 2007.

Crédit photo: Jean-Pierre Maurin.