
Nous arrivons au Théâtre de la Criée de Marseille et les comédiens (habillés en tenue de plongée) nous accueillent dans une petite salle. Une centaine de personnes prend place à partir d'un dispositif bifrontal. Cette proximité avec les acteurs et le public n'est pas anodine ; elle nous plonge au c?ur de la folie, de la déconstruction. Pour entrer dans « l'homme de février » autant oublier nos schémas rationalistes (des acteurs, un texte, un début, une fin) ; seule un telle disposition de la salle peut aider le public à se laisser aller à sa créativité.
Décidément, après « Psychiatrie / Déconniatrie » de Serge Valletti, « VSPRS » d'Alain Platel, « sx.rx.Rx » de Patricia Allio, « Lugares Communes » de Benoît Lachambre, je suis en quelques mois projeté dans l'univers de la déconstruction. Coïncidence ? Mouvement artistique de fond ? Toujours est-il que depuis la crise de l'intermittence en 2003, les frontières entre les disciplines me paraissent bien poreuses. Théâtre, danse, arts plastiques, musique, tout semble s'enchevêtrer pour mieux déconstruire nos schémas linéaires. Dans ce monde complexe, ouvert, le rationalisme scientifique rend fou, le politique prend le contrôle des comportements pour mieux s'immiscer dans la psyché (l'UMP légifère sur la psychanalyse, Sarkozy veut détecter les actes déviants dès le plus jeune âge). Les artistes alertent et nous positionnent au c?ur de cette prise de conscience : les théories comportementalistes nous amènent tout droit vers le fascisme. Vouloir contrôler la psyché pour faire face à la complexité est une pure folie. Gildas Milin le sent et compte bien nous le faire sentir. Mais je suis fatigué ce soir : j'ai travaillé avec une équipe de la petite enfance toute la journée pour les accompagner à se décloisonner, à tendre vers la vision globale, la créativité?

Arrivé au parking, cinq membres d'une équipe petite enfance que j'accompagne comme consultant dans une collectivité m'interpellent. Elles sortent d'un repas où elles ont travaillé leur réseau. Je n'en reviens pas de cette coïncidence. Face à l'incertitude, au complexe, elles répondent par le collectif, le transversal et le projet. J'ai rencontré les « femmes de juin »?
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