Il est 21h30 et c’est mon 5ème spectacle de cette folle journée d’Avignon ! J’aurais pu assister à une belle oeuvre. Un danseur, « chorégraphe » aujourd’hui, nous raconte sa vie, marquée dès l’enfance par la maladie et par le rêve de danser coûte que coûte. J’aurais pu assister à cette narration faite de beaux extraits de danse, de textes joliment ciselés, d’hommages pédagogiques aux chorégraphes rencontrés sur la route. J’aurais pu voir ce que les grands noms de la danse avaient transmis à Fabrice Dugied ; ce qu’il était en mesure aujourd’hui de transmettre. J’aurais pu m’émouvoir, rire, apprendre…J’aurais pu jouer à la déconstruction de ce lego autobiographique. J’aurais pu…
Désolé d’être aussi brutal : c’est l’une des œuvres chorégraphiques que j’aurais aimé ne pas voir. Je n’y avais pas ma place en tant que spectateur. Je n’avais jamais vu un chorégraphe s’attaquer à ces maîtres avec une telle agressivité, sortir son carnet d’adresses, faire preuve de tant d’orgueil. Tout est surfait dans ce spectacle, emprunté à la culture des night club gay (la danse sur la chanson de Léo Ferré fait sourire!). Le voir se jeter contre un matelas transformé en « mur » est un faux – semblant mais démontre à quel point ce spectacle autobiographique peut paraître illusoire si l’on n’y rentre pas. Seul le public des professionnels a rit puis applaudit.
Ce spectacle leur était manifestement destiné. Dans le milieu de la danse, on doit sûrement laver son linge sale en famille. Je suis triste d’avoir été dans ce lavomatic.
Le bilan des"Hivernales d’Avignon 2006" par le Tadorne!

Samedi 25 février 2006, 17h, dernière journée des Hivernales. Après «
Le rideau se lève ; des lampes flexibles entourent un tapis de laine avec sept danseurs en ligne. Ils chantent doucement puis la clameur monte. J’ai l’impression immédiate de me retrouver dans l’univers d’une comédie musicale où l’on ne comprendrait ni la langue, ni l’histoire ! C’est une histoire d’hommes et de femmes, où chacun tente de trouver sa place, son alter ego. On chante beaucoup, parfois fort pour se faire entendre. On chante et on danse en même temps (quelle prouesse !) dans cet espace un peu réduit où tout est mis en lumière, car tout a de l’importance. « Obstrucsong » est un poème vivant où chaque spectateur peut se raconter son histoire, se voir sur scène. Le plus impressionnant, c’est la créativité qui se dégage de cette œuvre ! Chaque mouvement en rencontre un autre qui l’entrave ; cette contrainte (d’où l’obstruction) devient une force créative pour les danseurs. Comment ne pas voir une métaphore de nos actes quotidiens guidés par nos schémas linéaires qui ne cessent de se confronter à la complexité de l’environnement?
Cette jeune troupe venue tout droit du Danemark invite avec douceur le public français des Hivernales à se dépasser, à créer dans la contrainte. A l’heure où certains voudraient renforcer la contrainte sans la créativité, « Obstrcsong » est un magnifique message d’ouverture dans ce monde globalisé.
Cette pièce fut présentée en 1989 aux Hivernales ; 20 minutes d’applaudissements, dixit la bible. Avec une telle pression, public et artistes sont donc au rendez-vous !
Deux hommes sont sur scène dans un décor de cinéma. L’effet est joli. Pour le reste, même au premier degré, je n’arrive pas à rire de ces pitreries (empruntées à l’univers d’Arold Pinter, de Ionesco et de Charlie Chaplin) qui, 17 ans après, semblent avoir pris un sacré coup de vieux. Je ne suis pas sur qu’il soit pertinent de voir Charles Cré-Ange danser ; il ne porte manifestement plus son œuvre. La transmettre aurait été bien plus pertinent. Si bien que tout me semble lourd…même Miran Tomasion, l’acolyte de Cré-Ange, coincé dans son costume face au maître. Le scénario a-t-il ma vieillit ? Entre théâtre et danse, «