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EN COURS DE REFORMATAGE

« Icare » de Claude Brumachon s’envole à temps d’Avignon.

« Les Hivernales » débutent pour « Le Tadorne » par « Icare » de Claude Brumachon du Centre Chorégraphique National de Nantes. C’est une histoire d’oiseau. Il n’y a pas de hasard…

La scène se déroule à la Chapelle des Pénitents Blancs, célèbre petit lieu du Festival d’Avignon. Deux barres parallèles, une chaise, font office de décor pour une pièce que le public verra deux fois ! En effet, la transmission est le thème fédérateur de cette édition des Hivernales. D’un danseur (Benjamin Lamarche) à l’autre (Vincent Blanc) comment cette œuvre majeure de Claude Brumachon se transmet-elle (d’autant plus que les programmateurs brouillent les cartes dans l’ordre de passage !) ?
Il est difficile de comparer les deux prestations ; cela n’a pas de sens. L’élève ne dépasse pas le maître comme certains spectateurs semblent le croire à la fin de la représentation. La transmission entre Benjamin Lamarche et Vincent Blanc s’opère dans un lien de confiance où, loin d’un copier – coller, les deux artistes ont voulu donner à « Icare » un deuxième souffle pour que cette œuvre se perpétue dans le temps. Cette transmission est une réussite : ce n’est déjà plus le même spectacle…et pourtant rien n’a changé ! « Icare » est Vincent Blanc qui, loin d’être prisonnier de son aîné Benjamin Lamarche, prend son envol à partir d’une pièce écrite pour des générations de danseurs. En effet, cette chorégraphie est sublime, hors du temps, où les mots manquent pour décrire un moment de pure magie. Inutile d’ailleurs de vous décrire ce qui se joue sur scène tant « Icare » entretient avec le public un lien intime d’une forte intensité. Mes yeux d’enfant s’écarquillent pour le suivre tantôt pris dans sa cage, tantôt prêt à s’envoler mais qui n’abdique jamais. L’émotion est palpable dans cette chapelle où les jeux de lumière renforcent la féerie, la gravité du spectacle, et  transforment Icare de vol en vol.

Dans le même lieu où « Icare » a été crée pour le Festival d’Avignon en 1996, Claude Brumachon réalise peut-être ce soir le rêve de tout chorégraphe : transmettre son œuvre non par l’enseignement mais par la filiation entre danseurs, qui du même coup se transmettra de spectateurs en spectateurs.
Dorénavant, « Icare »  est en moi.

Le bilan des"Hivernales d’Avignon 2006" par le Tadorne!