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Mai 2005-Mai 2010, le Tadorne a cinq ans : aux origines…

Il y a mon enfance. Fils d’ouvriers, la culture ne vient pas à moi. Mais un metteur en scène me remarque (François-Henri Soulié ). Premiers pas sur les planches, premier court métrage. J’ai 12 ans. Je serais banquier comme mon grand frère pour financer le théâtre !

Il y a ma vie étudiante et le Théâtre Garonne à Toulouse. Éternelle reconnaissance pour ce lieu culturel qui m’a ouvert aux formes contemporaines de l’art. De l’option « économie privée », je bifurque vers une maîtrise « économie publique ».

Il y a un trou noir. Le sida est « passé par ici, il repassera par là ». Je tiens la main des amis qui s’en vont. Je ne vais plus au théâtre.

Il y a  le concert de Barbara à la Halle aux Grains de Toulouse en 1987. Elle chante « Sid’ amour à mort  ». Le public debout ne quittera la salle qu’à deux heures du matin. À ce moment précis, je sens que l’art est politique.

Il y a le festival « Danse à Aix » en 1997. Bernard me prend par la main pour « Paysage après la bataille » d’Angelin Preljocaj. J’ai 33 ans et c’est mon premier spectacle de danse. Le choc. Je ressens  que la danse peut-être démocratique.

Il y a la crise de l’intermittence en 2003. Ça hurle de toute part. Le public en veut pour son argent. Moi, j’erre dans les rues d’Avignon à la recherche d’un espace de parole. Au cours des saisons théâtrales qui suivirent, les spectateurs sont priés d’être solidaires et de ne pas trop bousculer le protocole : lecture d’un tract de la CGT ou du Syndeac, spectacle, applaudissements et ainsi de suite. Je bouillonne d’être aussi passif. Du haut vers le bas.


En 2004, il y a « The show must go on », du chorégraphe Jérôme Bel au Théâtre des Salins de Martigues. Confortablement installé, les projecteurs se retournent vers la salle. Les danseurs nous regardent. L’attente est interminable. Les cris fusent, les insultes aussi. La culture se mêle à l’intime…J’en sors bouleversé, avec cette question lancinante : « mais pourquoi vais-je au théâtre ? »

En 2004, il y a le théâtre du Gymnase qui organise un festival des jeunes créateurs. Je prends le bus entre Marseille et Aix en Provence avec des spectateurs. On échange. « J’aime », « je n’aime pas ». Mes arguments ne vont pas bien loin.

Il y a  le « non » au référendum en mai 2005. À Bruxelles, j’assiste dans un bar à un débat sur le traité constitutionnel. Les Français, rivés sur le rétroviseur, me mettent mal à l’aise, enfermés dans leurs cases. Je veux être acteur de l’ouverture plutôt que spectateur passif de la contestation permanente.

Il y a le KunstenFestivalDesArts de Bruxelles. Capitale de l’hybridité, je respire. Les spectacles « pluridisciplinaires » m’ouvrent.

Il y a Peggy, journaliste, européenne enthousiaste. Elle me dit : « toi qui vas tant au spectacle, tu devrais créer ton blog ».

22 mai 2005, 14h22. www.festivalier.net  est né.

Pascal Bély – www.festivalier.net