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EN COURS DE REFORMATAGE

Festival de « Mens Alors ! ». Episode 4: peut-on héberger Google?

Au festival « Mens Alors ! », un mot ne cesse de revenir dans les conversations entre bénévoles : « hébergeur » ou « hébergé ». En effet, il n'y a qu'un seul hôtel, un camping et quelques chambres d'hôtes. Pour loger l'afflux de festivaliers, les habitants proposent de les héberger. Sur Google, ce mot a perdu toute son humanité. On « héberge » des images, un blog, on « stocke des documents ». Plus loin, on peut même « héberger son fournisseur d'identité », voire préférer un « hébergement mutualisé pour des applications métiers ».

Appliquées à mes hébergeurs (Mr et Mme Michel), ces définitions sont tout à fait pertinentes. En effet, chez eux, « mutualiser » semble faire partie de leur éthique de vie. Tout au long de mon séjour, j'ai pu constater à quel point ils stockaient  la mémoire du festival. Le slogan de « Mens Alors ! » (« Échange et création ») est le projet de toute leur vie jusqu'à l'inclure dans leurs pratiques d'enseignants.

 

 

Photos de Francis Helgorsky – Festival Mens 2008.

Denis Michel, professeur de biologie, aime les sons et la photographie. Son association « écoute voir » mène des actions pédagogiques pour offrir aux élèves l'opportunité de déployer leur créativité. Avec le photographe Francis Helgorsky, ils réalisent des reportages photographiques dans les villages de montagne (Tréminis, Miribel-Lanchâtre, Saint Martin de la Cluze) à partir de clichés pris par les habitants. Le résultat est époustouflant de sincérité et d'humanité. À force d'échanger sur leurs travaux, j'ai l'impression d'être dans le off du festival !

Mais, une question vous taraude cher lecteur : mes hébergeurs sont-ils des fournisseurs d'identité ? Oui ! Je me ressens bien plus blogueur chez eux qu'au sein du festival. Ils hébergent mon blog alors qu'il n'y a pas internet dans la maison, mais je sais qu'ils en ont une représentation, car leur écoute sur ma passion est profonde et sans limites.

Je ne me suis jamais senti aussi bien hébergé. Mr et Mme Michel et leur famille donne à ce mot leur part d'humanité que Google semble ne plus référencer, à l'image de notre pays qui en fait presque un délit concernant les sans-papiers.

Au festival « Mens alors ! », il y a de l'hébergement un peu partout. Quand la pianiste Sophie Agnel, elle-même hébergée à l'Atelier, accueille la comédienne Clara Le Picard pour un conte musical improvisé devant une vingtaine d'enfants, l'hébergement est alors un mot d'avenir tant il autorise la rencontre, les croisements, l'acte artistique.

Mais c'est un mot circulaire. Alors que la jeunesse Rouennaise est fortement implantée à Mens le temps d'un festival (Pierre Quenehen, le directeur, est originaire de Rouen), on se prend à rêver que les Mensois débarquent en Normandie pour y être hébergé. « Mens alors ! » serait le festival permanent de l'hospitalité réciproque. Qu'en dit Google ?

Pascal Bély – www.festivalier.net