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EN COURS DE REFORMATAGE

L’étonnante génuflexion de « Vice-Versa ».

Le bonheur est total.

Cela n’a coûté que quelques euros pour un moment unique de théâtre décomplexé et complexe, respectueux, drôle, intelligent, créatif, accessible, ouvert, communiquant, contagieux, stimulant.

Quelques euros pour une table, une lampe au plafond qui monte et descend comme le jouet d’un enfant, deux comédiens échappés d’un film de Woody Allen, une « actrice – metteuse en scène » qui se délecte de brouiller les genres et la vue du spectateur, aidée par des projecteurs de chaque côté, pour plateau de télévision ou de cinéma c’est au choix , selon votre humeur. Cela ne dure que 45 minutes, car le temps ici n’est plus un repère. Cela dépasse effectivement toutes les bornes.

Quelques euros  et c’est à Montévidéo, institution marseillaise positionnée autour des écritures contemporaines.

« Vice – Versa » : tout est dans ce titre jubilatoire du roman de l’écrivain britannique Will Self où il est question d’un rugbyman qui se découvre un vagin dans la cuisse.

« ildi !eldi » : tout est dans le nom de cette compagnie, dans ce ping-pong de corps exclamés, articulés aux mots, où la ponctuation (symbolisée par des arrêts sur images lors des jeux d’acteurs) est une respiration pour repartir à nouveau vers cette intrigue inextricable !

Il y a dans cette mise en scène une créativité propre à cette génération de trentenaire, qui ose arborer le T-shirt avec le logo de la compagnie en lieu et place du célèbre “Che“, qui intègre les codes de la culture internet et de la télévision tout en veillant toujours à ce que le théâtre ait le dernier mot !

« Vice – Versa », c’est une relation qui se tend et se détend tel un élastique entre un patient et son médecin, et qui finit par vous toucher là où cela fait mal mais avec respect et proximité. Ces trois-là ne jouent pas de haut, mais à côté du spectateur tout en gardant la bonne distance qui sied aux acteurs affranchis.

Et l’on se surprend d’être heureux au théâtre, apaisé de ressentir tout à la fois le travail de chacun d’entre eux (Sophie Cattani, François Sabourin et Antoine Oppenheim) et leur dynamique fraternelle dont on a trop vite oublié qu’elle aide à partir au combat.

Pascal Bély – www.festivalier.net

“VICE – VERSA” de Will Self par le collectif Ildi! eldi a été joué du 17 au 25 février 2009 à Montévidéo à Marseille.

En tournée:
Les 27 et 28 mars à la ferme du buisson (Noisiel)
Les 2-3 et 4 avril la rose des vents (Villeneuve d’Asque)
Du 14 mai au 6 juin au théâtre de la cité internationale (Paris)
Les 13 et 14 juin à l’hippodrome (Douai)
et pour un nouveau projet en collaboration avec Dan Safer aux Subsistances (Lyon) les 23-24-25 et 26 avril

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