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EN COURS DE REFORMATAGE

Meg Stuart au Kunsten avec « Replacement »: l’expérience mise en abyme.


Devrais-je seulement retenir de « Replacement » le jugement sans appel de ma voisine : « des installations vidéo, ce décor impressionnant, huit paires de Stilettos?tout ça pour si peu de danse ?! Meg Stuart est présomptueuse, elle nous prend pour des cons ».
Les applaudissements étaient peu nourris ce soir-là, et pourtant j'y ai contribué, incapable de tout jugement tant je me trouvais en terres inconnues. Au lendemain de « Walking Oscar », je découvrais la non-danse à travers un spectacle mieux maîtrisé et porteur d'interrogations. Le Kunsten nous plonge à nouveau dans l'univers de la folie.
Une scène dans la scène avec cette pièce, meublée de façon sommaire et emboîtée dans une gigantesque installation hexagonale qui en assure la rotation. C'est le centre névralgique du spectacle. Des installations vidéo pour filmer en gros plan l'aliénation, mise en scène dans la roue, et pour marquer la démarche expérimentale, thématique centrale de « Replacement ». Sept, huit danseurs se prêtent à une expérience dont ils se retrouvent dépassés. Ils sont épiés, leurs mouvements sont dictés, leurs visages transformés, tuméfiés pour revêtir les traits de la laideur. On aura beaucoup attendu, pourtant ils ont dansé. Notamment plusieurs scènes de transe, où les corps tremblent et se désarticulent. La scène pivote à 360 degrés, tous s'accrochent aux parois, aux meubles, aux encadrements de porte, leurs corps glissent ou tombent. Mais « Replacement » comporte également son lot de longueurs et de clichés. La vidéo finit par mettre à mal le résultat d'ensemble. Un ultime monologue brise dans le dernier quart d'heure toutes les nuances de l'?uvre pour la replacer  maladroitement dans son contexte. Meg Stuart aurait-elle eu peur ?

Ouvrir la danse aux autres disciplines ? la chanson, la vidéo, le théâtre ? est une démarche exigeante. Le danseur, s'il y parvient, est artiste, au sens le plus générique du terme. On requiert de lui le jeu d'un comédien, les cordes du chanteur et d'autres attributs qui ne sont pas nécessairement les siens. Mais le public est-il capable d'indulgence ? Il attend du solide, un spectacle cohérent dont toutes les composantes seraient abouties. Meg Stuart ne m'a pas encore converti. A ce stade, inachevé, la non-danse est réservée à un public d'initié, à même de complaisance. « Replacement » est une expérience dans l'expérience.

Peggy – Bruxelles.

 

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