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Rui Horta avec “Set Up” décoince “Danse à Aix”!

Il est 20h et je me sens tout gai ! Le public se presse pour la première de Rui Horta, « Set up ».
Nous entrons dans une salle en forme de couloir, délimitée par des rideaux de chaque côté, dans une ambiance de house music. Une personne à l’entrée nous colle une étiquette avec un prénom (je m’appelle dorénavant Philippe !) Quelques personnes commencent à danser et je sens mon corps bouger…quand tout à coup…je reconnais Christiane, le mentor de mes débuts professionnels. Je suis très heureux de la voir et elle semble ravie de cette ambiance complètement décalée pour un spectacle de danse !! Le rideau gauche se lève et nous sommes tous déboussolés pour nous asseoir…Certains sont complètement désorientés  pendant que d’autres sont confortablement assis ! Le rideau droit se lève et le public se fait face avec la scène au milieu. J’aime beaucoup se dispositif scénique que vous pouvez voir sur le site internet de la compagnie, http://www.oespacodotempo.pt/setup/ (magnifique design !) « Je cherche en quoi la distance ou la proximité de l’autre changent nos propres visions du monde…J’ai pensé à un espace de géométrie variable, un laboratoire… un endroit où je puisse moduler la distance entre les acteurs-danseurs et entre eux-mêmes et le public – simplement un « set-up »-, un non-lieu, un espace à habiter, à contaminer, à réinventer. J’aime particulièrement l’idée de ce public dans une situation à laquelle il n’est pas préparé… Quelles sont nos limites ? Les limites de l’éthique elle-même ?… Pourquoi veut-on partir ? Qu’est-ce qui nous amène à rester ? Comme dans un dîner chez un couple d’amis où, soudain, on se trouve mêlé à une violente discussion, voire une séparation. Setup, c’est justement ce lieu, le lieu où tout peut arriver et où tout peut être changé sans préavis ». (Rui Horta) »
Comment raconter le bonheur que me procure cette création ? Trois danseurs jouent  avec le public en tirant les rideaux (quand une partie voit et s’amuse, l’autre est plongée dans le noir et devine les formes à travers le tissu !) Ces trois hommes s’aiment avec une violence inouïe ; ils se battent, manipulent le public pour leur propre intérêt, forment des alliances, des coalitions. La mise en scène est fabuleuse alternant les situations cocasses aux scènes tragiques. Qui ne se reconnaît pas dans leurs comportements, lorsqu’il s’agit pour chacun d’entre eux d’exister au sein d’un groupe. Toute la question complexe de l’identité est posée au public ! Qui sommes nous avec ce nouveau prénom ? Comment nous positionner dans un espace qui bouge sans arrêt ? Qui sommes nous quand nous perdons le jeu du spectacle ? Rui Horta est un orfèvre de la  mise en scène pour conduire ses danseurs (tous magnifiques) et le public sur le terrain miné de l’identité. La vidéo diffusée à la fin est tout simplement magnifique et le public applaudit chaleureusement la performance!
Christiane a aimé ; moi aussi…Nous sommes d’accord pour trouver que les « petits » pays européens (Pologne, Portugal, Belgique…) sont décidément très créatifs en cet été 2005 !

A lire sur le même sujet: le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".

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Michel Kéléménis, magnifique géomètre à “Danse à Aix”

 

Il y a des soirées qui marquent un festivalier. On n’en ressort pas tout à fait pareil ; on se sent beau, ouvert, ému, moins seul et heureux de ce lien unique avec les artistes.

Je quitte Aix en Provence pour le château de Trets à 25 km. Comme toujours dans ces circonstances, j’ai  peur de ne pas trouver ma route. Arrivé sur les lieux, je découvre que les chaises sont posées à même le sol. Il y a de fortes chances pour que je ne voie pas grand chose et je m’amuse de cette situation…je suis sur le côté et j’apperçois la scène de biais. Cette position me donnera par la suite une vision extraordinaire du spectacle de Michel Kelemenis, « Aphorismes géométriques » :
« Quatre femmes qui se présentent en solo sur une musique résolument contemporaine et expérimentales, une ambiance très urbaine et presque futuriste… Avec Aphorismes géométriques le chorégraphe marseillais Michel Kelemenis présente des femmes comme des personnages de sciences fictions… ; Regards effarés, gestes électriques et élégants, une pièce très abstraite qui se lit avec la musique (chaque morceau est d’un compositeur différent) du Centre national de création musicale. Les danseuses Rachel Bénitah, Caroline Blanc, Marianne Descamps, Claudine Zimmer sont des icônes des tempes modernes. »
Il me faut bien 20 minutes pour rentrer dans l’univers si particulier de Keleménis. Petit à petit, je suis complètement happé par ces portraits de femmes  (après les trois hommes de Rui Horta, la parité est presque parfaite). Les gestes sont incroyablement précis, gracieux…Je découvre des postures inédites et le dernier tableau, lorsque les quatre femmes dansent ensemble, est tout simplement MAGIQUE. J’ai des frissons partout, l’émotion monte et je reste figé par tant de beauté. Je remercie Marseille d’avoir en son sein un si beau chorégraphe. Il est vraiment dans le champ de la « danse fondamentale » au même titre que les chercheurs en physique des particules ! Kélémenis est un homme précieux qu’il convient de soutenir….Son travail est unique au monde.
Il est minuit quand je quitte le Château de Trets (je n’ose pas rester au pince fesses organisé par la Mairie…). Je préfère rester en état d’apesanteur…Je mets France Musiques dans la voiture et là…miracle ! Je suis en direct de la Roque d’Anthéron où se joue un concert de l’ Orchestre Symphonique de Flandre avec Martha Argerich au piano, Renaud Capuçon au violon et Gautier Capuçon au violoncelle. C’est tout simplement magnifique ! Je m’imagine les quatre danseuses de Kéléménis accompagner cet orchestre!! Voilà une idée pour l’édition 2006…

 


Il est 1h du matin…Je n’arrive pas à dormir…Bernard Menaut, Rui Horta vus cet après-midi et Michel Kéléménis se bousculent dans ma tête (cela fait quand même du monde !). A eux  trois, ils m’ont donné de belles géométries dans ce monde que certains voudraient si carré…

A lire sur le même sujet:
le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".
Michel Kelemenis, choregraphe essentiel.

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Bernard Menaut assure la sécurité de « Danse à Aix ».

Il est 19h40 quand j’arpente la rue qui me mène à la Cité du Livre pour le spectacle du chorégraphe portugais Rui Horta quand tout à coup…un homme en costume revêtu d’un gilet orange fluo organise la circulation…Je reconnais Bernard Menaut et ses nouvelles « Perturbations chorégraphiques »!! Je suis d’autant plus surpris qu’il n’est pas prévu au programme de « Danse à Aix »

 

 Il a installé de chaque côté du trottoir des feux pour piétons et un dos d’âne pour ralentir les automobilistes…Comme d’habitude, le miracle se produit … Il danse sur le tarmac, monte sur les poteaux, joue avec le matériel urbain, communique par des gestes…d’autorité artistique ( !!) ; les automobilistes font des têtes incroyables sorties tout droit d’un film de Tati !! Je ris, je suis ému par tant de créativité…Bernard Menaut est un poète et merci à « Danse à Aix » de l’avoir de nouveau mis sur ma route…

A lire sur le même sujet: le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".