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LES EXPOSITIONS

Aux Rencontres Internationales de la Photographie en Arles, douloureuse Nan Goldin.

Rien de tel pour commencer son périple photographique en Arles que l’Église des Frères  Prècheurs : la profondeur du lieu est une intersection idéale  pour croiser ma vision et celle de Nan Goldin, commissaire d’expositions.

A l’entrée, l’endroit surprend par le vide. Rien. La projection va débuter. J’avance, le regard alentour. C’est en haut que cela se passe, au coeur de la nef, habillée pour la circonstance en temple de l’image. Salle obscure pour pêcheurs.

J’accède à la hauteur et domine en contre bas. Un mannequin, allongé les yeux ouverts, le torse dénudé semble perdu au coeur de la rédemption. Le photorama commence sur trois écrans qui nous affrontent. NOUS SERONS TOUS JUGES. Les images de peintures médiévales défilent, crient, décrient notre faute à chacun: nous sommes tous coupables. Et Nan Goldin de nous parler de sa descente dans l’enfer, de sa vie cruellement si réelle dans  la douleur, de savoir que de toute manière tout est écrit, que l’on ne peut  échapper à son propre dérapage. Tout est là sur de la pellicule couleur. Et d’autres encore,  âmes en quête de normalité dans ces lieux de réadaptation où la désintox se veut frapper  la réalité des douleurs. Nan Goldin shoote sa dimension pour symboliser le shoot que la vie lui a administré.  Un refuge en extase. 

Nous serons tous jugés. Nous aurons tous une Nan Goldin  qui entrera dans nos existences, nous faisant étouffer les petits bonheurs pour signifier les grands malheurs. Celui de perdre un être cher. Car il s’agit bien de la perte ici, perte dans l’amour, perte de repères, perte de soi, perte de la perte.

On dit que tout suicide tue plus d’une personne.

Ma mère dit aux policiers : Dites aux enfants que c’était un accident. Qui essayait-elle de protéger ? Ce fut le moment de clarté qui décida ma vie, ma rupture avec ma famille, j’avais 11 ans. La tyrannie du révisionnisme même à l’instant de la plus grande angoisse. Banlieue résidentielle. Que les voisins  ne l’apprennent pas. Ou même les enfants. Réécrivez l’histoire immédiatement avant qu’elle ne soit écrite.

Nan Goldin, 2004

Et je suis sortie au soleil, heureuse de respirer. Simplement de respirer.

Diane Fonsegrive- www.festivalier.net

Nan Goldin, « Soeurs, saintes et sybilles » jusqu’au 13 septembre 2009 aux Rencontres Photographiques d’Arles.