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EN COURS DE REFORMATAGE

Année 2006: la lente métamorphose théâtrale.

Les dix plus belles métamorphoses théâtrales.

1- « Combat de nègre et de chiens », par Arthur Nauziciel. Festival d’Avignon.
2- «Guerre et Paix» par Piotr Fomenko. La Criée. Marseille.
3- « Face au Mur » d’Hubert Colas. Théâtre du Gymnase. Marseille

4- « Psychiatrie/Déconniatrie » par Christian Mazzuchini. Théâtre du Merlan, Marseille.
5- « Au monde » de Joël Pommerat. Festival d’Avignon.
6- « Rouge décanté » par Guy Cassiers. Festival d’Avignon.
7- « Long life » par Alvis Hermanis. Théâtre des Salins. Martigues.
8- « Le révizor » par Christophe Rauck . Théâtre des Salins. Martigues.
9- « Gente di Plastica » par Pippo Delbono. Théâtre des Salins. Martigues.

10- « Les poulets n’ont pas de chaises » par Marcial Di Fonzo Bo. Festival d’Avignon.

Au commencement, il y avait le chapitre 1 du bilan! Par la suite, n’oubliez pas le chapitre 3!

En 2006, la danse a métamorphosé mon regard, ma place de spectateur. Elle a dérangé mes certitudes et effacé mes approximations. Le théâtre m’est apparu plus en retrait dans ce mouvement d’émergence d’une culture transversale et pluridisciplinaire. Dix pièces ont tout de même jalonné mon parcours de spectateur en quête de nouveaux textes, de jeux d’acteurs improbables et de résonances personnelles révélées.
L’année 2006 aura vu l’articulation entre le langage « cinématographique » et théâtral. Elle a mis du lien entre les corps, les mots et le contexte de l’histoire mais elle a surtout permis de structurer l’inconscient comme un langage.
Les rythmes linéaires dans la mise en scène ont ainsi laissé la place à des mouvements plus complexes. « Combat de nègres et de chiens » d’Arthur Nauziciel a été le plus novateur dans ce changement de temps et d’espace en donnant au spectateur la bonne distance émotionnelle pour l’inviter à réfléchir autrement sur le racisme.
« Au monde » de Joël Pomerat est allé plus loin pour comprendre la complexité d’un système familial en osant une mise en scène entre théâtre et cinéma à l’image d’un « entre-deux » entre l’art et la psyché.
Guy Cassié
, avec « Rouge décanté » (cf.photo) utilisa la vidéo comme support au langage de l’inconscient en nous offrant des effets visuels et de lumières saisissants capables de décanter la mémoire du personnage principal.
Cette déconstruction du temps et de l’espace fut largement utilisée par l’acteur et metteur en scène marseillais Christian Mazzuchini dans « Psychiatrie / déconniatrie » pour faire apparaître l’inconscient par un procédé créateur. Ici aussi, la vidéo était au service d’un nouveau langage loin de l’esthétique vide de sens.
Cette « déconstruction » de la mise en scène fut le moyen de nous parler de notre société mondialisée. Hubert Colas, avec « Face au mur », a conféré aux textes de Grimp une actualité brûlante par un jeu d’acteurs emprunté aux idéologies comportementalistes si chères à une certaine classe politique.
Pipo Delbono, avec « Gente di Plastica » fut peut-être le metteur en scène le plus radical : peu de texte, tout était suggéré pour nous inviter à faire notre chemin dans la réflexion sur la conduite actuelle et passée du monde.
Dans ce bilan, comment ne pas évoquer l’apport des Pays de l’Est ? Avec eux, le regard du spectateur, loin de se centrer sur un point de la scène, devenait horizontal. Piotr Fomenko avec « Guerre et Paix » nous a proposé une mise en scène si « globale » qu’elle nous obligeait à nous mettre en mouvement et le théâtre, par magie, se transformait en fresque animée !
Même vision avec « Long Life » du letton d’Alvis Hermanis où le jeu des acteurs, tel un film d’animation, nous propulsait à regarder la scène comme un écran large capable de suivre au plus près le processus de vieillissement d’habitants d’un immeuble.
Ces mêmes mouvements saccadés et quasi chorégraphiés du corps animèrent la mise en scène décomplexée de Christophe Rauck avec son « Révizor » haut en couleur ! Dans la même veine, «Les poulets n’ont pas de chaises» de Copi mis en scène par Marcial Di Fonzo Bo m’aura permis de traverser le dessin ! De statique, il devenait animé. Cette belle et touc
hante mise en mouvement a donné un sens presque universel aux dessins de Copi publiés dans le Nouvel Observateur dans les années 60-80.

2007 promet un théâtre encore plus ouvert. C’est inéluctable.