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EN COURS DE REFORMATAGE

Geneviève Sorin malaxe. Jouissif.

Il y a des chorégraphies qui peuvent marquer durablement la vie d’un spectateur. C’est souvent mystérieux comme processus et je n’ai pas fini d’être étonné sur ce qui peut m’émouvoir, là où d’autres seraient plus à distance. Depuis 1998, je découvre la danse…et chaque spectacle est pour moi un nouveau champ à explorer.
Samedi soir, j’étais donc curieux d’accueillir le langage chorégraphique de Geneviève Sorin au Théâtre de la Joliette à Marseille, pour « ¾ face ». Voilà donc 4 danseurs (deux hommes, deux femmes), 3 tabourets, une chaise pliante, un fond blanc et une pianiste. C’est une histoire de … communication où ce quatuor se fait, se défait, se recompose comme un processus qui pourrait ne jamais s’arrêter ! Le spectateur est sans arrêt sollicité dans ce mouvement perpétuel comme si « eux » étaient « nous » et inversement (suis-je clair ??). Le spectateur n’est pas observateur mais fais partie de ce quatuor, comme un 5ème élément. Car tout est en lien avec Geneviève Sorin et son talent de chorégraphe donne à la création sonore (mention toute spéciale à Bastien Boni) une dimension qui n’est pas qu’un bruit d’accompagnement mais une communication sur la communication (je sais, cela parait complexe mais comment l’écrire autrement ?!!). Elle arrive à créer des contextes différents, à sculpter la matière « relationnelle » (certaines formes du quatuor épousent le lien… éblouissant !). Elle donne aux relations homme – femme une forme de tendresse infinie, une recherche permanente où rien n’est figé, où tout est possible tant que le désir est là. La relation entre les deux hommes sème le trouble (comme d’habitude, me direz-vous !) mais Sorin est loin de nous en donner une forme précise (à nous d’en faire notre propre interprétation). La pianiste suit à distance l’évolution de ce quatuor en se transformant elle aussi comme si elle donnait le « la» !
J’ai rarement assisté à une telle évocation de la relation sur une scène de danse. Geneviève Sorin pourrait incontestablement faire penser à certains thérapeutes qui aident le couple, la famille à structurer autrement la relation, à créer d’autres modalités de communication.
« ¾ face » n’est donc pas qu’une chorégraphie. C’est autre chose…un OVNI que l’on prend en pleine face, avec plaisir, heureux d’avoir participé à ce joli mouvement relationnel que rien n’empêche de continuer ailleurs…

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