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LA VIE DU BLOG LES JOURNALISTES!

Le Tadorne sur France Culture.

Dimanche 18 juillet à 19h (en poadcast dès le 19), sur France Culture, j’étais l’un des invités de Frédéric Martel dans l’émission « Masse critique » depuis le Festival d’Avignon. Autour de la question de l’usage d’internet dans le champ du spectacle vivant, j’ai pu préciser mon positionnement de spectateur – blogueur. À vous d’apprécier « le blogueur du sud » dans ces oeuvres puisque c’est ainsi que l’on semble vouloir me qualifier. Etrange paradoxe que celui de nommer un positionnement géographique alors que celui-ci s’inscrit sur une toile. J’espère qu’il sera possible de prolonger cette émission sur l’articulation entre blogs, presse papier et réseaux sociaux.

L’émission est en écoute ici.

Le sujet est passionnant et permettrait de faire dialoguer artistes, spectateurs, journalistes et professionnels de la culture au-delà des connivences en vigueur.
Pascal Bély – www.festivalier.net

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FESTIVAL D'AVIGNON LES JOURNALISTES! PAS CONTENT

À Avignon, la Cour du déshonneur.

Avant que le spectacle de Christoph Marthaler ne commence pour sa première, l’actrice Agnès Sourdillon s’approche vers nous. À droite de la grande scène de la Cour d’Honneur du Palais des Papes, elle lit un texte sur le contexte général des politiques publiques. Elle rappelle le bouclier fiscal et la réduction de la TVA dans la restauration dont le montant équivaut au budget de la culture au moment où celui-ci va subir un coup de rabot. Le Ministre est là. Le discours est applaudi, pour ce qu’il est : un diagnostic froid, implacable, mais qui arrive à nous inclure quand elle évoque notre imaginaire et notre engagement d’être là ce soir. Nous aurions pu en rester là. Mais deux comédiens surgissent des gradins et improvisent une bien triste tirade. Ils attaquent le nom du Ministre (Mitterrand) puis font référence à Jean-Luc Hess Président de Radio France. Les amalgames s’accumulent et le public, plutôt uni jusqu’à présent, se clive. La tension monte : spectateurs de gauche contre ceux de droite. Absurde. Car ce soir, ce qui nous lie, c’est le festival. C’était donc de là qu’il fallait nous guider vers une visée politique entendable. Suffit-il encore et toujours de répéter inlassablement le même discours (à savoir, les budgets baissent)? Ne serait-il pas le moment, de proposer aux spectateurs un nouveau contrat social et culturel qui les associerait? N’est-il pas opportun de suggérer des chemins de traverse qui permettraient d’ouvrir les financements ?

La Cour d’Honneur ne sera donc pas le lieu d’où partira l’étincelle, car il reste voué aux conservatismes de tout poil. Inutile de compter sur la presse, qui se contente au mieux de reporter l’événement, au pire de l’amplifier. Laurence Liban  de l’Express ne se gêne pas sur son blog pour poursuivre les amalgames (présent, le ministre de la Culture a reçu l’avertissement et l’appel à la manifestation du 15 juillet. Mais au vu des grappes de spectateurs qui s’enfuyaient au bout d’une heure, et, peut-être, au vu de ce spectacle assez pauvre, au fond, il a pensé que cet argent qui manque  pourrait être mieux employé. Il est possible aussi qu’il ait apprécié la soirée plus que moi. Manuel Vals, quant a lui, n’a pas tenu jusqu’au bout. Il ne fut pas le seul.). Elle mélange tous les niveaux et n’hésite pas à rendre public ce qui est dans la sphère privée. Car, jusqu’à preuve du contraire, le théâtre est encore un espace protégé qui permet à chacun d’entre nous d’être libre d’entrer et de sortir. Mr Valls retournera-t-il au théâtre s’il se sait épié?  Or, nous avons intérêt à ce qu’il s’y rende si l’on veut qu’il défende une politique culturelle globale.

Au final, Laurence Liban ne fait que diffuser une certaine idéologie de l’excellence, reprise par les caméras de BFM TV: les deniers publics ne doivent servir que les oeuvres réussies et qui plaisent au plus grand monde. Ainsi, elle préfère, avec d’autres, mélanger les genres plutôt que de nous offrir une lecture  critique des enjeux. Déconcertant.

Pascal Bély, www.festivalier.net

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LES JOURNALISTES!

Ecoutez la différence.

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Le jeudi 10 juin sur IDFM 98.0 FM , Gaëlle Piton  et Maxime Fleuriot (journaliste pour le magazine Danser) ont abordé, dans leur émission ?les fourmis dans les jambes ?, les “sites et blogs de danse?quand la presse tisse sa toile“.

Étaient invités,

Cédric Chaory, site www.umoove.fr

Jérôme Delatour, http://imagesdedanse.over-blog.com/

Et moi-même.

Cette émission donne une image assez juste des positionnements de chacun et des questionnements qui nous traversent.

L’émission est à écouter ici: http://files.me.com/gaelle.piton/uso1oc.mp3

À noter que l'émission de Gaëlle Piton a lieu tous les 2ème jeudi du mois. Même la radio peut danser.

Pascal Bély ? www.festivalier.net

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FESTIVAL D'AVIGNON LES JOURNALISTES!

Pourquoi ai-je quitté la Cour d’honneur durant (A)pollonia? Les réponses de Libération et La Croix.

Il est 1h du matin. Je quitte la Cour d’Honneur bien avant la fin de la représentation d’« (A)pollonia » de Krzysztof Warlikowski. En y entrant à 22h, je n’étais pas prêt. Bruno Bouvet de « La Croix » ressent le désarroi de certains festivaliers dont je suis: « Comment retrouver la Cour d’Honneur après l’avoir laissée sur le souvenir inoubliable de l’épopée nocturne de Wajdi Mouawad… ?». Avec élégance, il précise : « L’émotion unique de ces onze heures et demie de théâtre ressurgit régulièrement dans les conversations des festivaliers, comme s’ils voulaient prolonger le sentiment rare d’une communion théâtrale, public et artistes unis dans la même (folle) aventure ».

De son côté, René Solis de Libération ne s’embarrasse pas de cet aspect et pose immédiatement l’enjeu : «(A)pollonia» est une épreuve: « Attention, danger. Peut-être faudrait-il installer un panneau à l’entrée de la cour d’honneur. Pas parce que le spectacle de Krzysztof Warlikowski est long (4 h 30). Mais car il exige une attention permanente. (A)pollonia nous balance en terrain miné, et jamais sûr du chemin à emprunter. Si le thème a de quoi «faire peur» – Juifs, Polonais, guerre, Shoah – le traitement rassure encore moins, qui manie le paradoxe et trouve dans l’inconfort moral une ligne de conduite ».

Ce n’est pas tant le thème qui inquiète (nous avons vu d’autres en Avignon) mais bien l’inconfort dans lequel Warlikowski nous plonge. L’attention réclamée est au dessus de bien des forces. Le mistral glacial ce soir là, la visibilité réduite dès que l’on dépasse le 10ème rang, la multiplication des sources (la vidéo, deux scènes de théâtre, un concert rock, deux décors mobiles, le surtitrage) ont eu raison des meilleures volontés. A moins d’avoir une culture classique, d’être placé au centre et d’être préparé en lisant trente minutes avant la foisonnante feuille de salle distribuée à l’entrée. Ce que reconnaît René Solis : « La dispersion découle de la multiplication des sources ».

L’agencement de différents textes contemporains dont le récit d’Hanna Krall sur Apollonia Machzynska – Swiatek (mère de famille qui a été exécutée par les Nazis après que son père qui l’a caché ait refusé de se dénoncer) avec des anciens (tirés de la tragédie Grecque avec le sacrifice d’Iphigénie et Alceste) ont pour commencement une pièce de Rabindranath Tagore, « Le bureau de poste », incarnée par deux marionnettes (jouée en 1942  dans un orphelinat du ghetto de Varsovie où enfants et personnels furent gazés à Treblinka). Le spectateur est immédiatement sidéré par la beauté de l’acte artistique de Warlikowski. La suite glace la Cour quand vient se mêler des extraits des « Bienveillantes » de Jonathan Littel incarnés par Agamemnon.

Dans son article, René Solis décrit les différents tableaux. S’il salue le prologue (« pas l’once de pathos »), sa critique se complique à vouloir nous expliquer la suite comme s’il était gagné lui aussi par « l’incertitude » de l’écriture de Warlikowski puis revient sur le processus: « La force des acteurs n’empêche pas qu’on lâche le fil, dans une forêt de références cryptées. L’obscurité avant l’aveuglante lumière de la deuxième partie ».

Or, plus de la moitié des spectateurs se sont perdus ce soir-là dans cette forêt, sans clef de décryptage. À la résonance personnelle, est venu se substituer l’écho entre les époques qu’offre l’imposante scène de la Cour. Nous sommes donc quelques-uns à pointer un problème d’échelle : Warlikowski a privilégié le temps historique au détriment d’un temps de l’humain, seulement suggéré par la musique mélancolique jouée avant l’entracte par un orchestre rock. Dit autrement, Bruno  Bouvet trouve que  « ce montage impressionnant, présenté sur la scène en une suite de tableaux, laisse l’impression mitigée des oeuvres que l’on ne parvient pas totalement à cerner, faute d’en embrasser toute la cohérence. Warlikowski entraîne le spectateur dans une réflexion aussi personnelle que foisonnante, nourrie de multiples références et inscrite dans l’histoire de la Pologne, mais rechigne à en donner les clés ».

Les deux critiques terminent leur propos en saluant l’audace de Warlikowski. Pour René Solis, « il brouille les cartes, pointe où cela fait mal – le présent, la guerre israélo-palestinienne -, mais ne mélange ni ne justifie rien, porté par une colère qui risque tout » tandis que Bruno Bouvet est plus lyrique comme transporté par l’hybridité artistique de Warlikowski : « Avait-on jamais entendu Agamemnon lire un discours sur l’arithmétique guerrière, tiré des Bienveillantes ? Avait-on jamais entendu Clytemnestre lire un fragment de La Mère, le conte d’Andersen ? Et surtout, avait-on jamais assisté à la transformation de la cour d’honneur en salle de rock, grâce aux intermèdes d’une chanteuse énergique, portée par un orchestre très en verve ? »

Je reste convaincu d’être passé à côté d’une oeuvre majeure qui s’apaisera dans une salle de théâtre. La démesure de la Cour a freiné cet élan comme si ce lieu historique et symbolique produisait différentes hiérarchies (ceux qui savent et les autres ; ceux qui sont bien placés et l’arrière banc) alors qu'(A)pollonia mérite un espace plus démocratique, plus ouvert et pour tout dire, plus accessible.

Pascal Bély – www.festivalier.net

“(A)pollonia” de Krzysztof Warlikowski a été joué les 16, 17, 18 et 19 juillet 2009 dans la Cour du Palis des Papes en Avignon
Photo: Christophe Raynaud de Lage.
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FESTIVAL MONTPELLIER DANSE LA VIE DU BLOG LES JOURNALISTES! PAS CONTENT

Montpellier Danse « l’hétérosexualité », le Festival d’Avignon la diversité.

J’avais prévu d’écrire sur le dernier spectacle vu à Montpellier Danse, « Do you remember no I don’t » de François Verret. Il est préférable de ne plus s’en souvenir. Certains artistes continuent d’infantiliser le public en leur proposant le discours antilibéral dernier cri. Cela se veut moderne, ce n’est que recyclage de “souffleries” déjà vues, de numéros d’acteurs usés jusqu’à la corde, d’influences artistiques si évidentes qu’on frôle le plagiat.

J’avais prévu de réagir aux propos douteux de Jean-Paul Montanari, Directeur de Montpellier Danse depuis 1983, qui déclarait sur France Culture le 3 juillet dernier : « C’est la fin d’une certaine forme de  danse contemporaine…le sida l’a tué. Il n’y  a plus de danse de pédés, mais une danse d’hommes, d’hétérosexuels ». Le journaliste (et artiste) Laurent Goumarre  n’a pas pipé mot (conflit d’intérêts ?), pas plus que la chorégraphe Héla Fattoumi. Ce propos purement réactionnaire et clivant ne correspond nullement à la vitalité de la danse aujourd’hui (renie-t-il l’édition 2009?) même si l’on peut regretter le consensus des créations des Centres Chorégraphiques Nationaux (sur ce point Monsieur Montanari a raison). Mais en proclamant, tel un tribun face au peuple affamé, qu’il fallait créer un autre festival, Mr Frêche (Président de la Région et cofinanceur de Montpellier Danse) donne une bien triste image de la démocratie française.

J’avais prévu d’évoquer la piteuse émission de France Culture, « le grain à moudre », consacrée à l’avenir de la critique dans le spectacle vivant. diffusée le 29 juin.  Ici aussi, la même génération pleure le temps passé, tient des propos réactionnaires, nie la créativité émergente dans le pays. Tels des rois déchus, ces critiques regrettent leur palais doré voué aux vents et marées de la nouvelle vague !

J’avais prévu…

Mais à  la veille de l’ouverture du Festival d’Avignon, la première plate-forme de  blogs en France, Over-Blog (1,5 million de visiteurs par jour), publie un éditorial du Tadorne ! Se positionnant comme un média alternatif, Over-blog promeut  les figures d’amateurs éclairés et apporte sa contribution au renouvellement des formes d’écritures sur le spectacle vivant.  Sur sa une, Over-Blog ouvre un dossier regroupant les articles de la blogosphère présente en Avignon. Enfin de l’air ! Vive la diversité !

Au même moment, le Festival Off énonce les prémices d’une réflexion globale sur l’articulation entre blogueurs et journalistes et choisit d’accréditer certains blogs (dont le Tadorne). Enfin des ouvertures !

De son côté, Martine Silber, ancienne journaliste au Monde pose  sur son blog les bonnes questions et ouvre le débat.

Demain, je serais sur Avignon pour trois semaines. J’ai déjà tout écrit sur le projet : ici et .

Envahissons les théâtres ! Le temps d’un été, nul besoin d’un emprunt national pour créer la relation créative.

Pascal Bély

www.festivalier.net

 

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FESTIVAL D'AVIGNON LES JOURNALISTES!

Au Festival d’Avignon, Guy Cassiers et Fabienne Darge, critiques du Monde

Après le superbe « Méfisto for Ever » présenté en 2007 au Festival d’Avignon, le metteur en scène belge Guy Cassiers nous revient avec deux pièces (dont une création), « Wolfskers » et « Atropa, la vengeance de la paix ». Le tout forme une trilogie sur « pouvoir et monstruosité ». L’une m’a provoqué une violente migraine, tandis que l’autre m’a profondément engourdi. Simple hasard ou lassitude à l’égard d’une forme théâtrale qui atteint mes limites ?
Pour « Wolfskers », Guy Cassiers s’est inspiré des trois films du cinéaste Russe Alexandre Sokourov portant chacun sur Lénine, Hitler et Horohito. Réunis sur un même plateau, séparé par des cloisons virtuelles, nous passons d’un personnage à l’autre où, dans l’intimité de leur environnement personnel et social, nos trois hommes complotent, délirent sur la marche du monde, dorment et mangent. L’entourage de l’un finit par devenir celui du voisin. A l’exception des trois protagonistes principaux, les acteurs franchissent avec brio les frontières imaginaires. Telle une maïeutique, l’ensemble tisse la toile de la folie du pouvoir personnel. La scénographie est exceptionnelle : par un jeu de lumières et de vidéos, Guy Cassiers restitue le chaos psychologique des personnages, mais son propos est une impasse. Je ne vois plus rien dans cette intrication, comme si la mise en scène englobait le tout sans que l’on cerne les limites de chacun, leurs différences, et l’importance des contextes. Peut-on mettre au même niveau l’URSS de Lénine, le Japon de Horohito, l’Allemagne d’Hitler ?

« Wolfskers » pose un problème éthique : peut-on expliquer la complexité des enjeux à partir d’une lecture psychologique dont la mise en scène de Cassiers laisse à penser qu’elle donnerait les clefs d’une compréhension globale (après tout Hitler pouvait être amoureux et aimer les crabes comme vous et moi) ? Je suis pris d’effroi quand le théâtre dévie notre regard vers des formes soignées au détriment du sens de l’histoire.

« Atropa, la Vengeance de la paix », dernier épisode du tryptique pose bien d’autres questions. En revisitant le mythe de la guerre de Troie en incluant les discours de George W.Bush, Donald Rumsfeld, du weblog de Riverbend (jeune femme Irakienne qui a écrit alors que Bush déclarait les affrontements « officiellement terminés »), Guy Cassiers et l’auteur Tom Lanoye offrent une occasion unique pour nous interroger sur la guerre, dont les raisonnements qui la sous-tendent sont intemporels. Pour Fabienne Darge, critique au journal « Le Monde », « le travail de Guy Cassiers travaille sur l’intensité du regard. Sur son ambiguïté, aussi, tant est poreuse chez lui la frontière entre vision réelle et vision mentale ». Est-ce cette porosité qui me brouille, qui me fait voir les acteurs comme statufiés (Agamemnon semble être de plâtre) ?
Pour Fabienne Darge, « Atropa » « donne un visage aux victimes, ces victimes qui la plupart du temps ne sont qu’une abstraction dans un journal télévisé ». Est-ce cette approche qui m’a engourdi, là où j’aurais voulu entendre le guerrier ? Comment expliquer mon insensibilité à la douleur de ces femmes qui parlent si doucement dans leur micro caché ?
Ne suis-je pas formaté par une forme verticale, donnée par le théâtre français, qui hurle pour appréhender le pouvoir alors que Guy Cassiers s’attache bien plus au groupe? Là où les mots doivent parler tout seul, j’attends le corps qui bouge à peine. Alors je m’accroche au décor (époustouflant notamment lors du dernier acte où l’environnement des tours explosées de 2001 est magnifiquement restitué), pour relier contexte mythologique et notre époque. Peine perdue, je suis déjà loin. Le théâtre de Guy Cassiers ne donne rien facilement. Il travaille la posture du spectateur, comme savent si bien le faire les artistes flamands. Sans vision complexe, on ne voit de leur théâtre qu’une dimension réductrice.
Force est de constater que ce vendredi 11 juillet, ma porosité s’est transformée en muraille.

Pascal Bély
www.festivalier.net
Crédit Photo : Christophe Raynaud de Lage.

Wolfskers”  de Guy Cassiers a été joué le 6 juillet 2008 dans le cadre du Festival d’Avignon.
Atropa, la vengeance de la paix”  de Guy Cassiers a été joué le 11 juillet 2008 dans le cadre du Festival d’Avignon.

 

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LES JOURNALISTES!

A propos de danse: DOGMA, la charte des blogueurs.

Il est impossible de parler de la danse.
Ce n'est pas une raison pour en parler n'importe comment.
Ce n'est pas une raison pour en parler en employant des mots pré-pensés, qui se reproduisent  ad nauseam de textes en textes, tels des pièges à connivence, des points de repères trop rassurants, vidés depuis longtemps de toute substance.
Ecrivons autrement.
Pensons autrement.
Pensons.
Je propose donc à mes camarades blogueurs d'adhérer à la chartre suivante, et de proscrire désormais de nos textes autour du spectacle vivant les 7 termes suivants:

 

Questionner
N'écrivons plus : « en sortant de la scène, Eric Bernard-Jean questionne son rapport à l'espace fictionnel »
N'interrogeons que des êtres pourvus d'intelligence, donc susceptibles de nous répondre.
Laissons l'usage de ce terme aux professeurs et aux policiers.

 

Interroger
Même faute, Même punition

 

Champs
N'écrivons plus: « Pendant 5 heures, Eric Bernard-Jean entreprend l'épuisement des champs narratifs »
Laissons l'usage de ce terme aux agriculteurs. 

 

Mettre à nu
N'écrivons plus : « La danse met le danseur Eric Bernard-Jean à nu et révèle son être intime »
Rendons l'expression à Edgar Poe et Charles Baudelaire.

 

Produire
N'écrivons plus: « Eric Bernard-Jean parvient à produire du rire avec de la danse » ou «le corps n'est produit qu'en se produisant » 
Laissons l'usage de ces termes aux industriels. 

 

Convoquer
N'écrivons plus: «  Avec Eric Bernard-Jean, la danse convoque l'ensemble des arts de la scène »
Laissons l'usage de ces termes aux proviseurs et aux Assedics. 

 

Intime
N’écrivons plus: « La performance d'Eric Bernard-Jean  traverse la notion d'intimité et ses différents modes de représentation dans le monde contemporain. »
Laissons l'usage de ce terme aux gynécologues.

Tolérons ces termes uniquement quand employés dans leurs usages premiers.
On continuera, à regret, à user des mots « corps » et « texte », trop lus, mais difficilement substituables.
En veillant à ne pas en abuser.

 

J'engage tous mes amis spect-acteurs, et au-delà, à signer ce manifeste du 9 mars 2008.
Sont aussi les bienvenus dans cette démarche les journalistes professionnels, les artistes qui s'expriment quant à leurs travaux, les responsables de lieux, leurs porte-plumes et de manière générale tous les acteurs de ce milieu amenés à produire -pardon, à rédiger- des textes à propos du spectacle vivant.

 

Guy Un Soir Ou Un Autre

Signataire: Pascal Bély, Le Tadorne, www.festivalier.net

 

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LES JOURNALISTES!

“César”, bimensuel sur l’actualité culturelle: journal gratuit…

En parcourant le journal “César”, bimensuel régional sur l’actualité culturelle régionale, gratuit n° 228 du 11 au 25 janvier 2006, j’ai eu la désagréable surprise de lire sous la plume d’Agnès Freschel une critique de “One More Time” de Jean-Charles Gil, évoqué sur ce blog: “un placement classique, avec des pointes et en-dehors, allié à une énergie contemporaine et une construction abstraite, fondée sur la succession des lignes et des formes: le résultat est ébouriffant”. En résumé, Agnès Freshel nous fait un cours de technique de danse pour signifier la pauvreté du discours artistique! Elle poursuit sur le même tempo avec la lcritique sur “Les Songe-Creux” de la compagnie “La parenthèse“: “en renonçant à l’appellation de “ballet” pour s’orienter vers une danse – théâtre jugée plus “contemporaine”, Christophe Garcia entraîne sa compagnie vers des techniques théâtrales qu’elle maîtrise mal, pariant sur un texte indigent et des clichés scénographiques. La danse reste belle, quand elle s’impose“.
Voilà ce que produit la presse gratuite. Du technique, sans fond. Florence Aubenas journaliste à “Libération” proposait lors d’une assemblée générale la gratuité pour sortir son journal de la crise. Techniquement recevable…