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LA VIE DU BLOG OEUVRES MAJEURES

En 2011, 20 oeuvres chorégraphiques essentielles.

1- “This situation” –  Tino Sehgal – Festival d’Avignon.

2- «Low pieces» – Xavier Le Roy – Festival d’Avignon.

3- «Cesena» – Anne Teresa de Keersmaeker – Festival d’Avignon.

4-«Cendrillon, ballet recyclable» – Philippe Lafeuille– Maison de la Danse de Lyon.

5-«Asphalte» – Pierre Rigal – Théâtre de la Passerelle, Gap.

6-“Enfant”- Boris Charmatz – Festival d’Avignon.

7-«Du Printemps» – Thierry Thieû Niang – Festival d’Avignon.

8-«L’après-midi d’un Foëhn» – Phia Menard – Festival Montpellier Danse.

9-«Parades and changes» – Anne Collot– Montpellier Danse.

10-«Pudique Acide  – Extasis» – Mathilde Monnier / Jean-François Duroure – Théâtre de l’Olivier, Istres.

11-«Fase, four mouvements» – Anne Teresa de Keersmaeker – Festival d’Avignon.

12-«Uprising» et «The Art of not looking back» – Hofesh Shechter– Théâtre des Salins de Martigues.

13-«Le baiser de la fée» – Michel Kelemenis- Opéra National du Rhin, Strasbourg.

14-«Fauves» – Michel Scchweizer – Les Subsistances, Lyon.

15-«Life and times» –Nature Theater of Oklahoma,  Festival d’Avignon.

16-«Ce que nous sommes» – Radhouane El Medeb, Festival les Hivernales, Avignon.

17-«Pléiades» – Alban Richard– Festival Montpellier Danse.

18-«Les 20 ans de la compagnie Grenade» – Josette Baïz – Grand Théâtre de Provence, Aix en Provence.

19-«Je cherchai dans mes poches» – Thierry Baë -Théâtre Durance, Château-Arnoux.

20-«Violet» – Meg Stuart– Festival d’Avignon.

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En 2011, la danse s’est largement ouverte à d’autres langages: s’est-elle pour autant régénérée? Incontestablement, elle s’interroge. Elle a puisé dans sa riche histoire pour y chercher la force de nous interpeller sur la place du corps dans la société. Mathilde Monnier et Jean-François Duroure, Anne Teresa de Keersmaeker, Josette Baïz, Anne Collot ont fait salle comble avec des oeuvres mythiques qui ont joué leur fonction: celle de nous transmettre l’énergie d’avancer et de ne pas renoncer.

Trente ans après, c’est une performance interprétée dans un festival de théâtre (Avignon), qui a créé l’événement. Avec un langage chorégraphique inattendu, Tino Sehgal a osé pendant trois semaines, mettre en mouvement la pensée de huit jeunes chercheurs et doctorants. Dans «This situation», rarement le «corps» et la «tête» ne me sont apparus aussi connectés pour interroger la place du spectateur, metteur en scène «involontaire» d’une oeuvre dynamique et bienfaitrice. Ce processus s’est prolongé avec «Low Pieces» de Xavier Leroy qui a intégré et questionné le lien entre public, danseurs et chorégraphe pour déstabiliser notre regard et ouvrir nos perceptions. Expérience inoubliable. D’autant plus que le mouvement est aussi et surtout dans nos têtes comme dans «Cendrillon, ballet recyclable» de Philippe Lafeuille. Il a recyclé un ballet pour chorégraphier le plastique, matière de la métamorphose. Ce soir-là, mon imaginaire a pris le pouvoir. Le plastique fut décidément présent en 2011: Phia Menard créa un ballet époustouflant à partir de six petits sacs pour que le fragile soit vecteur de sens. Un grand moment de danse.

Les musiciens ont occupé une place importante pour régénérer le langage chorégraphique jusqu’à parfois les confondre avec les danseurs. Au Palais des Papes d’Avignon, au petit matin, le groupe «Graindelavoix» a accompagné les mouvements majestueux d’Anne Teresa de Keersmaeker pour des corps musicaux franchissant les frontières imposées par les disciplines. «Cesena» restera pour longtemps un moment inoubliable. Sur un autre registre, Alban Richard et les percussions de Strasbourg ont avec «Pléiades», crées la tresse entre la musique contemporaine de Iannis Xénakis et la danse pour des corps instruments. Jouissif. Dans «Asphalte» de Pierre Rigal, la musique de Julien Lepreux orchestra des corps dansant dans la ville pour imaginaires engagés dans la métamorphose. Explosif ! Dans «Violet» de Meg Stuart, la musique jouée en direct par Brendan Dougherty impulsa l’énergie de la transe. Percutant. Dans «Uprising» et «The Art of not looking back», Hofesh Shechter propulsa le groupe dans les entrailles de la musique pour y puiser la force de combattre et d’imposer le sens.

Dans «Le baiser de la fée», Michel Kelemenis osa le ballet contemporain sur une musique de Stravinsky, lui-même inspiré par Tchaïkovski. Quand la narration soutient cet exploit, la danse est une partition! Majestueux. Dans «Ce que nous sommes», Radhouane El Medeb chorégraphia le lien sur la musique engageante de Sir Alice pour ne plus se perdre dans le regard de l’autre. Fascinant. Dans «Je cherchai dans mes poches», Thierry Baë orchestra des trajectoires de vie, pensées comme une musique en quête de sens et de vérité.

Décidément, la musique fut omniprésente sur les plateaux de danse, même pour évoquer les âges de la vie! «Enfant de Boris Charmatz au Palais des Papes répondait à “Du Printemps» de Thierry Thieû Niang qui vit des séniors rajeunir notre regard porté sur la vieillesse. L’adolescence vue par le Nature Theater of Oklahoma dans «Life and times» fut plus sage que les «Fauves» de Michel Scchweizer. Mais pour ces quatre oeuvres, un même fil conducteur : la danse par la musique, théâtralise les métamorphoses d’un corps biologique, vues comme politiques.

En 2011, la danse fut l’une de mes plus belles partitions. C’est un art total, en résonance avec mes désirs de frontières étanches. Pour que s’ouvre mon imaginaire trop longtemps formaté par des savoirs casaniers.

Pascal Bély – Le Tadorne.

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