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LES EXPOSITIONS

A Arles, lumineux Ambroise Tézenas.

Une envie simple. Celle de recroiser le regard d’Ambroise Tézenas, jeune photographe primé en 2006 lors du « Leica European Publishers Award for Photography », pour reconnaissance d’un formidable travail d’images saisies à Pékin. A l’époque, je n’avais pas retenu le regard sociologique dépeint dans cette ville en pleine activité précipitée pour accueillir les JO de 2008. J’avais gardé le souvenir d’une lumière qui émanait de ces clichés où la luminosité du soleil faisait foi sur une réalité de chantier, d’une projection d’identité offerte plus tard au monde. Je me souviens de cette autre lumière, happée en chambre 4×5, voile de pastels sombres, irréels, oniriques, féeriques, colorant la réalité quotidienne. Le peuple. De cette lumière feutrée, vos yeux interpellent le détail global d’une vie désenchantée qui ravit alors votre perception. Le contraste crée le merveilleux et vous voilà transporté dans cet ailleurs offert.

J’avais très envie de recroiser ce regard envoûtant qui m’avait emmenée dans ces univers qui échappent à mon environnement habituel. Et, pour la seconde fois, pleinement, je fus séduite. Effectivement, « le jour est brutal et bruyant » (titre de l’exposition sur Ambroise Tézenas en Arles), car chaque cliché saisi en nuitée, expose cette clarté filtrée, où les couleurs se poudrent faussement pour mieux nous fixer le vrai de ce qui échappe. Encore des paysages urbains, qui grâce à cette technique se lisent pareils à un calendrier de l’avent. Chaque centimètre de la photo se compose telle une saynète. Aucune forme humaine, mais des essences de vie, lettrée au travers de leur rythme d’activité. Là, une fenêtre allumée ;  un bureau vide éclairé. On regarde voyeur. Des plantes. Une table. Une chaise. Personne. Mais on ressent l’électricité d’un quotidien. Un centimètre d’existence pour en fixer un autre ici. Le jeu s’active sur l’échiquier de la façade du building photographié. Les lignes s’exposent pareilles à un théorème de géométrie afin de nous contraindre à reconnaître nos vies absurdes de répétition des jours. Je sublime la volonté de l’artiste de nous administrer le rêve pour décoller de cette dimension.

Reconnaissons que si chacun de nous ose poser simplement un regard  sur la magie des choses, alors la vie apparaît. Le jour est sûrement brutal, mais pas si bruyant.


Diane Fonsegrive – www.festivalier.net


Ambroise Tézenas, “Le jour est brutal et bruyant”. Exposition à la chapelle du Méjan à Arles, du 21 novembre au 31 décembre 2008.

A voir son magnifique site internet.