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EN COURS DE REFORMATAGE

Dansem divague.

Il y a des soirées où Le Tadorne doit s’accrocher à son siège pour ne pas voler dans les plumes. Certains « chorégraphes » ont semblent-ils pris le parti de se faire plaisir au détriment de l’art qu’ils sont censés servir. « La surface de divagation » de Montaine Chevalier et d’Elodie Moirenc présentée dans le cadre du festival « Dansem » à Marseille est de ces oeuvres que je préfère enterrer au plus vite. Cinquante-cinq minutes de divagation artistique qui auraient pu être un beau spectacle si ses concepteurs n’en avaient oublié le sens. Pourtant, le premier tableau est de toute beauté : un homme joue de la guitare, une femme accroche des lambeaux de plastique sur fond de lumière bleue (hommage sincère à « VSPRS » d’Alain Platel  ou simple plagiat?). Cet instant en suspension est gâché par l’arrivée d’une « danseuse » déguisée ( ?) qui brise ce moment précieux. Tout le spectacle s’appuie sur cette mécanique huilée où rien n’est laissé au hasard, calculé au millimètre près pour que rien n’échappe à ce duo de danseuses prêtes à tout pour maîtriser l’émotion. Elles sont sur une « zone de composition, un simple territoire de jeux. Deux fines mouches y accomplissent sans hâte quelques tâches minimales : plier le plastique, disposer en rond les élastiques, ramper sous la bâche, mimer le corps de la poupée, accrocher au mur des couleurs….Un rien minimal, des liens animaux. Car c’est l’anima qui souffle sur ce désert fragile, l’esprit de la pampa-fantaisie, le vent des paroles intimes et des sensations partagées ». Avec un tel programme, on aurait pu s’attendre à de l’émotion, à de belles articulations entre la musique, l’art et la danse. Ce n’est qu’un laboratoire d’expérimentations artistiques où le public est cobaye. Les objets restent la plupart du temps inanimés malgré ce que leur font subir ces deux insectes gloutons. Le plastique, l’aluminium servent d’alibis pour faire joli, mais ils ne s’affranchissent jamais de leur fonction première. Avec le plastique, « La surface de divagation » emprunte à Philippe Genty (« La fin des terres ») quelques effets scéniques qui prêtent à sourire tant le plagiat est grossier. Malgré tout, il y a de la recherche dans ce spectacle : mais la créativité ne fait pas tout. Il ne suffit pas d’aligner des tableaux pour voir une exposition. Ces artistes se sont affranchis du sens comptant sur la docilité du public pour avaler la forme au détriment du fond.
La surface est posée. Encore faut-il savoir l’occuper.

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