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EN COURS DE REFORMATAGE

“La fausse suivante” par Guillaume Vincent: chevalier sans peur et quelques reproches!

Souvenez-vous…En décembre dernier, la Direction du Théâtre des Salins de Martigues prévenait ses abonnés concernant « la Fausse Suivante » de Marivaux par Guillaume Vincent. Par précaution, Annette Breuil, la Directrice, nous prévenait que Guillaume Vincent avait « choisi une mise en scène effrontée où le baroque côtoie le grotesque sans jamais déflorer la langue de Marivaux ». Cette missive en novembre 2005 m’avait profondément agacé ; cette infantilisation du public trouvait une résonance particulière dans une société rongée par la peur. Deux mois plus tard, je suis donc prévenu! Je vais donc voir cet étrange ovni de la mise en scène… Je suis assis au deuxième rang du Théâtre des Salins avec une vue imprenable sur le « baroque », « le grotesque » et tout le reste. Autant le dire tout net, rien ne justifiait un tel courrier ! Guillaume Vincent a incontestablement de la suite dans les idées mais Olivier Py est quand même le maître en la matière ! Certes, sa mise en scène donne de la profondeur à tous les personnages (gravité et humour un peu potache se côtoient sans jamais s’annuler) et le mouvement des décors soutient le rythme tragi-comique (certains jeux de lumière sont éblouissants notament quand Le Chevalier et Lélio s’affrontent!). Guillaume Vincent appuie parfois là où cela fait mal (« Qui est qui ? » comme dirait Barbara) et soulève chez le public quelques manifestations pudibondes ! Guillaume Vincent en jouant Frontin tout en se tenant hors de la scène n’est pas sans m’évoquer une position…quelque peu psychanalytique. D’où me viens cette analogie qui ne me quitte pas depuis vendredi soir ? Mystère…et j’aurais bien aimé trouver une explication à vous fournir (genre, lisez ma belle trouvaille !)…Peine perdue. Malgré tout, Guillaume Vincent ne va pas jusqu’au bout de ces délires ! Quand il nous fait croire que l’ambiance est à la fête techno où quand Trivelin s’inquiète de la fin prochaine de son abonnement à Télérama, il aurait pu avec des tels comédiens et décors, rendre la pièce de Marivaux bien plus actuelle à l’heure où la fracture sociale ne cesse de s’agrandir et où les mensonges de certains décideurs menacent la démocratie. C’est peut-être la limite de ce metteur en scène; sa créativité n’est finalement pas si moderne que cela! Allez donc d’un pas tranquille voir « La fausse suivante » sans vous inquiéter outre mesure ! Avignon a déjà fait scandale et Sarkozy n’est pas encore ministre de la culture. Quoique…

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