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EN COURS DE REFORMATAGE

Les Festivals: stop…et encore!

Le festivalier va donc prendre quelques jours de repos. Commencé le 1er juillet à Marseille, le périple s’est donc terminé le samedi 5 août à « Avignon Jazz Festival ». L’après festivals d’été continue…en voici le programme jusqu’à la fin septembre !
– Le concert d’Arcade Fire le 22 août 2005 à Nantes.
La Nuit du jazz le 10 septembre à Aix en Provence.
Les Correspondances de Manosque du 21 au 25 septembre 2005 avec une soirée carte blanche le 24 septembre à l’un des chanteurs les plus sensibles du moment, Florent Marchet.
– Le festival de danse « Dansem» à suivre à Marseille du 24 septembre au 16 octobre.
– Le 1er octobre, soirée de lancement de la saison 2005 – 2006 au Théâtre de Cavaillon.
– D’ici le 18 septembre 2005, j’irais faire une tour aux « Rencontres Photographiques » d’Arles.
– J’irai déguster l’exposition au Musée Cantini de Marseille sur  « Oscar Domínguez et le surréalisme – la part du rêve et du jeu » d’ici le 2 octobre.
– Le 29 août, je suis à Saint – Tropez pour le travail. Une halte à la Villa Noailles à Hyères s’impose pour voir notamment « Shadyshade » de Tom Pawlofsky. (http://www.villanoailles-hyeres.com/). Peut-être que Carine m’accompagnera ( ?!!)
Entre  toutes ces dates, quelques articles sur la programmation du Théâtre des Salins (Martigues), de L’Olivier (Istres), du Toursky (Marseille), de La Criée (Marseille), du Jeu de Paume (Aix en Provence).
Je n’exclue pas quelques envies d’écriture sur les nombreux coups de cœur et de gueule qui jalonnent la vie culturelle de ce pays !
Et pour finir provisoirement cette période festivalière, merci à mes fidèles lecteurs qui ont soutenu le projet de ce blog !
Merci donc à Peggy C., Carine F., Laetitia L., Fanny C., Sylvie M., Bernard G., Clotilde B-H, Hervé H., Olivier S., Eric B., Alain – Marc D., Smaïn K., Marie-José M., Karolina, Sabine L., Anne D., Béatrice A., Christiane G., Anne – Claire P, Carole C., Yohann J., Catherine M., Prune, Franck Dumoulin, Pascal Rambert (l’échec de sa pièce en Avignon a bousté mon blog !), Marina Abramovic (son succès  a bousté mon blog !),  le site http://theatre-danse.fluctuat.net pour avoir publié mes commentaires sur les spectacles d’Avignon, Pauline d’Hauthuille de « Danse à Aix » pour son assiduité à me lire, www.over-blog pour la qualité de leur référencement sur www.google.fr, le site de la vie culturelle locale www.kesakonet.com pour m’avoir référencé, le site www.cityvox pour avoir évoqué ce blog dans leur page locale d’Avignon, à Herma Auguste Wittstock, comédienne dont le site a recopié mon regard sur sa performance dans le cadre de « Brutal Education » de Marina Abormovic (http://www.hermaauguste.de/diary/authors/1-Jens)…
Et puis merci à tous les lecteurs anonymes !
Et vous quel est votre programme culturel d’ici le 31 décembre ? Quels sont vos rendez-vous incontournables ?

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CONCERTS

Fred Pallem sacre Avignon Jazz Festival.

Il est 19h30 et le feu fait toujours rage au sud-est d’Aix en Provence. Drôle de journée tout de même où les aixois n’ont cessé d’observer ce gros nuage provoquant quelques bouchons en ville. Cela ne m’a quand même pas empêché d’acheter deux CD de Julien Lourau pour ne rien oublier de la soirée de la veille. Je décide donc de quitter Aix pour repartir en Avignon (j’ai l’étrange impression de fuir…quoi…qui…) où Fred Pallem et son Big Band présentent « Le Sacre du Tympan ». Marie – José est là, accueillante ; ce soir, je suis son invité et je suis touché par cette attention. Ce festival, aux ambitions modestes, diffuse un esprit qui me va bien, loin du cercle fermé de "Danse à Aix".

 

Le Cloître des Carmes est plein ce soir et l’ambiance est très décontractée ; je retrouve la convivialité qui régnait au début de « Jazz in Marciac ». Fred Pallem et sa bande de copains arrivent sur scène (16 hommes et…une femme !). Il a une jolie chemise à fleurs à l’image de son esprit drôle, décallée. Au total une dizaine de morceaux dont certains sont magiques : l’envoûtant « le train fantôme » ; la drolatique « Sérénade pour l’entarteur » ; le séduisant « Sexy sax » et le magnifique « Cœur mécanique ». Et puis, il y a ce moment d’une pure poésie quand le mistral fait envoler une feuille de partition au rythme de la musique! Le public applaudit, sous le charme!
Tout au long du concert,  Fred Pallem montre à quel point il sait articuler le rock et le jazz dans un tout très symphonique. Je suis vraiment rentré dans son univers. Le dernier morceau clôture le concert et mon périple festivalier…je lève la tête vers le ciel étoilé d’Avignon comme dans les beaux films d’amour!
Marie-José est à la buvette. Elle m’offre un Perrier (je reste toujours très sobre…). Tout les bénévoles, les artistes et les familiers sont présent. Je reconnais pas mal de personnes comme si j’habitais cette ville!
Il n’en ai rien…Je reprend la route vers Aix où les lumières du feu sont toujours visibles. Un spectacle pour les fous, les médias, les héros et les voyeurs…Les festivals sont vraiment derrière moi.

En concert le 11 mai 2006 à Toulouse!

A lire sur le même sujet:

"Le jazz brûlant de Julien Loureau à l’Avignon Jazz Festival"

"Passerelle glissante à Sète pour Baptiste Trotignon et David El Malek".

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CONCERTS

Le jazz brûlant de Julien Lourau.

Je quitte Aix en Provence à 19h40 où le feu fait rage vers Luynes. Le nuage de fumée est impressionnant comme le sont les moyens humains et matériels pour lutter contre l’icendie. D’année en année, le bras de fer entre pyromanes et pompiers se fait plus intense : à l’acte criminel, on répond par plus de moyens et ainsi de suite. Dans quelques temps, le pyromane et le pompier seront la même personne, l’un ayant besoin de l’autre pour survivre. Mais de tout cela, personne ne parle ! C’est donc avec une colère rentrée que je me dirige vers Avignon, laissant derrière moi ce gros nuage de fumée.
Je suis heureux de retrouver la Cité des Papes (bien désertée après le festival) et le Cloître des Carmes pour le concert de Julien Lourau à « Avignon Jazz Festival ».

   

C’est en écoutant FIP sur Internet, station musicale (disparue de la bande FM en octobre 2001 à Marseille par dictat de Jean Marie Cavada, alors PDG de Radio France) que j’ai fais connaissance avec ce saxophoniste un peu étrange ! Son dernier album (« Fire and Forget », sélection FIP du mois…décidément, le feu est partout) est pour le moins iconoclaste entre mélange électronique, saxophone, basse et autre bruits non identifiables !
J’arrive au Cloître où je croise Marie – José (elle fait partie du staff du Festival) ; il y a du monde comme quoi le jazz reste une valeur sûre en France alors que sa diffusion sur les médias est réduite à la portion congrue ! J’ai la malheureuse idée de m’asseoir (sans le savoir !) à côté d’un photographe. Il m’empêchera tout au long du concert de taper des pieds pour ne pas déstabiliser ses prises ! Je me demande si parfois je ne vais pas chercher les inconvénients !!
Comme dans beaucoup de concerts de Jazz, mon corps bouge  et j’en ressors lessivé comme si j’avais dansé pendant 5 heures ! Je n’arrive pas à me contrôler et encore moins en écoutant Lourau et sa bande de potes ! Quel concert ! Entre saxo et bruits venus de je ne sais où, Lourau a un talent fou pour vous transporter dans des rythmes qui ne s’arrêtent jamais ! Il ponctue ses (rares) interventions par des allusions à la situation en Angleterre et dans le monde (on sent que ce jeune homme est plus proche de la gauche révolutionnaire que de l’UMP). Lourau a vraiment du talent pour inventer des sons avec son saxophone, pour mélanger le rock et le jazz ! Ses musiciens sont magnifiques notamment Eric Löhrer à la guitare et Daniel Garcia – Bruno à la batterie (et à la  bonne humeur contagieuse!). On peut toutefois regretter la distance de Julien Lourau avec le public, si bien que je l’imagine assez mal dans la ferveur gersoise du Festival Jazz in Marciac !
Je quitte Avignon ravi de cette soirée ; le feu est éteint sur Aix en Provence.
Je brûle d’envie de revenir demain soir en Avignon…
Ps: samedi 15h…Une envie subite de retrouver l’ambiance festivalière du Cloître des Carmes. Rendez-vous ce soir pour Fred Pallem et son big – bang. Ce sera le dernier spectacle des festivals de l’été…

A lire sur le même sujet:

"Fred Pallem sacre l’Avignon Jazz Festival"

"Passerelle glissante à Sète pour Baptiste Trotignon et David El Malek".

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La cafard Suisse à “Danse à Aix”.

Dernier spectacle pour la 29ème édition de « Danse à Aix » au Théâtre de l’Archevêché où le Ballet du Grand Théâtre de Genève nous présente ses dernières chorégraphies. Le directeur, Patrice Poyet, nous remercie d’être venu si nombreux pour cette édition (sic), et nous promet un joli programme pour la 30ème l’an prochain. Aix en Provence va devenir très à la mode en 2006 avec l’année Cézanne et l’ouverture du Pavillon Noir des Ballets Preljocaj.
J’arrive à l’Archevêché dépité. Le spectacle de la veille a laissé des traces et ce n’est pas la réponse à mon article sur ce blog de Patrice Poyet par email qui change grand-chose. Mais le public est là et je suis réconforté par sa mobilisation début août alors que la ville semble s’endormir peu à peu.


Le Ballet nous présente « Slow Heavy and blue » de Carolyn Carlson. Sur une musique quelque peu lancinante de René Aubry, les danseurs, sans jamais se toucher, répètent inlassablement des gestes mécaniques pour mieux se transformer dès que le groupe se constitue. Une chorégraphie à voir en 3 D ! C’est joli.

 

 « Kiki la Rose » de Michel Kelemenis interprété par Bruno Roy prend le relais pour dix minutes. Me revoilà de nouveau plongé dans l’univers de Kelemenis pour la 3ème fois du festival (n’est-ce pas un peu trop ?). La grâce est toujours présente et cette danse est une orfévrerie. C’est joli.

 


« Loin » de Sidi Larbi Cherkaoui clôt la soirée. En fait, c’est pour ce chorégraphe marocain des Ballets C de la B. installé en Flandre que j’ai fait le déplacement. C’est un habitué du Festival d’Avignon où en 2003, il aurait du présenter « Foi ». Mais la crise sociale en avait décidée autrement. C’est donc ARTE qui pris le relais au printemps 2005 ! L’an dernier, toujours en Avignon, il nous avait présenté « Tempus Fugit ». J’avais aimé cette ode à la transmission entre générations même si j’avais regretté l’absence d’un fil conducteur très fort. J’ai le même regret pour "Loin" présenté à Aix. Dans un décor orientalisé, 22 danseurs nous montrent tout le talent du chorégraphe pour articuler des postures de la danse orientale, de la danse classique et européenne. Pour ce ballet installé à Genève, c’est une révolution ! D’ailleurs, les 22 danseurs n’hésitent pas à interrompre leurs duos pour nous raconter avec moult détails leur dernière tournée en Chine où ils ont du faire face aux cafards et autres méchantes bêtes. Si le Ballet change, le monde aussi selon Sidi Larbi Cherkaoui (cela, tout le monde s’en doute maintenant !).

 

C’est un monde lourd où la différence a du mal à s’entendre. Le dernier tableau où l’ensemble des danseurs forment un monticule où se lève un danseur est particulièrement belle (j’y ai vu une tente de réfugiés…). Cette scène ne pouvait qu’emporter "Loin" dans un tonnerre d’applaudissements! N’empêche, le discours me semble un peu creux et prendre le Ballet de Genève comme métaphore du changement est quelque peu paresseux.
Minuit 30…Le festival est terminé…Il y a des spectacles que l’on n’oublie pas. Ceux de ce soir sont mémorables le temps d’un été…Comme un amour passager. C’est joli.


A lire sur le même sujet:

le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix";

"La Mairie d’Aix en Provence déshabille la danse".

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L’ADAMI et Roser Montllo Guberna enterrent “‘Danse à Aix”.

C'est donc la dernière soirée du festival au Parc Jourdan? “Danse à Aix ” a signé ce soir son arrêt dans sa forme actuelle. Les deux spectacles présentés en collaboration avec l'ADAMI ont plombés la programmation déjà très fragile de l'édition 2005. Il sera temps, après les festivités,  de prendre d'autres orientations, pour un autre projet?

Tout commence à 20h avec « X-Event 1 » d'Annie Vigier et de Franck Apertet. Le dispositif scénique est identique à la veille pour Xavier Lot. La comparaison s'arrête là car, pour le reste, il faudra que l'on m'explique la place de cette « création » dans un festival à la réputation soit disant incontestable. Voici donc 5 interprètes (deux garçons et trois filles) qui s'affrontent, s'aiment, s'affrontent, s'aiment, ?sur une scène en forme de X. Les corps tombent parfois violement pour nous montrer la performance et masquer la pauvreté artistique de l'?uvre. Les danseurs n'arrivent à aucun moment donné à soutenir le regard de leur partenaire quand ils ne font pas semblant de se toucher. D'ailleurs tout est apparence dans cette pièce verticale et sans passerelles. La scène finale serait à mourir de rire si la situation du festival n'était pas aussi fragile : les danseurs s'offrent gentiment leur salive les uns sur les autres. Annie Vigier n'a vraiment pas la carrure d'une chorégraphe ; elle devrait revenir à ses charmantes études de gymnaste ou prendre des cours avec Jan Fabre.
Vous l'aurez deviné, le festivalier n'est pas très disposé pour le spectacle qui suit à 22h. Mais sait-on jamais?

Roser Montllo Guberna et Brigitte Seth présentent « Ca sent l'humain » (le titre sent déjà le mauvais goût). Mais pourquoi L'ADAMI et la Direction de « Danse à Aix » ont-ils financés une bêtise pareille ? Un semblant de cabaret, avec des dialogues et des scènes dignes de « Vidéo Gag » sur TF1. Patrick Sébastien ne voudrait même pas de cette pièce pour son émission sur France 2 ( il invite des artistes au moins). J’ assiste à 30 minutes de vulgarité et de nullité artistique. Je quitte la salle,  pour la première fois de mon histoire de festivalier (1997). Je me sens tout simplement insulté par ce que j'ai vu?
Demain, à 22h, le Ballet du Grand Théâtre de Genève à l'Archevêché. Aucun risque à priori…
Le festival est terminé?Enterré?
Bilan dimanche.

A lire sur le même sujet:

le bilan de l’édition 2005 du Festival “Danse à Aix”;

La Mairie d’Aix en Provence déshabille la danse”.

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“Danse à Aix” cherche les talents!

Après Xavier Lot et Bienvenue Bazié à 20h, je suis allé marcher un peu dans les rues d’Aix en Provence pour retrouver mes esprits. Je finis par engloutir une glace pour me donner un peu de plaisir et la capacité de sourire de nouveau à mes compatriotes ! En me dirigeant vers le Parc Jourdan, je reconnais Michel Kelemenis. J’ai très envie de le remercier pour son spectacle de vendredi soir. Mais je n’ose pas, je suis un peu timide…

 

Je suis prêt pour accueillir « Talents Danse » organisé par l’ADAMI où quatre jeunes lauréats vont danser sur trois chorégraphies spécialement crées pour eux. Le mistral est toujours là et je suis frigorifié. J’attends mon amie Sabine quand tout d’un coup… (Non, ce n’est pas « un inconnu vous offre des fleurs »,…quoique !). Sophie me reconnaît et se souvient de nos échanges sur les marches du Théâtre Municipal d’Avignon ! Je suis très heureux de la voir de nouveau et d’échanger avec elle sur nos coups de cœur festivaliers! Elle m’aide à remercier Bienvenue Bazié qui se trouvait proche de nous (je suis un peu timide…). Nous avons nos numéros de téléphone. Le lien est crée !
Qui sont donc ces interprètes ? Anthony Cazaux, Sarah Duthille, Fani Sarantari et Matthieu Hocquemiller. Ce dernier suit une "formation universitaire en sciences humaines et psychanalyses sur le thème d’une approche globale du corps". Voilà un parcours surprenant. A suivre ! Il a d’ailleurs fait partie de la programmation du Festival d’Uzès (merci Google !)
La première chorégraphie de Christine Bastin, « Les mots blancs » me laisse perplexe. Joliment habillés en blanc, nos quatre prodiges semblent se mouvoir sur scène comme des oiseaux. Une danseuse, micro à l’appui, nous assène des phrases sans queue ni tête mais  se fait comprendre des trois autres ! Quelques beaux mouvements se perdent néanmoins dans une mise en scène  alourdie par ce texte à la poésie tranchée ! Cela dit, Anthony Cazaux est un très beau danseur…
La deuxième chorégraphie de Laura Scozzi, « Quelque part au – dessus du ciel » nous réserve une bien jolie surprise ! Au départ, un décor bucolique : une abeille butine une fleur ; passe derrière elle, un ours blanc qui fait ses courses au marché ! Le tout sur fond musical de comédie américaine ! Tout d’un coup, un curé en soutane tout de blanc vêtu s’empresse de danser pour charmer la belle abeille ! Nous aurons ainsi droit à Chirac et Sarkozy faisant leur pas de deux et semblant s’entendre à merveille ! Belle métaphore du jeu politico – journalistique qui se joue actuellement : en nous parlant quotidiennement de la guerre entre l’Elysée et l’UMP (le pot de miel détenu par l’abeille pour attirer le bel ours !), on nous épargne d’autres sujets bien plus importants…Pendant ce temps, le retour à l’ordre moral rampe tout doucement.
Laura Scozzi est très optimiste : tout ce joli monde s’écroule à la fin du spectacle ! Joli fragment de vingt minutes qui a sans aucun doute décrispé le public de « Danse à Aix » !

 

La troisième chorégraphie est sans aucun doute la plus aboutie, la plus réussie. Nos quatre danseurs donne à « Aléas » de Michel Kelemenis de très beaux moments. Les corps se croisent, se décroisent ; de deux, à trois pour finir isolé. C’est beau, très beau et je me sens emporté par cette grâce. Kelemenis a un talent incroyable pour traduire la complexité des relations humaines. Le public semble ravi, Sabine aussi ! Elle me fait remarquer  que l’enchaînement des trois chorégraphies est cohérent et donne un bel aperçu des courants de la danse en France actuellement.
Frigorifié, je rejoins ma C4 pour y glisser le CD de Yann TiersenLes retrouvailles »). Et d’imaginer ces quatre danseurs accompagner le beau Yann…

A lire sur le même sujet:

le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix";

"La Mairie d’Aix en Provence déshabille la danse".

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Xavier Lot et Bienvenue Bazié boulversent “Danse à Aix”

Le mistral se déchaîne sur Aix en ce début de soirée ; me revoilà plongé dans l’ambiance d’Avignon quand le froid paralysait les premiers festivaliers de juillet ! Une file de spectateurs se forme à l’entrée du Parc Jourdan et je retrouve de nouveau la ferveur de l’attente où tout est ouvert pour l’échange ! Et je ne me prive jamais de cette opportunité surtout lorsqu’il s’agit de défendre « Kroum » de Krzysztof Warlikowski joué en Avignon et qui n’a manifestement pas plu à ma « voisine d’attente »!!

 

Une petite scène entourée de quelques bancs accueille le danseur Bienvenue Bazié, unique interprète burkinabé de « Welcome to Bienvenue » du Chorégraphe Xavier Lot. Quelques lampes descendent du ciel comme unique décor. Quand Bienvenue Bazié arrive sur scène tatoué de son numéro de Visa dans le dos, je comprends rapidement que sa présence ici ce soir est le fruit d’un long périple. La tension est palpable dans le public comme rarement pour un spectacle de danse. Bienvenue Bazié traduit son histoire, sa culture, son arrivée en France loin des clichés parfois folkloriques de la danse africaine. Les mouvements sont souvent au raz du sol, près du corps, occupent peu d’espace ; tout est dans la mesure, jamais dans l’excès. L’émotion monte dans l’assistance (comme pour Rui Horta, la scène est au centre et le public peut se voir) comme elle me submerge quand une seule lampe reste allumée pour clore le spectacle et illuminer le beau visage de Bienvenue. Le public applaudit, sans ovation, sûrement par pudeur.
La France n’est décidément plus une terre d’accueil et d’asile. La répression envers les sans – papiers n’est possible qu’avec l’accord tacite des français. Xavier Lot et Bienvenue Bazié nous ont rappelent ce soir qu’à trop vouloir se protéger, la France perdra les lumières venues de l’étranger. Elles pourraient, tel Bienvenue, nous éclairer pour trouver de nouveaux chemins.

 

Vous avez vu ce spectacle? Nous vous invitons à participer au palmarès du blog Scènes 2.0 en votant ici!

A lire sur le même sujet: le bilan de l’édition 2005 du Festival "Danse à Aix".

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FESTIVAL D'AVIGNON

Bilan du Festival d’Avignon 2005.

Le 58ème festival symbolisait la transition : de la crise de 2003 à la reconquête du public ; de Faivre d’Arcier au duo Archambault – Baudriller associé à Thomas Ostermeier ; de la France à l’Europe. Ce fut une incontestable réussite, marqué par le sceau du lien : avec le public, les artistes, les techniciens et les critiques. Je me souviens avoir quitté le Festival heureux, apaisé, avec de beaux moments de théâtre en tête.

Il en est tout autrement pour la 59ème édition, marquée par le changement. Un processus s’est donc joué pour que je finisse épuisé à la fin du mois de juillet. Pour la première fois, les créations m’ont questionnées personnellement sans qu’il me soit toujours possible d’échanger sur le terrain de l’intime avec d’autres spectateurs. Ce questionnement n’a jamais été ponctuel mais continu, sans véritable pause réparatrice. La réussite de cette édition est d’avoir provoqué un changement de positionnement: du consommateur culturel, je suis devenu « sujet » dans un lien plus intime avec les créateurs

Les amis.

 

 

 

 

 

 

 

Le lien fut très fort avec Olivier Py (« Les vainqueurs »), Jean François SivadierLa mort de Danton » («  ; « La vie de Galilée »), Jan Fabre (« L’empereur de la perte ») et Arne Sierens (« Marie éternelle consolation »). J’etais en terrain connu (le théâtre) et pour chacun d’entre eux, c’etait un lien d’amitié, de reconnaissance, presque d’empathie avec ces metteurs en scène talentueux et quatre acteurs magnifiques : Christophe Maltot, Nicolas Bouchaud, Dirk Roofthooft et Johan Heldenbergh. Ce fut quatre moments de théâtre où tous mes sens etaient en éveil, éblouis par tant de talent, comme un enfant qui découvrait la première fois un numéro de cirque.

Le choc .

Il en fut tout autrement avec Thomas Ostermeier (« Aneantis »), Roméo Castellucci (« B.≠03 Berlin » ; « B.≠04 Bruxelles »), William Forsythe You made me a monster ») et Jean Lambert-Wild (« My story is not a loft »). Dans ces quatre situations, point d’empathie mais un choc émotionnel. Entre les images métaphoriques de Castellucci sur les forces du mal, la parabole de la guerre en Yougoslavie chez Ostermeier, l’évocation du cancer chez Forsythe,  et le sadisme chez Lambert – Wild il y avait de quoi se sentir en souffrance. Certains  spectateurs avaient du mal à s’exprimer quand d’autres refuser de voir certaines évidences. Ces metteurs en scène ont quelque part changé mon regard au monde, m’ont aidé à repérer des processus universels et à travailler mes résonances.
Les liens d’amour.

Avec Marina Abramovic (« The biography Remix » et « Brutal Education »), j’ose évoquer le lien d’amour. Je ne connaissais pas cette artiste Serbe, encore moins ses performances et son histoire personnelle. Trés ému, j’ai trouvé chez cette artiste une force créative et vitale incroyable. Cette rencontre sera mémorable. Et puis il y avait Mathilde Monnier. J’aime cette chorégraphe intimiste, exigeante et  intelligente. Je l’avais rencontré au Théâtre de Cavaillon où, après le spectacle (« Publique »),  elle nous avez parlé à mots couverts de sa future création (« Frère et sœur »). J’etais persuadé que la Cour d’Honneur etait faite pour elle. Inutile de revenir sur son ratage. J’ai retrouvé ce lien lors de « La place du singe » avec Christine Angot. Je ressentais la souffrance de Monnier, la détermination d’Angot. Je les remercie de m’avoir aidé à voir la bourgeoisie autrement, loin des clichés véhiculés par certains idéologues. Ce fut un grand moment où la littérature a rencontrée la danse, où la pluridisciplinarité tant voulue par la Direction du Festival a merveilleusement fonctionné.

La pluridisciplinarité !

Ce lien entre disciplines n’a pas toujours été évident à l’image du spectacle deWim Vandekeybus (« Puur ») où la vidéo a alourdie une chorégraphie déjà chargée en symboles. Je ne parle même pas de Jan Fabre (« L’histoire des larmes ») qui n’arrive même plus à relier le théâtre, la danse, la performance et les arts plastiques…Quand à Jan Decorte (« Dieu et les esprits vivants »), entre sa poésie métaphysique, ses chants et la danse d’Anne Teresa de Keersmaeker, il a bien fallut chercher la cohérence et le lien…Peine perdue ! Comme d’ailleurs avec Lambert – Wild (« Mue, première Mélopée») qui est allé nous perdre au Château de Saumane.

La vidéo a parfois produit de beaux effets  comme chez Jean-François PeyretLe cas de Sophie K ») et Louis Castel (« Federman’s ») mais la maîtrise parfaite de l’articulation entre le théâtre et l’outil vidéo s’est parfois faite au détriment de l’émotion. Au contraire de Joseph Nadj qui avec « Last Landscape » a une nouvelle fois démontré que la danse, la vidéo et le Jazz, faisaient merveille lorsqu’ils étaient porteur de sens.

Mélange des genres que maîtrise toujours à merveille Jan LauwersNeedlapb 10 ») même si la magie de « La chambre d’Isabella » n’a pas pu se reproduire. Le concept même du Needlapb en a dérouté plus d’un (expérimenter des fragments de création sur le public !).

Dans tous les cas, la pluridisciplinarité m’a obligée à dépasser mes résistances, à être acteur du lien. Où est donc l’imposture que denoncait une certaine presse…

Les imposteurs.

Pascal Rambert (« After / Before ») a focalisé sur ce sujet toutes les aigreurs. Il y avait de quoi ! Je continue à penser que cette création a fait basculer le festival vers la crise! Toujours dans cette catégorie, citons : Jacques Décuvellerie (« Anathème »), Jean –Michel Bruyère (« L’insulte faite au paysage »), et Gisèle Vienne« Une belle enfant blonde » et « I Apologize »). Ces quatre auteurs ont manipulés le public, l’ont disqualifié, en jouant avec les limites de l’acceptable (les poupées et le sado masochisme chez Vienne ; des êtres humains sujet d’exposition chez Bruyère).  Etait-il normal que je me sente si nul à la fin de ces spectacles ?

Concernant le sentiment de manipulation, mention toute spéciale à la Direction du Festival. En programmant Jean-Louis Trintignant (“Apollinaire »), elle  interdisait toute critique objective d’une prestation quelque peu ennuyeuse et sans autre intérêt artistique que de calmer les esprits.

La palme !

L’édition 2005 laissera trois bijoux : “Les vainqueurs” d’Olivier Py, “Soit le puits etait profond, soit ils tombaient très lentement, car ils eurent le temps de regarder tout autour » de Christian Rizzo et  « Kroum » de Krzysztof Warlikowski. Ces trois artistes m’ont éblouis par leur mise en scène avant-gardiste, comme une nouvelle façon de concevoir l’espace scénique, fuir la linéarité et proposer aux spectateurs d’autres angles de vues.

 Le criquet pèlerin.

Etonnez-vous à la lecture de ce bilan que je sois épuisé ! Et je ne compte pas sur le soutien de la Direction du Festival (Vincent Baudriller et Hortense Archambault) pour me réconforter ! Ils ont complètement échoués en traitant les spectateurs réfractaires de « pèlerins », en alignant les chiffres de fréquentation comme seule réponse au désarroi du public.

Quel paradoxe ! Nous n’aurions pas eu ce festival hors normes sans eux, et c’est par leurs maladresses  que le clivage d’un festival qui se voulait pluridisciplinaire est apparu.

Il a manqué le lien…

Pascal Bély – Le Tadorne.