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EN COURS DE REFORMATAGE

La grande braderie des Hivernales d’Avignon.

Je pensais avoir tout vu dans la grossièreté et la légèreté artistique au cours de ces Hivernales. C'était sans compter sur deux événements qui signent la fin d'une époque (l'actuelle direction de ce festival) et l'arrivée d'une autre (l'absence de la culture dans le débat politique). Sur ce dernier point, rendons hommage aux Hivernales de ne pas polluer la Cité des Papes avec ces considérations « prises de tête ».

Tout commence à 19h30 par une conférence du chorégraphe Jean Gaudin (l'auteur du très superficiel « Fluxs.2 » et accessoirement squatteur du festival) dans le lieu splendide de la Chartreuse de Villeneuve ? lez- Avignon. Il est accompagné du vidéaste Marc Guérini ( ?). Pendant trente minutes, les voilà à nous expliquer la genèse d'un geste chorégraphique omniprésent dans « Fluxs.2 » et pourtant insignifiant pour de nombreux spectateurs.  C'est incompréhensible, brouillon, sans aucun intérêt si ce n'est de soigner les petits égos de ces deux artistes en mal d'estrade et d'auditoire docile. À l'issue de cette « non-conférence » (sic), on se pince pour se demander si l'on ne rêve pas ou plus directement : n'est-on pas en train de se foutre de ma gueule ? C'est peut-être cela, le plus drôle de cette 29e édition des Hivernales.
Une heure plus tard, la Compagnie de Thomas Lebrun nous invite dans la grande salle de la Chartreuse pour une soirée « What yo want ? ». La photo ci-dessus donne une idée de l'espace scénique. Nous sommes accueillis par des danseurs qui, verre de vin à la main, vous accompagnent à votre table où quelques tartes salées nous attendent. Le spectacle commence sur un air de jazz où neuf danseurs se déambulent gentiment. C'est une danse d'apéritif. Cohérent.
Vient ensuite le moment le plus consternant : le public est invité à choisir un danseur pour lui attribuer une chanson sélectionnée dans la discothèque de Radio Nostalgie ou de François Bayrou (c'est très tendance en ce moment). Je ne vais pas m'étendre sur ces prestations chorégraphiques qui pourraient être filmées par les caméras de Patrick Sébastien. Je vous épargne les clichés habituels sur les hommes, les femmes qui polluent du matin jusqu'au soir les médias français. Excédé par autant de bêtise, je quitte la Chartreuse à 22 heures.
Il y aura sûrement des lecteurs ou des professionnels pour m'expliquer le projet de Thomas Lebrun. J'imagine déjà qu'on saluera son désir de démocratiser la danse, de la sortir de l'isolement dans lequel les intellos la confinent. Je connais tout cela par c?ur. Il n'en reste pas moins que positionner la danse au rang d'un spectacle pour public lobotomisé par les divertissements télévisuels ne l'ouvrira pas plus. Elle l'a rend bête. TF1, M6 et RTL et accessoirement l'UMP peuvent se rassurer : certains chorégraphes s'occupent aussi du temps de cerveau disponible.


?????? “What you want” de Thomas Lebrun a été joué le mardi 27 février 2007 dans le cadre du Festival Les hivernales d’Avignon (“Et vous trouvez ça drôle”).