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EN COURS DE REFORMATAGE

« La fin des terres » de Philippe Genty enveloppe le public du Toursky…

Inutile de poursuivre la polémique d'Avignon?Il y a bien un théâtre sans texte et nul doute que Philippe Genty s'inscrit dans la lignée de Roméo Castellucci et de Jan Fabre. A la différence près que «La fin des terres» ne provoque pas la polémique. C'est un très beau spectacle sans message politique, ni provocation et loin d'une explosion de substances corporelles…
« La fin des terres », c'est  un (long) poème sur la rencontre d'un homme et d'une femme au sein d'une société où communiquer s’inscrit dans un parcours complexe. Par mail ou par courrier, tout se perd, tout se cherche. La relation amoureuse est semée de bonnes intentions mais aussi de cauchemars, de peurs d'enfant.
 
«La fin des terres» replonge les spectateurs dans un état entre conscience et rêverie jusqu'à calmer le public marseillais habituellement bruyant du Toursky. Mais Philippe Genty brouille la rêverie en parsemant son spectacle de multiples et beaux effets spéciaux qui rajoute de la métaphore à de la métaphore (la scène des « lettres enroulées » frôle parfois même le ridicule). A croire que Philippe Genty ne fait plus confiance à la magie du corps, à la  relation humaine. Ce soir, la technique envahit la communication entre les artistes et les spectateurs, allusion à peine déguisée à l'Internet. Philippe Genty croit-il encore à la danse comme art du langage ? J'en doute?La présence sur scène des trois techniciens auprès des danseurs lors du salut final finit de me déboussoler.
Il va falloir s'y habituer : les nouvelles technologies côtoient sur le même plan le comédien, le danseur. Le Festival d'Avignon a ouvert la voie l'été dernier. Philippe Genty surfe sur la vague quitte parfois à plagier Roméo Castellucci. Malgré tout, les occasions de rêver se font rares au théâtre. « La fin des terres » est un spectacle à voir juste pour ressentir le rêve éveillé et croire encore à l'exception culturelle française…à l'heure où la question des intermittents n'est toujours pas réglée alors que le protocole de 2003 prend fin dans quelques jours. 
“La fin des terres”…titre prémonitoire?

Pascal Bély – Le Tadorne.

«La fin des terres” de Philippe Genty a été joué en décembre 2005 au Théâtre Toursky de Marseille.